Julián JuderíasJulián Juderías y Loyot
Julián Juderías y Loyot, né à Madrid le et mort dans la même ville le , est un historien, sociologue, journaliste et traducteur espagnol, connu comme le principal divulgateur de l'expression et du concept de légende noire, à partir de ses études sur l'image et la propagande. BiographieJulián Juderías est le fils de (es) Mariano Juderías Bender (1836-1900), un père espagnol originaire de Manille, et d'Henriqueta Loyot, une mère française né à Paris en 1842. Sa famille est éclairée. Son père est un traducteur bien connu et l'auteur d'essais historiques[1],[2],[3]. De ses huit arrière-grands-parents, deux étaient Espagnols, cinq Français et un Allemand. À l'âge de dix-sept ans et alors trilingue (espagnol, anglais, français), le jeune Juderías commence à travailler au ministère d'État comme interprète[4]. En 1900, quatre jours seulement après la mort de son père, il obtient une place à l'École des langues orientales de Paris, avec un salaire annuel de 3 000 pesetas. Là et à Berlin, à Leipzig en Allemagne, il étudie et perfectionné sa connaissance du russe et d'autres langues slaves[3]. En septembre 1901, il est nommé jeune interprète au consulat d'Espagne à Odessa en Ukraine et y reste jusqu'en décembre 1903. Durant ce séjour, il commence à collaborer à la revue La Lectura dont il sera, de 1909 jusqu'à sa mort, le rédacteur en chef. En 1903, il retourne à Madrid. En février de l'année suivante, il obtient le poste d'« interprète de troisième classe », après avoir prouvé sa maîtrise des langues russe et hongroise. Il rencontre puis épouse le 5 avril 1905 Florinda Delgado, une indigène de La Havane, fille de l'officier de l'armée Cándido Delgado Llamas, originaire de Santibáñez de Vidriales dans la province de Zamora, et mort pendant la guerre de Cuba, et Teresa González de Madrid[5], dans la paroisse de San Marcos à Madrid. En mai 1906, naît Clementina Juderías, sa fille unique. Il devient hyperpolyglotte en maîtrisant 17 langues (allemand, bulgare, croate, danois, français, néerlandais, hongrois, anglais, italien, norvégien, portugais, roumain, russe, serbe, suédois et tchèque) en plus de sa langue maternelle[4],[3]. « En tant que sociologue, ses premiers travaux (1903) portent sur le droit du travail en Russie, un empire où il est en poste pendant plusieurs années »[4]. En 1913, Juderías remporte un concours littéraire organisé par le magazine « La Ilustracion Espaàola y Americana » avec un travail sur les manipulations présumées, les exagérations ou les falsifications d'événements historiques. Le 16 juin 1914, il est décoré de la Légion d'honneur de la République française. En février 1918, il est engagé par le journal El Debate dans lequel il écrit des articles sur la politique internationale et, le 1er mars de la même année, son entrée à l'Académie royale d'histoire est approuvée. Après la publication en 1914 de The Black Legend and Historical Truth in The Spanish and American Enlightenment, en cinq épisodes répartis sur les numéros de janvier et février, il l'a rééditée la même année, et a publié une deuxième édition en 1917, ajoutant un grand chapitre : « L'œuvre de l'Espagne ». Cette deuxième édition a été parrainée par Juan C. Cebrion »[4]. Le propos de cette Légende noire est de dénoncer la somme d’accusations lancées depuis des siècles contre l’Espagne et qui touchent à la fois la politique, les mœurs, le caractère et la culture des Espagnols, et dont l’auteur affirme qu’elles sont « fantastiques » (fabuleuses) et « grotesques », autrement dit infondées et dues exclusivement à la malveillance mue par l’envie de nations moins favorisées[6]. « Depuis lors, il y a eu de nombreuses rééditions de ce travail, toujours à partir de la deuxième édition. Il est ainsi « le premier à donner une définition (de ce) concept, ainsi qu'à étudier comment il affecte l'Espagne et les Espagnols »[4]. Julián Juderías n’est pas le premier à utiliser l'expression « légende noire », puisqu’on en trouve trace par exemple dans un discours prononcé en 1899 par Emilia Pardo Bazán, femme de lettres, déjà à propos de l’image de l’Espagne, mais il est le premier à avoir étudié et divulgué ce concept[6]. Moins de deux mois après son admission à l'Académie royale d'histoire, Juderías meurt de la grippe espagnole. De nombreuses personnalités assistent à ses obsèques et quelques jours plus tard El Débate ouvre une souscription nationale pour éviter que sa veuve et sa fille ne soient abandonnées : le Sénat verse 2 500 pesetas, le roi Alphonse XIII en verse 1 000, ainsi que l'Académie Royale d'Histoire. A la fin de la souscription, près de 30 000 pesetas sont remises à la famille, l'équivalent d'environ cinq ans de salaire du défunt. PostéritéAu moment de sa mort à 40 ans, il est l'auteur de vingt-huit livres et d'innombrables articles[4],[7]. « Dans le domaine de l'histoire, il s'est spécialisé dans l' âge moderne. On lui doit une étude sur Gibraltar et les relations hispano-britanniques au XVIIIe siècle, la biographie de quelques favoris de Felipe III et des ouvrages pionniers comme celui qu'il consacra à l'Espagne de Carlos II. Il était un féministe de premier plan… Par ailleurs, on lui doit les principaux ouvrages dans notre langue sur des fléaux sociaux tels que la pauvreté, la prostitution, l'usure et la délinquance infantile. Dans le domaine de la littérature, ses traductions et articles ont diffusé des œuvres et des auteurs étrangers alors inconnus du grand public en Espagne. Il est également l'auteur de deux ouvrages sur Quevedo, Jovellanos et Juan Valera »[4]. La figure et les contributions originales de Julián Juderías au patrimoine intellectuel espagnol ont été soit oubliées, soit pillées et manipulées[8],[5], au cours des décennies qui suivent la mort[4], jusqu'à ce que ses œuvres exercent une grande influence sur les auteurs conservateurs tels que Ramiro de Maeztu ou José Maria de Areilza[5]. Ce dernier a essayé d'identifier la critique du régime de Franco sous la légende noire et a été en grande partie responsable de la réédition des classiques de Julián Juderías[6]. Citations
ŒuvresHistoire
Sociologie
Bibliographie
Notes et références
AnnexesArticle connexeLiens externes
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