Depuis 1989, Pierre Ouellet compte à son actif plus de 50 titres. On dit de sa plume qu'elle est « humaniste, parfois provocatrice et toujours limpide »[2].
Dans un entretien avec l’auteur, publié dans Parlons de nuit, de fureur et de poésie (éditions Nota Bene), en 2021, intitulé « La manière noire », le critique Gérald Gaudet dit de son œuvre qu’elle s’inscrit sous le signe du secret : « Tout ce qu’on ne possède pas, qui fuit et se précipite dans la page, à la conscience, qu’on tente de rattraper jusque dans la mémoire même de la langue – les heures, le souffle, le silence, les gestes simples, l’éclair d’un regard… --, voilà la matière et la manière de cet auteur exigeant. Il y a chez lui l’accident, les images gelées, tout ce qui donne des coups comme une pulsation, qui veut remonter à la surface ou tomber du ciel, qui tire la langue, se donne et pourtant se retient : la vie, le poème, notre propre humanité. Puis la grâce, la vérité qui apparaît et disparait au creux de la main à même un regard qui se dépose. »
Laurent Laplante écrit quant à lui que « la prolifération des approximations, des retouches, des sédimentations [dans des œuvres comme Dans le temps], indique que Ouellet compte se colleter avec l’insaisissable, admirer le papillon sans l’épingler mortellement », ainsi qu’on le pressent dans « l’envoûtant battement de ses phrases [3]. » C’est le style incantatoire de ses livres que remarque aussi Jean-François Bourgeault en parlant « du tempo unique de sa prose tourbillonnaire, envoûtante » qui évoque « la danse du temps tout en volutes que révèle celle des longues phrases océaniques auxquelles revient Ouellet […] pour en faire surgir le la, la mesure fondamentale à partir de laquelle la syntaxe devient le principe des solidarités obscures et des harmonies secrètes [4]. »
Dans sa recension de Derniers recours (essai) et d’Outre (poésie), Guillaume Asselin a écrit que les œuvres de Pierre Ouellet visent à « donner de l’air à ce qui en manque, à aérer le réel que l’on s’emploie à verrouiller dans la peur du flou et de l’inconnu [5] » Ce que remarque aussi Hugues Corriveau dans le dossier que la revue Lettres québécoises a consacré à l’œuvre de Pierre Ouellet, en parlant de « l’harmonie métronomique du cœur » et de « de cette volonté de scansion » grâce à laquelle « la parole fait se rencontrer l’esprit du souffle et le souffle qui insuffle au style cette pulsion intérieure qui s’harmonise avec le désir du dévoilement, de la confession, de l’aveu, de la traduction des signes inauguraux [6]. »
En poésie, il a fait paraître 24 recueils dont Vita chiara, villa oscura (Éditions du Noroît, 1994), L'avancée seul dans l'insensé (Éditions du Noroît, 2001), De l'air (Éditions du Noroît, 2014) Dépositions (Éditions du Noroît, 2007) ainsi que Monde ! (Éditions Mains libres, 2023)[7],[8],[9],[10],[11],[12].
Comme romancier, Pierre Ouellet a publié notamment Légende dorée (L'instant même, 1997),Portrait de dos (L'Hexagone, 2013), À vie (Éditions Druide, 2018) ainsi que L'état sauvage (Éditions Druide, 2021) et La procession des ombres (Mains libres, 2023) [13],[14],[15],[16],[17],[18].
En tant qu'essayiste, il fait paraître plusieurs titres dont L'esprit migrateur : essai sur le non-sens commun (Trait d'union, 2003), Asiles : langues d'accueil (Fides, 2002), Où suis-je? : paroles des égarés (VLB, 2010), Testaments : le témoignage et le sacré (Liber, 2012) ainsi que La pensée hèle : autopsie de l'esprit (Nota bene, 2018)[19],[20],[21].
Récipiendaire de nombreux prix, il a entre autres remporté le Prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec dans la catégorie "roman" en (1998), le Prix du Gouverneur général à deux reprises, en 2006 et en 2008[1]avant de recevoir, en 2015, le prix Athanase-David[22] pour l'ensemble de son œuvre. Il a obtenu également le Prix du Signet d'or de Radio-Québec (1994) et le Prix d'excellence en recherche de l'Université du Québec.
