Elle est également diffusée le en Belgique sur la RTBF et le en France sur TF1. Elle est également diffusée mondialement par Netflix[1],[2] depuis le [3].
Paris, . Dans une demeure, Adrienne de Lenverpré (Audrey Fleurot) aide sa fille Camille à chercher son cochon d'Inde échappé de sa cage. Une bonne s’approche de Madame, lui disant que son mari a besoin de la voir. Adrienne descend le rejoindre. Ce dernier, Marc-Antoine de Lenverpré (Gilbert Melki), candidat à la présidence du Sénat, quitte le piano, fumant un cigare, ferme la porte et la gifle violemment. Elle tombe sur le sol. Furieux et jaloux, il n’a pas apprécié ce qu’elle a fait dans son dos, car madame veut secrètement divorcer, et croit qu’elle a un autre homme. Ils se disputent. Elle ne l’aime plus, dit-elle. Il lui rappelle qu’elle lui appartient jusqu'à la fin de sa vie, avant de la pousser vers la fenêtre par laquelle elle voit leur bonne faire monter leur fille dans la voiture hippomobile en route pour le pensionnat à l’étranger. Madame hurle de rage et, en vain, tente de courir vers elle : les portes sont fermées. Pour revoir Camille, Madame doit se ressaisir tout en allant au Bazar de la Charité, comme elle l'avait prévu. « Ce sera bon pour ma campagne électorale. C’est la plus grosse vente de charité. Tu es la femme du prochain président du Sénat », lui rappelle-t-il en lui tendant un bon paquet d’argent. Ils partent donc au Bazar de la Charité, avec le cocher.
Pendant ce temps, en pleine rue Jean-Goujon où se trouve le Bazar de la Charité, Jean Rivière (Aurélien Wiik), un autre jeune cocher, s’y arrête et fait descendre élégamment Alice de Jeansin (Camille Lou), fille du Président d'honneur du bazar, et sa bonne, Rose Rivière (Julie de Bona) qui est l’épouse du cocher. À l’intérieur du bazar, dans la pièce du cinématographe Alice se heurte à Victor Minville (Victor Meutelet), un voyou charismatique, qui, après une brève dispute, lui rend sa montre volée à l’instant. Dégoûtée, elle part.
Adrienne de Lenverpré, toujours dans le véhicule avec son mari, achète le journal La Chouette d’un enfant à qui elle tend de l’argent, ainsi qu’un petit mot caché : « Rendez-vous à 19h15 devant le Bazar ».
Dans le Bazar, Alice rencontre Odette de la Trémoille (Adèle Galloy), accompagnée de son fils Thomas qui désire retourner au Cinématographe. Alice propose à Thomas de l’emmener parce que c’est son père qui a installé le cinéma et qu’elle n’a pas besoin de faire la queue. Quand l’esprit lui revient, Alice a oublié qu’elle devait remplacer sa mère malade au stand de madame de Tancarville. Odette, admirative, lui dit qu’elle a de la chance. Alice lui propose donc de la remplacer pendant qu’elle emmène Thomas au Cinématographe. Dans la salle cinématographique, en pleine projection du film L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat des frères Lumière, dont les spectateurs s’effraient par l'arrivée du train, Rose et Thomas s’amusent. À côté d’eux, Alice retrouve son fiancé Julien (Théo Fernandez). Ils s’embrassent et quittent la salle. Rose et Thomas y restent.
Adrienne de Lenverpré est rentrée dans le Bazar. Très secouée, elle attend avec impatience quelqu’un. Alice la voit et l’appelle : c’est sa tante. Malgré son malaise, Adrienne ne reste pas longtemps dans sa conversation. Elle va dehors et marche dans la rue, pleine de monde. Elle est appelée par un cocher et rentre dans le véhicule, où se trouve son amant Hugues Chaville (François-David Cardonnel), journaliste au quotidien La Chouette. Elle lui explique ce qui s’est passé avec son mari.
