L'année 1912 est à la fois celle de ses plus anciennes toiles répertoriées (des vues de Montmartre et de Groslay, dans la banlieue nord de Paris), de sa première participation au Salon d'automne et de son départ pour le service militaire à Orléans. Engagé au 131e régiment d'infanterie en 1914, Marcel Roche est grièvement blessé par balle le 22 août[4],[5] au combat du Grand-Bailly, près de Longuyon, qu'en 1917 il relatera dans un livre d'artiste écrit et enluminé par lui-même, calligraphié et relié par Otis Oldfield(en)[6]. Il est évacué et soigné à l'hôpital militaire d'Auch avant d'être réaffecté en 1915 dans le service auxiliaire à la caserne d'Orléans où il réalise de nombreux dessins de scènes animées et de portraits de ses camarades de chambrée. Il est démobilisé le .
Après son voyage de 1931 en Grèce et surtout en Égypte où le mécénat du baron Georges de Menasce, fils de Félix de Menasce, banquier d'origine austro-hongroise installé à Alexandrie, lui vaut une importante exposition, Marcel Roche est, entre 1934 et 1939, devenu conseiller artistique de la Compagnie parisienne de distribution d'électricité, directeur et organisateur d'un nouvel et éphémère Salon de la lumière, s'appuyant sur le constat qu'« un art nouveau de la lumière surgit des techniques permettant par l'électricité la production de grandes puissances » et réunissant des décorateurs, des architectes (Urbain Cassan, Robert Mallet-Stevens) et des peintres comme lui « gagnés à l'art de la lumière » (Raoul Dufy, Robert Delaunay, Jean Crotti)[2].
C'est à partir de 1945, au terme de la Seconde Guerre mondiale où, directeur du camouflage du ministère de l'Armement, il mit au point une peinture à la boue efficace en matière de dissimulation des bâtiments et homologuée par le Génie militaire[2], que Marcel Roche s'intéresse à la gravure, redécouvrant la trichromie en taille-douce du XVIIIe siècle[7]. Outre cette technique, il pratique l'eau-forte, la pointe-sèche, la gravure au burin et la lithographie qu'il enseigne à l'école de préparation professionnelle dirigée par Suzanne Hulot et située au 34, rue de l'Yvette à Paris. Membre de la Société des peintres-graveurs français — il en sera sociétaire en 1947 et vice-président en 1951 —, l'ensemble de son œuvre gravé est évalué à 600 estampes.
des scènes d'intérieur rustiques et paysannes : « dans ses intérieurs, lorsque la demeure déploie ses mesures paysannes, un calme comme religieusement attentif étouffe tout bruit »[11] ;
des nus ;
des natures mortes : « Il a su peindre comme personne peut-être le pain, un pain rond sur une table près d'un verre de vin, sa chaleur dans la pénombre »[12].
René Morand, Poèmes, bois gravés de Marcel Roche, Paros, Éditions Marcel Seheur, 1922.
Alphonse Daudet, Les amoureuses, précédé de Retour sentimental vers Alphonse Daudet de Henri Béraud, illustrations de Marcel Roche, Paris, Librairie de France, 1924.
Xavier Forneret, Morceaux choisis, dessins de Marcel Roche, Éditions La Pipe en écume, 1941.
J. Bourguignon, Henri Mondor et Jean Porcher (avant-propos d'André Maurois), Hommage au docteur Lucien Graux, six eaux-fortes par Marcel Roche et André Clot, une lithographie par Robert Wehrlin, 210 exemplaires numérotés, Manuel Bruker, 1947.
Jules Michelet, Présentation de la France : avant 1870, 67 eaux-fortes originales de Marcel Roche, 170 exemplaires numérotés, Paris, Éditions Manuel Bruker, 1948.
Molière, Psyché, 36 gravures sur cuivre, onze vignettes en-têtes et cinq culs-de-lampe par Marcel Roche, 120 exemplaires numérotés, Les Bibliophiles franco-suisses, 1950.
Virgile, Les Bucoliques, 35 gravures en taille-douce de Marcel Roche, Les Pharmaciens bibliophiles, 1954.
Juliette Darle, Le chemin de la mer, dessins de Marcel Roche, Paris, Imprimerie J. Millas-Martin, 1958.
Publications
Marcel Roche, Le Temple de la Victoire, Éditions G. de Malherbe, 1919.
Ouvrage collectif dont texte de Marcel Roche, Marcel Leprin et ses amis, Éditions du musée Galliera, 1964.
Salon d'automne, Paris, à partir de 1912, sociétaire en 1921, trésorier en 1945[19]. Quelques envois : Pastorale normande, 1921 ; Le repas rustique, 1941 ; Les quais, 1955 ; Repos des paysans, 1957.
