Klavdij Sluban, né à Paris, le , est un photographe franco-slovène.
Biographie
Né à Paris le , il passe son enfance, jusqu'à l'âge de sept ans et demi, dans le village de Livold en Slovénie.
En France, il poursuit des études secondaires et supérieures. Il obtient en 1986 une maîtrise de littérature anglo-américaine dont le sujet est L'adolescent dans la littérature anglo-américaine. À la même période il dispose d'une bourse de l'Agrégation qu'il utilisera pour un voyage d'une année en Italie.
Très tôt, vers l'âge de quatorze ans, il se passionne pour la photographie qu'il apprend en autodidacte, puis il effectue un stage de tirage noir et blanc dans l'atelier de Georges Fèvre.
Après cela, il voyage un temps avant de revenir à Paris. À cette époque, il est également traducteur de poésie slovène. Finalement, il part s'installer avec femme et enfant dans la campagne slovène avant de bientôt devoir reprendre la route à la suite du déclenchement de la guerre en Yougoslavie et la sécession de la Slovénie.
C'est à son retour en France qu'il décide de se consacrer entièrement à la photographie, qu'il pratique essentiellement en noir et blanc.
Pour chercher à comprendre ce qui se passe dans son pays d'origine, la Yougoslavie, il repart vers les zones de combat et se retrouve sur les principaux fronts de la guerre dont Vukovar, Dubrovnik et Osijek. De ce qu'il a vu, il ne prend aucun cliché et avoue : « Je voulais comprendre, mais je n'ai pas compris, pourquoi un homme saisit un fusil et court tuer son voisin. Parce que c'était ça la guerre en Yougoslavie, qui a été déclarée un beau jour, par une belle matinée ensoleillée. Voilà, je n'étais pas reporter de guerre. Il y avait certaines photographies que je pouvais faire, et d'autres que je ne pouvais pas. »
Photographe itinérant et indépendant (il ne fait partie d'aucune agence) avec son sac à dos, avançant sans contrainte ni buts prédéfinis, avec seulement son Leica en bandoulière et presque pas de confort, il voyage seul à pied, en train, bus, bateau… Ne cherchant jamais le scoop ni l'extravagance, il laisse venir l'instant sans le provoquer.
En 1995, après un an de négociations avec l'administration, il entreprend d'animer un atelier photographique au CJD (Centre pour jeunes détenus) de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Par le biais de la technique et du savoir qu'il transmet aux adolescents emprisonnés, il leur offre un espace de liberté dans cet espace clos qu'est la prison.
Devant la qualité du travail des participants, il décide d'exposer leurs travaux à l'intérieur de la prison. Il invite Henri Cartier-Bresson, qui viendra encourager les apprentis-photographes au cours de plusieurs rencontres étalées sur une année, essentiellement durant l'été et les vacances scolaires, sur une durée de sept ans, de 1995 à 2001. Ainsi, au fil du temps, l'atelier s'étoffera avec la venue d'autres photographes tels Marc Riboud et William Klein.
La réussite de cet atelier l'incite à poursuivre son projet et, en 1998, il en crée de même avec des jeunes détenus de centres de détention en ex-Union soviétique (Russie, Ukraine, Géorgie, Moldavie, Lettonie). Puis en 2000 trois autres voient le jour, dont un dans l'unique prison pour jeunes détenus de Slovénie à Celje, ainsi qu'à Krusevac et Valjevo en Serbie.
En 2001, l'administration pénitentiaire française lui notifie qu'il doit cesser son travail à Fleury-Mérogis. Son atelier s'achève donc ainsi, pour la France seulement.
Parallèlement à cela, il présente Paradise Lost, travail sur les îles Caraïbes et Jérusalem(s) en faveur d'une association française engagée pour la paix.
En 2004, il expose un diaporama sur une communauté de Roms sédentarisés de la ville de Saint-Étienne, dans le cadre du Festival Transurbaines de la ville.
En 2006, il participe au festival Le Printemps Français en Indonésie où il expose sa nouvelle sérieAprès l'obscurité… habis gelap et anime un atelier aux Rencontres d'Arles. D'octobre à novembre, la ville de Rennes expose sur la place de l'hôtel de ville un ensemble de quarante photographies grand format intitulé D'ailleurs… La même année, poursuivant sa démarche dans les prisons pour jeunes détenus, il crée des ateliers à la St Patrick's Institution de Dublin en Irlande.
À partir de 2007 et toujours sur la même thématique, il travaille cette fois avec les maras, gangs d'adolescents d'Amérique centrale. Il installe ses ateliers au sein des prisons de la Zona 18 et de Chimaltenango au Guatemala ainsi qu’à celles de Izalco et Tonacatepeque au Salvador.
À l'occasion d'une exposition à la galerie Le Bleu du ciel dans le cadre du festival « Lyon Septembre de la Photographie 2008 », il présente un travail réalisé avec son fils Marko en numérique et en couleur : Retour-aller.
