Monastère des Ursulines de LavalMonastère des Ursulines de Laval
Le monastère des Ursulines de Laval est un monastère d'Ursulines situé à Laval, créé au XVIIe siècle. Le couvent de Laval donna naissance à plusieurs autres monastères : Château-Gontier, Thouars, Dinan, Vitré. Saint-VénérandL'ArmurerieA l'extrémité du cimetière de Saint-Vénérand, sur le bord de la rue Sainte-Anne[1], se trouvait une maison dite de l'Armurerie[2] donnée depuis peu pour servir de Petit Séminaire[3]. Cette maison appartenait alors à la confrérie du Saint-Sacrement, érigée dans l'église de Saint-Vénérand. La maison était dirigée par Guillaume Riviers[4]. HauteriveLes habitants de la paroisse de Saint-Vénérand adressèrent une supplique à René du Bellay, seigneur d'Hauterives, chevalier de l'ordre du roi, lieutenant pour sa Majesté au gouvernement du Maine, en l'absence de Henri de Lavardin[5] pour qu'il voulût bien exempter cette maison des droits dont elle était chargée envers lui par son fief de Chanteloup[6]. René du Bellay, accordant aux habitants leur demande, exempta les maison, cour et jardin de tous droits à son égard[7]. InstallationLe , les membres de la confrérie du Saint-Sacrement, font à Françoise de la Croix[8], des lieux, maisons, cours et jardins appelés le Séminaire de la Confrérie, exploités par Guillaume Riviers pour leur servir de couvent et maison religieuse selon la règle de l'ordre. 27 avril 1616
Le 27 avril 1616, les membres de La confrérie du Saint-Sacrement, établie dans L'église de Saint-Vénérand, au faubourg du Pont-de-Mayenne de la ville de Laval, représentés par : 1° Vénérable et discret maître Jean Pellier, prêtre, docteur en théologie, prieur-curé de l'église paroissiale de Saint-Vénérand, 2° Michel Paumard, prêtre, bâtonnier de la confrérie, 3° Jean Sergeul, sieur de la Brochardière, idem, 4° Julian Loriot, le jeune sieur de la Gandonnière, l'un des fondateurs, idem, 5° Hyérome Saybouez, sieur des Chênesays, fondateur de la confrérie, 6° Jean Loriot, sieur de la Gaudesche, avocat, député de la confrérie, 7° Jean Journée, seigneur de la Ville, idem, 8° Gaspard Chassebœuf, sieur de la Fosse, procureur marguillier de la fabrique de Saint-Vénérand, 9° Pierre de la Porte de la Teslinière, idem, députés avec les dénommés ci-dessus, font à révérende sœur Françoise de la Croix, supérieure et mère de la maison religieuse de Sainte-Ursule à Bordeaux, représentée par Robin Beauvais, prêtre, docteur en théologie, prieur du prieuré de Châtillon en Bordelais, son procureur spécial, cession aux sœurs religieuses de l'ordre de Sainte-Ursule des lieux, maisons, cours et jardins appelés le Séminaire de la Confrérie, exploités par vénérable et discret maître Guillaume Riviers, prêtre, l'un des fondateurs de la confrérie, et situés au bas du cimetière de Saint-Vénérand, pour leur servir de couvent et maison religieuse selon la règle de l'ordre. Les religieuses eurent pour condition de s'y installer au plus tôt que faire se pourra, dans six mois, en cas que le royaume fût en paix et qu'il n'y eût dans la ville et faubourg aucune contagion. On ajouta que si le cas advenait qu'elles trouvassent un local plus convenable et qu'elles voulussent abandonner celui-ci, le marché resterait nul. Cette cession fut faite pour le prix de huit cents livres en présence de Daniel Hay, écuyer, seigneur de la Motte et du Chastelet, intendant de la maison de madame la duchesse de la Trémoille, capitaine du château de Laval et lieutenant pour le roi en l'absence de M. de Bouillé gouverneur de la ville et du château de Laval ; de maître Guillaume Riviers, prêtre ; de honorables maîtres Ambroise Guays, sieur de la Mesnerie, Mathurin Beudin, sieur de la Guédonnière et Charles Cribier.
Le même jour le sieur Beauvais, prêtre[9], accompagné de maître Croissant, notaire, se rendent aux lieux cédés et en prennent possession[10]. Jean Pellier, prêtre, prieur-curé de Saint-Vénérand et Saint-Melaine, Jehan Sergeul, sieur de la Brochardière, bâtonnier de la confrérie du Saint-Sacrement, Me Guillaume Riviers, l'un des fondateurs de la confrérie, Jean Saibouez, aussi fondateur et bâtonnier, Michel Paumard, bâtonnier, Jean Journée également fondateur et bâtonnier, adressèrent une requête à monseigneur François de Sourdis, archevêque de Bordeaux, en 1616, pour le prier de permettre à six religieuses Ursulines de cette ville de venir à Laval afin d'y fonder un monastère de leur ordre. Arrivée à LavalOrigine : BordeauxLe , arrivent à Laval 6 religieuses ursulines[11] envoyées par l'archevêque de Bordeaux François de Sourdis, le 16 du même mois. Elles ont l'intention de fonder une maison de leur congrégation, et en ont obtenu la permission de l'évêque du Mans. Elles sont conduites par René de Beauvais, prêtre délégué par l'archevêque de Bordeaux. Elles prennent possession de suite du nouveau monastère. Guillaume Riviers est leur premier chapelain[12]. La Chronique des Ursulines, imprimée en 1673[13] donne quelques détails sur la fondation du monastère de Laval[14]. L'ArmurerieLes Ursulines s'établissent à l'Armurerie et y restent pendant plusieurs années. La maison était située non loin d'une chapelle de Saint-Jacques[15] qui leur sert d'église, et où le Saint-Sacrement est placé le 30 juillet un mois après leur arrivée. Elles habitent longtemps cette maison qui, après leur départ est enfin appliquée à la destination indiquée par les fondateurs[16]. Le projetIl est question un moment d'établir définitivement les Ursulines dans cette maison. Le , Jean Pellier[17], rassemble un conseil de paroisse, pour proposer aux habitants de céder aux religieuses le bas du cimetière. Ce terrain leur ayant été accordé, sœur Marie de Jantillau, première supérieure, et Anne Beauvais, sœur préfète, firent de suite des marchés avec un architecte, Étienne Corbineau, pour la construction d'une église et des bâtiments nécessaires pour loger la communauté naissante, et d'autres marchés avec Jehan et Denis Crosnier[18], de Laval, pour la fourniture de tuffeaux de toutes dimensions et ardoises pour la construction de ces édifices, suivant qu'il leur en sera donné avis par l'architecte, de manière à n'en laisser jamais chômer pendant les constructions. Le projet