Michel DelpechMichel Delpech
Michel Delpech est un auteur-compositeur-interprète français, né le à Courbevoie (Seine) et mort le à Puteaux (Hauts-de-Seine). Certaines de ses chansons ont marqué les années 1960 et 1970, notamment Chez Laurette, Wight Is Wight, Pour un flirt, Que Marianne était jolie, Les Divorcés, Le Chasseur, Quand j'étais chanteur ou encore Le Loir-et-Cher. BiographieFamilleJean Michel Bertrand Delpech naît le à Courbevoie[1], ville de la proche banlieue parisienne, alors en département de la Seine. Enfant du baby-boom[2], il est le fils de Bertrand Charles Delpech, chromeur de métaux à Courbevoie, et de Christiane Cécile Marie Josselin, femme au foyer. Il a deux sœurs cadettes, Catherine et Martine[3]. Sa famille maternelle (Josselin) est une famille de viticulteurs, propriétaires récoltants de champagne de Gyé-sur-Seine dans l'Aube. Son berceau familial paternel est en Sologne, à Dhuizon, où vit son grand-père coiffeur, et à La Ferté-Saint-Cyr, où résident oncles et cousins épiciers, bûcherons et agriculteurs[4]. Le jeune Michel passe des week-ends et des vacances scolaires dans sa famille en province, travaillant un peu dans l'épicerie de sa tante[5]. DébutsSes parents ayant déménagé à Cormeilles-en-Parisis en Seine-et-Oise (aujourd'hui Val-d'Oise), Jean-Michel Delpech effectue ses études au collège Chabanne puis au lycée Camille-Pissarro de Pontoise de 1961 à 1964[6]. Adolescent, il se passionne pour de grands chanteurs classiques comme Luis Mariano puis pour les grands noms des années 1950 comme Gilbert Bécaud et Charles Aznavour. En 1963, au lycée, il monte un petit orchestre avec des camarades[7]. Il quitte le lycée en avant de passer son baccalauréat pour se consacrer à la musique[6], tente sa chance en passant une audition à Paris pour faire partie de la maison des disques Vogue[8]. Alors qu'il vient, à peine âgé de 18 ans, de sortir son premier disque, Anatole[9], il rencontre le compositeur Roland Vincent. Se rendant à une réunion de travail chez ce dernier, à Saint-Cloud, il repense à ses années de lycéen et au café où lui et ses camarades se retrouvaient après les cours. Dans le train, entre la Gare Saint-Lazare et la Gare de Saint-Cloud, il écrit les paroles de Chez Laurette[a], pour lesquelles Roland Vincent, séduit et inspiré, a vite fait de trouver une mélodie[10]. Sortie le , en pleine période yéyé, cette « chanson nostalgique d'adolescence » n'est pas un succès à la vente mais, en raison de ses nombreux passages à la radio, fait sortir le chanteur de l'ombre[11]. En 1965, Michel Delpech participe à la comédie musicale Copains-clopant, qui reste six mois à l'affiche, d'abord au théâtre de la Michodière puis au théâtre du Gymnase, à Paris : l'intégration de la chanson Chez Laurette au spectacle contribue à la faire connaître[11]. À l'occasion de cette comédie musicale, Delpech rencontre Chantal Simon, avec qui il chante en duo la chanson éponyme de la pièce. Il a 20 ans quand il l'épouse en 1966. La même année, sous le label Festival (label de la maison Barclay qui publiera les disques de Delpech jusqu’au début des années 1980[12]), il enregistre son deuxième 45 tours, Inventaire 1966, nouveau tremplin vers le statut de vedette[13]. À la manière de Jacques Prévert, et en guise d'hommage au poète, il compile, dans les couplets de sa chanson, une liste de faits d'actualité, de tenues à la mode et de succès médiatiques : la guerre du Viêt Nam, la minijupe, les bottes Courrèges, la mode Cacharel, les chemises à fleurs, le drugstore Opéra, etc.[14]. Toujours en 1966, durant trente-huit représentations à l'Olympia, il fait la première partie de Jacques Brel qui fait ses « adieux à la scène »[9]. SuccèsEn 1967, Johnny Stark, l’imprésario de Mireille Mathieu, le prend en main et l'aide à se forger une image de vedette[13]. C'est en première partie de la « chanteuse d'Avignon » que le jeune Delpech entame une tournée internationale qui le mène en Allemagne de l'Ouest, en URSS et aux États-Unis[7]. La même année, il quitte la maison de disques Festival et passe chez Barclay. En 1968, il obtient le grand prix du disque de la chanson française pour Il y a des jours où on ferait mieux de rester au lit, coécrit par Jean-Jacques Debout. C'est