Louis François AmbroiseLouis François Ambroise
Louis-François Ambroise est un imprimeur français mort le à Laval, qui est le fils de Jean Ambroise. BiographieJean Ambroise vivait encore en 1722, mais fort âgé et ayant cédé son imprimerie à ses enfants comme il leur avait fait démission de ses biens. Quoique nous voyions à cette époque trois de ses fils et un de ses gendres prendre la qualité d'imprimeurs, il n'eut comme successeur établi à Laval que Louis-François Ambroise, les autres n'ayant sans doute jamais exercé qu'à titre d'associés. Ce dernier avait épousé vers 1718 Perrine-Charlotte Chevillard, l'aîné (?) de ses enfants étant né le [1]. ScandaleSa fille Charlotte-Madeleine sembla prendre à tâche de couvrir de honte la famille très-honorable à laquelle elle appartenait. Veuve et mère de deux enfants, elle était revenue s'établir à Laval près de la Trinité dans le voisinage de son père. Bientôt sa maison devint le rendez-vous « de la canaille des faubourgs, » dit énergiquement madame de la Jourdonnière dans sa correspondance avec son fils. Jour et nuit, elle recevait chez elle des femmes débauchées et des gens « de la lie du peuple. » C'était un scandale public sur lequel le malheureux père ferma les yeux tant qu'il put. L'abbé Ambroise en était justement indigné et les voisins murmuraient contre cette faiblesse paternelle. Or, chose étrange ! quand Louis-François Ambroise voulut enfin, en l'année 1766, prendre des mesures sévères trop justifiées contre celle qui s'oubliait ainsi ; quand il se fut décidé à faire appel à la justice, les magistrats montrèrent une partialité incroyable pour la fille, et trente témoins qui avaient d'abord déclamé hautement contre le scandale, s'étant rétractés sous la pression d'une indigne servante, le père fut débouté de sa plainte et condamné à des dépens envers la veuve Hovius. Mais celle-ci ne tarda pas à donner raison plus scandaleusement aux plaintes de sa famille. Précédemment elle avait voulu vendre ses meubles pour aller à Angers avec deux misérables. Internée aux Bénédictines de Laval, elle en était sortie une heure après et avait passé la nuit dans un champ de blé. Cette fois, sous la menace d'une lettre de cachet, elle se sauva à Paris « habillée en homme. » Elle y fut arrêtée pourtant, mais ce ne fut que le que fut signée la lettre de cachet « ordonnant que Charlotte-Madeleine Ambroise, veuve de Guillaume Hovius, serait détenue dans la communauté de la Trinité de la ville de Rennes. » Elle semble y avoir reconnu ses torts, car elle y vivait encore en 1783, et une lettre qu'elle écrit à sa famille pour qu'elle veille à ses intérêts est empreinte de bons sentiments [2]. SituationNous ne savons ni dans quelle maison, ni dans quelle rue s'étaient établis et avaient travaillé les deux premiers Ambroise ; Louis-François acquit en 1731, pour une rente amortissable de 212 livres, une maison de la rue des Curés, près de la porte Beucheresse, et il y installa ses ateliers et sa famille. La maison avec ses dépendances avait façade sur la rue des Curés et était adossée aux murs de la ville qui la séparaient de la place nouvellement nivelée et plantée par le sieur Ambroise-Jean Hardy de Lévaré dont elle a retenu le nom. Le nouveau propriétaire obtint du duc de la Trémoïlle la permission d'abord d'éclairer sa cuisine par une fenêtre ouverte dans le mur de ville et donnant sur la place nouvelle, puis de percer dans le même mur, entre deux tours, une porte qui lui donnait accès direct sur la place, les fossés ayant été comblés[3]. ImprimeurAprès ce coup d'œil jeté sur la vie et les affaires domestiques de Louis-François Ambroise, voyons ce qu'il fut comme imprimeur. « Il avait obtenu, par arrêt du Conseil du , l'autorisation d'exercer cette profession, en produisant un certificat de Sébastien Durand, maître imprimeur à Rennes, qui déclarait l'avoir employé pendant sept mois et le trouver capable de gouverner une imprimerie, et le témoignage de son père attestant, lui aussi, qu'il le tenait comme expert en son art, l'ayant dès son bas-âge formé à la pratique du métier, puis l'ayant envoyé s'exercer en diverses villes de Bretagne[4]. » Comme son père, il eut