n'a pas de suite, sans doute parce que le local ne pouvait convenir à une communauté en règle[19]. Néanmoins, les Ursulines admirent de nombreuses novices et une d'elles, nommée Jeanne de la Porte[20] meurt[21] le , et est enterrée dans la chapelle Saint-Jacques. La maison de la Croix BlancheLes Ursulines devaient s'occuper de l'enseignement des jeunes filles de la classe pauvre, qui est le but même de leur institut. Les religieuses tournèrent leurs vues d'un autre côté de la ville, et y firent choix d'un terrain nommé L'Hôtellerie de La Croix-Blanche. En 1620, ces religieuses se déterminèrent à aller s'établir ailleurs. Elles achetèrent un terrain dépendant de la closerie de la Valette[22], encore existante à l'entrée de la route de Craon. Elles en prirent solennellement possession par la plantation de la croix, le [23] Dans le terrain acheté par les Ursulines[24] se trouvait une auberge qui avait pour enseigne la Croix Blanche. De là pendant quelque temps on prit l'habitude d'appeler le nouveau couvent, la maison de la Croix Blanche. Les Ursulines achetèrent encore, en 1620[25] un jardin continu appartenant à Pierre Nyot, sieur des Rames, marchand. Tous ces terrains sont dits « situés près le pavé neuf de la ville de Laval et le chemin qui conduictde la porte de Beucheresse au Gué-d'Orgé. »[26]. En 1626, elles achètent encore, pour s'agrandir[27]. ConstructionL'église fut dédiée à Sainte Hélène. On se mit tout de suite à l'œuvre. Des marchés avaient été passés dès l'année 1617 avec Étienne Corbineau, maitre architecte à Laval. MARCHÉ FAICT AVECQ ESTIENNE CORBINEAU, MAISTRE ARCHITECTE POUR LA MASSONNERIE D'UN BASTIMENT NEUF. 1617.
Le mercredy 29e jour du mois de novembre avant midy, l'an 1617, par devant nous Pierre Croissant, notaire et tabellion royal au pays du Maine, establi et résident à Laval, ont esté personnellement establiz révérendes mères, sœur Marie Jeantilleau mère supérieure, et seur Anne de Beauvays mère prefette de la maison religieuse de l'ordre de Saint-Ursule au forsbourg du Pont-de-Maienne de ceste ville de Laval d'une part, et honneste homme Estienne Corbineau maistre architecteur demeurant au forsbourg de la rue de Rivière de ceste ville d'autre part, lesquelles partyes deument soubmises sçavoir les dites religieuses elles et leurs successeurs biens et choses de la dite maison religieuse et ledict Corbineau ses hoirs etc, confessent volontairement avoir faict et font entre elles l'accord et convention qui s'ensuict. C'est assavoir ledict Corbineau par ces présentes a promis promect et s'oblige auxdictes dames religieuses stipulantes pour ladicte maison, faire pour icelle maison toutes et chacunes les murailles qu'elles vouldront faire faire tant pour la construction et bastyment de leur église, dortouer, logis, cheminées et toutes autres murailles qu'il leur convendra et vouldront faire faire, les fondemens desdictes murailles de quatre pieds d'espaisseur jusques a raz de terre, et poursuivies en leur bastaison de trois pieds jusques à l'araz d'icelles murailles, esquelles il demeure tenu faire toutes ouvertures de portes, croisées, fenestres verrières et tous autres qu'il se trouvera estre requis et nécessaires, icelles ouvertures faictes et garnies de pierre de tuffeau bien deument et proprement taillé de tout plain en carré ; en l'église sept ou huict vitres et un dans le pignon du portai ; es dortouers toutes les croisées et quarts de croisées, aultant qu'il en sera requis ; fera sur chacun costé des dortouers jusques au nombre de sept lucannes de tuffeau en tout plain carré ; fera sur tous pignons tant de l'église que dortouer des rempans de tuffeau et des entablemens aussy de tuffeau de 8 ou 9 pousses de saillie, pour sur iceulx porter les charpentes ; au dedans de l'église tenu faire trois arseaux portans sur deux pilliers ronds faicts de pierre dure pour porter La tribune, iceulx forts «'i suffisons pour porter muraille en hault pour la closture dudict,et pour porter poustres pour le marche pied dudict tribune, auquel il fera telles ouvertures qu'il sera requis : fera un beau et bonneste portai à l'église de pierre du iv de sept pieds de haulteur; et Les coings de L'église au dehors, seront aussi faicts de sepl pieds de haulteur de pierre dure, toutes Lesquelles choses il Corbineau fera bien proprement, honnestement et deument comme il appartient ; Luy estant par Ladicte maison fourni il toutes matières à place et aussi Luy estant fondemens faicts faire el rendus prests à poser murailles, et aussi luy estant fourni clayes et escauperches pour faire tous chauffaudaiges. Et poursuivra Ledict Corbineau à faire lesdicts bastiments avecq personnes en nombre suffisant, jusques au parfaicte de La besongne, sans discontinuation ; et pour la façon de chacune toise de six pieds, tant plain que vide, vingt et une toises pour vingt, lesdictes parties en ont cheu, convenu et accordés a la somme de 6S sols tournois. Et la somme à quoy se pourra trouver revenir et monter le nombre des toises qui se trouveront sera par ladicte maison religieuse payée audict Corbineau à proportion de la besongne qu'il fera, et en fin de besongne fin de payement; et feront lesdictes dames advance sur ladicte besongne de la somme de cent livres tournois dans le jour et feste de Noël prochain venant, et outre lequel prix de toise lesdictes dames ont promis payer et donner audict Corbineau lorsqu'il posera la première pierre desdicts bastiments la somme de 60 livres tournois dont et tout ce que dessus lesdictes parties respectivement stipulantes et acceptantes sont demeurées à un el d'accord. Et à ce tenir et s'obliger, etc. Faict et passé au parlouer de ladicte maison religieuse, en présence de honnestes hommes Me Ambroise Guays, sieur de la Mesmerye, Pierre Cornillau sieur du Chastelier, Jean et Denis Crosnier frères marchans, Pierre lion maistre charpentier, et François Hamonnière maistre vitrier, demeurans audict Laval, tesmoings à ce appelés, Lesquelles parties et tesmoins, fors ledict Hondu, sont signé en la minutte des présentes avecques nous notaire, et ledict Hondu a dict ne signer de ce enquis ; et ont aussi signé en ladicte minutte seur Marie Jeantilleau, seur Anne de Beauvais.
