La mitrailleuse Hotchkiss Modèle 1914 est une arme à feu automatique en usage dans l’armée française au début du XXe siècle. Version améliorée de la mitrailleuse Hotchkiss modèle 1900, la mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 en calibre 8 mm Lebel était la principale arme automatique de l'armée française pendant les dernières années de la Première Guerre mondiale. Elle fut également utilisée par le corps expéditionnaire américain (A.E.F) en 1917 et 1918. Fabriquée en France à Saint-Denis et à Lyon par les Établissements Hotchkiss et Cie, elle fut également exportée et fabriquée sous licence à l'étranger.
Présentation technique
La firme privée Hotchkiss et Cie, à Saint Denis, acheta en 1893 au capitaine austro-hongrois Adolf Odkolek von Újezd(de) un brevet couvrant une arme automatique à emprunt de gaz. À partir de ce brevet les ingénieurs de la maison Hotchkiss, notamment MM. Benet et Mercie, mirent au point en 1897 un premier prototype disponible la même année et qui fut constamment amélioré par étapes jusqu'en 1914.
Le premier modèle de la mitrailleuse Hotchkiss, largement commercialisé à partir de 1900, comportait une crosse métallique en cuivre et une sûreté. Avec sa crosse d'épaulement, cette première version connue comme Hotckiss modèle 1900 mesure 139 cm pour 28 kg. En 1914, Hotchkiss supprima la crosse et tout dispositif de sécurité manuelle. La mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 comporte une poignée-pistolet en laiton sous la carcasse, un couloir d'alimentation également en laiton et une poignée de maintien en acier à l'arrière de l'arme. L'arme ne comporte que 30 pièces et son démontage est relativement aisé et rapide. Le canon, en particulier, peut-être remplacé sur le terrain avec une clef spéciale.
Elle fonctionne toujours par emprunt des gaz avec un piston réglable situé sous le canon et refroidissement par air (cinq ailettes). Elle est alimentée par des bandes métalliques rigides de 24 cartouches ou bien, comme sur les chars d'assaut, par des bandes métalliques articulées de 250 cartouches. La hausse est graduée jusqu'à 2 400 m. La mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 peut être utilisée sur affût trépieds Hotchkiss modèle 1914 et 1916 ou bien sur affût trépieds Omnibus modèle 1907 et 1915. Ces affûts sont repliables et permettent un réglage précis en direction et hauteur ainsi que le tir bloqué.
L'armée française l'employa encore lors de la guerre d'Indochine et de la guerre d'Algérie, pour armer les Harkis. certains se sont retrouvés entre les mains des résistants algeriens.
France
Combat d'infanterie
Le bon comportement de cette arme conforta dans leur choix les services de l'armée française qui avaient déjà essayé plusieurs prototypes Hotchkiss en 1897 et 1898. La mise en essais dans les corps de troupe de la mitrailleuse Hotchkiss modèle 1908 confirma rapidement les qualités de l'arme. Elle fut adoptée par l'armée française et mise en service dans les troupes coloniales et les chasseurs alpins. L'infanterie française, par contre, fut exclusivement équipée avec des mitrailleuses Saint-Étienne modèle 1907, arme mise au point par la MAS en modifiant la mitrailleuse de Puteaux.
La mitrailleuse Hotchkiss était une arme robuste et précise d'un fonctionnement sûr et régulier même dans les conditions les plus difficiles de combat. La mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914 remplaça la mitrailleuse Saint-Étienne modèle 1907, au fonctionnement aléatoire, à partir de l'année 1917. En 1932, elles sont dotées de la munition modèle 1932 N qui permet d'utiliser les mitrailleuses des ouvrages fixes jusqu'à la distance de 4 500 m avec une précision acceptable. La mitrailleuse Hotchkiss était toujours en dotation dans l'infanterie française en 1940 bien qu'elle ait été largement dépassée à partir des années 1930, à cause de son poids trop élevé, son alimentation par bandes rigides et ses munitions en 8 mm Lebel.
Défense contre avions
L'arme assure la défense anti-aérienne de tous les types d'unités militaires[1], avec à ses côtés la Saint-Étienne modèle 1907, affectée plus particulièrement aux troupes d'artillerie ou du train. La version monotube est dotée d'une rallonge d'affût modèle 1928, d'une crosse à épaulière et peut être montée sur une plate-forme motorisée. La version bitube est installée sur affût modèle 1926 pour mitrailleuses jumelées. La Marine nationale française utilisait ces versions pour la défense anti-aérienne de ses unités.
↑Colonel(er) Jean-Pierre Petit, Un siècle de défense Sol-Air française, Tome 1 La DCA, 1910-1940, 142 p., pdf - Cesane, à télécharger sur cesane.artillerie.asso.fr, mémorial sol-air ; Armes françaises. La mitrailleuse de 8 mm Hotchkiss modèle 1914 [1]
↑Vauvillier 2012 : François Vauvillier, Tous les blindés de l'armée française - 1914-1940 Histoire de guerre, blindés & matériel, GBM 100, avril, mai, juin 2012, (ISSN1956-2497), 111 p.
↑Ce pulvérisateur Eclair fabriqué par la société Vermorel de Villefranche-sur-Saône était utilisé pour le refroidissement des canons des mitrailleuses lors des tirs à cadence rapide. Cf Pascal Lambert, « Pulvérisateur Eclair Vermorel », sur wikimaginot.eu, (consulté le ).
Bibliographie
« Hotchkiss modèle 1914 », Connaissance de l’histoire mensuel, Hachette, no 25, , p. 14-15.
Martin J. Dougherty, Armes à feu : encyclopédie visuelle, Elcy éditions, 304 p. (ISBN9782753205215), p. 246.
Capitaine Robert, Guide de l'élève mitrailleur : Mitrailleuses françaises d'Infanterie (79 pages). Publication du Ministère de la Guerre. Mai 1918.