quelques démêlés avec la justice, car son art n'était pas plus sans péril alors qu'il ne l'est devenu de nos jours. La simple et inoffensive publication d'un recueil de prières à l'occasion du jubilé attira la foudre, une foudre, bénigne, sur sa tête en 1745. Le malheureux avait, au mépris des privilèges du chapitre de Saint-Thugal, donné un rang secondaire à cette église dans l'ordre de celles qui devaient servir de stations aux processions, et les chanoines ne pouvaient manquer de réclamer leur droit de préséance. Ils le firent avec un grand luxe d'érudition, qui, contre leur intention, a servi largement à faire connaître les œuvres des Ambroise, imprimeurs, par le soin qu'ils mirent à rappeler tous les opuscules antérieurs sortis des mêmes presses et qui établissaient le bien-fondé de leurs prétentions. Pour rendre hommage à la vérité ou pour détourner les sévérités de la justice, Louis-François reconnut avoir agi par inadvertance, et promit d'être à l'avenir respectueux des privilèges de Saint-Thugal. Il en fut quitte pour cette amende honorable. JansénismeL'abbé Angot veut bien croire que l'imprimeur lavallois n'avait eu aucune mauvaise intention en dépossédant les chanoines des honneurs accoutumés. Il ajoute pourtant qu'il était véhémentement soupçonné de jansénisme, et que ceux de cette secte avaient des préférences pour le chapitre de Saint-Michel, dont les titulaires étaient généralement entachés des mêmes erreurs. Des écrivains sérieux ont même prétendu que maître Ambroise prêtait clandestinement ses presses aux Nouvelles ecclésiastiques, que rédigeaient les disciples de Cornelius Jansen, évêque d’Ypres ; on va jusqu'à désigner la maison de la rue Renaise où cette imprimerie fonctionnait, déroutant toutes les recherches de la justice. La question ne sera sans doute jamais éclaircie quoiqu'elle mérite d'exercer la sagacité des chercheurs[5]. L'abbé Angot ne peut donner qu'un indice, c'est la quantité relativement considérable de caractères qui fut trouvée après le décès du sieur Ambroise à son domicile, quantité tout à fait disproportionnée avec les besoins d'une imprimerie qui officiellement n'a jamais produit que des bagatelles, et qui avait besoin du concours des presses de La Flèche, du Mans, d'Angers pour approvisionner sa librairie des ouvrages spéciaux au public lavallois. Commerce des livresLa page suivante, empruntée au travail consciencieux de M. Richard, nous indique où en était le commerce des livres à Laval au milieu du XVIIIe siècle, et combien la boutique de Louis-François Ambroise était pauvrement approvisionnée : « A vrai dire, si l'imprimerie d'Ambroise suffisait aux besoins des Lavallois, il n'en était pas de même de sa librairie, et l'on se plaignait de la difficulté de se procurer des livres. René Pichot de la Graverie se fait l'écho de ces plaintes[6]. « En 1755, les habitants de Laval adressèrent à l'autorité quelques réclamations ; ils ne trouvaient pas chez Ambroise les livres qu'ils désiraient acquérir, et, comme tout privilège crée des obligations, ils demandaient de le contraindre à se mieux approvisionner. Le , le juge ordinaire, M. Le Pannetier des Salles, accompagné du procureur fiscal, qui remplissait alors à Laval les fonctions de ministère public, et du greffier, se rend chez Ambroise « à l’effet de recevoir sa déclaration sur le nombre et la qualité des livres qu'il a ou doit avoir pour le service public et l’usage des différents états, d'ecclésiastiques, personnes de robe et de médecine, pour l'usage des collèges et des écoles particulières. » Ambroise leur montre « dans un dressoir, un petit nombre de volumes, entre autres des Heures à l'usage du Mans, les Sermons de M. Fléchier, Discours de l'Académie françoise, Sermons du P. Bourdaloue, l'Histoire ecclésiastique, Spectacle de la Nature, Pensées Chrétiennes. » Le juge alors lui expose la plainte dont il est saisi : il ne peut, dit-on, fournir des livres « à tous ceux qui en ont besoin et souhaiteroient en achepter, à quoy ledit Ambroise a répondu qu'il n'en avoit jamais refusé à personne et que si on lui en demande quelqu’un, il le fait venir de Paris. » « Quelques mois plus tard, les mêmes