Né dans une famille juive lorraine de minotiers, de fonctionnaires et d'officiers (son père Léon Rheims, général en 1930 fut blessé à Verdun), il a fait ses études au lycée parisien Janson-de-Sailly, avant d'entrer à l'École du Louvre. Maurice Rheims était aussi diplômé de l'École des hautes études (Sorbonne).
Pendant la guerre de 1939-1945, il est arrêté comme juif et interné à Drancy dont il est libéré grâce à ses relations dans la haute administration de Vichy. Il rejoint la Résistance où il participe à des filières d'évasion vers la Suisse puis les Forces françaises libres en Afrique du Nord où il est officier du 5e Génie. Puis il exerce le commandement en second du premier groupe de commandos parachutistes en Algérie.
(…) « À mon retour à Paris en 1945, je décidai de reprendre mes activités de commissaire-priseur (…) mais comme j'étais juif, Vichy m'avait révoqué. Un de mes confrères avait été nommé administrateur de ma charge[1], prenant le risque de se rendre une fois à Drancy pour me faire signer quelques décharges (…) Je consultais le tableau des ventes à venir, je retins une salle. Plus personne n'émit d'objections (…). Ma première grande vente de l'après-guerre fut l'admirable collection de tableaux flamands et hollandais réunie par Adolphe Schloss, volée par les Allemands en 1943, puis récupérée par les Alliés, (qui) venait d'être restituée à la famille ».
Ceci est contredit par Corinne Hershkovitch et Didier Rykner dans La Restitution des œuvres d'art. Solutions et impasses (Hazan, 2011, p. 54) : « de mars à juin 1942 Me Rheims, alors seul juif autorisé à pénétrer dans les locaux de l'hôtel Drouot, dispersa au cours d'une dizaine de vacations l'intégralité de la collection de plusieurs centaines de tableaux italiens de Federico Gentili di Giuseppe, citoyen italien de confession juive mort en 1940, dont l'appartement de l'avenue Foch avait été réquisitionné, et les deux enfants avaient fui la France. »
Dès , le Commissariat général aux questions juives avait interdit « d’une manière absolue » l’entrée des juifs dans l’hôtel des ventes parisien ; bravant cette mesure, l’antiquaire Gaston Meyer, neveu d’Élie Fabius, s’y rendit, mais il fut reconnu par un confrère qui le fit expulser[2].
En ce qui concerne la collection de 333 tableaux d'Adolphe Schloss, citoyen autrichien naturalisé français en 1871 et mort en 1911, soit une des plus importantes collections d'œuvres de maîtres du Nord constituées en Europe au XIXe siècle, conservée par ses héritiers à Paris jusqu'en 1939 puis transférée dans un château corrézien, Corinne Hershkovitch et Didier Rykner indiquent qu'en 1945 le Musée du Louvre leur restitua les 49 tableaux « préemptés » en par ses conservateurs René Huyghe et Germain Bazin, en présence de Darquier de Pellepoix, commissaire général aux Questions Juives, pour la somme de 19 millions de francs — sur les 262 apportés au Jeu de Paume. Sur les 230 autres qui furent envoyés à Munich sept ont été retrouvés en Allemagne, dont deux dans la collection de Hitler.
Les mêmes auteurs n'évoquent pas la vente aux enchères citée par Rheims, qui peut être la vente de 70 tableaux de l'« ex-collection Schloss » qui eut lieu à Paris le [3].
Commissaire-priseur de 1935 à 1972, Rheims fut l'un des premiers à traiter de l'art des années 1900 et à faire connaître un style jusque-là dédaigné, sauvant ainsi de la destruction plusieurs brillants témoignages de cette époque (Maison Guimard).
Le général de Gaulle l'aurait accueilli par ces mots à une réception au Palais de l'Élysée : « Alors, Rheims, toujours votre coupable industrie ? »[4].
Il était grand-croix de la Légion d'honneur et avait reçu d'autres décorations, comme la Croix de guerre (quatre citations), la médaille de la Résistance, officier des Arts et des Lettres.
Marié en premières noces en 1935 à Jeannine Malvy (1911-2001), seconde fille de Louis Malvy, homme politique radical français et ministre de l'Intérieur lors de la Première Guerre mondiale, il épousa ensuite Rose-Marie Kohn (1926-1949) en 1948 puis en troisièmes noces en 1951 Lili Krahmer (1930-1996), apparentée à la branche « de Worms » de la famille Rothschild dont il divorça en 1980.
Attila, laisse ta petite sœur tranquille (Flammarion, 1985)
Harlem Noir (La Différence, 1985)
Les Greniers de Sienne (Gallimard, 1990)
Les Fortunes d’Apollon ([Éditions du Seuil, 1990)
Dictionnaire des mots sauvages (Éditions Larousse, 1991) - néologismes
Apollon à Wall Street (Éditions du Seuil, 1992)
En tous mes états - entretiens avec François Duret-Robert (Gallimard, 1993)
Les Forêts d’argent (Gallimard, 1995)
Une mémoire vagabonde (Gallimard, 1997)
Crise mine (Odile Jacob, 1998)
Nouveau voyage autour de ma chambre (Gallimard, 2000)
Notes et références
↑Il s'agit de Me Deurbergue, ainsi qu'il l'est précisé dans un article de comptes-rendus de ventes aux enchères de l'hebdomadaire Je suis partout : « Me Deubergue, administrateur de l'étude de Me Rheims a dirigé une curieuse vente de… »
↑Olivier Gabet, Un marchand entre deux empires - Élie Fabius et le monde de l’art, Skira Flammarion, 2011, p. 136-137, qui reproduit la photographie de l’avis placardé à l’entrée de Drouot publiée par Serge Klarsfeld dans Le Calendrier de la persécution des Juifs de France, Paris/New York, 1993
↑catalogue en vente sur Internet le 13 décembre 2011