l'époque des succès, y compris à l'étranger[15] : Wight Is Wight () (en hommage au festival de l'île de Wight), Et Paul chantait Yesterday (1970) (hommage aux Beatles qui se séparent), Pour un flirt (). Le planant Wight Is Wight, qui surfe sur la vague hippie, se vend à plus d'un million d'exemplaires en Europe[16]. Le romantique Pour un flirt est un tube dans les pays francophones et aux Pays-Bas, sa version en allemand[17] figure dans les palmarès en Allemagne de l'Ouest, en Autriche et en Suisse[18]. La chanson remet au goût du jour un mot désuet mais romantique, à une époque où l'on privilégiait l'expression directe « faire l'amour ». En quatre mois, il s'en vend plus d'un million deux cent mille exemplaires. L'auteur lui-même en est surpris. « Je ne croyais absolument pas au potentiel de ces couplets », dira-t-il par la suite[19]. En 1970, le chanteur quitte Johnny Stark pour bénéficier d'une plus grande liberté artistique, et, deux ans plus tard, cesse sa collaboration exclusive avec Roland Vincent pour faire appel à d'autres compositeurs[7]. Désormais vedette à part entière, il occupe la scène de l'Olympia trois semaines durant en [7]. En 1973, sa séparation d'avec Chantal Simon — qui l'a quitté — et la rupture entre son coparolier Jean-Michel Rivat et Christine Haas, lui inspirent la chanson Les Divorcés, où il évoque une rupture paisible, alors qu'elle est en fait très douloureuse[20]. Comme cette chanson tranche, par son titre et son sujet, avec les chansons gaies de Delpech, la maison Barclay, craignant qu'elle ne risque de nuire à l'image du chanteur, hésite avant de consentir à donner son feu vert. Bien lui en prend : plusieurs centaines de milliers de 45 tours sont vendus[21]. L'impact des paroles de la chanson sur les mentalités sera tel que la loi sur le divorce par consentement mutuel sera adoptée trois ans après, en 1975[22]. À partir de 1973, il enchaîne plusieurs succès considérables avec Que Marianne était jolie, sur une musique signée Pierre Papadiamandis, Le Chasseur (1974), au texte signé par Michel Delpech et Jean-Michel Rivat sur la musique de Michel Pelay, Quand j'étais chanteur (1975), paroles de Rivat et Delpech sur une musique de Roland Vincent. En 1977, il chante Le Loir-et-Cher, qui parle, avec tendresse et ironie, des habitants de ce département, berceau de sa famille. À travers les reproches de paysans qui se plaignent qu'il ne vient plus les voir et qu'il ne pense plus à eux — « On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue, on dirait que ca te gêne de dîner avec nous » —, il évoque les rapports parfois difficiles entre la ville et la campagne[23],[9]. Dépression et retourAlors que, dans sa célèbre chanson Les Divorcés, il évoque une séparation paisible, son propre divorce d'avec la mère de ses deux enfants, Garance et Barthélémy[24], se révèle très conflictuel et douloureux. Chantal Simon se suicide quelque temps après. C'est la mère du chanteur, Christiane Josselin, qui élèvera les enfants. Malgré ses succès musicaux, le chanteur, anéanti par l'échec de son mariage, connaît une grande période de doute et même de dépression. Il coupe ses cheveux, se laisse pousser la moustache et abandonne ses pantalons à pattes d'éléphant. Il s'adonne aux plaisirs artificiels de l'alcool et de la drogue, consulte des psychiatres, des marabouts et des voyantes et se cherche du côté de l'ésotérisme (spiritisme, hindouisme, philosophie chinoise, bouddhisme[12]), fait des cures de sommeil et des retraites monacales[25]. On parle à l'époque de tentatives de suicide, rumeurs qu'il dément. Il racontera cette traversée du désert en 1993 dans une biographie, L'homme qui avait bâti sa maison sur le sable[20]. Il y décrit ce qu'il appelle « les temps dissolus de [sa] vie » : « Je vivais sans aucune morale, sans aucune éthique, sans retenue, je n'avais de comptes à rendre à personne parce que j'étais le roi tout-puissant de ma propre vie, et je ne me privais de rien […] ma vie était vaine, vide. » Michel Delpech met en avant une quête spirituelle mal orientée, basée sur la lecture des Chemins de la sagesse d'Arnaud Desjardins, vulgarisateur en France de la pensée hindoue, comme le déclic qui fait basculer son existence, sur le fond d'un