PhylétismeLe phylétisme ou ethnophylétisme (du grec ἔθνος ethnos « nation » et φυλετισμός phyletismos « tribalisme ») est le principe des nationalités appliqué dans le domaine ecclésiastique : autrement dit, l'amalgame entre Église et nation. Le terme ethnophyletismos désigne l'idée qu'une Église locale autocéphale se fonde non pas sur un critère local (ecclésial), mais sur un critère ethnophylétiste, national ou linguistique. Il fut utilisé lors du concile tenu à Constantinople le pour qualifier le « nationalisme (religieux) phylétiste », qui fut condamné comme une hérésie ecclésiale moderne : l'Église ne doit pas être confondue avec le destin d'une seule nation ou d'une seule race. HistoriqueApparition du terme au XIXe siècleLe terme phylétisme est utilisé pour la première fois par un concile convoqué par le patriarcat œcuménique à Constantinople, alors capitale de l'Empire ottoman, en 1872 pour définir et condamner un enseignement hérétique adopté par l'exarchat bulgare qui a nommé des évêques bulgares à Constantinople, juridiction relevant du patriarcat oecuménique, qui peut donc être comprise comme une invasion ecclésiastique[1]. En septembre 1872, le concile, présidé par le patriarche Anthème VI de Constantinople, avec Sophrone IV d'Alexandrie, Hierothée d'Antioche, Sophrone III de Chypre et des représentants de l'Église de Grèce, émet une condamnation officielle (anathème) de ce qu'il considère comme nationalisme ethnique au sein de l'Église, ou « ethno-phylétisme », ainsi que son argumentation théologique. En condamnant le « phylétisme », le synode de Constantinople définit en fait un problème important de l'orthodoxie moderne[2]. Condamnation au concile de 1872Le phylétisme est condamné comme une hérésie par les patriarches de la Pentarchie dans leur déclaration finale du concile : « Nous dénonçons, censurons et condamnons le phylétisme, c'est-à-dire la discrimination raciale mais aussi les conflits, rivalités et dissensions nationalistes dans l'Église du Christ, comme antithétiques à l'enseignement de l'Évangile et des canons sacrés de nos bienheureux Pères, qui soutiennent la Sainte Église. »[3] XXe et XXIe sièclesDans la seconde moitié du XXe siècle, il y a un débat vigoureux et parfois controversé parmi les orthodoxes concernant le problème de la diaspora, en particulier l'organisation de l'Église orthodoxe dans les pays vers lesquels les fidèles orthodoxes avaient émigré. La question a pris de l'importance à la suite de l'émigration massive de réfugiés russes à la suite de la révolution russe de 1917, le problème étant que les diocèses orthodoxes et les structures ecclésiastiques plus importantes (« juridictions ») de la diaspora se chevauchaient souvent, un problème particulièrement aigu en Europe occidentale et les États-Unis. Le résultat est qu'il y a généralement plusieurs évêques orthodoxes de différentes juridictions orthodoxes dans les grandes villes des pays hors de la juridiction propre d'une Église nationale, malgré le fait que le Patriarcat œcuménique revendique le privilège d'être la seule autorité canonique légitime pour tous les orthodoxes vivant dans la Diaspora sur la base du Canon 28 du Concile de Chalcédoine. Cette situation viole le principe canonique de territorialité selon lequel chaque ville et province devrait avoir son propre évêque unique[4]. FrancePhilip Saliba, archevêque de New York et métropolite de toute l'Amérique du Nord (l'archidiocèse chrétien orthodoxe d'Antioche d'Amérique du Nord), en 2007, a cité Paris, en France, comme exemple de phylétisme :
Grégoire Papathomas, évêque de Peristeri et professeur de droit canonique à l'Institut saint Serge et à la faculté de théologie orthodoxe à Athènes considère qu'il s'agit de l'un des plus grands problèmes canoniques et ecclésiastiques auquel l'Eglise orthodoxe doit se confronter, notamment en France.
Malgré la multiplicité des évêques orthodoxes issus d'Églises autocéphales différentes en France, il existe un lieu de communion et d'échange entre eux, l'Assemblée des évêques orthodoxes de France, créée en 1997[7]. États-UnisAux États-Unis, la plupart des paroisses orthodoxes ainsi que les juridictions sont ethnocentriques, c'est-à-dire axées sur le service d'une communauté ethnique qui a immigré de l'étranger (par exemple, les Grecs, les Russes, les Roumains, les Finlandais, les Serbes, les Arabes, etc.). De nombreux chrétiens orthodoxes doivent parcourir de longues distances pour trouver une Église locale familière à leur origine ethnique. Toutes les églises orthodoxes tentent de s'adapter à celles d'autres traditions ethniques avec plus ou moins de succès[8]. En juin 2008, le métropolite Jonas de l'Église orthodoxe d'Amérique a prononcé une conférence sur « l'épiscopat, la primauté et les Églises mères: une perspective monastique » à la conférence de la communauté de Saint-Alban et de Saint-Serge au séminaire théologique de Saint-Vladimir. .
Josiah Trenham note neuf divisions de pratique pastorale parmi les juridictions orthodoxes aux États-Unis[10]. Références
Voir aussiArticles connexes
Bibliographie
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