Le titre de Citoyen d’Honneur lui est attribué par la ville de Lannion en Bretagne.
L'European Publishers Award for Photography (EPAP) lui est décerné en 2009. Ce prix récompense le travail réalisé autour du cycle Transsibériades. Ce projet au long cours s'étalant sur la période de 2001 à 2008 couvre un vaste espace que le photographe a parcouru à bords du Transsibérien, du Transtibétain et du Transmongol. Le prix comprend la publication à l’échelle européenne (France, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne et Grèce) de l’ouvrage Transsiberiades préfacé par l’écrivain italien Erri De Luca où l’on retrouve les images réalisées en Russie, Chine, Estonie, Lettonie, Suède, Finlande, Sibérie et Mongolie ainsi que le long de la mer Baltique.
Le départ, depuis La Réunion, est fixé fin pour un retour prévu fin . À l’issue de cette expérience des expositions sont organisées, notamment durant Les Rencontres d’Arles 2012.
Un timbre postal a été édité à l’initiative de l’administration des TAAF, utilisant une photographie de K.Sluban.
Dans le cadre des Rencontres d'Arles 2013, Klavdij Sluban présente une exposition autour de Hauteville House, la maison de l'écrivain Victor Hugo à Guernesey.
Travaux principaux
Balkans-Transit (1992-1996)
Entre parenthèses : adolescents en prison (commencé en 1995, toujours en cours)
Au musée Niépce à Chalon sur Saône, son exposition rétrospective « Après l’obscurité », Klavdij Sluban se propose de mettre en perspective son œuvre réalisée entre 1992 et 2012. Aux quatre coins du monde, cet artiste photographie l’atmosphère d’une ville, la noirceur d’une geôle, la solitude d’une île. Un monde souvent chaotique où l’homme n’est jamais loin. Ces images sont hors du temps. L’usage unique du noir et blanc, l’aspect charbonneux et le grain marqué des tirages argentiques en ont toute la beauté.
Invité par l'association Destin Sensible, à l'Université d'Artois, Klavdij Sluban expose "adolescents entre parenthèses" et anime un workshop photo avec les étudiants de l'Université d'Arras pendant une semaine (un catalogue d'exposition "sur la ligne" Edition destin sensible- mobilabo.com, restitue ce travail http://issuu.com/destin-sensible/docs/surlaligne_artois2013_v4)
Entre parenthèses, regard sur l'univers carcéral, Actes Sud, Photo Poche coll. Société, 2005
10 ans de photographie en prison, livre + dvd, L'œil électrique éditions, 2005
East to East, Musée des Beaux-Arts de Canton, Chine, 2006
European Publishers' Award for Photography: Transsibériades / East to East : Actes Sud, Dewi Lewis Publishing, Edizioni Peliti, Braus Verlag, Lunwerg Editores, Apeiron editions, 150 pages, préface d'Erri de Luca.
Documentaires
Métropolis, Arte, 1997
La photo c'est de la bombe, une expérience photographique au CJD de Fleury-Mérogis, émission radiophonique, Nuits Magnétiques, France-Culture, 28/11/1998
In L'Amour tout court, Henri Cartier-Bresson, Les Films à Lou, Arte, 2001
Photo-Photographe, CNDP/La 5e, 2001
Derrière la page, Coup d'œil/Arte, Metropolis, 2002
Prix et bourses
1996 : Bourse d'aide à la création, DRAC, Île-de-France, pour le projet sur les prisons
1998 : Lauréat de la Villa Médicis hors les murs, pour le projet sur la mer Noire
2006 : The Art Council of Ireland, bourse et résidence Saint-Patrick Institution
2008 : Centre National des Arts Plastiques/Ministère de la Culture, bourse pour le projet Amerika, etc.
2009 : European Publishers Award for Photography (EPAP)
Collections
Fonds National d'Art Contemporain de la Bibliothèque Nationale de France
Maison Européenne de la Photographie, Paris, France
Centre d'Art et de Culture Georges Pompidou, Paris, France
Galeries Photo-Fnac, France
Galerie du Château d'Eau, Toulouse, France
NSM Vie / ABN AMRO, Paris, France
Musée Réatu, Arles, France
Metropolitan Museum of Photography, Tokyo, Chine
Musée de la Photographie, Braga, Portugal
Musée d'Art Moderne, Ljubljana, Slovénie
Musée Pouchkine, Odessa, Ukraine
Musée National d'Estonie
Musée de la Photographie, Finlande
Musée des Beaux-Arts de Canton, Chine
Musée des Beaux-Arts de Shangai, Chine
Harvard University, Edwin C.Cohen collection, États-Unis
Divers
Le livre Balkans-Transit a été adapté et mis-en-scène au théâtre par Anne Dimitriadis en 2003 sous le titre "De ceux qui sont restés, de ceux qui sont partis, Balkans-Transit".