Il est chargé de la construction de l'église, des bâtiments, cloître, dortoir et réfectoire, ainsi que de la clôture des jardins[28]. Bernard Venloo, sculpteur, eut 9 livres pour la façon d'une figure placée au grand autel et 12 livres pour avoir sculpté une statue de Sainte-Hélène que l'on plaça au portail de l'église[29]. Pendant le cours des constructions, les Ursulines étendent leur enclos par l'acquisition de divers terrains contigus. MARCHE FAICT AVECQ LES CORBINEAU POUR LA FACON DU GRAND AUTEL ET AUTRES CHOSES Y CONTENUES POUR 1300 LIVRES.
Du septiesme jour de juin l'an 1623 après midy, en nostre court de Laval, par devant nous Jehan Beudin notaire d'icelle demeurant audict Laval, ont esté présents et personnellement establis honorable Pierre Cornillau marchand sieur du Chastelier, faisant pour les dames religieuses de Tordre de Saincte Ursule demeurant audict Laval d'une part, et honnestes personnes Estienne et Pierre les Corbineaulx, maistres architectes demeurans en la paroisse de la Saincte Trinité dudict Laval, lesquelz soubmettans etc, confessent avoir faict ce qui ensuict, c'est assavoir que iceulx les Gorbineaux père et filz ont promis et se sont obligez eulx et chascun d'eulx l'un seul et pour le tout, renonçans au bénéfice de division, ordre de droit et de discussion, promettans une mesme chose faire bien et deument, l'ornement et paradis du grand autel qui sera faict et construict par iceulx les Corbineaux en l'église qui à présent se bastist au lieu de la Croix Blanche ditte Saincte Croix suivant et au désir du dessaing apparu par iceulx les Corbineaux et qui est demeuré avec eulx pour s'en servir et icelluy faire à l'imitation dudict dessaing, comme aussy de faire bien et deument le tour de la grille de leur chœur suivant et au désir du modelle et dessaing, comme aussy de faire bien et deument la chaisre du predicatoire suivant et au désir du modelle et dessaing, comme aussy feront lesdicts les Corbineaulx ung benistier pour servir à l'entrée de l'église dudict bastiment à contenir comme à l'estimation de celluy des pères capucins peu plus ou peu moings, le bassin duquel benistier sera de marbre de pierre de Sainct Berthevyn ou de pierre de la Chamberriere proprement pollie et élabouré et convenable. Et pour ce faire fournira ledict sieur Cornillau de toutes matières convenables audict œuvre pour chaufauder, fors et réservé que lesdicts les Corbineaux fourniront le marbre à placer propre pour faire lesdicts dessaings et suivant et au désir (Ticeulx, sçavoir de pierre de Sainct Berthevyn ce qui est figuré de rouge, et de pierre de la Camberriere pour marbre noir en ce qui est figuré de noir, et la bordure de Ladicte chaisre de pierre de Sainct Berthevyn ou de La Chamberriere. Outre ce feront pour lesditea dames ung bénis ltier aussy de pierre de la Chamberriere ou de Sainct Berthevyn pour mettre au dedans dudicl monastère pour tenir deux potz d'eau ou envyron, et L'assoiront ou bon semblera auxdictes dames. Toutes Lesquelles besongnes Lesdicts les Corbineaux tendron bien et deument faicles et parfaictes dedans du premier jour d'aoust en ung an, pour Lesquelles besongnes Ledict sieur Cornilleau audict nom a promis paier auxdicts Les Corbineaux la somme de 1300 livres paiable en travaillant, paianl fin de besongne, fi du paiement. A valloir sur Lesquelles besongnes Lesdicts Les Corbineaulx ont recongneu avoir eu par emprunt dudicl sieur Cornilleau oudict nom le nombre de huict vingtz treize liffeaux qui leur demeurront si bon leur semble à la raison de trente six livres le cent si mieux ilz n'ayment les rendre audict sieur Gornilleau oudict nom. Et en faveur dudict marché et des aultres précédens ledict sieur Cornilleau oudict nom a remis et donné auxdicts les Corbineaux les louaiges de la maison et jardin de la Croix Blanche qu'ilz ont exploités et exploiteront de la feste d'Angevyne prochaine en ung an, et pour le lin de marché la somme de sept livres dix sols, que ledict sieur Cornilleau a prétendu paier, dont il demeurra audict nom quitte, lesquels trois dessaings cy dessus spécifiés ont esté parafés au dos par les parties et de nous notaire, dont et de tout ce que dessus lesdictes parties stipulantes et acceptantes sont demeurées à ung d'accort et à ce tenir, etc. Faict et passé audict Laval en présence de honnestes personnes Jehan Crosnier sieur de la Basoche marchand cabarettier et Jehan Moisy dudict estai lesmoins à ce requiz et appeliez, lesquelles parties et tesmoings ont signe aveeq nous en la minutte ies présentes. Beudin
Le couvent des Ursulines fut construit par Étienne Corbineau entre 1620 et 1626. En 1627[30], Maître Lair, grand vicaire official du diocèse du Mans, revêtu d'un 1 aube, Les conduisit, portant le Saint-Sacrement[31].
La grande galerie du Palais Saint-Georges à Rennes qui donne sur le jardin vers la Vilaine est très similaire au cloître du Monastère des Ursulines de Laval. ExtensionEn 1621, la mère Louise Guays[32], dite de Jésus, originaire de Laval, alla fonder le Monastère des Ursulines de Tréguier ; en 1635 elle y recevait comme novice une de ses compatriotes, Renée Martin[33]. Le monastère de Laval donnait naissance en 1630 au Monastère des Ursulines de Château-Gontier, et en 1632 à celui du Monastère des Ursulines de Thouars. L'évêque du Mans, Philibert Emmanuel de Beaumanoir de Lavardin, convoque en 1661 la communauté pour en obtenir une soumission aux lettres du Saint-Siège, condamnant les cinq propositions de Jansénius[34]. PROCES-VERBAL D'ADHESION AUX CONDAMNATIONS PRONONCÉES CONTRE LES PROPOSITIONS DE JANSENIUS (1661 et 1665).
