La bande son du film comprend une musique originale composée par Anton Karas ; celui-ci interprète à la cithare le Thème de Harry Lime qui eut un succès planétaire et fut fréquemment réutilisé par la suite. Karas avait été repéré par Carol Reed dans un restaurant viennois proche de la grande roue du Prater de Vienne[1].
Synopsis
Holly Martins, petit écrivain américain, se rend en Autriche dans la Vienne de l'après-guerre, capitale divisée en quatre secteurs d'occupation alliés, et ce, sur l'invitation de son ancien compagnon d'études Harry Lime, qui lui a fait miroiter l'occasion de gagner de l'argent. Martins ira de surprise en surprise en découvrant que son ami est mort et tentera de découvrir la vérité sur la cause de son décès.
Résumé
Holly Martins, auteur américain de romans de western, arrive dans la Vienne de l'après-guerre sur l'invitation de son vieil ami, Harry Lime, qui lui a offert un emploi sans en préciser ni le domaine, ni les modalités. Dès son arrivée, Martins apprend avec stupéfaction que Lime a été tué par une voiture alors qu'il sortait du palais Pallavicini, où il résidait, et traversait la chaussée pour rejoindre un ami de l'autre côté de la Josefsplatz.
Lors des funérailles, Martins rencontre deux membres de la police militaire britannique, le sergent Paine, un lecteur assidu de ses livres, et le major Calloway qui n'en a jamais entendu parler. Par la suite, M. Crabbin, responsable des services culturels alliés, demande à Martins de faire une conférence dans un club de lecture quelques jours plus tard. Martins est approché par un ami de Lime, le « Baron Kurtz », qui lui raconte comment Lime est mort sous les roues d'une voiture. Lui et un Roumain du nom de Popescu ont transporté Lime sur le trottoir, au centre de la place. Avant de mourir, Lime leur a demandé de prendre soin de sa petite amie, Anna Schmidt, actrice du Theater in der Josefstadt, ainsi que de Martins.
En enquêtant sur la mort de Lime, Martins découvre que les témoignages divergent sur la question de savoir si deux hommes, ou bien trois, ont emporté le corps vers le centre de la place. Le portier du palais Pallavicini, témoin de l'accident, affirme qu'un « troisième homme » se trouvait là et propose d'autres informations mais il est assassiné avant de pouvoir parler. Au Sacher, qui sert d'hôtel aux Alliés, Martins exige une enquête officielle sur la mort de son ami. Le major Calloway lui révèle que Lime et divers comparses volaient de la pénicilline dans les hôpitaux militaires et qu'ils la diluaient pour la revendre au marché noir. Ce produit trafiqué, utilisé dans des cas de gangrène ou de méningite, a tué ou gravement handicapé de nombreuses personnes. Une fois convaincu par des preuves tangibles, Martins se résigne à quitter Vienne.
Le soir même, Martins va faire ses adieux à Anna et, soudain, il aperçoit au-dehors, dans la pénombre d'une porte cochère, Lime qui l'épie avec un sourire en coin et s'enfuit aussitôt. Calloway comprend que Lime s'est échappé par les égouts. Plus tard, la police exhume la dépouille supposée de Lime : le corps est en réalité celui d'un infirmier qui volait de la pénicilline pour le compte de Lime. De son côté, Anna est menacée d'être envoyée dans le secteur soviétique, car elle vient de Tchécoslovaquie.
Martins obtient une rencontre avec Lime près de la grande roue du Prater, dans laquelle ils montent pour discuter. Lime lui explique la raison de sa fausse mort, puis le menace indirectement. Avant de s'esquiver, il exprime son cynisme par cette déclaration : « En Italie, pendant trente ans, sous les Borgia, ils ont eu la guerre, la terreur, le meurtre, les effusions de sang, et ils ont produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu l'amour fraternel, cinq cents ans de démocratie et de paix, et qu’est-ce que cela a donné...? La pendule à coucou[2]. »
Calloway demande à Martins de l'aider à capturer Lime, ce qu'il accepte à condition qu'Anna soit conduite en toute sécurité vers la zone occidentale. Anna monte dans son train lorsqu'elle aperçoit Martins, venu observer son départ. Elle lui fait avouer le plan, mais refuse d'y prendre part. Exaspéré, Martins décide de quitter Vienne, mais, sur le chemin de l'aérodrome, Calloway s'arrête dans un hôpital pour montrer à Martins des enfants à l'agonie, victimes de la pénicilline de Lime. Martins finit par accepter d'aider à nouveau la police.
