Kunta Kinte
Kunta Kinté est un personnage de fiction, héros du roman Racines d'Alex Haley, et des mini-séries télévisées Racines. Décrit à l’origine comme « fiction », mais vendu en librairie dans le rayon des ouvrages non romanesques, Racines a été décrit par Alex Haley comme un mélange de faits et de fiction[1]. Haley a déclaré que le personnage de Kunta Kinte était basé sur l’un de ses ancêtres : un Gambien né en 1750, asservi, emmené en Amérique et mort en 1822, mais l’historicité de Kunta Kinte est contestée[2]. HistoricitéAlex Haley a affirmé que ses sources pour les origines de Kinte étaient la tradition familiale orale et un Gambien, Kebba Kanga Fofana, qui affirmait être un griot ayant des connaissances sur le clan Kinte qu’il a décrit comme une famille dans laquelle les hommes étaient des forgerons, issus d’un marabout nommé Kairaba Kunta Kinte, originaire de Mauritanie. Selon Haley, Fofana lui aurait dit : « À peu près au moment où les soldats du roi sont venus, l’aîné de ces quatre fils, Kunta, a quitté ce village pour couper du bois et n’a jamais été revu[3]. » Des enquêtes menées par des journalistes et des historiens ont découvert que Fofana n’était nullement griot. De plus, en racontant l’histoire de Kinte, Fofana a changé des détails cruciaux, dont le nom de son père et de ses frères, son âge et même l’année où il est censé avoir disparu. À un moment, il a même placé Kunta Kinte dans une génération vivant au XXe siècle. On a également découvert que les anciens et les griots étaient incapables de donner des lignées généalogiques fiables remontant au-delà du milieu du XIXe siècle ; seul Kunta Kinte faisait apparemment exception. Le directeur des Archives nationales de Gambie a même écrit à Alex Haley pour lui faire part de ses doutes sur la fiabilité de Fofana. Lors de récits répétés de l’histoire, ce dernier a changé les détails sur lesquels Haley s’était basé pour son identification[4],[5]. En fait, il semblerait que Haley ait raconté son histoire de Kunta Kinte à tellement de gens qu’il a fini par générer une référence circulaire : au lieu d’une confirmation indépendante de l’histoire de Kunta Kinte, il n’a entendu, en réalité, que l’écho de ses propres propos[4],[5]. Lorsque Racines est devenu célèbre à l’échelle nationale, l’auteur américain Harold Courlander s’est aperçu que la section décrivant la vie de Kinte était en fait tirée de son propre roman l'Africain, relatant l’histoire de Hwesuhunu, jeune Africain enlevé à sa patrie par des esclavagistes français pour être vendu comme esclave à Sainte-Lucie puis sur une plantation de Géorgie. Alex Haley a commencé par rejeter l’accusation avant de publier, par la suite, une déclaration publique reconnaissant que le livre de Courlander avait été la source de Racines. Selon lui, l’erreur est due à l’un de ses assistants. Harold Courlander a intenté un procès pour violation du droit d’auteur à Alex Haley qui, en échange de l’abandon du procès en plagiat, a reconnu que 81 passages de Racines sont recopiés de l’Africain[6], et dédommagé Courlander de 650 000 $ (soit l’équivalent de $ 2.5 millions de dollars en 2016)[7]. Dans une interview accordée 4 ans plus tard à la BBC, le juge Ward a déclaré : « Alex Haley a commis un canular contre le public[8]. » Courlander a, quant à lui, rédigé en 1986 un article intitulé « Kunta Kinte’s Struggle to be African » (Les efforts de Kunta Kinte pour être africain), détaillant les différences entre le personnage de Kunta Kinte et les documents historiques concernant les Africains de la période précédant l’esclavage. Parmi les comportements non africains de Kunta, on relève des manifestations de colère et de rage aveugles, un sens de l’odorat presque animal, une pudibonderie et des actions inconnues dans la culture des Mandingues, et qui signalent les nombreuses déformations et ambiguïtés du roman d’Haley[9]. Pour Courlander,
