Paris Violence est un groupe de punk rockfrançais, originaire de Paris[1]. Il est formé en 1994 autour de Flav (« Flav Paris Violence »), et toujours en activité, malgré le décès de Flav, son leader, en 2022.
Biographie
Débuts
En 1994, l’idée d’un projet musical naît autour de Flav (« Flav Paris Violence », pseudonyme de Flavien Bertran de Balanda : voix, guitare, claviers, programmations), Thierry (guitare, claviers, chœurs) et Jérôme (chœurs), sur un concept punk rock et oi! à l’heure où cette scène semble s’essouffler en France[2]. Les influences vont de Métal Urbain à Pigalle, en passant par des chanteurs français comme Renaud[3]. Tous les textes et la plupart des compositions sont réalisés par Flav, qui déjà enregistre seul certains morceaux. Une boîte à rythme est utilisée, et quatre cassettes démo, enregistrées sur magnétophone 4 pistes, sont réalisées entre 1995 et 1998, suscitant de premières chroniques dans la presse underground[4].
En 1998, sortent les premières productions officielles : le 45 tours Humeurs noires, le split 45 tours Violence Urbaine et surtout le premier album, Temps de crise. Flav, désormais seul, commence à enregistrer sur magnétophone huit pistes un second album. Ce dernier, Mourir en novembre, bénéficie d’une distribution plus ambitieuse[5], et, surtout, est relayé dans la presse musicale grand public[6]. Outre des chroniques systématiques des albums et mini-albums sortis dans la période 2000-2007, on trouve dans ces magazines divers articles sur le groupe présentant notamment sa spécificité et son évolution : Rock Sound (Hors-série punk rock no 7, 2000, p. 84), Punk Rawk (no 10, janvier- ; no 14, no 39 ; 2008).
Dans la quatrième édition de l'émission radiophonique Sniffin' Glue (Radio Campus Clermont-Ferrand) du , Gildas Lescop, sociologue à l'université de Nantes et spécialiste de la scène oi!, intervenait avec une programmation musicale comprenant le morceau Le Chemin des dames, parmi trois dont un du groupe 4-Skins et un autre du groupe Lower Class Brats[7]. Quant à la presse généraliste ayant fait mention de Paris Violence, voir notamment L'Humanité du [8] ou Le Républicain lorrain du [9][style à revoir]. Cela permet au groupe d’apparaître sur divers samplers à plus gros tirage (notamment la série Punk Rawk Explosion ou encore le coffret Punk en France vol.2.), tandis que le son s’oriente de plus en plus vers une forme de oi! teintée d’influences new wave. En 2001, Flav lance par ailleurs parallèlement son projet cold wave Saison Froide.
Notoriété montante
L’album L’Âge de glace (2001) est conçu dans des conditions voisines du précédent et bénéficie de sa notoriété. Mais c’est l’arrivée de Spirou (Molodoï, Charge 69) qui donne une impulsion décisive à Paris Violence, qui rompt définitivement avec l’aspect « minimaliste » des débuts pour se lancer dans des disques studio de qualité plus professionnelle : Ni fleurs, ni couronnes (2001) mais surtout En Attendant l’Apocalypse (2003) permettent à Paris Violence de varier et d’élargir son public[10]. En Attendant l’Apocalypse est classé 6 474e meilleur album en 2000[11].
Malgré le départ de Spirou en 2005, périodes solo et formations successives alternent, sans que la production discographique ne s’en ressente : outre des albums longue durée comme Nous sommes nés trop tard (2007) ou Fleurs de névroses et d’éther (2010), Paris Violence continue à sortir des disques sur divers formats à une cadence soutenue, notamment diverses anthologies et rééditions.
Dernières activités
Après la constitution d’une formation live en 2010 avec Yann Kid Chaos et Manu Kulmok, ces derniers ont peu à peu intégré la formation studio dont ils forment, avec Flav et Sylvain, l’épine dorsale actuelle. C’est cependant avec Sylvain et Jhon Black Fire qu’a été enregistré Promesses d’Immortalité (2015), double album dont une partie des illustrations intérieures, réalisées par Flav, sont un hommage à la Paulette de Pichard et Wolinski.