Pendant de nombreuses années, Pierre Ouellet a été professeur titulaire au département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal et titulaire de la chaire de recherche du Canada en esthétique et poétique[23],[24],[25]. Il a aussi enseigné comme professeur invité dans de nombreuses universités étrangères, dont l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, la Sorbonne, l’Université de Limoges et l’Université de Nice en France, l’Université de Porto Alegre et l’Université Fluminense de Niteroi au Brésil, l’Université de Puebla au Mexique, l’Université de Tsukuba au Japon et la State University of New York à Buffalo. Il est présentement retraité de son poste à l'université[26].
Ses recherches portent principalement sur l'esthétique, le fictionnel, la cognition, la parole, le rapport à soi et à l'autre, le phénomène de l'empathie, la perception, l'altérité dans les phénomènes d'énonciation, le regard et la métaphore[27],[28],[7].
Membre de la Société royale du Canada et de l'Académie des lettres du Québec, Pierre Ouellet a été directeur de la revue littéraire Les Écrits, de Protée et de Spirale. Il a été rédacteur en chef de la revue RS/SI (Recherches sémiotiques/Semiotic Inquiry[24],[1],[29],[30],[31]. De plus, il a occupé le poste de directeur de la collection Le soi et l'autre chez VLB éditeur[29].
L'omis suivi de Plus un être pour recueillir doucement l'esprit gentil des morts (pour parler, après ça, plus doucement aux choses), Seyssel, Champ Vallon, 1989, 117 p. (ISBN2876730758)
Voire, 1989-1992, avec des œuvres de Peter Krausz, Montréal, L'Hexagone, 2007, 418 p. (ISBN978-2-89006-801-8)
Une outre emplie d'éther qui se rétracte dans le froid, 1989-1992, avec des œuvres de Christine Palmiéri, Montréal, L'Hexagone, 2009, 414 p. (ISBN978-2-89006-823-0)
L’enfance du monde ou La vie en herbe, Bromont, Éditions de la Grenouillère, 2023, 247 p. (ISBN978-2-924758-77-9)
La procession des ombres, Montréal, Éditions Mains libres, 2023, 283 p. (ISBN978-2-925197-43-0)
Essais
Chutes : la littérature et ses fins, Montréal, L'Hexagone, 1990, 160 p. (ISBN2890063763)
Voir et savoir : la perception des univers du discours, Candiac, Éditions Balzac, 1992, 539 p. (ISBN2921425246)
Ombres convives : l'art, la poésie, leur drame, leur comédie, Montréal, Éditions du Noroît, 1997, 250 p. (ISBN2-89018-384-X)
Poétique du regard : littérature, perception, identité, Sillery, Septentrion, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2000, 408 p. (ISBN2-89448-163-2)
La vie de mémoire : carnets, chutes, rappels, Montréal, Éditions du Noroît, 2002, 101 p. (ISBN2-89018-493-5)
Asiles : langues d'accueil, Saint-Laurent, Fides, 2002, 252 p. (ISBN2-7621-2299-6)
L'esprit migrateur : essai sur le non-sens commun, Montréal, Trait d'union, 2003, 201 p. (ISBN2-89588-040-9)
Le sens de l'autre : éthique et esthétique, Montréal, Éditions Liber, 2003, 250 p. (ISBN2-89578-026-9)
Le premier venu : poétique du passant, Montréal, Éditions du Noroît, 2003, 153 p. (ISBN2-89018-524-9)
À force de voir : histoire de regards, Montréal, Éditions du Noroît, 2005, 238 p. (ISBN2-89018-563-X)
Outland : poétique et politique de l'extériorité, Montréal, Liber, 2007, 263 p. (ISBN978-2-89578-116-5)
Hors-temps : poétique de la posthistoire, Montréal, VLB, 2008, 378 p. (ISBN978-2-89649-037-0)
Où suis-je? : paroles des égarés, Montréal, VLB, 2010, 322 p. (ISBN978-2-89649-132-2)
Sacrifiction : sacralisation et profanation dans l'art et la littérature, Montréal, VLB, 2011, 392 p. (ISBN978-2-89649-402-6)
Testaments : le témoignage et le sacré, Montréal, Liber, 2012, 216 p. (ISBN978-2-89578-326-8)
De l'air, avec des œuvres de David Moore, Montréal, Éditions du Noroît, 2014, 179 p. (ISBN9782890188877)
La pensée hèle : autopsie de l'esprit, Montréal, Nota bene, 2018, 379 p. (ISBN9782895186076)
Derniers recours suivi de Souffler, postface de Yannick Haenel, avec des œuvres de Christine Palmiéri, Montréal, Éditions Mains libres, 2022, 235 p. (ISBN978-2-925197-08-9)
Traduction
« Tsefanyah » avec André Myre et « Livre d'Esdras » avec Arnaud Sérandour, dans la bible, Bayard, 2001.