Ce jourduy 24 de juillet 1661 capitulairement assemblées toutes les révérendes de cette communauté suivant l'ordre qu'en y donne monseigneur nostre reverendissime evesque et supérieur, nous indigne révérende supérieure des Ursulines de cette communauté de Laval nous soumettons sincèrement aux déterminations des souverains pontifes Innocent X et Alexandre VII, touchant les cinq propositions de Cornélius Jansenius condamnées par ces deux papes et nos seigneurs les evesques comme eretiques, mal expliquées, et contre le vray sens de nostre père Saint-Augustin. Faict ce jour et an que dessus. Sr Charlotte de Giroys. Sr Anne Godin. Sr Marie Billon. Sr Marie Cornillau. Sr Marguerite Lenain. Sr Jeanne Verger. Sr Marie Lenain. Sr Anne du Boys. Sr Angélique Patier. Sr Madeleine Cornillau. Sr Andrée de la Cour. Sr Marie Duchemin. Sr Marie du Bellay. Sr Gertrude Clouet. Sr Catherine Gaudin. Sr Colombe Cazet. Sr Ursule Chevalier. Sr Agnès Piette. Sr Gabrielle des Chapelles. Sr Candide Baillé. Sr Anne Charlot. Sr Marguerite Rivault. Sr Augustine de Bouëssel. Sr Pacifique Niot. Sr Jeanne Saiboués. Sr Anne Lasnier. Sr Marguerite Bruneau. Sr Catherine Delecu. Sr Anne Cazet. Sr Marie Hayneufve. Sr Charlotte Marest. Sr Marie Martin. Sr Marie Simon. Sr Jeanne Gouessé. Sr Marie Chapelet. Sr Magdelaine Treguel. Sr Marguerite Vivien. Sr Marie Charlot. Sr Françoise Edard. Sr Marie Simon de Saint-Augustin. Sr Marguerite Simon. Sr Marie Hennier. Sr Marguerite Fonteine. Sr Marguerite Le Duc. Sr Marguerite Boullain, Saint-Bernard. Sr Marie Bachelot. Sr Marie Duchemin. Sr Marie Le Cocq de la Présentation. Sr Thérèse Niot. Sr Ursule Simon. Sr Innocente du Verger. Sr Magdeleine Duchemin. Sr Renée Courte. Sr Marie Renusson, des Anges. Sr Marie Le Blanc. Sr Anne Charlot. Sr Magdelaine Marest. Sr Marie Edard. Sr Marguerite Garnier. Sr Jeanne Bouttier. Sr Françoise Le Clerc. Sr Renée Hennier. Sr Gabrielle Chapelle. Sr Marie-Joseph Marest. Sr Marie Magdelaine Bachelot. Sr Marie-Marguerite Garnier. Sr Ursule Charlot. Sr Anne-Charlot, de la Croix. Sr Hélène de Gennes. Sr C. Creslant. Sr Anne Cornuau. Sr Marthe Laguillée. Sr Jeanne Pichot. Sr Marie Boisnard. Sr Renée Hoyau. Sr Marie Calando. Sr Renée Turpin. Sr Marie Chaillé. Sr Madeleine Duchemin. Sr Marie de l'Assomption. Sr Marie-Marthe Le Clerc. Sr Elisabeth Hennier. Sr Marie Charlot de Saint-Alexis. Sr Anne Duchemin, de Saint-Joseph. Cette adhésion fut renouvelée en 1665 sur la demande de l'évêque du Mans, à qui ce second procès-verbal fut adressé : « Ce jourduy dix-septiesme du mois de juillet 1663 la communauté capitulairement assemblée au lieu du chapitre selon la forme, ordinaire pour signer le formulaire qui suit envoyé par nostre S. P. le pape Alexandre VII, et ordonné par Mgr l'evesque du Mans en date du 27 may 1665. « Je soussigné me soumets à la constitution apostolique d'Innocent X souverain pontife donnée le 31e jour de may 1653, et à celle d'Alexandre vu son successeur donnée le 16 d'octobre 1656, et rejette et condamne sincèrement les cinq propositions extraites du livre de Cornélius Jansenius intitulé Augustinus, dans le propre sons du mesme autheur, comme le Siège apostolique lescondamnées par les mesmes onstitutions. je le jure ainsy. Dieu me soit en ayde el ses saints évangiles. » Suivent 89 signatures. Celles de Charlotte Marest, C. Creslant, Marie Boisnard n'y figurent plus. On y trouve en plus celles de Marie Segrétin, Catherine Charlot, Renée et Adenette (Garnier), Renée Fontaine, Claude Le Blanc, Françoise Le Clerc, Anne Frin, Marie Le Febvre, Jeanne Le Duc. Au lieu de Colombe on lit Charlotte Cazet. Cette adhésion fut encore renouvelée le 17 décembre 1684.En 1679, quatre religieuses de Laval allèrent fonder le Monastère des Ursulines de Vitré[35]. Enseignement des jeunes fillesSuivant le but de leur institution, les dames Ursulines s'occupaient de l'instruction des jeunes filles. Elles tenaient un pensionnat. La grandeur de la maison et l'étendue de leur enclos y attiraient un grand nombre de pensionnaires. On recevait aussi des personnes âgées,peu aisées, qui trouvaient dans cette maison une retraite honnête et une vie peu dispendieuse. Le pensionnat était séparé de la maison conventuelle. Il est d'abord florissant, mais son audience baisse vers la fin du XVIIIe siècle, parce qu'on ne trouva plus que l'éducation fût assez florissante[36]. On voit qu'il y avait à l'époque où il a été rédigé 50 religieuses Ursulines, et qu'elles avaient environ 6000 livres de revenus, partie en fonds de terre, partie en rentes constituées[37]. DiscordeEn 1673 et 1699, la discorde régnait au monastère de Laval ; pour ramener la paix dans cette maison « divisée», l'évèque du Mans, du consentement des religieuses, jugea convenable de leur envoyer[38] une supérieure prise dans un autre monastère. L'archevêque de Paris, chargé de cette mission, fit choix d'Anne de Bragelongne[39] installée comme supérieure de Laval au mois d'. LETTRES DE L'EVEQUE DU MANS RELATIVES A LA NOMINATION D'ANNE DE BRAGELONGNE COMME SUPÉRIEURE DES URSULINES DE LAVAL (6 et 16 août 1699)
Louis de la Vergne Montenard de Tressan par la grâce de Dieu et ordination apostolique evesque du Mans, conseiller du Roy on ses conseils d'estat et privé, aux religieuses Ursulines du monastère de Sainte Croix de Laval, salut et bénédiction. L'estat pressant de vostre communauté nous ayant fait juger qu'il estoit nécessaire d'appeler une supérieure d'un autre monastère pour rétablir la paix et le bon ordre dans le vostre, nous avions par nostre ordonnance du 11 janvier dernier remis l'élection au 25 mars jour marqué par la bulle de vostre établissement, et nous dovions vous proposer trois religieuses professes de différents monastères capables d'estre supérieures, afin que l'une d'entre elles fust à la pluralité des voix; mais la division qui estoit (Mitre vous, nous ayant fait appréhender quelque nouveau trouble an sujet de l'élection, vous avez remis pour cette fois vostre droit d'élire une supérieure à Mgr l'archevesque de Paris, et l'avez supplié de vous en nommer une, et le Roy informé des dispositions de vostre communauté a voulu que Mgr de Paris vous choisit une supérieure, persuadé qu'estant aussy zellé et éclairé qu'il est il feroit un choix avantageux pour vous ; Mgr l'archevesque de Paris a par ordre du Roy et à vostre prière nommé la Mère de Bragelonne pour estre supérieure, comme très capable de bien exercer cette charge, par l'acte du 27 may dernier cy dessus. Nous qui désirons depuis longtemps de voir revivre dans vostre monastère l'union, la piété, la régularité, le recueillement et le zèle pour la perfection, persuadé