La troupe de l’Opéra étant complète, Marie Sallé s’en retourne à la Foire puis part pour Londres en 1725 danser avec son frère François. De retour à Paris deux ans plus tard, elle fait ses débuts officiels à l’Académie royale de musique le , dans Les Amours des dieux, ballet de Fuzelier, musique de Mouret[2]. Par la suite, sa carrière est ponctuée de nombreuses ruptures avec ses directeurs et plusieurs voyages à Londres, où elle se produit régulièrement. Rentrée à l'Opéra de Paris en 1735, elle prend sa retraite en 1740 mais reparaît ponctuellement sur scène[2]. Elle figure aux fêtes de la cour à l'occasion du mariage du Dauphin Louis avec l'infante Marie-Thérèse en 1745, à d'autres représentations en 1746 et 1747, et aux spectacles de Fontainebleau en 1752 et en 1753. Marie Sallé meurt en 1756 dans son appartement de la rue Saint-Honoré, face à l'hôtel de Noailles[3].
Surnommée « la Vestale » en raison de ses mœurs irréprochables, elle développe une danse gracieuse, expressive et ciselée, contrastant avec celle de sa rivale Marie-Anne de Camargo[2]. Dans Les Caractères de la danse, en 1729, elle danse avec Laval en costume de ville et sans masque[2], révolutionnant la pratique traditionnelle et anticipant les réformes de Noverre. Elle ne veut pas que Jupiter se présente avec des tonnelets et de la poudre, ni que Junon se montre en jupes à paniers et la figure couverte de mouches. Mais c’est trop demander. Aussi, découragée de n’avoir pu entamer la routine qui règne à Paris, elle s’exile à Londres où elle est accueillie avec transport lorsqu'elle fait l’essai de ses idées dans le ballet de Pygmalion[2]. On lit ce passage la concernant dans une correspondance insérée au Mercure de France : « Elle a osé paraître sans panier, sans jupe, échevelée et sans aucun ornement sur la tête; elle n’était vêtue, avec son corset et un jupon, que d’une simple robe de mousseline tournée en draperie, et ajustée sur le modèle d’une statue grecque ! ». Elle est aussi la danseuse-vedette dans Terpsichore, divertissement dansé dans la tradition de l'opéra-ballet à la française et ajouté par Georg Friedrich Haendel à son opéra Il pastor fido remanié en 1734[2].
↑Durant près de trois siècles, les historiens de la danse et du théâtre l'ont dite née en 1707 ou 1710, jusqu'à la découverte d'un manuscrit à la Bibliothèque de l'Opéra de Paris qui la fait naître au début de l'année 1709. Ceci a été confirmé en 2018 par la découverte de son acte de baptême à la paroisse Saint-Jean-du-Pérot de La Rochelle.
↑ abcdefgh et iNathalie Lecomte, « Sallé Marie », dans Philippe Le Moal (dir.), Dictionnaire de la danse, Éditions Larousse, , p. 383
↑Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, H. Champion, Paris, 1908, p. 162 (voir en ligne).
↑(en) Sarah McCleave et Lynn Brooks (directrice de publication), « Marie Sallé, a Wise Professional Woman of Influence », dans Women’s Work: Making Dance in Europe before 1800, University of Wisconsin Press, , p. 160-182
↑Émile Dacier, Mlle Sallé (1707-1756) : une danseuse de l'Opéra sous Louis XV, , p. 77