mal-être plus profond[26]. Au milieu de cette descente aux enfers, il est sacré, en 1979, « chanteur favori des chasseurs français », et, en , une coupe lui est remise par le magazine Le Chasseur français, à Rambouillet, récompense qui sera pour lui un réconfort. Sa chanson Le Chasseur deviendra même l'hymne de plusieurs fédérations de chasseurs. Toujours en 1979, le chanteur évoque sa dépression dans sa chanson Longue Maladie. La même année, il publie l'album 5 000 kilomètres, adaptation en français de succès d'auteurs-compositeurs britanniques et américains. Ces reprises sont une véritable réussite. Michel Delpech poursuit ensuite calmement son parcours avec des chansons comme Docker (1980), Home sweet home (1980) et Bombay (1981). En 1983, il fait une réapparition avec le 45 tours Animaux, animaux[7]. Cette année est marquée par sa rencontre avec Geneviève Charlotte Marie Garnier-Fabre, artiste peintre et médium, qu'il épouse en 1985, année où sort la chanson de son grand retour, Loin d'ici. 1985 est aussi l'année de la sortie de Rock en URSS et d'une série de concerts très attendus à l'Olympia. L'année 1986 marque son retour au christianisme lors d'un pèlerinage à Jérusalem et, ainsi qu'il le raconte dans ses autobiographies, la fin de sa dépression lorsqu'il tombe en larmes devant le tombeau du Christ[27]. Cette même année, il publie Oubliez tout ce que je vous ai dit, son premier album depuis sept ans. Une partie du public lui est restée fidèle, et une compilation de ses succès, sortie en 1989, se vend très honorablement, atteignant le chiffre de 800 000 exemplaires au bout de quelques années[7]. Il publie par la suite régulièrement de nouveaux disques, tout en continuant les concerts dans des salles plus modestes. En 1990, il sort J'étais un ange, album cosigné par Didier Barbelivien et, l'année suivante, Les Voix du Brésil, avec Roland Vincent, l'artisan de ses premiers succès[7]. De son second mariage, Michel Delpech a, en 1990, un fils, Emmanuel, qui, à partir de 2007, l'accompagne comme guitariste dans ses tournées. Il a également deux beaux-enfants, d'une première union de Geneviève : Pierre-Emmanuel et Pauline Bidegaray (cette dernière prendra le nom de Delpech). Après Les Voix du Brésil, le chanteur connaît une éclipse de plusieurs années, ne réapparaissant qu'en , avec l'album Le Roi de rien, où l'on retrouve des anciens (Peyrat et Rivat) mais aussi une tentative de renouvellement avec des collaborations avec la nouvelle génération (Jean-Louis Murat et Pascal Obispo)[12]. C'est l'œuvre d'un chanteur qui a muri (il a cinquante ans) et qui contemple, avec une certaine distance, les aléas de sa vie. Le public et la critique lui font bon accueil. En décembre de la même année, Michel Delpech reçoit le 24e oscar de la chanson française[7]. Il se tourne ensuite vers l'écriture et, en , publie un roman, cosigné par sa nouvelle épouse, De cendres et de braises. La même année, il sort, sur le plan musical, une compilation de titres antérieurs, enrichie d'un inédit, Senna, et fait quelques scènes dans plusieurs salles parisiennes avec des amis et des invités[7]. Nouveau succèsEn 2004, une tournée suit la sortie de son disque Comme vous (le premier depuis cinq ans), elle l'amène aux Francofolies de La Rochelle et au Festival des Vieilles Charrues. Pour ce retour sur le devant de la scène, il signe seul presque tous les textes et confie à Laurent Foulon les compositions musicales de l'album. L'année suivante, il donne trois concerts au Bataclan, à Paris, enregistrés sur CD et DVD titrés Ce lundi-là au Bataclan[7]. Le , sort son album de duos Michel Delpech &..., réalisé par Jean-Philippe Verdin, très bien accueilli par le public et classé 1er dans les ventes d'albums pour la semaine du 21 au [22]. On y trouve des artistes de la jeune génération (Cali, Bénabar, Clarika) mais aussi des chanteurs chevronnés (Alain Souchon, Francis Cabrel, Michel Jonasz). La sortie de cet album s'accompagne d'une réédition en CD de ses albums antérieurs, sous le titre de Delpech Inventaires[7]. Les 30 et , il donne deux concerts au Grand Rex, à Paris, avant de partir en tournée en province. Lors du deuxième concert, marqué par la présence de Ségolène Royal, la candidate PS à l'élection