L'Homme de Vienne
L'Homme de Vienne
L'Homme de Vienne (Assignment Vienna) est une série télévisée américaine en huit épisodes de 45 minutes produite par Eric Bercovici et Jerry Ludwig, diffusée entre le et le sur le réseau ABC. En France, la série a été diffusée à partir du sur la première chaîne de l'ORTF. SynopsisAu Jake's Bar, dans une rue branchée de la capitale viennoise, dans une atmosphère située à mi-chemin entre Casablanca et Le Troisième Homme[réf. nécessaire], Jake Webster déjoue les intrigues derrière son comptoir. En fait, son bar est une façade pour un ancien agent secret travaillant parfois pour le compte du gouvernement américain à un moment où la Détente est à l'ordre du jour entre Américains et Soviétiques. Souvent obligé, contre son gré, de suivre les instructions de son supérieur direct, le major Bernard Caldwell, il se heurte régulièrement au chef de la police de Vienne : Hoffmann. À travers cette courte série, comptant seulement huit épisodes, Robert Conrad retrouve un rôle d'agent secret dont il assure une nouvelle fois la composition sans négliger les atouts-maîtres de ce type de programme : jolies filles en détresse, poursuites en voitures et nombreuses bagarres. Cette série est peu rediffusée en France, mais a marqué les téléspectateurs dans les années 1970[réf. nécessaire]. HistoriqueEn 1962, James Bond 007 contre Dr. No sort au cinéma, réalisé avec des moyens modestes aux studios anglais de Pinewood, et rencontre un succès mondial. Les romans d'espionnage sont à la mode depuis les années 1950 avec leurs héros cyniques qui aiment l'action et les femmes. De nombreuses adaptations ont déjà vu le jour, notamment en Angleterre, et surtout aux États-Unis où un premier James Bond, Casino Royale, a été adapté pour la télévision en 1954 avec Barry Nelson dans le rôle principal, une étape importante qui rappelle l'intérêt précoce de la télévision pour ce type de héros. La France ne demeure pas en reste avec la série des Lemmy Caution incarné par Eddie Constantine, sous la direction de Bernard Borderie, ou celle des Monocle noir de Georges Lautner, avec Paul Meurisse, des Gorille avec Lino Ventura puis Roger Hanin, sans oublier Hubert Bonisseur de La Bath (alias OSS117), dans les films mis en scène par André Hunebelle et interprétés par Frederick Stafford. Parallèlement à la célèbre série qui a suivi James Bond 007 contre Dr No, le filon du film d'espionnage va être exploité par des producteurs du monde entier. Aux États-Unis, où le mythe de l'espion est en pleine expansion, Daniel Mann et Gordon Douglas réalisent, en 1966 puis en 1967, deux adaptations des aventures de Derek Flint avec James Coburn, tout comme Matt Helm incarné par Dean Martin et dirigé par Henry Levin. Cette vague d'espionnite aiguë finit par atteindre la télévision avec le développement de séries bénéficiant de budgets souvent importants telles que Des agents très spéciaux (1964-1968), Les Espions (1965-1968) et Les Mystères de l'Ouest (1965-1969), autant de programmes qui vont mettre le mythe à la mode américaine. L'humour débridé et parodique remplace l'humour anglais, tout de même présent dans Chapeau melon et bottes de cuir (1961-1969), tirant ces séries vers un style plus comics avec des lumières plates, faisant ressortir les couleurs vives, et une profusion de gadgets parmi les plus fous. Malgré l'importance prise par ce phénomène et l'énorme popularité de plusieurs séries d'espionnage (certaines de ces séries finissant même par décrocher le statut envié de série-culte), le genre espionnage n'a jamais été aussi bien représenté que par les westerns, les drames médicaux et les programmes policiers. Cela étant, les séries d'espionnage peuvent revendiquer un certain nombre de réussites, notamment le fait d'avoir donné pour la première fois un rôle majeur à un acteur noir (Bill Cosby dans Les Espions), à une femme (Annie, agent très spécial avec Stefanie Powers) voire à un Russe (David McCallum dans Des agents très spéciaux) et ce moins de trois ans après la crise de Cuba. Ainsi, au-delà de la période dorée des années 1960, les espions en tous genres ont été de loin dépassés en nombre par les figures plus traditionnelles des policiers et des détectives privés. Même lorsqu'ils apparaissent, ces espions (ou agents secrets) sont souvent présentés en tant que combattants internationaux du crime, ce qui est notamment le cas pour la série L'Homme de Vienne jouée par Robert Conrad lors de la saison 1972-1973, plutôt qu'en tant que véritables agents agissant de façon clandestine. C'est pourquoi il y a peu de programmes télévisuels relevant typiquement de l'espionnage. La