par les tesmoignages de Mgr l'archevesque de Paris et de Mgr l'evesque de Chartres, et partout ce que nous avons reconnu de la vertu et de la capacité de la Mère de Bragelonne, nous avons loué et approuvé la nomination de Mgr l'archevesque de Paris faite à vostre réquisition et par ordre du Roy, avons confirmé et confirmons ladite Mère de Bragelonne pour supérieure de vostre monastère pendant trois ans qui commenceront du jour qu'elle entrera dans l'exercice de la charge, vous enjoignons de la recevoir, de luy obéir et la reconnoistre pour vostre supérieure, de luy rendre l'honneur, l'obéissance et tous les devoirs qui luy sont deubs. Donné au Mans ce 6e jour d'aoust 1699. Louis evesque du Mans. Par Monseigneur Honoré. Louis de la Vergne Montenard de Tressan à maistre Pierre Humbert supérieur de la Mission et de nostre Séminaire, salut en nostre seigneur. Comme les personnes qui se sont données à Dieu par le vœu de religion sont la principale partie de nostre troupeau, nous devons veiller avec plus d'application sur leur conduite et prendre garde qu'elles ne se détournent de l'esprit de leur profession, c'est dans cette veûe que connoissant vostre zèle et vostre expérience dans la direction et conduite des âmes, nous vous commimes l'année dernière pour faire la visite et tenir le scrutin des communautés religieuses de la ville de Laval pendant que nous y faisions la visite des chapitres et paroisses de laditte ville, et sur vos procès verbaux et relations que vous nous listes de Testât de ces communautés en général et des filles en particulier qui les composent, nous publiasmes en chapitre les reglemens que nous crûmes nécessaires pour rétablir l'ordre en la communauté des Ursulines de Laval, mais la division des religieuses toujours funeste aux communautés rendit nos travaux inutiles, et Le mesme esprit qui a introduit l'inobservance de La règles fait négliger les ordonnances de visite, L'estat déplorable de cette communauté nous a fait penser souvent aux remèdes qu'on pourroit y apporter, et nous n'en avons pas trouvé de plus convenable que d'appeler une supérieure étrangère, Laquelle n'estant engagée en aucun parti peutl travailler plus efficacement à La réunion des esprits et dos cœurs, sansquoy on tenteroit inutilement de rétablir la régularité dans cette maison. Mais après avoir establi une supérieure d'un autre monastère, nous avons jugé que pour disposr les esprits à une parfaite réunion et une exacte régularité, il estoit nécessaire de faire faire les exercices spirituels à toutes les religieuses, persuadé qu'étant véritablement réconciliées a Dieu elles seront plus en estât de se réunir entre elles et de rentrer dans les voyes de la perfection, et parce que vous connoissez Testât et les besoins de cette communauté, nous vous commettons pour avec telles autres confesseurs que vous choisirez faire faire les exercices spirituels et la retraite à toutes les religieuses dudit monastère, leur faire des instructions, exhortations et conférences sur les obligations de leur estât et de leur perfection, les entendre dans la confession et les absoudre mesme des cas à nous réservés de droit ou par nous ou par nos ordonnances de visites, et les admettre à la sainte communion, les y trouvant bien disposées et ensuite faire une visite exacte tant sur le spirituel que sur le temporel, et faire tels reglemens que vous jugerez à propos, et parce que l'expérience du passé nous donne lieu de craindre qu'on n'observast pas ce que vous aurez ordonné, nous croyons qu'il est à propos d'y pourvoir et d'enjoindre à la supérieure : 1° D'assembler le chapitre toutes les semaines au jour marqué parles règles, d'y lire un chapitre de la règle ou des constitutions, d'expliquer les obligations qu'il renferme, et d'avertir celles qui manquent à les accomplir ; 2° Faire lire les reglemens de visite tous les mois ; 3° De veiller avec attention sur la conduite de tous les jours, daverlir pour la première fois charitablement et en particulier celles qui commettent quelque faute ; la seconde fois leur imposer pénitence, si elles ne l'amendent ; 4° D'avertir la supérieure d'estre mère commune et de traiter les sœurs également ; 5° Recommander aux sœurs de s'aimer cordialement sans aucune attache ni liaison particulière ; 6° Comme les liaisons particulières sont la source de la division des communautés et de tous les desordres qu'elles entraînent après soy, nous enjoignons à la supérieure de s'appliquer à retrancher toutes les amitiés particulières avec le mesme soin qu'elle doit travailler à faire cesser toutes les aversions, et si quelqu'une n'obeist pas à ses avis, elle luy imposera des pénitences selon la règle, et si après cela elle persiste, elle nous en donnera avis pour y estre pourveu par nous, et estre procédé contre les désobéissantes par les voyes de droit, et conformément à leur règle ; 7° Le recueillement intérieur est le soutien de la vie religieuse, et rien ne le fait tant perdre comme la communication avec les séculiers, c'est pourquoy la supérieure ne souffrira point qu'aucune religieuse escrive ou reçoive des lettres sans sa participation ni permission, ni qu'elle aille au parloir sans assistantes ; et si quelqu'une y contrevient, elle sera privée du parloir pour la première fois pendant trois mois, et si elle retombe elle sera privée pour un an, et encore désobéissante on nous en donnera avis pour y estre apporté l'ordre nécessaire ; 8° Si quelqu'une manque au vœu d'obéissance ou de pauvreté n'exécutant pas ce que la supérieure luy ordonnera ou retenant ou donnant du bien de la communauté, comme ses fautes sont très grieves et détruisent les fondemens de la Religion, elles doivent estre punies très sévèrement et lorsque la supérieure nous en avertira, nous y apporterons les remèdes convenables. Nous vous recommandons de travailler avec vostre zèle ordinaire à rétablir la paix et la régularité dans ce monastère et de faire inscrire sur les registres de la communauté nostre présente commission, enjoignons à toutes nos filles d'assister avec assiduité et d'écouter avec attention tous les avis salutaires qui leur seront donnés par nostre présent commissaire dans tous les entretiens, exhortations ef, conférences qu'il leur fera, et les exhortons toutes à faire des confessions générales. Donné au Mans le 16e aoust 1699. Louis, évesque du Mans. Par commandement de mondit seigneur, Daligaust.L'esprit de discorde reparaît encore en 1717[40]. Antoine de la Ville[41], chargé par l'évêque de visiter le monastère de Laval, y arrive le ; il interrogea les religieuses, chacune en particulier, et promulgua un règlement qui fut approuvé par l'autorité diocésaine, le suivant[42],[43]. Cette réforme était demandée par la majorité des religieuses. Le , M. de la Ville se trouvait de nouveau au monastère de Laval ; il y présidait à l'élection d'une nouvelle supérieure, qui fut Anne Frin[44]. Le , le monastère reçut la visite de l'évêque du Mans. RÉFORMATION DU MONASTÈRE
