Culture de Villanova

Culture de Villanova
Description de cette image, également commentée ci-après
Urnes cinéraires villanoviennes
(Museo nazionale etrusco di Villa Giulia, Rome)
Définition
Autres noms Culture villanovienne
Lieu éponyme Villanova di Castenaso, dans la région de Bologne, en Italie
Auteur Giovanni Gozzadini (1853)
Caractéristiques
Répartition géographique Toscane, Émilie-Romagne
Période Âge du fer ancien
Chronologie 900 - 720 av. J.-C.
Type humain associé Étrusques
Description de l'image Italy-Villanovan-Culture-900BC.png.

Subdivisions

Villanovienne I, Villanovienne II

La culture de Villanova, ou culture villanovienne, est une culture archéologique du début de l'Âge du fer (d'environ 900 à ), en Italie[1], qui représente la genèse de la civilisation étrusque[2],[3],[4],[5],[6]. Elle dérive de la culture protovillanovienne de la fin de l'Âge du bronze[7].

Historique

La culture de Villanova tire son nom d'un site archéologique découvert en 1853 par Giovanni Gozzadini, Villanova di Castenaso, situé dans la région de Bologne, en Émilie-Romagne, en Italie.

Présentation

Urne cinéraire, Chiusi
Urne de la tombe à ziro, Volterra

La culture villanovienne dérive, à travers le phénomène de régionalisation, de la culture protovillanovienne de la fin de l'Âge du bronze[7].

La caractéristique majeure de la culture de Villanova est le recours à l'incinération des défunts, dont les cendres sont ensuite placées dans des urnes biconiques : la similitude de cette pratique funéraire avec celle de la Culture des champs d'urnes, dans la plaine danubienne, a conduit certains historiens à émettre l'hypothèse d'une origine nordique des Villanoviens.

Les Villanoviens vivaient dans des villages de huttes ovales, parfois quadrangulaires, utilisaient des armes de fer et produisaient en bronze des casques, des armures et des objets domestiques de qualité. L’art reprend des motifs géométriques, et la figure humaine, rare, y est extrêmement stylisée. Les poteries, d’abord fabriquées à la main, puis au tour, ont des formes originales qui se sont développées sous l’influence de la Grèce mycénienne. Les Villanoviens étaient des agriculteurs, des éleveurs et des guerriers (lances, épées, boucliers et poignards des tombes riches). Les femmes ne semblent pas avoir été exclues des positions sociales élevées ou de la richesse.

Extension géographique

Au début de l'Âge du fer, du IXe au VIIIe siècle av. J.-C., l'aspect villanovien caractérisait l'Étrurie tyrrhénienne (Toscane et Latium), l'Émilie-Romagne (en particulier, la zone de Bologne et de Verucchio dans la région de Rimini), les Marches (Fermo), la Campanie (Capoue, Pontecagnano Faiano, Eboli, Sala Consilina).

Entre la Toscane, le Latium, l'Émilie et certaines régions de la Campanie et de la plaine du Pô, les villages de Villanova semblent très denses, il y en a souvent un tous les 5-15 km, sur chaque colline convenant à la défense et située près de sources d'eau pure, avec d'autres établissements plus petits dans les zones côtières et dans les zones montagneuses des Apennins. Au IXe siècle av. J.-C., les établissements de Villanova semblent être largement répartis en Italie centrale, assez homogènes du point de vue de la culture matérielle et très répandus, bien que souvent de façon isolée, dans le Sud de l'Italie tyrrhénienne et dans diverses régions de l'Italie du Nord et de l'Adriatique.

Chronologie

La culture villanovienne est divisée en Villanovienne I (d'environ 900 à ) et Villanovienne II (d'environ 800 à )[8]. La phase Villanovienne II vit des changements radicaux, des signes de contact avec la civilisation grecque et des échanges commerciaux avec le Nord, le long de la route de l'ambre. À la fin de la phase Villanovienne II, les Étrusques, en particulier l'Étrurie méridionale, entrèrent dans la période orientalisante.

Pour la région bolognaise, les phases Villanovienne III (d'environ 720 à ) et Villanovienne IV (d'environ 680 à ) sont encore utilisées aujourd'hui comme périodisation, alors qu'en Étrurie on utilise le terme de « période orientalisante »[9].

Villanovienne[8] Chronologie
Période I : Villanovienne I 900-
Période II : Villanovienne II 800-
Période III : Villanovienne III (pour la région bolonaise)[9] 720-.
Période IV : Villanovienne IV (pour la région bolonaise)[9] 680-

La société étrusque

Ollae villanovienne (Museo territoriale di Bolsena)

La différenciation socio-économique aboutit à la constitution d'une classe dominante.

La « famille nucléaire » se substitue à la communauté agraire de la période précédente, ce qui correspond à l'instauration du pouvoir d'un pater familias. On assiste alors à la transmission de l'heredium : la transmission du patrimoine s'effectue au sein de la même famille et le patrimoine lui-même devient héréditaire.

L'instauration de cette règle constitue un changement majeur à la période protohistorique. Ce changement détermine à son tour la mise en œuvre d'un système social nouveau qui se substitue à la société villanovienne archaïque.

Un tel système est bien connu : il a en effet été décrit par les auteurs romains :

  • rex / roi ;
  • populus / peuple ;
  • curiæ / associations d'hommes où l'infanterie est recrutée ;
  • tribus / tribu où se recrutent les membres de la cavalerie ;
  • patres / conseils des anciens ;
  • clientes / citoyens attachés au service des patroni (personnes éminentes) ;
  • familiæ / famille nucléaire ;
  • gentes / groupes liés par la consanguinité et autre type de dépendance.

