Ligne de Rouen-Gauche à Petit-Couronne (voies des quais)
La ligne de Rouen-Gauche à Petit-Couronne est une ligne de chemin de fer française à écartement standard. Elle est située à l'intérieur de l’agglomération de Rouen. Desservant les quais et les établissements industriels de la rive gauche du port de Rouen, elle a subi les vicissitudes des guerres, des crises économiques et des aménagements portuaires. Aujourd'hui, bien que ses voies principales restent encore équipées de caténaires, celles-ci sont désormais hors tension et en cours de dépose, car elle est largement sous-utilisée compte tenu à la fois du déclin du transport ferroviaire et de la désindustrialisation de sa zone de chalandise. HistoireEn 1843, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Rouen avait établi le terminus de sa ligne à la Gare de Rouen-Saint-Sever, construite sur la rive gauche de la Seine, dans le quartier éponyme. À cinq cents mètres à l'ouest de cette première gare une seconde, celle dite de Rouen-Orléans, sera érigée une quarantaine d'années plus tard au terme de nombreuses péripéties juridiques et économiques. En effet, afin de compléter le réseau d'intérêt national relevant des autorités de l'État, la loi du [1] donnait compétence aux départements et communes pour établir ou concéder des chemins de fer d'intérêt local après autorisation donnée par décret. Dans ce cadre législatif le conseil général de la Seine-Inférieure avait décidé de s'associer, avec les autres départements concernés, à un projet de liaison ferroviaire entre Orléans et Rouen, en concédant le à la Compagnie du chemin de fer d'Orléans à Rouen la construction et l'exploitation d'une ligne partant de la limite du département de l'Eure, « vers Montaure » [sic], et aboutissant à Rouen, « place Saint-Sever, près des docks », un embranchement[2] partant du Grand-Quevilly devant faire la jonction à Sotteville avec la ligne Paris-Le Havre de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest. Conformément à la loi, le décret du avait déclaré cette ligne d'utilité publique à titre d'intérêt local et approuvé la convention de concession[3]. Après la faillite du concessionnaire, prononcée le [4], la loi du réglant la situation de certains chemins de fer d'intérêt local en difficultés a incorporé dans le réseau d'intérêt général les quatre tronçons départementaux de l'itinéraire d'Orléans à Rouen[5] et autorisé leur rachat par l'État, en approuvant la convention signée à cet effet le avec le syndic de faillite de la Compagnie du chemin de fer d'Orléans à Rouen[6]. La ligne, aboutissant à la gare de Rouen-Orléans, sera cédée par l'État à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest par une convention du , approuvée par la loi du suivant[7]. C'est dans ce contexte compliqué qu'ont été établies les lignes desservant à la fois les quais de la rive gauche du port de Rouen et les entreprises implantées à ses abords. Par un premier décret du [8], la compagnie de l'Ouest avait été autorisée à établir à partir de sa gare Saint-Sever des voies portuaires destinées au transport des marchandises. Devenue concessionnaire de la ligne d'Orléans un an plus tard, elle obtiendra en 1887, compte tenu de l'extension progressive des activités portuaires vers l'aval, la desserte de nouveaux quais et l'établissement, sur une estacade traversant le quartier Saint-Sever d'une voie de liaison, mise en service le , avec sa gare de Rouen-Orléans[9]. Il en résultera, à partir des deux gares principales, un réseau ferroviaire complexe de près de deux cent cinquante kilomètres[10] de voies de circulation et de service, de faisceaux de stationnement et d'embranchements particuliers, qui se développera progressivement avec l'extension des activités du port et de ses industries annexes[11], et subsistera jusqu'à ce que les destructions de la Seconde Guerre mondiale obligent à le remanier totalement lors de la reconstruction des quartiers dévastés par les bombardements. Après l'électrification de la ligne Paris-Le Havre en 1967, il faudra attendre que s'amorce celle de la ligne Rouen-Amiens une quinzaine d'années plus tard pour qu'il apparaisse opportun d'assurer la continuité de la