Dans la salle du cinéma, tout le monde rit de bon cœur devant le film L'Arroseur arrosé. Soudain, derrière elle, Rose voit le feu venant de la lampe de projection avant que celle-ci n’explose. Alice et Julien, comme tout le monde hors de la salle, l’ont entendu : ils regardent autour d’eux et aperçoivent le flash de la photographie. Ceux de la salle du cinéma ont été informés de l'accident et sont déjà évacués dans le calme. Malgré les efforts des valets et des grooms, le rideau prend feu, enflamme les boiseries, puis se propage au velumgoudronné qui sert de plafond au Bazar. Rose parvient à mettre Thomas dehors à l'abri, avant de regagner le bazar pour aller chercher Alice et Odette. Les hommes, dont Julien, paniqués, ne cherchent qu'à sauver leur propre peau au lieu d'aider les dames prises au piège. Odette est poussée par les hommes et tombe par terre. Les hommes et les femmes, paniqués, ne regardent pas où ils mettent les pieds donc piétinent Odette. Les pompiers, aidés de valets et d'ouvriers, parviennent à sauver quelques victimes de l'incendie alors qu'Alice, Rose et Odette sont séparées par les flammes…
De son côté, Adrienne découvre le brasier et se rend compte qu’elle aurait pu y compter parmi les victimes...
Le projet de cette série aura mis quatre ans pour voir le jour. En , la chaîneTF1 et la plateformeNetflix signent un accord, en tant que coproductrice avec la société de production Quad Télévision : cette société américaine distribuera la mini-série dans 190 pays[7]. Le budget de cette série s'est élevé à 17 millions d'euros[8].
Concept
Si le point de départ est un fait divers historique, l'incendie du Bazar de la Charité, à Paris, en 1897, l'histoire se concentre surtout sur la condition des femmes à la fin du XIXe siècle, avec une résonance avec l'époque actuelle, à travers le destin de trois femmes : une bourgeoise (jouée par Audrey Fleurot) sous le joug d'un mari qu'elle n'aime pas, sa nièce (Camille Lou) obligée d'épouser un homme pour sauver financièrement sa famille et, enfin, sa bonne qui doit partir vivre à New York avec son mari.
Pour renforcer le propos contemporain, la langue utilisée est moderne, même si les acteurs jouent en costume d'époque. Audrey Fleurot, également actrice dans la série historique Un village français s'est dite surprise de ce choix mais l'estime « cohérent »[4].
L'intérieur du Bazar de la Charité est reconstitué dans les studios de Bry-sur-Marne pour faire des flammes réelles de sept mètres, en ajoutant des plaques de plâtre pour résister à la chaleur : « Sur le plateau, les acteurs avaient chaud, ils vivaient vraiment les sensations. Je n’avais jamais construit un décor dans l’optique de le faire résister si longtemps aux flammes », raconte le chef décorateurHervé Gallet[10]. Tous acteurs, figurants et techniciens sont en sécurité grâce à la présence des pompiers sur place[11],[12]. De plus, deux ventilateurs permettent de désenfumer le studio entre chaque prise, qui n'excède jamais les 33 secondes[4]. Quant aux scènes d’incendie réalistes et spectaculaires, elles sont réalisées en effets spéciaux numériques au studio Les Versaillais, en postproduction, par Yves Domenjoud, un spécialiste[10],[12].
Quant à l’extérieur, comme la rue Jean-Goujon dans le 8e arrondissement où se tenait le Bazar de la Charité« est compliquée à bloquer, il y a beaucoup de rues où l’on voit des voitures passer et les bâtiments sont trop modernes », précise le réalisateur Alexandre Laurent, il est tourné au devant du musée Marmottan Monet dans la rue Louis-Boilly du 16e arrondissement pendant une semaine[13]. Le plus difficile, c’est effacer le mobilier urbain, ainsi que les marquages au sol qui sont recouverts par une « sorte de sable noir »[14]. Pendant une semaine les équipes de tournage ont envahi cette rue pour tourner la scène la plus attendue et impressionnante de la saison. Deux étages d'un immeuble avoisinant étaient dédiés à l’habillage et aux costumes, le troisième était réservé, lui, au maquillage et à la coiffure. La préparation d’un figurant — ils étaient 3 000 au total — a nécessité entre 30 et 45 minutes ce qui montre la prouesse des équipes de Valérie Adda, responsable des costumes[15].
