Il est considéré comme le père du cinéma afro-américain[2].
Biographie
Jeunesse et formation
Oscar Micheaux[3],[4] est le fils de Calvin Swan Micheaux, un fermier, et de Belie (Washingham) Michaux[5], une institutrice[6], il est le cinquième[5] de leurs treize - ou onze, les sources divergent - enfants[7]. Après ses études secondaires à la Great Bend High School(en), il occupe différents emplois.
Auteur de sept romans (entre 1913 et 1947), ainsi que de nouvelles, en 1913 il publie son premier livre The Conquest[10] qui est suivi de The Forged Note en 1915, puis de The Homesteader en 1917, sorte de trilogie racontant la vie de jeunes ruraux afro-américains dans le monde blanc du Dakota du Sud[11]. Pour garder le contrôle de la diffusion de ses œuvres littéraires, il crée une maison d’édition, la Western Book Supply Company[12].
Oscar Micheaux est surtout reconnu comme un pionnier du cinéma américain. La sortie en 1915 de Naissance d'une nation, choque la communauté noire et plus généralement les défenseurs des droits civiques. Certains cherchent une réplique, c'est ainsi qu'il est contacté par la Lincoln Motion Picture Company(en)[11] fondée en 1916 par les frères Noble, la première société de production cinématographique "black"[13], leur souhait est de réaliser une adaptation de son roman The Homesteader. Oscar Micheaux refuse, comme pour ses romans, il tient à garder le contrôle. C'est ainsi qu'il emménage à Chicago en 1919, pour créer sa propre compagnie de production, au sein de laquelle il réalise le premier filmafro-américain la même année, The Homesteader[14] (réputé perdu à ce jour). C'est par ce film, tourné et produit par lui qu'il est considéré comme le père du cinéma afro-américain[15].
En 1924, il réalise Body and Soul (sorti l'année suivante), qui lance la carrière de Paul Robeson dans sa première prestation au cinéma[12] et, en 1931, le premier film parlant afro-américain, The Exile (adapté de son premier roman de 1913, The Conquest: The Story of a Negro Pioneer by the Pioneer).
En tout, il réalise quarante-deux films — la plupart, produits et adaptés par lui, d'après l'un ou l'autre de ses romans et nouvelles —, le dernier en 1948. Il sera également acteur dans deux de ses films, en 1934 et 1935.
Engagement social
Oscar Micheaux était membre du mouvement Renaissance de Harlem, destiné à promouvoir, dans les années 1920 et 1930, la culture afro-américaine, son cinéma balaie les stéréotypes dévalorisants que les acteurs noirs devaient jouer[18]. Cette émergence de nouveaux rôles, délivré du regard raciste, est également appelé The New Negro Renaissance[19]. Son cinéma est politique, il aborde diverses questions comme les mariages mixtes, le racisme entre afro-américains selon la couleur plus ou moins prononcée, les arrestations arbitraires, les quartiers ségrégués, etc.[20]. Cela dit, les relations avec les intellectuels du mouvement "Renaissance de Harlem" pouvaient être tendues, ces derniers voyant en cet autodidacte un être sans éducation[21].
Une de ses paroles résume son œuvre et sa vie :
« One of the greatest tasks of my life has been to teach that the [Black] man can be anything, »[22] / L'une des plus grandes tâches de ma vie est d'apprendre que tout homme noir peut faire ce qu'il veut. (littéralement peut faire n'importe quoi).
Vie privée
Il a eu deux épouses : en 1910 il se marie avec Orlean E. McCracken, décédée en 1917, puis il épouse en 1926, l'actrice Alice B. Russell, décédée en 1984[23], qui jouera dans plusieurs de ses films[24].
(l'année indiquée est celle de première publication)
1913 : The Conquest : The Story of a Negro Pioneer by the Pioneer, Woodruff Press, Lincoln, Nebraska, 311 p.
1915 : The Forget Note : A Romance of the Darkness Races, Western Book Supply Company, Lincoln, Nebraska, 521 p.