Nous Antoine de la Ville, prestre de la congrégation de la Mission ci supérieur du Séminaire du Mans, en vertu de la commission qui nous a esté donnée par l'evesque du Mans, le 2 novembre 1715 de visiter les communautés religieuses de ce diocèse, et suivant l'ordre spécial que nous avons reçu de mondit seigneurie mois de décembre dernier de faire La visite chez Les religieuses de la ville de Laval, avons commencé celle du monastère des religieuses Ursulines de Ladite ville le 7 janvier 1717 par une exhortation que nous avons l'aile auxdiles religieuses à la grille du chœur pour les porter a profiler de ladite visite, à chercher Dieu en toutes choses cl a renouveller entre elles l'union et la paix qui avoit été altérée à l'occasion de la pauvreté des religieuses différemmont pratiquée dans leur communauté. Nous estant ensuite transporté au confessionnal de la sacristie pour donner une entière liberté auxdites religieuses de nous dire chacune en particulier ce qu'elles jugeroient à propos au sujet de ladite visite et du bon ordre de leur maison, nous avons d'abord écouté et marqué par écrit tout ce que les vocales qui sont au nombre de 31 nous ont voulu représenter, nous avons ensuite fait venir les nouvelles professes, les sœurs converses et les novices, et après avoir entendu les unes et les autres chacune selon leur rang et leur avoir donné tout le temps de s'expliquer, il s'est trouvé 19 religieuses parmi les vocales qui nous ont marqué avoir mis en commun de leur propre mouvement et sans y estre sollicitées leurs petits ouvrages, leur argent et les petits présens qui leur avoient été faits en particulier, et qu'elles n'ont rien voulu réserver de superflu pour mettre leur conscience en repos, pour ne pas s'exposer au danger de faire des amas et des reserves et pour éviter plusieurs autres inconvéniens qui naissent de la propriété, elles nous ont demandé aussi avec instance d'estre maintenues dans la pratique où elles sont de ne faire aucun ouvrage pour leur particulier, mais que tous les ouvrages soient portés à la supérieure et conservés dans une chambre pour estre distribués selon les besoins qui se rencontrent. Nous avons trouvé les jeunes professes, les novices et les sœurs converses dans les mesmes sentimens, et elles nous ont fait la mesme demande. Parmi les autres religieuses vocales, il y en a une qui s'est contentée de nous dire qu'elle désiroit garder ses petits ouvrages avec la permission de la supérieure. Mais il s'en est trouvé onze qui nous ont représenté qu'elles pouroient pratiquer la véritable pauvreté en conservant certaines coutumes qui avoient été observées cy devant, dont la première estoit que celles à qui les parens faisoient quelque pension ou donnoient de teins en teins un peu d'argent le mettoient entre les mains d'une dépositaire particulière, et s'en servoient ensuite pour leur usage particulier ; la deuxiesme que quand on leur donnoit quelque présent pour la nourriture, comme volailles, fruits, sucreries, elles le recevoient avec permission de la supérieure, et le gardoient pour s'en servir suivant leur besoin ; enfin la troisiesme qu'elles faisoient de petits ouvrages en leur particulier, et qu'elles les gardoient avec permission pour les donner ensuite et en faire des présens. Elles ont souhaité qu'on observast les mesmes coutumes à l'avenir et nous ont demandé qu'il n'y eut point de chambre commune pour les ouvrages ; mais que la supérieure mit plus tost dans sa chambre, les petits ouvrages de celles qui ne voudroient point les garder. Il y eut aussy quelques religieuses parmy les onze vocales qui nous ont demandé un second confesseur ordinaire, à qui elles puissent se confesser une fois la semaine. Ensuite le onziesme jour du mesme mois, nous avons fait la visite au dedans de la maison étant accompagné de M. Duchemin de Gimbertière prestre de la paroisse de Saint-Vénérand, et ayant esté conduits dans les dortoirs, nous avons remarqué après avoir vu les petits ouvrages et les matières dont on se sert pour les faire que la supérieure ne peut pas les garder dans un lieu plus commode que dans une petite chambre contigue à la sienne, et dont la vue donne sur la cour des parloirs et du tour, qu'on y pourroit faire une porte de communication sans passer par le dortoir pour y entrer et qu'elle seroit désormais regardée comme appartenante aux supérieures. Enfin après avoir encore écouté ce que plusieurs religieuses nous ont voulu marquer pour le bon ordre de la maison, nous avons conclu la visite le 13 du mesme mois, el estant de rechef accompagné de M. Duchemin à La grille du chœur, après une exhortation sur la charité et L'union les religieuses doivent conserver entre elles, nous leur avons déclaré de vive voix les ordonnances suivantes. Ordonnances de la visite :
A Paris ce 20 mars 1717. Mes très chères filles, J'ay esté très touché de la division de sentimens qui a paru parmy vous ; mais j'espère que la sagesse de M. de la Ville aura tout pacifié dans la visite qu'il vient de faire par nostre ordre. J'ay approuvé les reglemens qu'il a jugé à propos d'établir, et je vous exhorte de les observer avec exactitude. Il a laissé quelques affaires à nostre décision. La première regarde le confesseur, et voicy ma réponse. Vous avez, mes très chères filles, M. Basset qui devroit suffire à toutes, s'il n'avoit pas eu le malheur de déplaire à quelques-unes d'entre vous. Je ne sçay en vérité pas pourquoy ; après un examen exacl de sa conduite, je l'ai trouvé très sage, et je suis convaincu que les discours de certains esprits malfaits et plus mal intentionnéz sont absolument faux ; ils sont obligez devant Dieu de réparer le tort qu'ils oui voulu faire à La réputation d'un confesseur qui mérite l'approbation de toutes les personnes raisonnables et non prévenues. Vous avez de plus M. Olivier etM. Rufin, et un père capucin ; j'approuve encore tels capucins que le R. P. gardien jugera capables, et que M. Bureau aura approuvés. En demandez-vous davantage, mes très chères filles? Notre souverain directeur, c'est Jésus-Chris! votre époux: si vous estes attentives à sa voix et aux Leçons intérieures qu'il voux donne, vostre confesseur n'aura pas beaucoup d'occupation, et ceux que je vous nomme vous apprendront aussi bien que d'autres en quoy consistent les