présidentielle, il lui dédie la chanson Que Marianne était jolie en ces termes : « Je dédie cette chanson à mon ami Dominique Besnehard ainsi qu'à la jolie dame qui l'accompagne »[28]. Contenant plusieurs duos avec des invités de marque, un double album est extrait des deux concerts parisiens, Live au Grand Rex. Le 1er mai, Delpech chante de nouveau devant la candidate socialiste lors du meeting de celle-ci au stade Charléty[29]. Deux ans plus tard, en , l'artiste sort un nouveau disque, confié à l'arrangeur issu de l'électro, Jean-Philippe Verdin, et dont le titre – Sexa – renvoie à la tranche d'âge des sexagénaires (Delpech a alors 63 ans) mais aussi à la décennie de ses débuts, les années 1960[7]. Le 14 juillet 2011, il s'illustre au concert pour l'égalité en faveur de SOS racisme[30] auprès du célèbre rappeur Big Ali avec lequel il entretiendra une amitié sans faille, jusqu'à la fin de ses jours. Il fera même le buzz à titre posthume, lors de la réapparition de sa vidéo sur le world wide web[31]. Il est l'invité d'honneur de la tournée Âge tendre, la tournée des idoles (saison 6) qui commence à Chalon-sur-Saône en mars 2011[32], et également en 2012 pour la saison 7. En novembre 2012, il joue son propre rôle dans le film de Grégory Magne et Stéphane Viard, L'Air de rien[33]. Le film est une fausse biographie où il est criblé de dettes et où les huissiers vont saisir ses biens. Maladie et mortAlors que Michel Delpech a signé pour la septième saison d’Âge tendre, la tournée des idoles, il a un problème d'élocution lors du tournage d'un DVD au Zénith d'Amiens le [34]. On lui détecte un cancer de la langue et de la gorge[35], et il doit annuler plusieurs de ses concerts[36] pour des raisons de santé. Il révèle alors au grand public sa foi chrétienne qui l'unit à sa femme depuis de longues années, dans un livre J'ai osé Dieu, paru en 2013[25],[37]. La même année, il s'engage dans le programme éducatif et environnemental « Terre d'École », qui vient en aide à plusieurs pays africains et dont la présidente est Maria Maylin, l'épouse du cancérologue Claude Maylin qui soigne le chanteur[38]. En , il évoque la mort, alors qu'il est en rémission et à nouveau apte à chanter, dans la chanson La fin du chemin, extraite du Dolly Bibble, un conte musical (livre + CD) qui comporte des passages de la Bible chantés : « Voici la fin de mon chemin sur terre / Je suis à toi, accueille-moi, mon Père / Voici mon âme, séchez vos larmes, mes frères / Je m’en vais là où brille la lumière…[39] ». En novembre, il participe sur France 2 à l'émission La fête de la chanson française, sans chanter, ce qui constitue sa dernière apparition télévisuelle[40]. En , sort son nouveau livre Vivre !, où il évoque son cancer et ce que cette maladie a changé en lui[41]. En , Michel Drucker révèle que son ami Michel Delpech, toujours hospitalisé, s'éteint doucement et qu'« il ne sera plus là en septembre », précisant que c'est Michel Delpech lui-même qui lui a demandé d'en parler[42]. Le , Michel Delpech reçoit la médaille du Mérite congolais, pour son action dans ce pays au sein du programme « Terre d'École »[43]. Il meurt le [1], à l'hôpital de Puteaux[44],[b], des suites du cancer dont il est atteint depuis trois ans[45]. Le président de la République François Hollande affirme notamment que la France « pleure l'un de ses meilleurs chanteurs »[46]. Pascal Nègre, le PDG d'Universal France, salue, en la personne de Michel Delpech, « un poète parlant de la vie des gens, un mélodiste hors pair et un homme très attachant »[47]. Ses obsèques sont célébrées le en l'église Saint-Sulpice de Paris, par Abba Athanasios, évêque métropolitain de l'Église copte orthodoxe en France, assisté du père Jean-Louis Lacroix, curé de Saint-Sulpice[48]. Il est ensuite inhumé au cimetière du Père-Lachaise (49e division)[49]. DiscographieAlbums enregistrés en studio
Albums enregistrés en direct
45 tours, EP et principaux singles originaux en françaisVogue
Festival
Barclay
Charles Talar Records
Tréma
Classement et participationsClassement des singles
Principales compilations
Participations
FilmographieCinémaTélévision
Publications
Dans la culture populaire
Documentaire
Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
|