Maurice Nadeau

Maurice Nadeau
Maurice Nadeau en 1968
Biographie
Naissance
Décès
Pseudonyme
Joë ChristmasVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
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Enfants
Autres informations
A travaillé pour
Éditions Maurice Nadeau (à partir de )
La Quinzaine littéraire (à partir de )
Éditions Denoël (-)
L'Express (-)
Les Lettres nouvelles (à partir de )
Éditions Julliard (-)
Le Nouvel Obs (-)
Mercure de France (-)
Buchet/Chastel (-)
Combat (à partir de )
Éditions du Pavois
Robert LaffontVoir et modifier les données sur Wikidata
Partis politiques
Conflit
Distinctions

Maurice Nadeau, né à Paris le et mort dans la même ville le [1],[2], est un instituteur[3], écrivain[4], critique littéraire, directeur littéraire de collections, directeur de revues et éditeur français.

Il est le père de l'actrice Claire Nadeau et du réalisateur Gilles Nadeau.

Biographie

Fils d'Édouard Nadeau, journalier, et de Zilda Clair[5], Maurice Nadeau est orphelin de guerre. Il entre à l'École normale supérieure de Saint-Cloud. Il y découvre la politique. En 1930, à 19 ans, il adhère au PCF, où il est amené à militer avec Georges Cogniot[6]. Il en est exclu en 1932. Il lit alors Lénine et Léon Trotski, ce qui l'incite à rejoindre la Ligue communiste de Pierre Naville. C'est au cours de ces années qu'il fréquente Louis Aragon, André Gide, André Breton, Jacques Prévert, Benjamin Péret. Dès 1933, il rédige des notes de lectures pour la revue Masses de René Lefeuvre[7].

Nommé professeur de lettres en 1936, il enseignera jusqu'en 1945, brièvement comme professeur de lettres à Prades, mais il préférera très vite être instituteur à Thiais, afin de se rapprocher de Paris. C'est alors qu'il collabore avec André Breton à la revue Clé qui proteste contre l’internement en France des républicains espagnols dans le contexte de la montée de la guerre.

Après le bref épisode de sa mobilisation, il reprend l'enseignement sous l’occupation nazie et s'engage dans des activités politiques clandestines. Son réseau de Résistance (qui comprenait un soldat allemand qui sera fusillé) sera démantelé au cours d'une rafle : David Rousset et plusieurs de ses membres seront déportés. L'épouse de David Rousset aide alors Nadeau à échapper à la déportation.

Cette première partie de sa vie l'amène en 1945 à publier une Histoire du surréalisme, qui a été un temps un ouvrage de référence sur le sujet, même si André Breton ne la trouva pas exactement à son goût[8].

À la Libération, il entre d'abord comme critique, grâce à Pascal Pia qui en est le rédacteur en chef, dans le journal issu de la Résistance Combat dirigé par Albert Camus. Il tient la page littéraire durant sept ans et y fait connaître des auteurs comme Georges Bataille, Jean Genet, René Char, Henri Michaux, Claude Simon, Henry Miller, et entreprend de commencer l'édition des œuvres du marquis de Sade. Il étonne ses contemporains en prenant la défense de Louis-Ferdinand Céline.

Commence alors une longue période éditoriale dans diverses maisons et journaux : il est ainsi éditeur aux éditions du Pavois (son premier ouvrage édité sera L'Univers concentrationnaire de David Rousset en 1946)[9], directeur de la coll. « Le chemin de la vie » aux éditions Corrêa de 1949 à 1954, critique au Mercure de France de 1949 à 1953, critique à France-Observateur (1952-1959), puis à L’Express de Françoise Giroud (1959-1964). Directeur de collection aux Éditions Julliard (1953-1964), il dirige une revue littéraire, Les Lettres nouvelles (1953-1976), où il publie Edmond Jabès, Yves Bonnefoy, Salah Stétié. C'est alors que, voisin de palier de la revue Les Temps modernes, il fréquente Jean-Paul Sartre, avec qui, durant la guerre d'Algérie, il signe et diffuse le Manifeste des 121 sous-titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », paru en Septembre 1960. Il travaille ensuite chez Denoël (1965-1977), où il accepte en 1967 de publier Élise ou la Vraie Vie[10], puis aux éditions Robert Laffont.

Le , il publie, avec François Erval, le no 1 du bimensuel La Quinzaine littéraire[11]. Il la dirige à partir de 1970, et, dès le no 2, s'assure de la collaboration étroite d'Anne Sarraute[12]. Cette publication traverse régulièrement des difficultés financières. Une vente aux enchères est même organisée en 1976 pour la sauver, avec la participation de personnalités comme Pierre Soulages, Samuel Beckett, Henri Michaux ou Nathalie Sarraute.