Claude Breton et Marcel Roche. Autour de la gravure et de l'estampe, les dix ans de l'Association des amis de Claude Breton et Marcel Roche, Atelier Gabrielle, Salernes, .
Claude Breton et Marcel Roche, médiathèque de Salernes, .
Marcel Roche et des artistes de “Taylor” dans la Grande Guerre, exposition en partenariat avec l'Association des amis de Claude Breton et Marcel Roche, Fondation Taylor, Paris, .
Vente publique
Claude Robert, commissaire-priseur, Vente de l'atelier Marcel Roche, hôtel Drouot, Paris, [24].
Réception critique
« Marcel Roche n'est pas de ceux qui cherchent à s'imposer par le tapage et l'outrance. Ce n'est pas dans son tempérament et il sait que, bien souvent, l'extravagance n'est que le masque de la médiocrité honteuse. Ses toiles solides, sobres, inspirent la confiance ; on sent qu'elles sont le fruit d'un travail obstiné et réfléchi. J'aimerais que parfois l'artiste s'abandonnât davantage ; mais ce souhait ne diminue en rien le plaisir que me donnent les œuvres d'un peintre authentique. » - François Fosca[14]
« Marcel Roche a été un moment préoccupé de construction cubiste, mais d'une façon curieuse et qui révèle bien la mentalité foncièrement soumise au réel de ces peintres pour qui "la nature restera toujours au-dessus de ce qu'il est possible d'en faire"… Marcel Roche, François Eberl et Charles Kvapil se sont livrés ainsi à des études approfondies d'après les maîtres, tous sans exception ont aimé "la belle matière solide et dense". Leur métier se relie d'ailleurs non à la tradition classique de la peinture transparente , mais à celle de la peinture opaque de Franz Hals, Rembrandt et Chardin. » - Germain Bazin[25]
« Il joint à l'amour passionné des êtres et des choses la sincérité, le talent qui permettent à l'artiste véritable de donner forme plastique à son émotion et de communiquer ses sentiments. Entendant par là qu'elles sont un acte de foi en la grandeur de l'homme, on peut dire que l'art de Marcel Roche, peintre d'aujourd'hui, s'épanouit en retrouvant la tradition de Claude Lorrain et Chardin. » - Jean-Pierre[26]
« Ce peintre travaille la couleur avec le souci d'obtenir des aplats très fins malgré l'apparence rustique. Le dessin est affirmé, son rythme nous invite à découvrir, à pénétrer le mystère des structures naturelles, leurs rythmes et leurs lignes de force que l'artiste met à jour selon une démarche familière aux peintres abstraits. La lumière n'y est pas bannie et elle éclaire ces œuvres d'une source de vie. » - G.E.[15]
« L'honnêteté et la sincérité d'un artiste qui, sa vie durant, a peint avec cœur ce qu'il aimait. Bien construites, équilibrées, ses peintures démontrent un souci constant : être le serviteur fidèle de la nature, de la beauté. Cela ne veut pas dire que la personnalité de l'artiste disparaissait derrière son sujet, mais que toujours son effort de compréhension, sa sensibilité, l'amenaient au dévouement complet envers ce qui enchantait ses yeux et entraînait son pinceau. » - J.M.[16]
« Parmi les artistes qui jouèrent un rôle dans le mouvement révolutionnaire mené par Jean-Gabriel Daragnès, après la guerre d 1914-1918, Marcel Roche tente et réussit des gravures en couleur de grande qualité. » - André Warnod[27]
« La prodigieuse science technique des tailles-douces de Marcel Roche […] » - Guy Dornand[28]
« Technicien hors du commun, d'une main aussi fine que l'œil, Marcel Roche sut atteindre le sacré à travers les objets les plus usuels, il sut aussi remettre à l'honneur la technique de la gravure en trichromie. » - Jean Chabanon[11]
« De nombreux critiques le considéraient, au début des années 1920, comme "l'un des fermes espoirs de la vraie peinture" pour ses scènes de baignades, ses nus dressés dans une pâte dense et robuste. Des souvenirs du cubisme se lisent sous l'équilibre de cette construction naturaliste qui rappelle souvent celle de Luc-Albert Moreau. » - Gérald Schurr[7]
« Il avait un sens naturel de la composition qu'il a su développer, après 1945, plus soucieux de la profonde réalité plastique de l'objet, surtout dans des natures mortes construites qui communiquent l'authentique émotion de la réalité quotidienne. » - Dictionnaire Bénézit[29]
André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, 1999.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, Gründ, 1999.
Pierre Sanchez (préface de Josiane Sartre et Chantal Beauvalot), Dictionnaire du Salon des Tuileries (1923-1962) - Répertoire des exposants et liste des œuvres présentées, L'Échelle de Jacob, Dijon, 2007.