magistrats se transportaient à l’Hôtel du Chêne-Vert, pour examiner quatre malles de livres amenées par René Davoust, libraire à Mayenne, en vue de la foire de Toussaint et les trouvant « tous orthodoxes et suivant les bonnes mœurs, » ils s'empressaient d'en autoriser la vente [7]. » En vue d'une réduction projetée dans le nombre des imprimeries du royaume, une enquête avait été ordonnées par l'intendant de la généralité résidant à Tours [8] Ce bon témoignage rendu à Louis Ambroise par les juges autorisés ne sauva pas en principe l'imprimerie qui de droit demeura supprimée à Laval ; en fait et par une faveur accordée au titulaire et à sa femme, ceux-ci pouvaient continuer leur commerce et leur industrie, leur vie durant. Toutefois l'imprimerie, qui n'avait jamais eu à Laval une vie bien active, fut plus que jamais languissante et frappée à mort par cette décision supérieure. Le titulaire était déjà vieux, il n'avait plus d'espoir de remettre son fonds à un membre de sa famille puisque son fils unique était prêtre, ni même à un étranger à cause de l'arrêt de suppression ; il négligea donc un état dont il ne sentait plus le besoin et dont le profit était médiocre. On verra dans la nomenclature des ouvrages imprimés du temps de Louis-François Ambroise, que presque tous ceux qu'il mit en vente ne sortaient même pas de son atelier et avaient été composés par des imprimeurs de La Flèche, et que d'autres plus nombreux dont le public avait besoin et qu'il réclamait inutilement au paresseux atelier de la rue des Curés, étaient fournis par des imprimeurs d'Angers et du Mans. Un état manuscrit « des livres classiques, impressions et relieure fourny à Monsieur [L.-F. Ambroise] de la Baderie » montre que ce n'était plus lui qui produisait les modestes travaux de son art : billets pour l'hôpital ou pour la fabrique de la Trinité, placards pour les tragédies du collège, qui continuaient encore de lui être demandés. Nous croyons que ce mémoire manuscrit fut rédigé vers 1768 par Gabriel Andouard qui, autorisé ou non, imprimait déjà. Le sur le bruit du décès de Me Louis-François Ambroise qui serait arrivé la veille, l'officier public se présenta à son domicile, rue des Curés, pour apposer les scellés, deux des héritiers étant absents et hors de la province. René-Louis Ambroise, prêtre, qui se trouvait à la maison avec sa sœur Françoise, répondit que son père était trop malade pour qu'on pénétrât dans sa chambre, mais qu'il n'était pas mort. Ainsi éconduit, le magistrat soupçonnant qu'on voulait lui cacher la mort de l'imprimeur pour soustraire des effets de la succession, revint un peu plus tard et de fait constata le décès et procéda à l'apposition des scellés [9]. PostéritéLa famille Ambroise ne s'était pas enrichie dans l'imprimerie. Mais Louis-François avait fait un riche mariage. Il hérita de son beau-père, René Chevillard, sieur de la Pasquerie, la Billonière, le Petit-Guinefolle, le Haie-Richard en Cossé, les Vignes et la Bignon, de Quelaines. Quant à son titre d'imprimeur, il n'était plus estimé que 100# quand il le céda dans la part de son fils René-Louis, prêtre qui ne pouvait évidemment l'exploiter, à moins que ce soit une façon détournée de favoriser les jansénistes dont le père et le fils étaient les fervents adeptes. Louis-Désiré, autre fils de l'imprimeur, avait fait profession à Toussaint d'Angers en 1750. En sorte qu'en dépit de sa nombreuse progéniture (il avait eu 16 enfants), le nom s'éteignit dans la personne de son petit-fils, Louis Ambroise, marchand poislier, mort le . René-Louis n’exercera pas le ministère, il aimait l'étude et le travail des mains. C'est lui qui tailla les pierres de la maison qu'il fit construire place de Hercé. Prêtre réfractaire, il fait partie des 14 martyrs de Laval. Bibliographie
XIII, et les prières pour chaque station. — 1727 ;
— 1731 ;
En-tête de cinq placards publiés et signés par Louis-François Ambroise
Autres publicationsLes publications qui suivent ont été faites pour suppléer à l’insuffisance des ateliers de M. L.-F. Ambroise et pour satisfaire aux demandes des habitants.
Notes et références
Source
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