traction sur les voies principales de la ligne de Rouen-Gauche à Petit-Couronne en les équipant également en caténaires. Leur mise sous tension a eu lieu le [12]. Entreprise en 2019 et achevée en juin 2022, la démolition de la galerie en béton armé recouvrant l'ancienne gare de Rouen-Saint-Sever et supportant la voie publique dénommée quai Jacques-Anquetil nécessitait la dépose des caténaires sur le tronçon concerné par les travaux. L'opération a offert l'occasion de mettre hors tension, puis de démonter, l'ensemble de l'alimentation électrique de la ligne, son trafic, en baisse sensible, ne devant à l'avenir plus être assuré qu'en traction thermique[13]. CaractéristiquesTracé et équipementsLa ligne, qui est le prolongement de celle de Sotteville à Rouen-Rive-Gauche, débute à l'emplacement de l'ancienne gare de Rouen-Saint-Sever, aujourd'hui disparue[14]. Immédiatement après, elle entre dans une tranchée couverte d'environ un kilomètre, construite après la guerre parallèlement à la Seine à une distance d'une cinquantaine de mètres du bord des quais, dont le plafond supporte deux voies publiques surplombant le fleuve d'une dizaine de mètres, dénommées respectivement quais Jean-Moulin et Cavelier-de-La-Salle. Du flanc nord de la tranchée, à claire-voie, partaient des embranchements desservant les quais bas. Avec le déplacement des activités portuaires vers l'aval et l'aménagement des berges pour les loisirs et la promenade, ces voies ont été supprimées ou neutralisées. À la sortie de la tranchée, la ligne débouche sur la gare de marchandises dite de Rouen-Orléans (km 112 de Dreux), qu'elle traverse en laissant à sa gauche un ancien faisceau de triage, dit de la Plaine[15] et à sa droite un autre de réception et de départ, dit Clamageran, desservant la presqu'ile Élie avec ses terminaux céréaliers et sucriers[16] et le quai de Rouen-Quevilly et son terminal forestier, pour gagner, par un parcours à double voie d'environ deux kilomètres sous caténaire normale régularisée, la bifurcation du Petit-Quevilly (km 109,971). Elle se divise alors en deux branches partant l'une vers l'ouest, l'autre vers l'est, mais amorçant après environ cinq kilomètres une boucle faisant leur jonction à Petit-Couronne.
ExploitationDepuis la fermeture de la desserte voyageurs entre Rouen et Elbeuf-ville fin 1965, la ligne n'assure plus qu'un trafic de marchandises. Avec la suppression, au cours des années 1990, des navettes fret jusqu'à Saint-Pierre-les-Elbeuf, la section Grand-Quevilly - Elbeuf et au-delà n'est plus utilisée. De nombreux établissements industriels importants situés dans la zone portuaire ou à ses abords immédiats ont au fil du temps cessé leur activité : Hauts-fourneaux de Rouen (1967) et Chantiers de Normandie (1987) au Grand-Quevilly, Potasse et Engrais Chimiques (1987) à Grand-Couronne, Raffinerie de Petit-Couronne (2013) notamment, provoquant graduellement une baisse sensible du nombre des circulations ferroviaires. Celles-ci ont également été affectées par des circonstances extérieures. Ainsi, alors que, de la fin des années 1960 au début des années 1980, cinq à sept trains complets de 2 000 tonnes de houille d'importation quittaient quotidiennement les terminaux charbonniers à destination des centrales thermiques EDF de Creil et de Vitry-sur-Seine[17], leur conversion à d'autres combustibles, puis leur fermeture, ont tari cette source de trafic. Les conditions générales d'accès aux voies portuaires et d'encadrement de leur utilisation sont énoncées dans le «document de référence du réseau ferré portuaire» du Grand port maritime de Rouen[18], qui comprend en annexe un schéma des voies concernées.
Avenir de l'infrastructureDans le cadre du projet Service express métropolitain de Rouen la ligne serait réouverte aux voyageurs avec la voie qui la prolonge jusqu'à Elbeuf afin de créer la liaison Louviers - Elbeuf-Ville. La gare nouvelle Rouen Saint-Sever sera construite pour également accueillir la Ligne Nouvelle Paris - Normandie qui longera la tranchée couverte au-delà de laquelle un tunnel sera percé en direction de Barentin. *Notes et références
Voir aussiArticles connexes |
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