Les contacts avec les Grecs qui ont fondé les colonies du Sud de l'Italie coïncident avec le début de la période orientalisante de la civilisation étrusque. Elle n'est sans doute pas non plus étrangère à l'émergence d'une aristocratie à laquelle appartient exclusivement, dans un premier temps, la connaissance de l'écriture, qui fait alors son apparition en Étrurie.

Il faut aussi considérer un autre phénomène important, survenu vers la même époque : il s'agit de la présence des Phéniciens en Méditerranée occidentale. Ces derniers s'établissent dans le Sud-Ouest de la Sardaigne, à Nora, dès le IXe siècle. Par la suite, les Étrusques entretiennent d'étroites relations commerciales avec eux.

Notes et références

  1. Torelli 2001, p. 53.
  2. (it) Diana Neri, Gli etruschi tra VIII e VII secolo a.C. nel territorio di Castelfranco Emilia (MO), Florence, All'Insegna del Giglio, , 158 p. (ISBN 978-88-7814-533-7, lire en ligne), « 1.1 Il periodo villanoviano nell’Emilia occidentale », p. 9
  3. (it) Gilda Bartoloni, La cultura villanoviana. All'inizio della storia etrusca, Rome, Carocci editore, , III éd. (1re éd. 2002), 258 p. (ISBN 978-88-430-2261-8)
  4. (it) Giovanni Colonna, Gi Etruschi, Milan, Bompiani, , « I caratteri originali della civiltà Etrusca », p. 25–41
  5. (it) Dominique Briquel, Gi Etruschi, Milan, Bompiani, , « Le origini degli Etruschi: una questione dibattuta fin dall'antichità », p. 43–51
  6. (it) Gilda Bartoloni, Gi Etruschi, Milan, Bompiani, , « Le origini e la diffusione della cultura villanoviana », p. 53–71
  7. a et b (en) Mary E. Moser, Etruscan Italy : Etruscan Influences on the Civilizations of Italy from Antiquity to the Modern Era, Provo, Utah, Museum of Art, Brigham Young University, , 411 p. (ISBN 0-8425-2334-0), « The origins of the Etruscans: new evidence for an old question »
  8. a et b (it) Gilda Bartoloni, Introduzione all'Etruscologia, Milan, Hoepli, , 453 p. (ISBN 978-88-203-4870-0 et 88-203-4870-5)
  9. a b et c (it) Giovanna Bermond Montanari, « L'Italia preromana. I siti etruschi: Bologna », Treccani, (consulté le )

Bibliographie

  • Mario Torelli, Storia degli Etruschi, éditions Laterza, 1981.
  • AA.VV., Le « bucchero nero » étrusque et sa diffusion en Gaule méridionale, Bruxelles, 1979.
  • G. Camporeale, I commerci di Vetulonia in età orientalizzante, Florence, 1969.
  • Il n'existe pas d'analyse complète du type d'échanges dans l'aire villanovienne. Les meilleures et plus récentes contributions en la matière sont les notes sur les importations gréco-géométriques en Étrurie. (D. Ridgway, in "St. Etr.", XXXV, 1968, et sur les objets villanoviens retrouvés en orient).
  • Werner Keller, La civiltà etrusca, Garzanti, 1971, 1981.
  • Dominique Garcia, La celtique méditerranéenne : Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence ; VIIIe – IIe siècle av. J.-C., Arles, éditions Errance, , 247 p. (ISBN 978-2-87772-562-0)
  • Jean-Marc Irollo, Histoire des Étrusques : L'antique civilisation Toscane VIIIe – Ier siècle av. J.-C., vol. 313, Paris 7e, Perrin Éditions, coll. « Tempus », 2010 (deuxième édition), 212 p. (ISBN 978-2-262-02837-4).
  • Christine Lorre (dir.) et Veronica Cicolani, Golasecca (VIIIe – Ve siècle av. J.-C. : Du commerce et des hommes à l'Âge du fer, Vicenza (Italie), Rmnn (Réunion des musées nationaux de France), coll. « Rmn ALBUMS HORS-SÉRIE », , 176 p. (ISBN 978-2-7118-5675-6, EAN 9782711856756).
  • Ruth Megaw et Vincent Megaw (trad. de l'anglais), Art de la celtique. Du VIIe siècle av. J.-C. au VIIIe siècle apr. J.-C. : Des origines au livre de Kells, Paris, Errance, coll. « Hespérides », , 276 pages (ISBN 2-87772-305-4).
  • Sabatino Moscati (trad. de l'italien), Les Italiques : L'Art au temps des Étrusques, Paris, L'Aventurine, , 302 p. (ISBN 2-84190-008-8).
  • Brigitte Postel, « Golasecca : Celtes du Nord de l'Italie », Archéologia, Faton, no 476,‎ , pages 58 à 65 (ISSN 0570-6270).
  • (en) Mario Torelli, The Etruscans, Thames & Hudson,
  • Daniele Vitali, Les Celtes : Trésors d'une civilisation ancienne, Éditions White Star, , 207 pages (ISBN 978-88-6112-467-7).
  • Daniele Vitali (professeur à l'université de Bologne, titulaire de la chaire internationale), Les Celtes d'Italie : Leçon inaugurale prononcée le jeudi 14 décembre 2006 par Daniele Vitali, professeur. Leçon inaugurale numéro 189, vol. 189, Paris, Collège de France / Fayard, coll. « Leçons inaugurales du Collège de France », , 81 p. (ISBN 978-2-213-63289-6).

Voir aussi

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