Le Maître François est un maître anonymeenlumineur actif à Paris entre 1462 et 1480. Il a été identifié à un artiste du nom de François Le Barbier, documenté de 1455 à 1472.
Éléments biographiques et stylistiques
Cet artiste doit son nom à une seule et unique mention (« peintre François ») retrouvée dans un document de Robert Gaguin le signalant comme l'auteur des miniatures d'un manuscrit de la Cité de Dieu datant de 1473 et aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. L'historien de l'art Paul Durrieu, à la suite de la découverte de ce document, lui a attribué tout un ensemble de manuscrits. L'historienne de l'art américaine Eleanor P. Spencer a resserré cette sélection en distinguant la main de son prédécesseur à la tête de son atelier, le Maître de Jean Rolin et la main de son successeur désigné plus tard sous le nom de convention de Maître de Jacques de Besançon[1].
Les manuscrits qui lui sont attribués montrent qu'il s'agit d'un artiste travaillant à la tête d'un atelier très productif fournissant de nombreux grands seigneurs et notables parisiens entre 1460 et 1480. Plusieurs de ces manuscrits ont été confiés en partie à des collaborateurs dont le style reste proche[1].
Le style de cet artiste est une reprise des modèles du Maître de Jean Rolin, qui lui-même les a repris de la peinture des primitifs flamands, mélangé à l'art du Maître de Bedford. Il se distingue pourtant par des modelés de personnages plus affirmés, ses compositions sont structurées par des éléments architecturaux et des plans successifs. Il utilise une palette de couleurs très vives. Il est aussi intervenu dans plusieurs livres d'heures pour illustrer le calendrier par des grisailles[2].
Identification
Maître François a été parfois identifié à l'un des fils de Jean Fouquet, mais cette hypothèse est rejetée par les spécialistes de ce dernier[3]. Paul Durrieu avait déjà proposé en 1915 de l'identifier à un certain François Le Barbier, « enlumineur et historieur parisien », de même que les historiens de l'art américains Richard et Mary Rouse[4],[5]. Il est mentionné dans les comptes de la ville de Paris en 1455 pour un droit de louage d'une maison sur le Pont Notre-Dame où il réside au moins jusqu'en 1460. Il est enfin mentionné en 1472 en tant que garant dans un contrat aux côtés de François Trubert, sculpteur et frère de l'enlumineur Georges Trubert. Son fils et homonyme aurait pris sa succession au sein de l'atelier à la fin des années 1470, jusqu'à sa mort en 1501[6].
Manuscrits attribués
Livres d'heures
Miniature extraite d'un manuscrit du Miroir historial de Vincent de Beauvais, BnF Fr.50, f.25Présentation de la traduction de la Cité de Dieu par Raoul de Presles, musée Meermanno.
Livre d'heures, en collaboration avec deux autres artistes anonymes, vers 1470, Walters Art Museum, W.285
Livre d'heures à l'usage de Bourges, avec 12 grandes et 16 petites miniatures en semi-grisaille, vers 1470, passé en vente chez Sotheby's à Londres le (lot 60)[10]
Livre d'heures et de prières par un suiveur du Maître, vers 1470-1480, coll. Renate König, Cologne
Heures de Pierre de Bièvre, à l'usage de Paris, collection privée
Livre d'heures d'Alain Bouchard, en collaboration avec le Maître de Jacques de Luxembourg, vers 1480-1490, collection particulière, passé en vente chez Sotheby's à Londres le (lot 54)
Livre d'heures, par un suiveur du Maître, vers 1482, British Library, Add.15702
Livre d'heures, par l'atelier du Maître, vers 1485, bibliothèque de l'université d'Augsbourg, Cod 1.3.8
La Cité de Dieu, exemplaire commencé pour Jacques d'Armagnac et terminé pour Philippe de Commynes, volume 1 au musée Meermanno à La Haye, 10 A 11[13], volume 2 à la Bibliothèque municipale de Nantes, Ms.181[14]
Valerius Maximus, trad. Simon de Hesdin et Nicholas de Gonesse, Les Fais et les Dis des Romains et de autres gens, British Library, Harley 4373-4375[15]
Des remèdes de fortune de Pétrarque, vers 1470, Bibliothèque nationale autrichienne, Cod.2559
↑Paul Durrieu, « Oderisi da Gubbio et ce que l'on appelait à Paris au témoignage du Dante "L'art d'enluminer" », Mémoires de la société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, n°42, 1915, note 3, p.169
↑(en) R. H. Rouse et M. A. Rouse, Manuscripts and their Makers : Commercial Book Producers in Medieval Paris 1200-1500, t. 2, Turnhout, Brepols, , 832 p. (ISBN978-1-872501-41-3), p. 29
(en) Eleanor P. Spencer, The Maître François and his atelier, Thèse de doctorat, université Harvard,
François Avril et Nicole Reynaud, Les Manuscrits à peintures en France, 1440-1520, BnF/Flammarion, , 439 p. (ISBN978-2-08-012176-9), p. 45-52
(en) Colum Hourihane, The Grove Encyclopedia of Medieval Art and Architecture, vol. 2, (lire en ligne), p. 612-614
Mathieu Deldicque, « L'enluminure à Paris à la fin du XVe siècle : Maître François, le Maître de Jacques de Besançon et Jacques de Besançon identifiés ? », Revue de l'art, no 183, , p. 9-18 (ISSN0035-1326)