Haley dépeint, de façon presque insultante pour les Africains, les Mandingues de l’époque de Kunta comme des arriérés ignorant tout de l’Europe, alors que ceux-ci n’ignoraient rien des navires, des canons, des mousquets ou du verre, possédant des forgerons capables de fondre les métaux et de travailler l’or, l’argent le laiton et des artisans en mesure de fabriquer aussi bien les mousquets que la poudre à canon. Or, Kunta est décrit par Haley comme n’ayant jamais vu un mousquet, un navire, un rasoir, un violon, un cheval ou même une conque, pourtant couramment utilisée en Afrique[9]:296-7. Pour Coulander, loin d’augmenter la connaissance de l’Afrique et des Africains, Haley en offre une perception faussée, dégradée et dégradante, et il conclut :
CaractéristiquesKunta Kinte est musulman. Il a été capturé et transporté à Annapolis puis vendu à un planteur à Spotsylvania County en Virginie. Trame romanesqueLe roman de Haley commence à la naissance de Kunta, à Juffure, dans l'actuelle Gambie en . Kunta est le premier de quatre enfants du guerrier mandingue Omoro et de sa femme Binta Kebba. Haley décrit l'éducation stricte de Kunta et les rigueurs de l'entrainement par lequel il passe. Un jour de 1767, alors que le jeune guerrier était sorti du village afin de trouver du bois pour faire un tambour, il est attaqué par deux colons blancs et deux Noirs qui le cernent et le capturent. Kunta se retrouve bâillonné, ligoté et prisonnier des hommes blancs. Haley décrit comment ils humilient le jeune guerrier en le déshabillant, le fouillant par tous les orifices et le marquant au fer rouge. Il est embarqué avec d'autres sur le Lord Ligonier, un navire négrier, pour un voyage de trois mois vers l'Amérique. Des 140 Africains, Kunta est l'un des 98 qui survécurent à la traversée. À son arrivée au Maryland, il est vendu à un planteur qui le renomme Toby. Il épouse Bell Waller – une autre esclave – et il a une fille nommée Kizzy. Il finit par être affranchi et vit comme un individu décent dans la société Kizzy est vendue quelques années plus tard pour avoir écrit une fausse autorisation de circuler pour un jeune esclave dont elle était amoureuse. Le reste du livre raconte l'histoire des générations entre Kizzy et Alex Haley, décrivant leurs souffrances en Amérique. Au début de sa vie, Kunta ne délaisse pas ses rêves de liberté et tente de s'échapper ; mais, rattrapé et brutalisé, il finit par se soumettre au régime social en vigueur. L'Afrique s'éloigne de ses souvenirs alors que les années passent. Avec le temps et sa nouvelle conduite, Kunta gagne en autonomie dans son nouvel univers et finit par devenir affranchi. Il vit chichement mais dignement, sous un nom de baptême. Ses racines africaines ne s'éteignent pas pour autant car à travers ses souvenirs et ses contes il les a rendu bien vivaces auprès de Kizzy, pourtant née en Amérique. L'histoire se termine avec le décès et l'enterrement du personnage principal, sa fille revenant sur sa tombe après la cérémonie pour graver "Kunta Kinte" sur la croix. Ce geste montre que Kizzy rejette l'intégration de son père dans la société locale. DédicacesIl y a un mémorial dédié à Kunta Kinte à Annapolis. C'est l'un des rares monuments au monde à porter le nom d'un esclave africain. La plaque de Kunta Kinte a été volée 48 heures après son installation en 1981, probablement par le Ku Klux Klan. Elle ne fut jamais retrouvée, mais remplacée deux mois plus tard. Mentions artistiques
Le chanteur Akon le mentionne dans la chanson Shake down . Kunta Kinte bracelet Le rappeur Alpha Wann fait référence à Kunta Kinte dans le titre Rap Catéchisme en featuring avec Freeze Corleone issue de l’album La Menace Fantôme sortit en 2020 [12]. Notes et références
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