Le livret est publié en anglais sous le titre 112 Gripes about the French, qui peut se traduire par « 112 raisons de se plaindre des Français »[1], « 112 griefs à l'endroit »[2] ou « à l'égard des Français »[3], ou encore « 112 critiques sur les Français »[4]. Le titre choisi pour sa traduction en français, publiée en , est Nos amis les Français.
Contenu
Le manuel se présente sous la forme de 112 questions avec leurs réponses. Il est conçu pour répondre aux plaintes des soldats américains qui découvraient en France une société dans laquelle tout était différent et qui leur causait des problèmes d'adaptation. Le but du manuel est d'aider les soldats à comprendre l'état misérable de la France après une occupation militaire brutale de cinq ans. L'œuvre mentionne les contributions des Français à la guerre, aux arts, aux sciences, et même à l'histoire américaine, afin de convaincre les soldats qu'il y avait plus de similarités entre les Français et les Américains que de différences.
On peut y apprendre que, selon les GI américains, les Français sont cyniques, paresseux, ne sont pas inventifs et mangent des grenouilles. On y apprend le manque d'hygiène reproché aux Français par les GI et qui leur est expliqué par le manuel : « parce qu'ils n'ont plus de savon depuis , parce que la guerre a considérablement baissé leur niveau de vie et parce qu'il est impossible pour eux de se payer une plomberie décente »[5].
Le manuel entend répondre aux questions sur la forte présence supposée de prostituées dans les villes françaises, relatée par les soldats dans leur correspondance : il explique que beaucoup d'entre elles ne peuvent vivre de leur seul salaire[1].
Un premier manuel intitulé The Pocket Guide to France est distribué aux soldats américains en avant le débarquement de Normandie. Puis à la fin de , alors que la liesse de la Libération est retombée[6] et que les relations se sont tendues avec la population française[7], 112 Gripes about the French lui fait suite[8]. Il fait partie d'une série de manuels similaires pour les différents pays où les troupes américaines stationnent après la guerre : le Japon (35 reproches), l'Australie (28 reproches), etc.[9],[10]
Imprimé par l'imprimerie Bellenand à Fontenay-aux-Roses[11], il est distribué à un nombre d'exemplaires évalué entre 100 000[12] et 200 000[13]. Il semble être du même auteur anonyme que The Pocket Guide to France[14], quoique certaines sources l'attribuent à l'auteur Leo Rosten[15] lorsqu'il était en garnison à Paris[13] ; Rosten semble du reste être crédité explicitement sur certains exemplaires[7]. Rosten aurait été recommandé par sa belle-sœur, l'anthropologue Margaret Mead, contactée par le Département de la Guerre[16].
Balbino Katz (dir.) (trad. de l'anglais par Virginie et Arnaud d'Apremont), Nos amis les français : Guide pratique à l'usage des GI's en France, –, Paris, Le Cherche midi, , 140 p. (ISBN2-7491-0128-X).
Notes et références
↑ a et bMary Louise Roberts (trad. de l'anglais par Cécile Deniard et Léa Drouet), Des GI et des femmes : Amours, viols et prostitution [« What Soldiers Do: Sex and the American GI in World War II France »], Paris, Le Seuil, coll. « L'univers historique », , 405 p. (ISBN978-2-02-115651-5 et 978-2-02-115653-9, lire en ligne).
↑Jim Drape, « Établir des partenariats mondiaux : 112 griefs à l'égard des Français. Un réexamen », ASPJ Afrique & Francophonie, vol. 3, no 3, , p. 79–96 (81) (lire en ligne [PDF]), d'après (en) Jim Drape, « Building Global Partnerships : 112 Gripes about the French Revisited », Air and Space Power Journal(en), vol. 26, no 2, , p. 50–71 (lire en ligne [PDF]).
↑René Arnaud, « La France telle que l'ont vue les Américains », Revue de Paris, no 9, , p. 140–157 (140) (lire en ligne).
↑(en) Genelle Morain, « Increasing Our Sensitivity to French Culture », dans Samia I. Spencer (dir.), Foreign Languages and International Trade : A Global Perspective, Athens, University of Georgia Press(en), , 255 p. (ISBN0-8203-0822-6), p. 106.
↑(it) Adolfo Mignemi, chap. III.9 « Guide in divisa : Guide turistiche e manuali per le truppe d'occupazione negli anni Trenta e Quaranta del Novecento », dans Rachele Raus (dir.), Carolina Flinz (dir.), Gloria Cappelli (dir.), Le guide touristique : Lieu de rencontre entre lexique et images du patrimoine culturel, vol. 2, Florence, Firenze University Press, coll. « Strumenti per la didattica e la ricerca » (no 191), , 218 p. (ISBN978-88-6453-514-2, DOI10.36253/978-88-6453-514-2), p. 139–156 (148) [lire en ligne].
↑(en) Brian Angus McKenzie, Remaking France : Americanization, Public Diplomacy, and the Marshall Plan, New York et Oxford, Berghahn(en), coll. « Explorations in Culture and International History » (no 2), , 259 p. (ISBN1-84545-154-6 et 0-85745-561-3), p. 22 [lire en ligne].
↑Geneviève Zarate, « Éléments pour une réflexion sur l'évolution du CRÉDIF et de son environnement géopolitique : De la diffusion universelle des valeurs françaises à la pluralité européenne », Études de linguistique appliquée, Besançon, Centre de linguistique appliquée, no 106, , p. 247–256 (250).
(en) Edward C. Knox, « "Not our kind of people" : GI gripes on France in », Contemporary French and Francophone Studies, vol. 8, no 4, , p. 405–414 (DOI10.1080/10260210410001733405).
(pt) Maria Ausenda Babo, « Para uma desconstrução dos estereótipos : “112 gripes about the French” (–) », dans Rosa Bizarro (dir.), Eu e o Outro : Estudos Multidisciplinares sobre Identidade(s), Diversidade(s) e Práticas Interculturais, Areal, , 432 p. (ISBN978-972-627-973-0), p. 287–300.