obligations de vostre estât. Mais vous ne les ignorez pas, mes très chères filles, et vous n'avez besoin que d'une bonne volonté et d'un leur droit pour les pratiquer avez zèle. Tenez vous en donc aux confesseurs que je viens de vous marquer, et montrez en cela votre soumission, mes très chères filles, et si vous avez des désirs opposés, sacrifiez les à l'obéissance. C'est par ce moyen que vous obtiendrez la paix de vostre ame qui n'est pour l'ordinaire altérée que par la multiplicité des désirs, ce qui a fait dire a Saint-François de Sales, retenez le bien, mes très chères filles, j'ay peu de désirs, mais je souhaite n'en avoir point du tout ; ce saint père entend parler des désirs qui n'ont pas pour unique but la sainteté, la charité et l'obéissance. Ne désirez que le royaume de Dieu, sa justice, vostre sanctification, abandonnez tout le reste à vos supérieurs qui doivent savoir ce qui vous est utile. Une autre affaire, ou plus tost une autre question proposée à M. de la Ville, c'est de savoir si l'on obligera les novices à embrasser la pauvreté telle que quelques-unes la pratiquent, je réponds qu'il faut les y exhorter, et cependant leur laisser la liberté d'en user comme celles qui ne veulent pas s'y assujettir. Sur quoy nous défendons très étroitement d'empescher cette pratique de perfection conforme à la règle, d'en détourner les religieuses qui voudroient l'embrasser, de leur faire de la peine à l'occasion d'un si saint usage que nous approuvons, que nous louons et que nous recommandons. Je suis en nostre seigneur, mes très chères filles, vostre très affectionné serviteur. P. L., évesque du Mans.Nous Antoine de la Ville, prestre de la congrégation de la Mission supérieure du séminaire du Mans, suivant la commission à nous donnée par Mgr l'evesque du Mans, en date du 17 septembre de la présente année 1717. Signée Pierre evesque du Mans avec paraphe, portant pouvoir d'establir aux religieuses Ursulines de la ville de Laval tels règlements que nous jugerons utiles, et môme de mettre à l'avenir en commun les pensions que lesdites religieuses peuvent avoir, si elles le demandoient à la pluralité des voix, nous avons demandé le sentiment desdites religieuses après l'élection de la supérieure de leur communauté, et s'étant trouvé vingt deux religieuses professes dont il y en a dix neuf vocales qui nous ont prié d'ordonner que dans la suite les filles qui viendroient en religion metteroient leurs pensions et tout le reste en commun, comme les susdites vingt trois religieuses le pratiquent à présent, nous avons ordonné suivant leur demande et après qu'elles ont signé chascune en particulier de l'autre part que les filles qui seront reçues dans la suite pour estre religieuses dans leur communauté embrasseront le commun comme il est marqué cy dessus, sans obliger neantmoins les autres religieuses de ladite communauté, qui sont au nombre de douze, et qui sont en possession d'un usage contraire de suivre. Cette pratique de mettre en commun leur petit argent et ce qui leur vient de leurs parens ou de leurs petits travaux. Fait à Lavaldans le monastère desdites religieuses ce 22 septembre 1717. De la Ville. Anne Frin. Thérèze Niot, Anne de Saint-Joseph. Marie-Louise de Bouessel. Madeleine Gigoigne de la Nativité. Anne Touschard. Françoise Gehard. S. de Sainte-Croix. Marie Bidault. Marie de Villiers. Françoise Bidault Marie Legrand. Renée de Villiers. Perrine Aveneau. Françoise du Ronceray. Thérèse Sigay. Marie Lambert. Josephe Lasnier. Françoise Poirier. Madeleine Duchemin. Jacquine Roustille. Marie Touschard.Révolution françaiseEn 1790[45], les Ursulines font la déclaration de tous les biens qu'elles possèdent tant en meubles qu'en immeubles. Elles déclarent posséder en propriétés rurales un revenu de 4198 livres et en rentes foncières 851 livres, ce qui fait un total de 5049 livres de revenu[46]. COMMUNAUTÉ DES DAMES RELIGIEUSES URSULINES DU MONASTÈRE DE SAINTE-CROIX, REGLE DE SAINT-AUGUSTIN, ÉTABLIES EN LA VILLE DE LAVAL.
Pour satisfaire aux lettres patentes du roi du 18 novembre 1789, données sur le décret de l'Assemblée Nationale. a présente déclaration sera divisée en trois parties, la première comprendra les immeubles et revenus, la deuxième le mobilier et la troisième sera pour les charges. PREMIERE PARTIE : DES IMMEUBLES ET REVENUS Les bâtiments de la communauté des dames Ursulines consistent en une église lambrissée d'une moyenne grandeur, ornée avec décence pour la célébration du Saint-Mystère. Une petite chapelle collatérale et une petite sacristie, un chœur bas et un chœur haut pour les religieuses, une petite chapelle nommée la chapelle de la retraite au-devant de la chapelle collatérale de la dite église, un corps de logis et autres bâtiments qui entourent le cloître, le tout distribué en réfectoire, cuisines, salle du chapitre, cellules, infirmerie, cave, greniers, bûchers et autres appartements nécessaires pour une communauté, la cour d'entrée par laquelle le public vient à l'église, une cour intérieure, un bâtiment pour les pensionnaires, une autre petite cour au derrière, deux jardins, dans l'un desquels sont deux chapelles l'une nommée Saint-Joseph et l'autre Bethléem, deux petits vergers autrefois en jardin, et un pré de deux nommées de faucheurs au bas duquel il y a deux chapelles, une chambre sur chaque chapelle, une buanderie, un doigt au bout duquel est une grotte où est représentée la Madelaine au désert. Dans la cour par laquelle le public entre dans le parloir sont deux petits appartements pour la sœur tourière, au-dessus desquels sont des appartements servant de classe pour enseigner la jeunesse, des greniers dessus. Dans la cour par laquelle le public entre pour aller à l'église sont deux appartements pour loger le sacriste et deux garçons. Dans ladite cour est un corps de logis, une petite cour au derrière, un jardin de l'autre côté de ladite cour, au devant du logis qui règne le long de ladite cour, lesquels logis, cour et jardin sont affermés au Sr Bordeau, prêtre, suivant bail devant Rozière notaire, du 27 décembre 4782, moyennant soixante livres, 60 l. Une autre maison proche la petite halle affermée au Sr Henry, tailleur, par bail du 24 juillet 1780 moyennant deux cent quarante livres, 240 l. HÉRITAGES DE CAMPAGNE
RENTES FONCIÈRES
RENTES ET CONSTITUEES
Total du revenu, 5.0491. 10 s. Observent les dames religieuses que sur leurs rentes constituées il y a soixante livres trois sols trois deniers de taxe royale qu'on leur retient, au moyen de quoi leur revenu demeure réduit à 4.988 1. 16 s. 9d. DEUXIEME PARTIE : MOBILIER Première section. Meubles pour l'exercice du Saint Culte.
