Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français) មាត្រា ១ មនុស្សទាំងអស់ កើតមកមានសេរីភាព និងសមភាព ក្នុងផ្នែកសេចក្ដីថ្លៃថ្នូរនិងសិទ្ធិ។ មនុស្ស មានវិចារណញ្ញាណនិងសតិសម្បជញ្ញៈជាប់ពីកំណើត ហើយគប្បីប្រព្រឹត្ដចំពោះគ្នាទៅវិញទៅមក ក្នុង ស្មារតីភាតរភាពជាបងប្អូន។
Carte
Carte de la répartition du khmer et du khmer du Nord.
Le cambodgien est principalement parlé au Cambodge et dans les zones limitrophes comme en Thaïlande par les « Khmers Surin » dans la région de l'Isan et les « Khmers Krom » au Viêt Nam dans le delta du Mékong, territoires qui appartenaient autrefois au Cambodge.
C'est une langue mono-dissyllabique (les mono-dissyllabes sont la structure de base de son vocabulaire) avec une tendance générale à la monosyllabisation[5]. Elle est non tonale, contrairement au vietnamien, l'autre grande langue môn-khmère (qui, elle, a subi l'influence du chinois).
Le khmer a ensuite été fortement influencé par le sanskrit dans son lexique usuel (ស្រី /srǝy/ « femme » ; ចោរ /cao/ « voleur ») mais surtout religieux, intellectuel (Bhasa, la langue, est devenue Pheasa) et royal (exemple Râja, le roi, est devenu Reachea)[6].
Le khmer a ensuite été influencé par le pali, devenue la langue liturgique du Cambodge après l'adoption du bouddhisme en remplacement de l'hindouisme ; l'influence de cette langue se retrouve à présent dans le vocabulaire des moines.
La langue khmère a été ensuite influencée par l'arrivée des Thaïs et des Français. La langue thaïe a de son côté emprunté au khmer à peu près la moitié de son vocabulaire.
À l'heure actuelle, des mots anglais font leur apparition en khmer via l'adoption des nouvelles technologies.
La principale différence entre le môn, le khmer et le vietnamien est que le vocabulaire du khmer a connu un apport massif de sanskrit et de pâli, tandis que le vietnamien a été, en raison de près de mille ans de domination chinoise, plus influencé par le chinois. Le môn lui a été peu influencé par le sanskrit et le pâli et a conservé une certaine « pureté » austroasiatique[7].
Bien qu'il y ait une grande homogénéité linguistique au Cambodge, on note toutefois certaines différences régionales importantes.
Les différents parlers khmers sont :
le khmer central ou khmer standard, parler dominant au Cambodge.
le khmer central dans sa version dialectale phnompenhoise, suffisamment différent du khmer standard pour que les jeunes diplômés en khmer de l'Inalco aient des difficultés à comprendre la langue orale lorsqu'ils arrivent pour la première fois dans la capitale cambodgienne.
Français
Khmer standard
Khmer de Phnom Penh
cent
rooy
hooy
pauvre
krââ
k'ôôa
femme
srey
s'èèy
poisson
trey
th'èèy
éléphant
dâmrey
th'mèèy
alcool
sraa
s'èèa
cinq
pram
ph'èèam
beaucoup
tchraeun
tch'eueun
un peu
bântetch
'ntetch
neuf (chiffre)
pram buon
'mbuon
dix-neuf (deuxième forme)
pram buon dândâp
'mbuon 'ndâp
Phnom Penh
Phnum Penh
'mpenh
une seule fois/directement
tae muoy dââng
th'môâng
La chute du [r] dans le complexe consonantique initial serait due à l'influence de la communauté marchande chinoise de Phnom Penh, les langues chinoises n'admettant pas de tels groupes consonantiques initiaux[8]. D’un point de vue phonétique, la chute du [r] engendre les traits suivants : voix soufflée + variations de hauteur + diphtongaison de la voyelle + plus grand degré de fermeture de la voyelle[9].