En juillet 2015, soit après 21 ans d’existence, Paris Violence a donné sa première prestation scénique au festival international Back on the Streets à Rheinböllen, en Allemagne. Le décès de Flav, le 19 janvier 2022, semble compromettre l'existence du groupe[12].
Style musical, qualité littéraire et esthétique
Style musical
Outre le fait d’avoir été pendant plus de vingt ans un projet purement studio sans volet scénique (voir concerts), Paris Violence possède un certain nombre de traits qui lui sont propres[13]. La particularité du son, par-delà ses évolutions, a pu faire considérer le groupe tantôt comme un style musical propre[14], tantôt comme le fondateur d’un courant dit « oi!-wave » ou «post-oi!»[15].
Textes
Sa spécificité majeure réside cependant sans doute dans ses textes, dont on a souvent relevé l’écriture littéraire[16]. Quant aux thèmes abordés, assez éloignés des thématiques punk / oi ! habituelles, elles vont du réalisme parisien[17] aux références à la littérature[18] en passant par l’histoire : guerre froide[19], conflits du XXe siècle[20], mouvements insurrectionnels[21], histoire médiévale[22], mais surtout la guerre de 1914-1918 qui a inspiré un certain nombre de textes ayant suscité des études universitaires. Les textes de Paris Violence sur la Grande Guerre ont été étudiés par l'universitaire Nicolas Offenstadt, qui s'est intéressé à la mémoire actuelle de la guerre de 14-18 dans le rock.
Paris Violence est cité, étudié et remercié dans son ouvrage 14-18 aujourd'hui: La Grande Guerre dans la France contemporaine, Odile Jacob, (ISBN978-2-7381-2534-7). Paris Violence a été également cité alors par le même auteur dans diverses émissions sur les grandes ondes (avec des extraits de titres comme Mort au combat), et dans plusieurs colloques universitaires, dont le Colloque d’Agen et Nérac, 14- : L’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen et la Société historique des Amis du Vieux Nérac organisent : La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire(s), Histoire(s), Nicolas Offenstadt : Rock, pop et Grande Guerre, et, à Paris 1-Sorbonne : Samedi : La Grande Guerre aujourd’hui. 14-18 dans le monde social. Du même auteur, en collaboration avec André Loez: La Grande Guerre: Le carnet du centenaire[23]. Parmi les références universitaires à la place de la Grande Guerre dans les textes de Paris Violence, voir également National Myth and the First World War in Modern Popular Music de Peter Grant[24].
Ces différentes caractéristiques sont rappelées Vincent Bonneveaux dans le roman La Nord, qui consacre deux pages à Paris Violence[25]. Le personnage de Lucien découvre Paris Violence sur la compilation Aujourd'hui Comme Hier (voir discographie) et qualifie le groupe d'« inclassable », « entre le punk, le rock, la oi! et la new wave », avec des paroles « touch(ant) au plus profond de l'être (op. cit.). » L'auteur cite ensuite les références historiques et littéraires évoquées dans les notes précédentes. Parmi les romans faisant allusion à Paris Violence, le narrateur de Je suis ton ombre découvre le groupe au chapitre II, avec le disque Rayé de la carte qu'il trouve dans une cave. (Morgane Caussarieu, Je suis ton ombre[26], éditions Mnémos en 2014.
Image et esthétique
Les costumes que Flav arbore régulièrement dans les disques de Paris Violence tiennent enfin d’une forme assumée de dandysme[27]. Essentiellement à partir d’En attendant l’Apocalypse, où un morceau est du reste consacré à ce courant (« dandysme ») ; sur cet aspect voir également des morceaux tels qu’Esthétisme ou « Fleurs de névroses » sur l’album Fleurs de névroses et d’éther.
Accueil critique
Le webzinequébécoisBarricade Punk liste Paris Violence 35e dans son top 75 de punk rock français[28]. Sur Ranker, Paris Violence est classé 16e des groupes punk français[29], 89e des groupes célèbres originaire de Paris[30], et 79e des meilleurs groupes de oi![31].