plupart des séries relèvent d'un mélange de plusieurs catégories, fusion typique de la culture américaine : le western (Les Mystères de l'Ouest), la comédie (Max la Menace), ou le fantastique (Chapeau melon et bottes de cuir ou Le Prisonnier, certes d'origine anglaise mais très rapidement conçues en pensant à une diffusion sur les réseaux américains. Ainsi, à la fin des années 1970, la plupart des séries visibles à la télévision s'inspirent-elles d'un double courant. Soit le réalisme avec Hunter interprétée par James Franciscus en 1977 ou encore Matt Helm avec Anthony Franciosa deux ans plus tôt, soit la débauche de moyens dans un style James Bond avec Sloane qui apparaît quelque peu atypique dans ce contexte. Pourtant, le choix de produire une série telle que Sloane, avec des spécificités clairement identifiables quant au rôle joué par la gent féminine, les postures adoptées par les méchants de service et les motifs de ces derniers, apparaît être en adéquation avec ce qu'est devenu le personnage de 007 à la fin des années 1970. Incarné par Roger Moore, le héros de Ian Fleming a une dimension exagérée par la débauche de moyens mis en œuvre dans la conception de ses aventures. En effet, L'Espion qui m'aimait, réalisé par Lewis Gilbert, a marqué le retour de l'emploi du cinémascope pour illustrer les aventures de l'espion de sa Majesté, tendance confirmée en 1979 pour Moonraker. Il y a aussi l'emploi massif des effets spéciaux conçus par Derek Meddings, de fastueux décors imaginés par Ken Adam, et la conception de mobiles à dimension planétaire pour légitimer l'action des adversaires de James Bond (Stromberg qui, dans L'Espion qui m'aimait, veut rebâtir un monde nouveau sous la mer et Drax qui, dans Moonraker, poursuit un but similaire mais dans l'espace), ce qui a pu inciter les créateurs de Sloane à produire une série télévisée de cette ambition. PrésentationL'origine de L'homme de Vienne remonte à la décision prise par le réseau ABC qui accepte, au début des années 1970, l'idée de programmer non pas une mais trois séries en même temps, le même soir. Il est ainsi prévu que les épisodes soient diffusés en alternance, soit 8 épisodes par émission pour un total de 24 sur l'ensemble de la saison 1972-1973. Dans cette perspective, trois équipes de producteurs sont sollicitées et mises en place, chacune travaillant en parallèle sur ce programme commun appelé The Men, titre générique pour trois séries distinctes mettant en vedette des héros particuliers dans le cadre d'épisodes d'une durée de 48 minutes. Il s'agit d'une sorte de collection télévisée, démarche que les américains qualifient de programme Umbrella. Le point commun des trois séries est la mise en vedette d'un héros individualiste et dont les relations avec ses supérieurs sont souvent tendues. Pour la première série, intitulée Jigsaw, Stanley Kallis et Harry Tatelman conçoivent les exploits de Frank Dain, interprété par James Wainwright, un lieutenant du Service des personnes disparues, agence installée dans la ville de Sacramento. La particularité de Frank Dain étant son habileté pour trouver des indices et ainsi favoriser la découverte des personnes recherchées. Pour la seconde série, Sam H. Rolfe conçoit The Delphi Bureau (en) (dont le pilote a été diffusé par France 3) qui met en vedette cette fois l'agent Glen Garth Gregory, dont le rôle-titre est tenu par Laurence Luckinbill, un enquêteur du Delphi Bureau qui est en fait une agence dépendant directement du Président des États-Unis et chargée de la Sécurité Nationale, un ancêtre de l'actuelle NSA (National Security Agency) en somme. Le point commun de ces deux programmes, auxquels s'ajoute L'Homme de Vienne, est le monde de l'espionnage et/ou d'agents ayant des qualités particulières même si le personnage de Frank Dain apparaît comme étant plus conventionnel. À ce titre, Sam Rolfe fut à l'origine de la série Des agents très spéciaux et Stanley Kallis a longuement œuvré sur Mission impossible. Production et diffusionDans le cas particulier de L'Homme de Vienne, c'est un classique de l'univers de l'espionnage, en l'occurrence un agent basé à l'étranger, dans une ville à mi-chemin entre l'Est et l'Ouest avec, comme toile de fond, les possibles tensions internationales, même si, pour L'Homme de Vienne, les méchants ne sont pas forcément russes, Détente oblige. En effet, Jake Webster est souvent sollicité pour combattre des malfrats internationaux dont les actes peuvent mettre en péril les intérêts de plusieurs pays dont souvent ceux des États-Unis. À l'origine, Eric Bercovici et Jerry Ludwig ont écrit un concept d'aventures localisant le