En France, à l'époque des guerres de religion, les places de sûreté protestantes sont des villes dans lesquelles les protestants peuvent librement exercer leur culte et vivre en toute sécurité — contrairement au reste du royaume où la religion réformée reste proscrite. Les places de sûreté sont mentionnées dans les différents édits signés par le roi de France, et accordées pour une durée limitée :
L'édit de Nantes accorde aux protestants des places de sûreté pour une durée de huit ans. À cause de l'antagonisme qui perdure entre catholiques et protestants, ces derniers demandent un renouvellement de ce privilège. Henri IV le renouvèle donc en 1606 et 1609. En 1615, Marie de Médicis en fait de même au nom de Louis XIII. Cependant, en 1620, la rébellion des protestants crée quasiment un « État protestant » au sein du royaume, ce qui amène Louis XIII, entre 1621 et 1629, à faire la guerre à ces derniers. Le conflit aboutit à la paix d'Alès qui supprime tout pouvoir politique aux protestants, ainsi que leurs places de sûreté.
Liste des places de sûreté données par l'édit de Saint-Germain
Places de sûreté accordées aux protestants par la paix de Bergerac et l'édit de Poitiers
La paix de Bergerac, confirmé par l'édit de Poitiers, donne 8 places de sûreté, qui ne sont pas exactement les mêmes que celles données dans l'édit de Beaulieu, mais pour une durée limitée à 6 ans : La Réole, Mas-Grenier, Montpellier, Aigues-Mortes, Nyons, Serres et Seyne la Grand Tour.
Places de sûreté accordées aux protestants par le traité de Nérac
Le traité de Nérac a accordé 14 places de sûreté, dans son article X[1] sous le gouvernement du roi de Navarre, pour une durée limitée :
gouvernement de Guyenne : Bazas, Puymirol et Figeac, jusqu'au dernier jour du mois d'oût 1579,
Les autres places tenues par les protestants devaient être remises aux gouverneurs des provinces dont elles dépendaient.
Les protestants refusent de rendre ces places aux dates prévues.
Liste des places tenues par les protestants en 1598
Les places de sûreté sont prévues dans le second brevet concernant les garnisons, signé par Henri IV le [3].
Dans sa préface, le roi explicite les motifs qui l'obligeaient à accorder des forteresses au protestants :
les Réformés l'ont estimé nécessaire pour la liberté de leur conscience, et pour la sûreté de leurs personnes, fortunes et biens,
le roi est assuré de leur fidélité et de leur sincère affection à son service,
et plusieurs autres considérations importantes au bien et repos de cet État.
Le roi leur accorde pour une durée de huit ans, à partir de la date de la promulgation de l'édit, toutes les places, villes et châteaux qu’ils tenaient jusqu'à la fin du mois d’, dans lesquelles il y aura des garnisons, suivant l'état qui en a été dressé et signé par le roi. Et pour les autres qu’ils tiennent, où il n’y a point de garnisons, cet état ne peut pas être altéré.
Pour obtenir la reddition des nobles et des villes qui tenaient pour la Ligue, le roi a signé des accords l'obligeant à interdire le culte réformé dans certaines villes et le retour de certaines places tenues par les Réformés à leurs seigneurs légitimes. Des articles particuliers de ce brevet rappellent ces engagements du roi[4].
Places de sûreté
Le volume de la collection Dupuy de la Bibliothèque nationale de France, cote 323, contient un état des places tenues par les protestants, daté du 14, 17 et :
À ces places s'ajoutent celles tenues dans le Dauphiné dont Lesdiguières avait voulu qu'elles fussent laissées indépendantes des autres places. On en trouve la liste dans un document daté du :
Liste des places de sûreté de la généralité de Grenoble
En plus des places de sûreté, les Huguenots étaient maîtres d'autres places qui leur ont été laissées mais qui relevaient d'autres places. Une pièce datée du en donne la liste :
Liste des places de mariage
Places relevant de
Places de mariage
Garnisons
Saumur (3 places)
Vitré
3 hommes
Beaufort
10 hommes
Châtillon-en-Vendelais
12 hommes
Thouars (3 places)
L'Île-Bouchard
10 hommes
Sancerre
10 hommes
Château-Renard
15 hommes
Pons (1 place)
Montendre
12 hommes
Figeac (1 place)
Cardaillac
7 hommes
Castillon (3 places)
Turenne
37 hommes
Saint-Seurin
29 hommes
Limeuil
29 hommes
Casteljaloux
Meillan
8 hommes
Bergerac (2 places)
