QuidditéLa quiddité (ou forme substantielle) est, en philosophie métaphysique, l'essence d'un objet, c'est-à-dire sa qualité essentielle, son être propre. ConceptLe concept de quiddité vient du latin quidditas, formé d'après le mot quid (« quoi »). Il est parfois appelé forme substantielle, du grec : τὸ τί ἦν εἶναι (to ti ên einai). Il s'agit de la qualité essentielle d'un objet[1]. Pour traduire le syntagme τὸ τί ἦν εἶναι, to ti ên einai, les différentes traductions des mêmes textes d'Aristote varient : « quiddité »[2],[3], « forme substantielle », « essence »[4], « essence de la chose », « ce qui fait que la chose est ce qu'elle est », « l'être ce que c'est de chaque chose »[5], ou encore, plus explicitement, « l'essentiel de l'essence d'une chose ». Selon Aristote, la qualité essentielle d'un objet lui est conférée par sa forme, et non par sa matière. La matière d'un objet (le bois, l'acier, etc.) n'est en effet qu'une possibilité pour un objet, alors que c'est la forme qui détermine l'objet. On peut produire un lit avec du bois ou de la pierre, la matière n'est donc pas déterminante pour le produire ; en revanche, une fois que le lit a la forme d'un lit, il est véritablement lit[6]. Ainsi, chez le Stagirite, « la forme substantielle est le principe qui individue une substance. Les choses physiques sont composées de matière passive et d'une forme active : il y a un principe substantiel générateur de la chose. La nature d'une chose n'est autre que la forme de cette chose. La forme est le principe interne de mouvement qui situe un être dans la classe des êtres naturels[7]. » Il y a science de chaque chose quand nous en connaissons la quiddité, car la quiddité est ce qui définit ce que chaque étant est ; c'est la réponse à la question « qu'est-ce que c'est ? » (en latin, « quid sit »). La quiddité concerne ce qui est essentiel, et non ce qui est accidentel (voir Accident et essence). Ainsi, pour Aristote, la quiddité de l'homme, c'est l'âme. Dans sa Métaphysique, livre Z, Aristote donne la définition suivante :
PostéritéScolastiqueLe concept a connu une grande postérité au sein de la scolastique, dont il fait partie du vocabulaire essentiel. Étienne Gilson le définit comme un « principe actif du composé substantiel, qui, s'unissant à la matière, constitue avec elle un corps naturel et le situe dans une espèce déterminée » ; le composé substantiel étant la matière[9]. Ainsi, pour la scolastique, « l'âme de l'homme est la forme substantielle de son corps, de telle sorte que l'homme ne peut être défini ni le corps à part, ni l'âme à part, ni une âme qui entrerait simplement en contact avec le corps sans participer à son mode d'être, mais l'unité substantielle composée de l'âme et du corps[10]. » Le Dictionnaire de terminologie scolastique dit ceci : « Forma substantialis : La forme substantielle est ce qui constitue un être dans son espèce déterminée. C'est le principe qui détermine la matière première à une espèce propre, à être arbre, animal, homme, etc ». La forme substantielle ou quiddité de chaque chose, dit saint Bonaventure, « considérée en soi, se nomme essence et, considérée par rapport à l'opération, nature »[11]. La forme substantielle d'un être est donc le principe de sa vie propre, de son espèce et de ses opérations[12]. MaïmonideMoïse Maïmonide écrit : « On sait que l'existence est un accident survenu à ce qui existe ; c'est pourquoi elle est quelque chose d'accessoire à la quiddité de ce qui existe. Ceci est une chose évidente et nécessaire dans tout ce dont l'existence a une cause ; car son existence est une chose ajoutée à sa quiddité[13]. » DescartesDescartes rejette les qualités sensibles d'Aristote (chaud, froid, sec, humide, qui ne sont que des effets des déterminations mécaniques, et non des principes), les formes substantielles des scolastiques, les qualités occultes de Galien (inintelligibles). Il pense possible de tout expliquer par la physique mécaniste, grandeur, figure et mouvement. La pesanteur s'explique par le mouvement. Les formes substantielles confondent attributs du corps et attributs de l'âme.
Cependant, Descartes admet un cas où garder la forme substantielle : l'expérience de l'union substantielle de l'âme et du corps de l'homme[15]. L'âme est la forme substantielle de l'homme (anima est vera forma substantialis hominis). LeibnizLeibniz donne à l'expression « forme substantielle » le sens d'âme ou d'esprit[16]. Lui aussi, comme Descartes, ne rejette pas tout. Pour lui les formes substantielles sont les principes métaphysiques qui fondent les déterminations mécaniques. La forme substantielle remplit la fonction d'un principe d'identité des substances corporelles[17].
Bibliographie
AutreLe philosophe W. V. Quine a intitulé Quiddities, An intermittently Philosophical Dictionary un recueil de pensées diverses :
Voir aussiArticles connexesLiens externes
Notes et références
L’expression « quiddités de la vie » est utilisée par Woody Allen dans sa nouvelle « Au poulailler, sans y laisser trop de plumes » incluse dans le recueil « Zéro Gravité ». |
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