le khmer du nord ou le « khmer de Surin », parler du nord-est de la Thaïlande (principalement dans les provinces de Surin, Khorat, Sisaket, Buriram), particulièrement vivant dans les campagnes mais régulièrement remplacé par l'isan ou le thaï dans les villes[8].
le « khmer Khe », parlé dans la province de Stung Treng, le long des vallées fluviales de la Se San, de la Srepok et de la Sekong ainsi que dans les districts de Siem Pang. À la suite du déclin d'Angkor, les Khmers avaient abandonné leurs territoires du nord, à la frontière laotienne. Au XVIIe siècle, le roi Chey Chetha XI conduisit une force khmère à Stung Treng pour reprendre la zone. Les Khmers Khe sont très probablement les descendants de ce groupe[11].
Il existe également une quinzaine de voyelles indépendantes, (ou voyelles complètes) à valeur historique, qui tendent à être remplacées par la combinaison de la consonne អ /ʔɑɑ/ (ou des consonnes រ /rɔɔ/ et ល /lɔɔ/) et des voyelles dépendantes.
Notas: Le son des voyelles indépendantes varient souvent d'un mot à l'autre. Les nombres de voyelles indépendantes varient d'un ouvrage à un autre. Dans un processus de simplification de l'écriture, certaines de ces lettres pourraient disparaître et être remplacées par leur équivalent phonétique.
Voyelles indépendantes
Lettre
Son
Lettre
Son
Lettre
Son
Lettre
Son
Lettre
Son
ឥ
eːi
ឦ
i:
ឧ
u:
ឧុ
əo
ឪ
əw
ឫ
rɨ
ឬ
ru:
ឭ
lə
ឮ
lu:
ឯ
ae
ឰ
ai
ឱ
a:o
ឲ
a:o
ឩិ៏
əw
Lexique
Différents registres de langue
Le khmer emploie un système de registres de langue dépendant de la hiérarchie sociale, selon les positions respectives du locuteur et de l'interlocuteur. Les différents registres (comme ceux du français « familier », « courant », « poli ») emploient des mots différents. La communication se fait avec le registre dit « neutre » même si les habitants de villages isolés emploient entre eux un registre familier, les moines un registre khméro-pali et la famille royale un registre se rapprochant du langage des grands rois khmers.
Le tableau ci-dessous donne la transcription phonétique approximative des nombres cardinaux en môn, en khmer, en mường khến et en vietnamien, et leur traduction en français :
Môn
Khmer
Mường Khến
Vietnamien
Français
mòa
muoy
mộch
một
un
ba
pii
hal
hai, đôi
deux
poa’
bey
pa
ba
trois
pon
buon
pốn
bốn
quatre
masang / masun
pram
đăm
năm
cinq
karaw / taraw
pram muoy
kháu
sáu
six
thapo’
pram pii
pảy
bảy
sept
tacam / hacam
pram bey
thám
tám
huit
tacit / hacit
pram buon
chín
chín
neuf
cao’
dâp
mườl
mười, chục
dix
cao’ mòa
dâp muoy
mười một
onze
cao’ ba
dâp pii
mười hai
douze
co sang
dâp pram
mười lăm
quinze
ba co
m(a)phey
hai mươi
vingt
ba co mòa
m(a)phey muoy
hai mươi một
vingt et un
ba co sang/ba co sun
m(a)phey pram
hai mươi lăm
vingt-cinq
poa co sang/sun
sam sep pram
ba mươi lăm
trente-cinq
masang co/masun co
haa sep
năm mươi
cinquante
mòa klom
muoy rooy
một trăm
cent
mòa langèm/mòa ngèm
muoy poan
một nghìn
mille
mòa la’
muoy meun
mười nghìn
dix mille
mòa kat
dâp meun / muoy sen
một trăm nghìn
cent mille
On remarque une plus grande proximité entre le môn et le vietnamien qu'entre le môn et le khmer.