Plus tard, Lime arrive dans un petit café pour rencontrer Martins, mais Anna le prévient que la police s'approche. Lime s'échappe par les tunnels d'égout, où il est poursuivi par la police. Après s'être caché, Lime tire sur Paine et le tue, mais Calloway tire à son tour, blessant Lime. Grièvement touché, celui-ci gravit péniblement un escalier métallique jusqu'à une grille de rue, mais ne peut la soulever. Martins le rejoint et entend Calloway lui crier de tirer à vue sur Lime. Lime et Martins échangent un regard entendu puis Martins tire sur Lime et le tue avec le revolver de Paine.
Le deuxième enterrement de Lime a lieu et, au risque de manquer son vol pour quitter Vienne, Martins attend dans l'allée du cimetière pour parler à Anna mais celle-ci passe devant lui sans s'arrêter.
Le film est généralement connu pour avoir innové avec des plans cassés, pour le visage d'Orson Welles subitement éclairé dans l'embrasure d'une porte et surtout pour la scène finale de poursuite dans les égouts de Vienne.
La ville est dépeinte par Carol Reed avec un véritable souci documentaire, et en même temps avec la force d'un style cinématographique qui se ressent de l'influence de l'expressionnisme allemand.
Au total, trois équipes de tournage ont été utilisées en parallèle : une de nuit, une de jour et une pour les égouts. Reed insista pour diriger chaque unité, ce qui lui valut de travailler 20 heures par jour.
Pour rendre les trottoirs et les rues visibles dans les prises de vue nocturnes, ils étaient maintenus constamment arrosés par des pompiers viennois.
Dans la scène de la grille d'égout, ce sont les mains du réalisateur Carol Reed qui sont utilisées.
Carol Reed voulait à l'origine James Stewart pour le rôle de Holly Martins. C'est le producteur David O. Selznick qui imposa Joseph Cotten, qui était sous contrat avec sa société à ce moment-là. Mais il eut gain de cause pour le rôle de Harry Lime, Noël Coward étant le premier choix de Selznick qui n'appréciait guère Orson Welles qui l'avait traité de « poison du box-office ».
La musique du film, composée et jouée à la cithare par Anton Karas, demeure très célèbre. Elle se classa durant onze semaines en tête des meilleures ventes américaines de disques entre avril et .
Dans la version américaine du film, c'est Joseph Cotten qui prête sa voix au narrateur.
Bernard Lee et Robert Brown furent plus tard deux des interprètes de « M » dans des films de la saga James Bond. L'assistant réalisateur était Guy Hamilton, futur metteur en scène de plusieurs opus de la même série. Geoffrey Keen sera, lui, le ministre de la Défense pendant la période Roger Moore. John Glen (futur réalisateur de cinq films James Bond) fut assistant monteur sur ce film (non crédité au générique). Dans le quinzième film James Bond, Tuer n'est pas jouer (1987) avec Timothy Dalton, John Glen fait référence au film de Carol Reed, à travers sa mise en scène, dans plusieurs séquences, notamment la scène de la grande roue au Prater avec Kara Milovy. Une scène singulière tournée dans la ville de Vienne.
(Roman développé par Graham Greene à partir de son scénario).
Études et essais sur le film
(en) Charles Drazin, In Search of the Third Man, New York, Limelight, , XIV-209 p. (ISBN0-87910-294-2).
(en) Gene Daniel Phillips, Graham Greene : The Films of his Fiction, New York / Londres, Limelight, coll. « Studies in Culture and Communication », , XXIII-203 p.
(en) Rob White, The Third Man, BFI Publishing, coll. « BFI Film Classics », , 88 p. (ISBN978-0-85170-963-5).