Direction de publications
Les discours du savoir (avec K. Fall), Montréal, Cahiers de l’ACFAS, 1986, 365 p. (ISBN2-89245-050-0)
Action, passion, cognition, d'après A.J. Greimas, sous la direction de Pierre Ouellet, Québec, Nuit blanche, Limoges, PULIM, 1997, 378 p. (ISBN2-921053-63-2 et 2-84287-073-5)
Communautés de sens : identités littéraires et sens commun, sous la direction de Frédéric Boutin, Daniel Laforest et Pierre Ouellet, Sainte-Foy, CELAT, Montréal, Université du Québec à Montréal, 2002, 178 p. (ISBN2-920576-67-4)
Identités narratives : mémoire et perception, sous la direction de Pierre Ouellet, Sainte-Foy, CELAT, Montréal, Université du Québec à Montréal, 2002, 323 p. (ISBN9782763713151, 2763778941 et 9782763778945)
Politique de la parole : singularité et communauté, sous la direction de Pierre Ouellet, Montréal, Trait d'union, 2002, 273 p. (ISBN2-89588-009-3 et 9782895880097)
Le soi et l'autre : l'énonciation de l'identité dans les contextes interculturels, sous la direction de Pierre Ouellet, Québec, Presses de l'Université de Laval, 2003, 446 p. (ISBN9782763713311, 2763780172 et 9782763780177)
Quel autre? : l'altérité en question, sous la direction de Pierre Ouellet et Simon Harel, Montréal, VLB, 2007, p. 378 (ISBN978-2-89005-984-9)
Puissances du verbe : écriture et chamanisme, sous la direction de Pierre Ouellet et Guillaume Asselin, Montréal, VLB, 2007, 252 p. (ISBN978-2-89005-987-0)
La vue et la voix. Dans les arts, la littérature et la vie commune, sous la direction de Pierre Ouellet, Montréal, VLB, 2009, 352 p. (ISBN978-2-89649-079-0)
L'emportement : exaltation et irritation dans la parole littéraire, sous la direction de Pierre Ouellet, Montréal, VLB, 2011, 369 p. (ISBN9782896494118 et 9782896494125)
Acte littéraire à l'ère de la posthistoire, sous la direction de Pierre Ouellet, avec la collaboration de Philippe Daros, Alexandre Prstojevic et Pierluigi Pellini, Québec, Presses de l'Université Laval, 2017, 297 p. (ISBN9782763730301)
↑Michel Lapierre, « Pierre Ouellet et la mémoire créatrice », Le Devoir, , p. F6.
↑Hugues Corriveau, « Pierre Ouellet, l’oeuvre qui voit », Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire, no 141, , p. 9–11 (ISSN0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le )
↑Paul Chamberland, « L’autre mémoire / Testaments. Le témoignage et le sacré de Pierre Ouellet, Liber, 216 p. », Spirale : arts • lettres • sciences humaines, no 242, , p. 73–75 (ISSN0225-9044 et 1923-3213, lire en ligne, consulté le )
↑« Prix et distinctions », Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire, no 92, , p. 62–62 (ISSN0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le )
↑Chantal Guy, « Pierre Ouellet », La Presse, , p. Y46.
↑« [Pierre Ouellet] », Le Soleil • Vol. 120 n° 95 •, , p. 41.
↑Isabelle Laramée, « Le prix Hommage remis à l'écrivain Pierre Ouellet Alexandre Bélair
célèbre Noël en toute simplicité », Le Canada Français • Vol. 158 n° 11, , p. CAHC3.