Les Lettres nouvelles devient alors le nom de sa propre maison d'éditions qu'il fonde en 1977 et qu'il continue à diriger jusqu’à sa mort[13]. En 1984, elles deviennent les Éditions Maurice Nadeau. Il y publie notamment le premier roman de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, les ouvrages du futur Prix Nobel, J. M. Coetzee, et des jeunes auteurs comme Soazig Aaron, Ling Xi ou Yann Garvoz.

Le , Maurice Nadeau a signé un texte intitulé Vous ne laisserez pas mourir la Quinzaine[14]. Il appelait à la création d’une société participative comportant deux collèges (l’un regroupant les lecteurs et amis de la Quinzaine littéraire, l’autre les collaborateurs) afin que chacun – ami ou écrivain collaborateur – puisse devenir actionnaire de « son » journal. Il s'est éteint un mois plus tard.

En 2014, son fils Gilles Nadeau a repris les éditions Les Lettres Nouvelles-Maurice Nadeau et poursuit l'œuvre éditoriale dans une librairie qui porte le nom de son père, rue Malebranche, Paris 5e, dans la même rue que Maurice Nadeau a habitée plus de soixante ans.

Prix et distinctions

Maurice Nadeau a notamment reçu le prix Mac Orlan en 1982 et le Grand prix national des Lettres en 1988.

Il a été Commandeur des Arts et des Lettres[15].

Travail éditorial

Claire Nadeau, Maurice Nadeau et Tiphaine Samoyault à l'Odéon ; enregistrement pour France Culture le 26 avril 2011.

On lui doit l’édition – et parfois la découverte – en France de nombreux auteurs[16], parmi lesquels :

Ouvrages

  • Barbara Rogers (sous le pseudonyme Joë Christmas), Collection Minuit, les Éditions Georges Ventillard, 1941
  • Claude Viseux, Éditions Cimaise, 1956
  • Histoire du surréalisme, Le Seuil, 1945 ; Points-Seuil 1970
  • Marquis de Sade : Œuvres, précédé de Exploration de Sade, La Jeune Parque, 1947. [Textes choisis par Maurice Nadeau, précédés d'un essai.]
  • Documents surréalistes, Le Seuil, 1948. [Ils seront repris en appendice de Histoire du surréalisme en 1969.]
  • Littérature présente, Corréa, 1953
  • Michel Leiris et la quadrature du Cercle, essai, Julliard, 1963 ; Maurice Nadeau, 2002. [Le premier d'une série d'ouvrages présentant cet auteur, visant ici particulièrement le jeune public. Avec un portrait de Michel Leiris par Alberto Giacometti.]
  • Gustave Flaubert : Œuvres complètes et Correspondance, dix-huit volumes, Rencontre, 1965-1983
  • En collaboration avec Robert Kanters : Anthologie de la poésie française, 12 volumes, Rencontre (Lausanne), 1966-1967
  • Le Roman français depuis la guerre, essai, Gallimard, 1969 ; Le Passeur en 1992. [Une histoire littéraire de l'immédiat après-guerre jusqu'au Nouveau roman.]
  • Gustave Flaubert, écrivain, études, Denoël, 1969 ; Maurice Nadeau, 1980. [Ce livre regroupe les 18 préfaces fournies pour l'édition des Œuvres complètes de Gustave Flaubert, référencées ci-dessus.]
  • En collaboration avec Serge Quadruppani : Un coupable idéal, Roger Knobelspiess, Maurice Nadeau, 1985
  • Album de la Pléiade : André Gide, bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, , 1985
  • Grâces leur soient rendues, Albin Michel, 1990 et 2011 [Portraits de diverses personnalités de la littérature et du monde éditorial.]
  • Une vie en littérature. Conversations avec Jacques Sojcher, Complexe, 2002
  • Sade, l'insurrection permanente, Maurice Nadeau, 2002
  • Serviteur ! Souvenirs littéraires, Albin Michel, 2002. [Choix d'articles critiques parmi sa production dans diverses revues et journaux.]
  • Journal en public, Maurice Nadeau / La Quinzaine littéraire, 2006. [Dix ans de réflexions critiques tenues dans La Quinzaine littéraire, pour ce livre dont le titre reprend celui du Journal en public d'Elio Vittorini, préfacé par Maurice Nadeau pour l'édition française, Gallimard / Du monde entier, 1961.]
  • Ferdinando Scianna, Actes-Sud, 2008. [Texte de présentation du photographe italien.]
  • Le Chemin de la vie, entretiens avec Laure Adler, avec la collaboration de Tiphaine Samoyault et de Ling Xi, suivi de quatre textes critiques sur Henri Calet, Baudelaire, Balzac et Malcolm Lowry, Verdier en partenariat avec France Culture, 2011