Paris, 1897. La haute société parisienne est rassemblée au Bazar de la Charité, à l'occasion d'une vente caritative lorsqu'un incendie très violent se déclare. Alice de Jeansin, fille du Président d'honneur du bazar, accompagnée de sa bonne, Rose, y retrouve son fiancé Julien ainsi que son amie Odette et son fils Thomas. Rose parvient à mettre le petit Thomas de la Trémoille à l'abri avant de regagner le bazar pour aller chercher Alice et Odette. Les hommes, dont Julien, paniqués, ne cherchent qu'à sauver leur propre peau au lieu d'aider les dames prises au piège. Les pompiers, aidés de valets et d'ouvriers parviennent à sauver quelques victimes de l'incendie alors qu'Alice, Rose et Odette sont séparées par les flammes. De son côté, après quelques achats, Adrienne de Lenverpré, épouse du candidat à la Présidence du Sénat et tante d'Alice, a rejoint son amant Hugues Chaville, journaliste au quotidien la Chouette. Elle lui apprend que son époux lui a enlevé sa fille, ayant découvert son intention de divorcer. Découvrant le brasier, Adrienne se rend compte qu’elle aurait dû y mourir.
Les nombreux blessés sont acheminés vers les hôpitaux de la ville où les familles affluent pour reconnaître leurs proches. Les journalistes et les forces de l'ordre, qui s'interrogent sur les circonstances du sinistre, sont également présents. Alice, sauvée du brasier par un jeune anarchiste mais sous le choc de la lâcheté de Julien, rentre chez elle alors que Jean, le cocher des de Jeansin, est toujours à la recherche de Rose, son épouse avec laquelle il projetait de partir pour New York. Rose, qui contre toute attente a survécu, est enlevée à l’hôpital par madame Huchon, la grand-mère de Thomas qui n'accepte pas la mort de sa fille Odette dans le sinistre. Adrienne, qui se terre chez son amant, compte bien simuler sa mort pour échapper à son mari et attend ses obsèques pour reprendre sa fille Camille. Le préfet Leblanc fait pression sur Célestin Hennion, de la Sûreté générale, pour que le sinistre soit imputé aux anarchistes qui, selon lui, ont placé une bombe au Bazar. Alors qu'il enquête sur le vol des bijoux sur les cadavres de la morgue, Hennion apprend qu'une "bourgeoise rousse" a vendu ses bijoux au receleur.
Défigurée, Rose Rivière se réveille auprès de Madame Huchon, somnolant à son chevet. Elle tente en vain de s'évader, retenue par les domestiques de sa ravisseuse faussement convaincus par cette dernière qu'il s'agit d'Odette de la Trémoille, sa fille décédée dans l'incendie du Bazar de la Charité. Pendant ce temps, Adrienne de Lenverpré ayant fait croire à sa mort dans le-dit incendie afin d'échapper aux maltraitances ignobles de son mari Marc-Antoine, guette discrètement l'entrée de sa demeure conjugale pour y apercevoir enfin sa fille Camille revenir de l'étranger venue assister aux "obsèques" de sa mère. De son côté, Alice de Jeansin ne démord pas de sa rancœur envers son fiancé Julien de la Ferté, pour le meurtre de sa bonne Rose (bien qu'ayant survécu à l'insu de ses proches et de son mari), lâchement poussée dans les flammes par ce dernier pour assurer sa survie lors de l'incendie. Cependant, Auguste Jeansin, père d'Alice et président d'honneur du Bazar de la Charité, voit ce mariage comme une aubaine financière pour rétablir sa fortune fraîchement anéantie.
Madame Huchon voit dans la ressemblance physique entre Rose et sa fille l'opportunité d'empêcher son mal-aimé gendre d'hériter de sa fortune. Elle propose donc à Rose de prendre la place de sa fille au sein de sa famille, jouant sur ses critères de ressemblances avec Odette conjugués aux graves dégâts physiques causés par l'incendie, afin que ce soit son petit-fils Thomas qui un jour, hérite directement du patrimoine familial. Madame Huchon propose donc alors à Rose une vie de luxe, sans travail, sans contrainte, et lui laisse 24 heures pour y répondre favorablement, lui laissant également le choix de retourner auprès de ses proches défigurée. Pendant ce temps, Adrienne apprend que son "enterrement" est prévu pour le lendemain matin par son amant qui s'interroge sur la façon dont ils vont récupérer Camille. Alice pousse Julien à reconnaître ses agissements et sa lâcheté. Elle annonce ensuite à son père ne plus vouloir l'épouser. Ce dernier lui explique alors que son journal est au bord de la faillite et qu'à défaut de maintenir ce mariage, il devra se résoudre à vendre tous les biens de la famille.
