Patrice Quarteron, surnommé « le Rônin sombre »[1] est un combattant français de muay-thaï né le à Sevran. Il remporte le titre de Champion du monde IKF dans la catégorie des poids lourds en 2008.
En 2014, il se fait connaître à l'échelle mondiale à la suite de son combat planifié contre le kick-boxeur marocain Badr Hari.
Biographie
Formation
Il commence la boxe pieds-poings à 14 ans pour apprendre à se défendre contre les personnes qui l'agressaient à l'école en raison de sa corpulence[2].
En 2004, il monte sur le ring pour la première fois à la suite d'un grave accident de son père en 2003[2]. Ses premiers entraîneurs l'envoyaient dans des combats pour lesquels il n'était pas préparé[2] ; ainsi, son premier combat contre le champion de France « pro » en kick-boxing s'est soldé par une défaite. Acclamé en montant sur le ring par ses camarades, il s'est vu insulté sur les murs de sa ville quelque temps après[2].
Il décide alors de gérer seul sa carrière en cherchant par lui-même des entraîneurs compétents[2]. Peu expérimenté en compétition et recevant peu de propositions de combats, il est obligé de se préparer dans d’autres disciplines pour cumuler de l'expérience. Il affirme en interview[2] : « Arrivé à 25 ans, si je n'avais fait que des combats en boxe thaï, je n'aurais combattu que deux fois par an, vu le faible nombre de propositions. » Ainsi, il combat en boxe française, full-contact et kick-boxing. Il obtient alors plusieurs titres en peu de temps dans plusieurs disciplines et passe sur Eurosport en full-contact contre Grégory Tony(en).
C'est sa rencontre avec Alain Zankifo qui change durablement sa boxe[4]. Il dit lui-même[3][réf. à confirmer] : « Quand je suis arrivé chez « maître » Zankifo, il m'a cassé les jambes, je me suis demandé comment un mec pouvait arriver à faire ça, depuis plus personne ne m'a battu ». Entre le et le , Quarteron s'est exprimé dans quinze combats qu'il a remportés, dont quatorze par K.O. : il surclasse ainsi la plupart de ses adversaires tels Serguei Gur, Humberto Evora, fracturant même en 2008 le crâne du Polonais Marcin Różalski(pl) alors même que le Français était donné largement perdant[5].
Le , le combat attendu face à Badr Hari à Dubaï est annulé. Quarteron dit avoir été contacté au dernier moment pour que le combat soit repoussé à l'été 2015 au Maroc, moyennant une somme d’argent, mais Quarteron aurait refusé. Les soutiens de Badr Hari allèguent que le combat a été annulé en raison du manque de professionnalisme de Quarteron[7].
Entre 2015 et 2017
En 2015, Patrice Quarteron, lui-même organisateur de l'événement, réussit le tour de force de ramener 5 000 personnes à la Halle Carpentier[8]. Il remporte le combat contre le Bosniaque Dzevad Poturak en 20 secondes[9] sur une série de coups de coudes[10].
En 2016, Patrice Quarteron est vaincu par Daniel Sam après sept ans d'invincibilité. Quelques jours plus tard, à bord de son véhicule, il est la cible de tirs dont il sort indemne[11]. L'auteur de l'attentat n'est pas identifié. À la suite de cette défaite, le rappeur Booba (qui soutenait Daniel Sam), et Quarteron, s'affrontent par réseaux sociaux interposés et plateaux télévisés[12]. Booba sort même un titre nommé d'après le boxeur britannique, Daniel Sam[13].
Le , Patrice Quarteron gagne le combat face au Turc Sean Tolouee (boxeur amateur, en premier combat) à l'AccorHotels Arena, après avoir fait une entrée en hommage à Johnny Hallyday[14],[15],[16].
Annulation du combat contre Boughanem
À la suite de l'annonce d'un combat contre Yassine Boughanem par Phoenix FC le , Patrice Quarteron et son équipe Paris Fight nient l'organisation d'un tel match[17].
En , les deux boxeurs se chauffent régulièrement sur les réseaux sociaux.
Patrice Quarteron participe en 2012 aux recherches[20] sur l'optimisation de la performance motrice[21] avec Véronique Billat, directrice de l’unité de biologie intégrative des adaptations à l'exercice de l'INSERM[22], à l’Université d'Évry-Val-d'Essonne. L'objectif de la recherche est de trouver un programme d’entraînement adapté à la personne, quels que soient son niveau et le sport pratiqué[23], à l'aide d'instruments de mesure sophistiqués, et à raison de deux séances de 40 minutes par semaine[24] au Génopole d'Évry. L'objectif est d'améliorer de 20 % en vingt séances[25] les performances en accélération, en explosivité et en endurance, par une amélioration de la consommation maximale d'oxygène qui se répercute également sur la récupération et la lucidité[26].