1917 : The Homesteader, Western Book Supply Company, Sioux City, Iowa, 533 p.
1941 : The Wind from Nowhere, Book Supply Co., New York, 385 p.
1944 : The Case of Mrs. Wingate, Book Supply Co., New York, 518 p.
1946 : The Story of Dorothy Stanfield, Book Supply Co., New York, 416 p.
1947 : The Masquerade, Book Supply Co., New York, 401 p.
Postérité et distinctions
L'apport d'Oscar Micheaux au cinéma a surtout été valorisé bien après son décès car, de son vivant, la ségrégation raciale sévissant pleinement aux États-Unis, ses films étaient voués à une diffusion plus ou moins confidentielle[27]. En 1986, la Directors Guild of America lui a décerné (à titre posthume donc) un prix spécial, le "Golden Jubilee Special Award", pour l'ensemble de sa carrière, puis a créé une récompense remise chaque année, le "Oscar Micheaux Award". en 1980, se fonde la "Oscar Micheau Society" qui fait la promotion des films réalisés par des afro-américains[28]. C'est à partir de 1969 que l'œuvre cinématographique d'Oscar Micheaux soit reconnue, par un article de Thomas Cripps paru dans le Negro Digest, puis en 1970 par Pearl Bowser qui publiera diverses études sur son œuvre filmographique[29],[30]. Le , une étoile lui est attribuée sur le Walk of Fame au 6721 d'Hollywood Boulevard[31].
Documentaire
2021 : Oscar Micheaux, the superhero of black filmmaking réalisé par Francesco Zippel[32].
Bibliographie
Livres et monographies
(en) Pearl Bowser et Louise Spence, Writing Himself Into History : Oscar Micheaux, His Silent Films, and His Audiences, Rutgers University Press,
(en) J. Ronald Green, Straight Lick : The Cinema of Oscar Micheaux, Indiana University Press,
(en) Pearl Bowser, Oscar Micheaux and His Circle : African-American Filmmaking and Race Cinema of the Silent Era, Indiana University Press,
(en) Earl James Young Jr., Beverly J. Robinson, The Life and Work of Oscar Micheaux : Pioneer Black Author and Filmmaker : 1884-1951, Khafra Omrazeti, 15 janvier 2003, première édition
(en) Patrick McGilligan, Oscar Micheaux : The Great and Only, Harper,
(en) John R. Howard, Faces in the Mirror : Oscar Micheaux and Spike Lee, Fireside Publications,
Articles
(en-US) Charlene Regester, « The Misreading and Rereading of African American Filmmaker Oscar Micheaux: A Critical Review of Micheaux Scholarship », Film History, vol. 7, no. 4, , www.jstor.org/stable/3815383. (lire en ligne).
(en) Bowser, P., & Spence, L, « “Oscar Micheaux's ‘Body and Soul’ and the Burden of Representation », Cinema Journal, vol. 39, no. 3, , p. 3–29 (lire en ligne).
(en-US) Phillip Lopate, « The independent », New York Times, (lire en ligne).
David Schwartz et Laure Vermeersch, « Oscar Micheaux, génie ou pionnier oublié », Vacarme, (lire en ligne).
↑(en-US) Richard Brody, « Oscar Micheaux, the First Black Auteur », The New Yorker, (ISSN0028-792X, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Phillip Lopate, « Oscar Micheaux. The Great and Only: The Life of America’s First Black Filmmaker - Patrick McGilligan - Books - Review », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Pearl Bowser et Louise Spence, « Oscar Micheaux's "Body and Soul" and the Burden of Representation », Cinema Journal, vol. 39, no 3, , p. 3–29 (ISSN0009-7101, lire en ligne, consulté le )
↑Un documentaire américain de 1994, consacré à Micheaux, a pour titre original Midnight Ramble(en), appellation de la politique de ségrégation pratiquée dans bon nombre de salles de cinéma américaines jusque dans les années 1950, consistant à proposer les films classés afro-américains, à un public de même origine, lors d'une séance de minuit.