Amandine Bourgoin du Paris Match voit cette série en « une fresque historique minutieuse qui a particulièrement soigné ses reconstitutions et qui gâte le spectateur avec des décors et des costumes magnifiques. La réalisation est raffinée et culmine lors de la fameuse scène de l'incendie du premier épisode. Les longues minutes d'effroi et d'angoisse vécues par les personnages pris au piège sont très réalistes »[24], de même que Martine Delahaye du Monde prévenant que la série : « ne pourra que charmer les amateurs de récits dramatiques en costumes ; quelques anachronismes ou facilités n’empêchent nullement de goûter la tension, le rythme – passé le premier épisode, la qualité d’écriture et d’interprétation de cette série »[25]. Quant à Constance Jamet du Figaro qui la traduit par « un drameféministe qui ose le romanesque et révèle le talent de Camille Lou »[26].
En revanche, Aude Dassonville, dans Télérama, trouve que « le premier épisode laisse un peu dubitatif : fallait-il à ce point se passer d’ellipses, et faire durer le sinistre aussi complaisamment ? Tout occupé à nouer serré les ficelles à venir, le second épisode laisse en revanche entrevoir quelques suspenses et mystères qu’on aura sans doute plaisir à percer… si le pathos ne l’emporte pas sur l’efficacité narrative »[27].
Distinction
Le , lors de la cérémonie des Lauriers de l'audiovisuel, Le Bazar de la Charité remporte le laurier Séries[28].
Erreurs historiques et incohérences
Dans le premier épisode, lorsque Jean Rivière (Aurélien Wiik) donne à sa femme Rose (Julie de Bona) leurs billets de bateau pour New York, il lui précise que leur départ est "dans une semaine", alors que les billets ont pour date le Vendredi 5 Novembre 1897. La série se déroulant au printemps 1897, et l'incendie réel du Bazar de la Charité ayant eu lieu le 4 Mai 1897, la date inscrite sur les billets est incohérente avec la chronologie de la série.
Tout au long de la série, il est dit que les seules victimes de l'incendie sont "des femmes de la haute société et leurs bonnes", mais qu'aucun homme ne se trouvait parmi les morts. S'il y a en effet une sur-representation des femmes parmi les victimes, on compte en réalité 7 hommes sur les 125 décès dus à l'incendie du bazar[29]. Le taux de morts masculins est égal à 5,6% du nombre total des victimes, ce qui correspond en réalité au pourcentage d'hommes prenant part à la manifestation. La charité étant en effet une vertu "féminine" (où les ordres de bonnes sœurs tenaient également un rôle particulièrement développé), les hommes présents étaient en très grande majorité les organisateurs, et non les hommes de la haute bourgeoisie comme il est coutume de le lire dans les journaux. Cette surmortalité féminine a donc pour origine leur présence très surnuméraire, mais aussi le caractère très inflammable de leurs tenues, les robes et grands chapeaux étant teints avec des produits chimiques, dont certains à base de pétrole. Ces mêmes teintures étaient utilisées pour colorer les rideaux présents au Bazar, dont la grande tenture couvrant le plafond de bois peu esthétique.
La scène de l'incendie du bazar se déroule, dans la série, après 19h15 (le rendez-vous d'Adrienne de Lenverpré avec son amant Hughes Chaville étant prévu à cette heure), et donc de nuit. Or, le véritable incendie s'est déroulé entre 16h15 (inflammation du cinématographe) et un peu plus de 16h30, la structure en bois ayant complètement brûlé en une vingtaine de minutes[30].
Bibliographie
Le Bazar de la Charité, roman de Odile Bouhier, Michel Lafon, 2019, basé sur le scénario de la série[31].