Mère suffisamment bonneLa notion de mère suffisamment bonne vient des théorisations de Donald Winnicott (The good-enough mother, 1953), inspirées par les idées de Mélanie Klein, qui parlait elle d'« expériences suffisamment bonnes » pour l'enfant en désignant implicitement les soins maternels et la capacité de l'enfant à les recevoir. Origine de l'expression« Quel psychanalyste, aussi fameux soit-il, oserait aujourd'hui, comme le fit en son temps Winnicott, évoquer l'existence d'une good enough mother, locution ambiguë traduite en français, de manière imprécise et peu élégante, par "mère suffisamment bonne" ou, plus rarement, par "mère ordinaire normalement dévouée", mais qui signifie plutôt "mère tout juste acceptable" ? », c'est ainsi que Michel Gribinski a souligné le contre-sens induit par la traduction usuelle de cette locution qui doit être comprise avant tout comme une litote. Winnicott lui-même était conscient de l'ambiguïté de sa formulation et tentait, par cette condensation stylistique, de donner une idée quantitative à ce qui ne l'est pas (la quantité d'amour d'une mère pour son enfant)[1] :
RésuméL'ouvrage traduit en français contient trois textes[3] détaillant les concepts développés : « La préoccupation maternelle primaire » (1956)[4], « La mère ordinaire normalement dévouée » (1966) et « La capacité d’être seul » (1958)[5]. Superficiellement, on peut résumer l'idée de « la mère suffisamment bonne » comme celle qui sait donner des réponses équilibrées aux besoins du nourrisson, ni trop ni trop peu[6]. Winnicott lie ces réponses de la mère à la constitution du soi en vrai ou en faux[7]. En français, pour distinguer cette expression, on a gardé le terme anglais pour désigner le vrai et le faux self[8]. On l'oppose à une mère qui ne serait « pas assez bonne », qui laisserait l'enfant en souffrance et dans l'angoisse néantisante. On l'oppose aussi à une mère qui serait « trop bonne », qui répondrait trop aux besoins de l'enfant, et ne le laisse pas assez ressentir le manque qui est également essentiel à sa constitution, plus précisément à l'identification du moi comme différencié de la mère. Ce trop maintient l'enfant dans une sensation de toute-puissance et d'omnipotence[9]. Cette notion s'oppose donc à celle de la « bonne mère » (si elle pousse vers le toujours plus), pour introduire l'idée d'une réponse qui doit être équilibrée, suffisante, mais pas « débordante »[9]. Ces principes ne font pas office de jugement et ne s'attachent pas à décrire la personne de la mère, mais le rapport de l'enfant à un objet maternel, qui peut en partie, mais pas nécessairement, être lié à la personne physique. En conséquence, cette conception peut prendre une tournure moralisatrice hors des conceptions psychanalytiques et il faut l'utiliser avec les précisions qui s'imposent[10]. Notes et références
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