Issue d'une famille protestante établie à Lyon où elle est née en 1845[1], elle reçoit une bonne éducation religieuse. Son père Henri était un homme d’affaires venu jeune à Lyon et originaire de la Hesse tandis que sa mère était fille et petite-fille de soyeux lyonnais, de lointaine origine alémanique (canton de Thurgovie en Suisse) et alliés en France à une famille descendante de protestants cévenols. Accablée dès l’adolescence par une maladie qui devait l’emporter précocement, elle a laissé une poésie empreinte de douleur mais soutenue d’un vif spiritualisme protestant[2].
Son premier recueil de poèmes, Rayons perdus, paru en 1868, connaît un succès[1],[3]. En 1870, Rimbaud s'en procure la quatrième édition et en parle ainsi dans une lettre à Georges Izambard : « […] j'ai là une pièce très émue et fort belle, Marguerite […]. C'est aussi beau que les plaintes d'Antigone dans Sophocle. »
En 1863, elle fait la connaissance de Charles Asselineau, ami de Baudelaire, et entre grâce à lui en relation avec des écrivains tels que Victor Hugo, Edgar Quinet, Émile Deschamps, Théodore de Banville, Leconte de Lisle, Sainte-Beuve, Michelet et avec le peintre Paul Chenavard. Asselineau adresse son premier recueil à Victor Hugo, qui lui envoie en retour une photographie dédicacée ainsi : « À Mademoiselle Louisa Siefert après avoir lu ses charmants vers ». Elle dédiera au grand poète son Année républicaine[4]. Asselineau meurt en 1874, léguant toutes ses archives à Louisa Siefert, qui ne lui survivra que quelques années.
Elle meurt le à Pau où elle soignait une tuberculose osseuse (coxalgie)[1] qui avait fini par atteindre ses poumons. Elle est inhumée dans le carré B153 du cimetière communal de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or[5], village où elle habitait, au hameau des Ormes[6].
Louisa Siefert est l'arrière-grand-tante du chanteur Renaud[7].
Hommages
À Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, la rue Louisa Siefert borde la propriété où elle habitait. En 2019, le conseil municipal a décidé d'appeler Espace culturel Louisa Siefert le lieu inauguré en 2021[7],[8].
↑Bernard Poche, Une culture autre : la littérature à Lyon (1890-1914), L’Harmattan, 2010 ; collectif, Visages du Lyonnais, Paris, Éditions des Horizons de France, 1952.
↑Lucette Czyba, « Tragique et stoïcisme dans Rayons perdus de Louisa Siefert », dans Christine Planté (dir.), Masculin / Féminin dans la poésie et les poétiques du xixe siècle, Presses universitaires de Lyon, , 317-327 p. (lire en ligne)
↑Victor Hugo possédait dans sa bibliothèque de Hauteville House les trois recueils de poésies de Louisa Siefert.
Patrice Béghain, « SIEFERT Émilie-Georgette-Louisa », dans Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Éditions Stéphane Bachès, (ISBN978-2-915266-65-8), p. 1227.
Pierre Brunel, « Rimbaud et Louisa Siefert », dans Studi in onore di Mario Matucci, Pisa, Pacini, 1993, 126 p., p. 202-210 (ISBN2-7298-4850-9).
Jean Butin, « Louisa Siefert », dans Ces Lyonnaises qui ont marqué leur temps, Lyon, Éd. Lyonnaise Art et Histoire, 2004, 284 p.. (ISBN2-84147-092-X).
(en) Wendy Nicholas Greenberg, Uncanonical Women Feminine Voice in French Poetry, Rodopi, coll. « Chiasma », Amsterdam/Atlanta, GA, 1999, 181 p. (ISBN90-420-0532-7), chap. III (« Louisa Siefert : Imitation and Romantic Melancholy »), p. 69.
Okabe Kyoko, « Une poétesse oubliée Louisa Siefert : à travers la lecture de Rimbaud », Gakushuin University studies in Humanities, 15, 2006, p. 175-193 (ISSN0919-0791).
Lucien Scheler, « Un poète oublié, Louisa Siefert », Bulletin du Bibliophile, no 1, Paris, 1992, p. 162-185.