Mussidan
12 hommes
Castelnau-de-Mirande
20 hommes
Caumont
Tonneins
6 hommes
Sommières
Baix-sur-Baix
12 hommes
Castres
Villemur
10 hommes
Places particulières
Les places particulières sont les places dont le seigneur était protestant ou qui en vertu de leurs privilèges pouvaient se garder elles-mêmes. On trouve cette liste dans le manuscrit de Brienne :
Liste des places particulières
Places particulières
Places particulières
Blain (Bretagne, à Rohan)
Nîmes
Castets (Gascogne, à Favas)
Pontivy (Bretagne)
Châtillon (Bretagne)
Pontorson (Normandie)
Dangeau (Beauce)
Privas (Vivarais)
Foix
Roche-Bernard (Bretagne, à La Tremoille)
Josselin (Bretagne, à Rohan)
Rohan (Bretagne)
La Rochelle
Vallons (Vivarais)
Meyrueis (Bas-Languedoc)
Uzès (Bas-Languedoc)
Montauban
-
État des places tenus par les protestants à la fin du règne d'Henri IV
Places accordées par brevets à des protestants par le roi Henri IV à la fin de son règne
Le fonds de Brienne de la Bibliothèque nationale de France comprend un ensemble de manuscrits rassemblés par Antoine de Loménie, secrétaire d'État sous Louis XIII, entre 1613 et 1638[6] :
Liste des places
Places
Places
Aigues-Mortes (Bas-Languedoc)
Argenton (Berry)
Baix-sur-Baix (place de mariage)
Barraux (Dauphiné)
Beauvoir-sur-Mer (Bas-Poitou)
Bergerac (Périgord)
Briançon (Dauphiné)
Calvinet (Auvergne)
Cardaillac (Quercy)
Casteljaloux (Guyenne)
Castenau-de-Mirande (place de mariage)
Castillon (place particulière)
Castres (Haut-Languedoc)
Château-Renard (place de mariage)
Châtellerault (Poitou)
Châtillon-en-Vendelais (place de mariage)
Clairac (Agenais)
Clermont-de-Lodève (Bas-Languedoc)
Die (Dauphiné)
Eauze (Albret)
Embrun (Dauphiné)
Exilles (Dauphiné)
Figeac (Quercy)
Fontenay-le-Comte (Poitou)
Fort de Peccais (Bas-Languedoc)
Gap (Dauphiné)
Gergeau (Orléanais)
Gignac (Bas-Languedoc)
Grenoble (Dauphiné)
Jarnac (Saintonge)
La Garnache (place particulière)
Lectoure (Armagnac)
Layrac (Armagnac)
LÎle-Bouchard (place de mariage)
L'Isle-Jourdain (Haut-Languedoc)
Limeuil (place particulière)
Livron (Dauphiné)
Loudun (Poitou)
Lunel (Bas-Languedoc)
Maillezais (Aunis)
Marans (Aunis)
Marvejols (Gévaudan)
Mas-de-Verdun (Armagnac)
Mauvesin (Armagnac)
Millau (Languedoc)
Monflanquin (Agenais)
Monheurt (Bordelais)
Monségur (Agenais)
Mont-de-Marsan (Albret)
Montélimar (Dauphiné)
Montpellier (Bas-Languedoc)
Mussidan (place de mariage)
Navarrenx (Béarn)
Nay (Béarn)
Nérac (Albret)
Niort (Poitou)
Nyons (Dauphiné)
Oloron (Béarn)
Orthez (Béarn)
Pons (Saintonge)
Puymirol (Agenais)
Puymore (Dauphiné)
Royan (Saintonge)
Saint-Jean-d'Angély (Saintonge)
Saint-Maixent (Saintonge)
Saint-Seurin (Saintonge)
Sainte-Foy (Agenais)
Sancerre (place de mariage)
Saumur (Anjou)
Sauveterre (Béarn)
Serres (Dauphiné)
Sommières (Bas-Languedoc)
Taillebourg (place particulière)
Talmont (place particulière)
Tartas (Albret)
Thouars (place particulière)
Tonneins (Agenais)
Tour Carbonnières (Bas-Languedoc)
Tournon (Agenais)
Turenne (place particulière)
Vezins (place de mariage)
Villemur (place particulière)
Vitré (place de mariage)
-
Autres places tenues par les protestants à la fin du règne d'Henri IV
Les protestants dominaient dans d'autres places parce que leurs seigneurs étaient protestants ou par suite de leurs privilèges :
Liste des places
Places
Places
Blain (Bretagne, à Rohan)
Nîmes
Castets (Gascogne, à Favas)
Pontivy (Bretagne)
Châtillon (Bretagne)
Pontorson (Normandie)
Dangeau (Beauce)
Privas (Vivarais)
Foix
La Roche-Bernard (Bretagne, à La Tremoïlle)
Josselin (Bretagne, à Rohan)
Rohan (Bretagne)
La Rochelle
Vallons (Vivarais)
Lourmarin (Provence)
Uzès (Bas-Languedoc)
Meyrueis (Bas-Languedoc)
Montauban
Mais une partie des places qui étaient données comme protestantes en 1598 ne le sont plus à la fin du règne d'Henri IV car leurs seigneurs se sont convertis au catholicisme :
Eugène Haag, Émile Haag, La France protestante ou vies des protestants qui se sont fait un nom dans l'histoire - Pièces justificatives, p. 257-260, Joël Cherbuliez, Paris, 1858 (lire en ligne)
Élie Benoît, Histoire de l'édit de Nantes, contenant les choses les plus remarquables qui se sont passées en France avant & après sa publication à l'occasion de la diversité des religions. Jusqu'à l'édit de révocation en , tome 1, chez Adrien Beman, Delft, 1693 (lire en ligne)