Leur origine remonte à Charlemagne, conquérant d'un puissant empire, consacré par l'autorité papale en 800, qui englobait entre autres la France, l'Allemagne, et l'Italie actuelle, mais la tradition germanique s'ancre à partir du règne d'Otton le Grand.
Après la fin du Saint-Empire en 1806, les regalia sont réinvestis par la couronne autrichienne, puis sont l'objet de dispute et servent d'outils propagandistes au moment de la formation du Troisième Reich.
Dénomination
En 800, Charlemagne est sacré empereur à Rome : il n'existe aucune trace certaine de la couronne ou des insignes impériaux du souverain. Après le partage de l'empire, et la disparition d'un pouvoir central, s'enracine alors un mythe qui va prendre deux aspects : le pouvoir royal en France va bâtir ses regalia sur d'hypothétiques couronnes de Charlemagne, tandis que les souverains centraux européens, vont en fonder d'autres, chacun se déclarant détenteur des insignes originaux.
Les noms utilisés pour ces regalia sont, en latin, insignia imperialia, regalia insignia, insignia imperalis capellae quae regalia dicuntur. Le latin est la lingua franca en Europe jusqu'au XVe siècle.
En allemand, ils vont être appelés Reichsinsignien (insignes impériaux), Reichskleinodien (joyaux impériaux) réunis au sein du Reichsschatz (trésor impérial).
Un inventaire du château de Trifels en 1246 les désigne comme signes impériaux (Keiserliche Zeichen). Les termes employés sont liés à la personne ou a la fonction. De plus, jusqu'à Charles IV, des éléments sont ajoutés, d'autres retirés ou échangés.
Histoire
Plusieurs inventaires médiévaux sont conservés avec cinq ou six objets mentionnés. Dans son Speculum regum (1183), Godefroi de Viterbe en énumère cinq : Sainte Croix (reliques de la Vraie Croix), Sainte Lance, Sceptre, Orbe et Épée. L'épée ou glaive n'est pas mentionnée dans d'autres listes. Il est ardu d'identifier certains objets dans une source du Haut Moyen Âge ou du Moyen Âge tardif dans la mesure où les mentions encore plus tardives parlent de couronnement in kaiserliche Insignien gekleidet, c'est-à-dire « vêtu d'insignes impériaux » sans plus de précisions. Par contre, l'identification de la Sainte Lance et de la Croix impériale sont évidentes, ces objets étant antérieurs à la période médiévale et abondamment cités. Jusqu'au XVe siècle, les regalia n'ont pas de lieu fixe, car ils accompagnent l'empereur lors de ses voyages à travers le royaume. La couronne du Saint-Empire remonterait à la fin du Xe siècle, mais sa forme originelle diffère sensiblement de l'actuelle.
Alors qu'ils étaient conservés depuis 1424 dans la ville impériale de Nuremberg en Franconie, le Conseil de la ville, à l’approche des troupes françaises menaçantes, les fait transférer à Ratisbonne en 1796. Puis ils sont envoyés en 1800 à Vienne. La menace française s’approchant de la capitale, on les confie à un certain baron von Hügel jusqu’à ce que leur sécurité puisse être assurée. Après la dissolution du Saint-Empire en 1806, von Hügel profite du flou juridique pour revendre les Reichskleinodien à l’empereur d’Autriche, qui refuse de les restituer plus tard à la ville de Nuremberg et les conserve dans la Chambre du Trésor (Schatzkammer). Ils restent donc dans le palais de la Hofburg à Vienne comme propriété des Habsbourg, puis, après la révolution de 1918, de l’État autrichien.
Les chausses et les gants ont été ajoutés au XIIIe siècle.
Les insignes impériaux sont classés en deux ensembles selon le lieu où ils ont été conservés, de 1424 à 1796 à Nuremberg, ou jusqu'en 1794 à Aix-la-Chapelle.
Reliquaire avec un fragment de la nappe de la Cène
Daté de 1518, Nuremberg, par Hans Krug.
Collection présente à Vienne
Un exemple d'une Flügellanze à gauche, de facture carolingienne, similaire à la Heilige Lanze : des pièces latérales sont présentes à la base du fer.
Sainte Lance : une petite tige de fer a été insérée dans le fer de lance et maintenue par des fils d'argent et était considéré selon la tradition comme un des clous de la crucifixion de Jésus[Note 1]
Des pièces conservées au Hofburg, la plus ancienne est probablement la Sainte Lance, qui remonte à Henri Ier de Germanie. C'est une Flügellanze, une lance comportant deux pièces latérales et opposées à la base du fer, d'époque carolingienne.
La couronne impériale est mentionnée par la poésie médiévale autour de 1200, en particulier par son joyau L'Orphelin, un diamant de grande taille.
Voyages
Jusqu'au XVe siècle, les insignes impériaux ne sont pas conservés dans un endroit fixe : ils accompagnent souvent le souverain dans ses voyages à travers l'Empire et leur possession est primordiale dans le cas de contestations de sa légitimité. Plusieurs places-fortes et lieux sûrs ont néanmoins été identifiés durant cette période :
le cloître de Limburg, dont il subsiste des ruines à Bad Dürkheim
le Harzburg, forteresse impériale près de Bad Harzburg
↑En 2003, pour la réalisation d'un documentaire, une expertise a été réalisée, par le Docteur Robert Feather, ingénieur métallurgiste britannique, qui a reçu du Musée de la Hofburg, l'autorisation d'examiner, non seulement la lance dans un environnement de laboratoire, mais à retirer les délicates bandes d'or de l'étui et les fils d'argent qui recouvrent la lance. L'expertise a été réalisée au moyen de la technique de la spectrométrie de fluorescence X. La date la plus probable de la fabrication du fer de lance se situerait autour du VIIe siècle apr. J.-C., (un siècle plus tôt que l'estimation précédente). Le Dr Feather a déclaré que la tige de fer de sept pouces de longueur (prétendue être un clou de la crucifixion), martelée dans la lame, et mise en valeur par de minuscules croix en laiton, contenait pourtant des traces de cobalt mais que ce morceau de fer ne pouvait pas provenir d'un clou romain du Ier siècle apr. J.-C.
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