Prises de position politiques et sociétales
Très actif auprès des jeunes[27], il combat le communautarisme[7],[28] et entend présenter une image positive de sa ville et de son sport[29].
En 2016, le sportif réalise une performance artistique avec Mathias Kiss au Palais de Tokyo. Cette performance axée sur le thème de la boxe thaïe s'inscrit dans son combat contre le communautarisme[31].
En 2017, après une victoire en boxe muay-thaï, il s'est drapé dans les couleurs du drapeau de la France[32]. À l'occasion, sur les réseaux sociaux, certains l'ont qualifié de « facho »[33], mais aussi de « bounty » et de « traître »[32]. À cela, il répond : « Quand vous portez un drapeau d'un pays où vous ne vivez pas, on vous dit « Bravo, j'adore, c'est courageux, c'est un signe d'ouverture ». Quand on porte le drapeau du pays dans lequel vous vivez, où vous payez vos impôts, avec lequel vous souffrez, aimez, combattez, on vous dit : « T'es un chien, un putain de facho ». Je porte mon drapeau fièrement. Et j'emmerde les fils de putes qui préfèrent se sentir Américains, Marocains, Russes, etc. tout ça parce qu'ils vont en vacances une semaine dans un autre pays et reviennent en se sentant étrangers à leur propre pays. Soyez patriotes et reconnaissants. Vous devez tout à la France. »[32]
Ayant vécu au quartier populaire de la Grande Borne à Grigny, il raconte : « Dans la cité, j'ai vu petit à petit les jeunes se regrouper par communautés. Ça m'était insupportable[30]. » Il dit s'être sorti de ce climat « plutôt hostile » grâce à la boxe et aux personnes rencontrées au début de sa carrière[34] : « Heureusement, grâce au sport, je sortais un peu de ma cité et j'étais aidé par des gens, notamment un [...] qui était blanc et flic ».
En janvier 2018, après le lynchage de deux policiers à Champigny-sur-Marne, Patrice Quarteron publie une vidéo sur son compte Twitter en dénonçant violemment les agresseurs et le silence complice de ceux qui filmaient l'agression, et valorise le professionnalisme de la police française[35].
Le , invité sur le plateau d'une émission de CNews, il s'insurge contre la vision angélique de la banlieue du directeur de la rédaction et de la publication de LibérationLaurent Joffrin, également invité, évoquant notamment l'attentat contre Charlie Hebdo[36] : « Ça m’énerve, le problème est que vous n’avez jamais vécu dans une cité, merde ». Par la suite, Joffrin reconnaît sur le plateau :« Je viens de lire un livre de deux journalistes du Monde sur Trappes. Je ne suis pas de la cité, j’habite au centre de Paris, je n'ai pas qualité à parler ». Quarteron ajoute : « 90 % des gens avec qui je parlais disaient « Fuck Charlie », alors que je leur disais : « Attends, il y a des gens qui ont été assassinés, donc c’est disproportionné ». Et je voyais qu’ils restaient sur leurs positions. Il n’y a pas d'autre mot, vous êtes des crapules », puis de conclure : « Cette mentalité, je la connais depuis tout petit et ça m’agace. »[32]
Dans une interview accordée au Parisien en juillet 2020, Patrice Quarteron estime que le mouvement Black Lives Matter n'a « aucun intérêt » et que « le problème, ce n’est pas la discrimination ou le racisme » mais le manque de moyen dans l'éducation nationale où « un jeune sur deux issu des quartiers sort sans diplôme »[37].
↑« Patrice QUARTERON réfute l'annonce du combat face à Yassine BOUGHANEM annoncé par le Phoenix FC », : « Après de nombreuses rumeurs, les organisateurs du PHOENIX FC ont ce matin publié une photo […] qui laissait penser que Patrice QUARTERON serait bien le futur adversaire de Yassine, […] interprétation qui vient d'être réfutée par Patrice et son équipe Paris Fight qui confirment que le visuel publié n'était peut être au final qu'un coup marketing »
↑Véronique Billat, Physiologie et méthodologie de l'entraînement : de la théorie à la pratique, vol. 3e édition, Bruxelles/Paris, Éditions De Boeck, , 258 p. (ISBN978-2-8041-7149-0, lire en ligne).