Section deuxième. Autres meubles de l'intérieur de la communauté.
Section troisième. Autre mobilier appartenant à la communauté consistant en prisée de bestiaux qui sont sur les héritages détaillés ci-dessus, dont on ne retire aucun profit mais qui est nécessaire pour le produit des dits héritages suivant la coutume du pays.
Total général, 8.9281. 15s. TROISIEME PARTIE Etat de La communauté de Sainte-Ursule en ses charges. Cette communauté est établie à Laval il y a environ deux siècles, ce sont les habitants de la ville qui les ont fait venir pour l'utilité et l'instruction de la jeunesse, elle est actuellement composée de vingt-six religieuses. Pour le service intérieur de la maison il y a deux filles domestiques pour la cuisine et basse cour, pour le service extérieur il y a deux sœurs tourières à gages, un sacriste, et deux garçons, tant pour la façon du jardin que pour veiller sur les héritages de campagne. Première section des charges annuelles dues sur le fonds et héritages de campagne.
Seconde section des charges annuelles
Total de la dépense annuelle, 2.534 1. 09 s. RECAPITULATION Les revenus annuels sont de 4.988 1. 16 s. 9 d. La dépense de 2.5331. 09 s. 2.4531. 07 s. 9d. Observent les religieuses que sur leur revenu elles sont arriérées des sommes cy après et que ce déficit provient du temps où elles avaient peu de pensionnaires, temps auquel elles furent contraintes d'emprunter pour vivre jusqu'à concurrence d'environ 8.000 l. Scavoir. Delà somme de 1801. pour une année qu'elles doivent de décimes échus en février 1790, cy, 1801. De celle de trois mille livres qu'elles doivent à diverses tant pour les matières fournies pour les réparations que pour provisions pour la maison cy, 3.000 l. De celle de 1747 livres 4 sols pour rétribution d'ordinaire de messes arriérées cy 1.747 l. 4 s. Observent finalement que ce modique revenu avec le peu de bénéfice que produit leurs pensionnaires sont les seules ressources qu'elles ont pour payer leur nourriture et entretien et la nourriture des domestiques, d'où il résulte, qu'elles observent en toute sa rigueur le vœu de pauvreté qu'elles ont fait ; ce qu'elles espèrent c'est que La paix et l'abondance revenant dans Le royaume elles se trouveront moins gênées leur en coûtant moins pour leur nourriture, en tout événement à L'exemple de tous ceux qui ont embrassé La vie retirée, elles préféreront la pratique de Leur règle à tous Les faux plaisirs du monde et elles ne cesseront d'adresser au ciel Les pins ferventes prières pour le jour précieux de noire auguste monarque, pour le bonheur de la nation, pour l'heureux succès de L'assemblée nationale, la conservation de la religion catholique et romaine, la réformation dos abus et L'exécution de toutes les lois qui émaneront de la nation. Nous Judith de Carheil religieuse et supérieure de la communauté de Sainte Ursule de la ville de Laval soussignée, certifions le présent état sincère et véritable et conforme aux lettres patentes sus dattées, déclarons et affirmons n'avoir aucune connaissance qu'il ait été fait directement ny indirectement quelque distraction de titres, papiers et mobilier dépendant de notre communauté depuis que nous sommes dans ladite communauté et promettons que nous n'en souffrirons aucune pendant que nous serons en place et s'il en était fait à notre connaissance nous nous soumettons pour l'exécution des lois de l'état et la conservation des droits de la nation d'en instruire les juges désignés à cet effet ; et sera notre présent état et déclaration déposé par devant les juges royaux de cette ville au des dites lettre patentes. Donné en notre monastère de Sainte Ursule, à Laval. Mil sept cent quatre-vingt-dix sous le contre seing de notre sœur dépositaireLeur nombre avait bien diminué à l'époque de la Révolution française, car lorsqu'elles furent expulsées de cette maison, en septembre 1792, il n'y avait plus que 20 religieuses, et six sœurs converses. Il est vrai que depuis 2 ans, elles ne pouvaient plus recevoir de novices. Quand on eut établi à Laval un évêque constitutionnel Noël-Gabriel-Luce Villar, ses partisans voulurent lui procurer un logement convenable, et un local pour son séminaire. Ils convoitaient le couvent des Ursulines qui, avec le pensionnat eût parfaitement convenu pour cette double destination, mais les lois en vigueur permettaient aux religieuses de conserver leurs maisons[47] Le dimanche, , un rassemblement[48] se porta de grand matin aux Ursulines, ouvrit la porte de force et s'introduisit dans la maison, que les religieuses furent forcées d'évacuer pour se rendre chez les Bénédictines. Villar arriva aux Bénédictines presque en même temps que les religieuses chassées de leur couvent[49]. Le corps municipal, le lendemain de l'émeute, vint prendre les religieuses pour les reconduire dans leur maison, où pendant quinze mois encore, il leur fut permis de rester, en leur défendant de continuer l'instruction qu'elles donnaient aux enfants et en faisant fermer l'externat. On s'empara de leur église qui fut d'abord le lieu où se réunit le club ou société populaire, ensuite employée à d'autres usages. On laissa aux dames le chœur intérieur dans lequel elles établirent un autel. Le collège fut définitivement installé dans le couvent des Ursulines le . EnseignementLe bâtiment des Ursulines fut bientôt après donné au collège de Laval, qui deviendra en partie, après de nombreuses évolutions au XXe siècle le Lycée Ambroise Paré. Liste des supérieuresSUPERIEURES QUI ONT GOUVERNE LE MONASTERE DES URSULINES DEPUIS SA FONDATION
Voir aussiBibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article..
Article connexeLiens externes
Notes et références
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