Controverses
Paris Violence a parfois été accusé d'être un groupe d'extrême-droite[32]. Dans le webzine anarcho-royaliste Lys Noir (numéro « La résistance blanche des groupes bourrins »), Paris Violence est présenté comme « un groupe punko-royaliste[33] ». Le site politiquemagazine.fr précise : « Paris Violence inspire des musiciens du RIF (Rock identitaire français), comme ceux du groupe FTP »[32]
D'autres éléments sont plutôt basés sur de prétendues activités politiques du chanteur, qui est aussi historien[34],[35]. On l'a ainsi accusé d'être proche de plusieurs groupes et mouvements royalistes, notamment l'Action française. Lui même a fermement démenti ces accusations[36].
Le chanteur souhaite « séparer [sa] sphère professionnelle/privée de [ses] activités musicales[35] ». Et le groupe se présente lui-même comme « Indépendant de toute chapelle ou idéologie. Streetpunk littéraire, dandy et spleenétique »[37] Le site rebellion-sre.fr résume ainsi les choses : « Il restera à l’écart de toute récupération politique, laissant tout de même place au doute, quant à ses textes »[12]
Membres
Membres actuels
Flav Paris Violence (depuis 1994 jusqu'à 2022)
Sylvain (Villa-des-Bains, depuis 2005)
Yann Kid Chaos (depuis 2010)
Manu Kulmok (depuis 2010)
Jhon Black Fire (depuis 2010)
Anciens membres
Thierry (1994-1998), Jérôme (1994-1998)
Spirou (2000-2004)
Tony (2005-2007)
Eric (2010-2013)
Discographie
Albums studio
1998 : Temps de crise (Lion Records, Islika Prod ; réédité en double LP par Joe Pogo Records, et en CD en 2017 par Islika Prod)
2000 : Mourir en novembre (Dialektik Records, Earquake, Limolife Records, Islika Prod ; réédition en CD en 2007 par Trooper Records/Combat Rock et en LP par Dirty Punk Records)
2014 : Orage des années noires (Best of vol. 1, 1998-2003) (édition française : Combat Rock, Islika Prod, édition allemande : KB Records)
2015 : Tourmente des années sombres (Best of vol.2, 2004-2008), CD 2015 (édition française : Combat Rock, Islika Prod, édition allemande : Spirit of the Streets Records)
↑Sur ces influences, voir la chronique de Mourir en Novembre dans Rock Sound (magazine) hors-série punk-rock no 6, septembre 2000.
↑Karok no 10 (été 1997), Le Râleur no 1 (octobre 1997) et no 3 (1998), Vol au-dessus d’un Nid de Keupons no 2 (1997), Fils de Putes no 3 et no 4 (1998), No Government no 39 (1997), Earquake no 58 (mai 1998)… Concernant les médias étrangers, Paris Violence sera régulièrement chroniqué et évoqué dans le magazine américain Maximumrocknroll, à rayonnement international (no 200, janvier 2000 recensant Humeurs noires, et no 204, mai 2000).
↑Le disque est distribué par Tripsichord ; plus tard Paris Violence sera distribué par PIAS, puis Rue Stendhal.
↑Rock Sound, Rock Sound hors-séries punk-rock, Punk Rawk, Worst.
↑« Hybride entre punk rock et new wave » avec « parties heavy » (Punk Rawk no 8, mai-juin 2002, à propos de Ni Fleurs ni Couronnes) ; voir également Indézine no 1 (janvier 2015) quant à la place de Paris Violence dans la scène punk française.
↑Voir l’article consacré au groupe dans Punk Rawk no 39 (2008).
↑Chroniques d’Humeurs noires dans 2 much 2 young no 2, Just do Oi ! no 1, Earquake no 61 (novembre-décembre 1998)…
↑Chronique de Mourir en Novembre dans Earquake, no 72, (septembre-octobre 2000).
↑Outre les titres consacrés à la révolution hongroise de 1956, voir Ombres chinoises sur les événements de Pékin en 1991, Char d’assaut sur le printemps des peuples de 1989, ainsi que de nombreuses références aux événements de mai 68 (Impossible n’est pas français), tandis que Raison d’État est dédié à la Commune de Paris et autres insurrections du XIXe siècle.
↑La pochette de la version américaine a été "recensée", en compagnie de celle de l'EP Du rhum, des Femmes de Soldat Louis, par Rodolphe, Les disques que vous n'écouterez plus jamais, Hugo Desinge, 2014, p. 75 (ISBN9782755614855).