Autres (autour de l'éditeur-auteur : films, références, émissions radio…)

  • Interview filmée de Maurice Nadeau par Michel Boujut
  • Jacques Sojcher, « Maurice Nadeau - une passion littéraire », Les Amis de la Revue de l'Université de Bruxelles,
  • Bernard Fillaire, Lettre à Maurice Nadeau, Le Cherche midi, 2005

Films

  • Maurice Nadeau (32 min) L'épisode 17/20[18] de la collection Passages, ensemble réalisé par Michel Burnier (université de Bretagne, Brest), CNRS, 2005
  • Maurice Nadeau, révolution et littérature (deux versions : 52 min et 82 min) réalisé par Gilles Nadeau (Morgane prod. & Gilles Nadeau), 2005. 52 min diffusé sur la chaîne histoire en 2005. (82 min diffusé sur DVD + livre diffusé par LMAC sous le titre Maurice Nadeau. Entretiens. Une histoire personnelle et mouvementée de la littérature)
  • Maurice Nadeau, une vie en littérature (54 min) Diffusé sur Arte ) réalisé par Ruth Zylberman produit par Zadig productions.
  • Maurice Nadeau, entretiens filmés. (2010) À l’occasion du millième numéro de la Quinzaine littéraire, Claire Richard, membre du comité de rédaction, a interviewé son directeur. Plusieurs extraits vidéo de Maurice Nadeau, écrivain, éditeur, cofondateur de la Quinzaine littéraire en [19]

Radio

  • France Culture, série de cinq émissions, diffusée initialement le , entretiens avec Françoise Estèbe pour À voix nue[20]

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Pierre Haski, « Maurice Nadeau s’éteint à cent ans passés et un dernier combat », sur rue89, nouvelobs.com, (consulté le ).
  3. Maurice Nadeau, éditeur génial et désargenté, mort à la tâche à 102 ans, article sur le site du quotidien Le Monde, daté du 17 juin 2013.
  4. Sous le pseudonyme de Joë Christmas, Maurice Nadeau a publié en 1941 Barbara Rogers aux éditions Georges Ventillard (source BnF). Photographie de la couverture.
  5. Who's Who in France, dictionnaire biographique, 1992-1993. Éditions Jacques Lafitte 1992
  6. Grâces leur soient rendues, Albin Michel, 1990, p. 13.
  7. La mort de René Lefeuvre, La Quinzaine Littéraire, 16.07.1988.
  8. André Breton, Flagrant délit, Thésée, 1949, p. 23
  9. Marion Van Renterghem, « Maurice Nadeau, éditeur génial et désargenté, mort à la tâche à 102 ans », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Claire Etcherelli (préf. John Roach), Elise ou la Vraie Vie, Routledge, (ISBN 978-1-134-96484-0, lire en ligne)
  11. Le site de La Quinzaine littéraire.
  12. Née en 1930, Anne Sarraute est la fille de l'écrivain Nathalie Sarraute, la monteuse d'Alain Resnais, (Toute la mémoire du monde, Le Mystère de l'atelier quinze, Hiroshima mon amour, et son assistante sur Nuit et brouillard) et la monteuse de Chris Marker (Lettre de Sibérie). Elle entre à La Quinzaine littéraire dès 1966 et en devient la cheville ouvrière, jusqu'à son décès en 2008.
  13. Écouter un jeune homme de quatre-vingt-dix-sept ans, réalisé au printemps 2008 : un entretien avec Maurice Nadeau.
  14. Vous ne laisserez pas mourir la Quinzaine.
  15. Entretien filmé de Maurice Nadeau par Michel Boujut.
  16. Le Chemin de la vie, entretiens avec Laure Adler, Verdier, 2011.
  17. Une journée d'Ivan Denissovitch : traduction française en 1963 chez Julliard où travaillait Nadeau à l'époque.
  18. Le film sur le site de la vidéothèque du CNRS.
  19. laquinzaine.wordpress.com, octobre 2009
  20. « Maurice Nadeau : "Tout ce que j'ai publié c'est un peu par hasard" », sur franceculture.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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