Synonymes d'origines et d'utilisations différentes
Comme mentionné plus haut, le khmer a emprunté une grande partie de son lexique au sanskrit, au pâli, et dans une moindre mesure et beaucoup plus récemment, au siamois, aux langues chinoises et au français.
Il y a donc une très grande richesse lexicale en cambodgien, avec souvent plusieurs mots d'origine différentes pour désigner la même chose.
Voici quelques d'exemples :
↑Michel Ferlus, Evolution vers le monosyllabisme dans quelques langues de l'Asie du Sud-Est, Société de Linguistique de Paris, Séance du 23 novembre 1996 : « Dans les langues dissyllabiques de l'ASE le mot de base est formé d'une syllabe(principale) précédée ou non d'une présyllabe. Ce type particulier de dissyllabe a été dénommé quasi-dissyllabe (en anglais : sesquisyllable ou expanded monosyllable). »
↑Jean-Michel Filippi et Hiep Chan Vicheth, Dictionnaire de la prononciation du Khmer, Phnom Penh, 2016.
↑Marie Alexandrine Martin Histoire et peuplement du Massif des Cardamomes sous la monarchie khmère. In Disciplines croisées. Hommage à Bernard Philippe Groslier, edited by Georges Condominas, 219-254. Paris: Éditions de l'EHESS, 1992.
↑khniom a pour sens ancien "esclave", neak signifie aussi "personne, être humain"
↑khniom bat a pour sens premier "esclave de (vos) pieds" (sanskritpāda), lok signifie aussi "seigneur" et "monde" (sanskrit loka)
↑preah signifie "sacré" ; khniom preah karuna signifie donc "esclave de votre compassion sacrée" (sanskrit karuṇā : "compassion") ; preah daetch preah koun, "pouvoir sacré, bienfait sacré" (sanskrit teja et guṇa) ; dans preah ang, preah est renforcé par ang qui désigne une personne vénérée, de rang royal ou religieux (du sanskrit aṅga : "corps")
↑atma vient du sanskrit ātman : "âme" (cf. Mahatma : "grande âme"), niooum signifie "parent" dans le langage religieux, proh : "homme, masculin" (écrit avec s final prononcé h) vient du sanskrit puruṣa, srey : "femme, féminin", du sanskrit strī ; oubassak vient du sanskrit et pali upāsaka (fém. upāsikā) : "disciple, dévot laïc"
↑khniom preah bat amtchah signifie "esclave des pieds sacrés du maître", toul bangkoum, "adresser (son) respect", khniom mtchah, "esclave du maître" ; preah karuna, "compassion sacrée"
↑Atet’ et Soreya sont dérivés ou analogues du sanskrit āditya (pali ādicca) et sūrya (palisuriya), deux noms du soleil
↑Chan vient du palicanda, Chandra du sanskrit candra ; on retrouve les mots lauk : "seigneur" et preah : "sacré"
↑Na Khatt vient du pali nakkhatta, analogue au sanskrit nakṣatra : "étoile, constellation" ; Dara, du sanskrit tārā
↑Preah Bat signifie "pieds sacrés" ; Chan Neath vient du sanskrit ou pali jananātha : "protecteur du peuple, roi", Reachea, du sanskrit rājā
↑Les trois termes viennent du sanskrit ou pali jīvita, jīva : "vie"
G. Cambefort, Introduction au cambodgien, Paris, Maisonneuve et Larose, 1950, VIII-80 p. (ISBN2-7068-0013-5)
Ferlus, Michel. 1992. Essai de phonétique historique du khmer (Du milieu du premier millénaire de notre ère àl'époque actuelle), Mon-Khmer Studies XXI: 57-89.
Pou, Saveros. 1992. An Old Khmer-French-English Dictionary. Paris, Cedoreck.