héros dans le cadre de la ville de Munich. Roy Scheider a été initialement pressenti pour être l'agent Jake Webster dans le pilote qui s'intitulait Assignment : Munich (Un dangereux rendez-vous) et Richard Basehart était le major Barney Caldwell son supérieur direct. Toutefois, en , Roy Scheider est nommé pour l'Oscar second rôle pour French Connection de William Friedkin et il lui devient inenvisageable de s'engager pour une série de longue durée. Face au refus du comédien, Bercovici et Ludwig se tournent vers un spécialiste de ce type de rôle : Robert Conrad. Ce dernier s'engage alors pour la série, entraînant dans son sillage le chef cascadeur Tom Huff, avec lequel il a collaboré à l'époque des Mystères de l'Ouest. Le tournage des huit épisodes de L'Homme de Vienne (les aventures de Jake Webster ont été délocalisées car la ville de Vienne semblait plus photogénique et attractive que Munich) a eu lieu de juillet à . Les taux d'écoute de L'Homme de Vienne ont été satisfaisants mais pas au point de sauver l'ensemble du projet The Men. Personnages
Jake Webster est le prototype d'un ex des services secrets qui continue de proposer ses services à son supérieur le Major Caldwell. Webster semble avoir sillonné l'Europe plusieurs années. En effet, l'épisode Double Jeu montre un Jake Webster en action en Albanie cinq ans plus tôt, soit en 1967, à tenir compte de la chronologie. Quant à son attitude tout au long des 8 épisodes que compte la série, elle est aux antipodes de celle de Thomas Remington Sloane dans Sloane, agent spécial que joue Conrad dans cette production Quinn Martin de 1979, puisque Webster se doit de demeurer discret, s'appuyant sur un réseau d'indicateurs dont certains ont une moralité plus que douteuse. En définitive, Jake Webster navigue en eaux troubles bien loin des fastes de James Bond. Dans le cadre de ses missions, Webster s'appuie sur le Major Caldwell qui, même si cela n'est pas clairement explicité dans les épisodes, représente les Services Secrets américains à Vienne (son bureau est d'ailleurs situé dans l'ambassade). Or, cette aide lui est singulièrement précieuse car Webster se heurte souvent au commissaire Hoffmann. Ce dernier n'apprécie pas du tout le comportement d'outsider de Webster et tente souvent de le mettre en état d'arrestation ou du moins de le freiner dans ses différentes entreprises.
Les ennemis de Webster sont rarement issus du monde communiste sauf dans le cas de l'épisode Double Jeu. Il s'agit plutôt de voleurs internationaux (épisode Attaque par la dame), de truands notoires et dangereux (Leslie Nielsen alias Floyd Macklin dans l'épisode La Dernière Cible et Victor Buono dans Annalisa) ou encore de mercenaires en fin de parcours (Joseph Campanella dans La Vengeance du mercenaire). Mécanismes narratifs
Il présente les images typiques de la ville de Vienne en alternance avec des plans de Robert Conrad au volant de sa Corvette jaune, un bolide utile pour les nombreuses poursuites qui jalonnent les épisodes. L'ensemble est soutenu par les partitions musicales de Dave Grusin (le compositeur attitré des films de Sydney Pollack dans les années 1970).
Avec ou sans Webster présent à l'image, elle permet de cerner ce qui est le nœud de l'intrigue : l'évasion de Floyd Macklin dans La Dernière Cible, le vol d'une couronne royale dans Attaque par la dame, l'assassinat d'un proche de Webster dans Le Mystérieux Rayon vert, etc.
Elles sont coordonnées par Tom Huff qui avait déjà travaillé avec Robert Conrad pendant de nombreuses saisons à l'époque de la série Les Mystères de l'Ouest. Toutefois, comme le tournage avait lieu en Europe, Gerry Crampton, cascadeur d'origine anglaise, a utilisé des artistes-cascadeurs basés à Londres et dont les spectateurs ont apprécié les prouesses dans nombres d'épisodes de séries britanniques. Les scènes d'action de L'Homme de Vienne se caractérisent par un sens de l'efficacité : bagarres rapides et soigneusement chorégraphiées où Robert Conrad peut apporter toute sa crédibilité de boxeur, poursuites en voitures dans un style qui rappelle celles de Bullitt et de French Connection, poursuites à pied, etc. Acteurs
Fiche technique
Guide des épisodes
Rediffusion sur FR3 pendant l'été 1990. Pilote : Un dangereux rendez-vous
Épisode 1 : La Dernière Cible
Épisode 2 : Poursuite dans la ville
Épisode 3 : Attaque par la dame
Épisode 4 : Annalisa
Épisode 5 : Une certaine vieille dame
Épisode 6 : La Mystérieuse lueur verte
Épisode 7 : Double Jeu
Épisode 8 : La Vengeance du mercenaire
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Lien externe
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