Fils d’Alfred Léon, ingénieur civil, et de Cécile Lévy, Jean Léon naît le à Pau[1]. La famille Léon s’installe plus tard quai des Chartrons à Bordeaux. En 1910 Jean Léon s’inscrit à l’École des beaux-arts de Bordeaux[2] et s’y lie entre autres avec Camille Liausu (1894-1975).
Il s’engage en août 1914. Blessé au Chemin des Dames, après 9 mois d’hôpital, il est renvoyé sur le front. Fait prisonnier en 1916 sur le champ de la bataille de Verdun, il est interné à Friedrichsfeld (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Avec ses compagnons d’infortune, ils réussissent à créer un atelier de peinture dans le camp[3]. Après trois ans de captivité, il est rapatrié et finalement démobilisé en [4].
Probablement dès 1920, il quitte Bordeaux pour Paris et s’installe à Montparnasse. Les années suivantes, il présente des toiles dans la plupart des salons parisiens. Certains critiques, comme Hoffmann[5], André Warnod[6], Gaston Varenne[7], remarquent tout de suite ce jeune artiste, rejoints par ceux qui vont désormais le suivre de salon en salon (François Thiébault-Sisson[8], Jean-Louis Vaudoyer[9], Charles Fegdal[10]…).
Jean Léon a alors pour compagne Laure Boffard-Coquat, alias Lolotte, alias Sibille[11], qui possède un atelier de tissage à Montparnasse ; « autour d’elle tout un essaim d’artistes rêvent et dessinent […] Les deux ténors se nomment Desmeures et Jean Léon. Dans le chœur, Raphaël Delorme […], Bissière, Lewino (le peintre ; Walter Lewino est son fils), Aronson […]. Des modèles, Marie-Rose et Kiki, qu’on avait déjà anoblie »[12].
En 1926 et 1927, il fait partie du groupe de la galerie du Portique, où se tiendra sa première exposition personnelle (voir Expositions).
Dans les années 1920, Bissière entraîne dans le Lot ses amis dont certains vont s’attacher à la région. Dans la commune de Marminiac, à côté de Boissièrette, la propriété de Bissière, et de Benauge, le village où va s’installer le peintre Walter Lewino en 1925, Jean Léon achète Les Rigals en 1928.
Jean Léon travaille aussi comme graphiste et décorateur. Le joaillier Mauboussin et le parfumeur Isabey comptent parmi ses clients (voir Illustration, graphisme, décoration). En 1934 il participe au Salon des Artistes Décorateurs avec une sculpture métallique éditée par Siégel[13].
Parallèlement, avec son frère Joseph Léon, ingénieur, de quinze ans son cadet, ils mettent au point un nouveau système d’enregistrement sonore portatif le Monobloc VV3 avec lequel ils se rendent en Espagne en 1936 et réalisent un grand nombre d’enregistrements (voir Recherches acoustiques).
En 1939, Jean Léon quitte Paris pour se réfugier dans le Lot. Pendant la débâcle des amis et anciens élèves de Bissière à l’Académie Ranson y trouvent également refuge : Alfred Manessier, la famille de Rylsky, Charlotte Henschel, puis Nicolas Wacker[15]... Grâce à l’aide précieuse des paysans voisins, ils arrivent à survivre avec un peu de culture, d’élevage et la coupe de bois. En 1943 Jean Léon rejoint le maquis et les FFI[16].
À la Libération, il épouse à Paris Marie-Antoinette Meynard, dite Mimi, originaire de Salviac et institutrice, de 20 ans plus jeune dont il aura deux enfants, Jean-Marie et Cécile. Il reçoit cette année-là la confirmation de la mort de sa sœur Sarah, dite Lollyse, déportée en à Sobibor[17].
Installé à Choisy-le-Roi où réside, Joseph Léon, les deux frères poursuivent un temps leur collaboration pour le compte de la société Multimoteur – futur Elipson – dont Joseph Léon sera le directeur général (voir Recherches acoustiques).
En 1957 la famille emménage à Sceaux. Jean Léon fait alors la connaissance du critique d’art et écrivain Jean Bouret qui l’encourage à exposer à nouveau. En 1961, il expose chez Jeanne Castel, l’année suivante à la Galerie du VIe, en 1963 à la Galerie Famar (voir Expositions personnelles).
Dans les années 1970, il passe de plus en plus de temps dans sa maison des Rigals et se tourne vers la peinture de paysages et de sous-bois. Le pinceau à la main, Jean Léon s’éteint en 1985 à l’âge de 91 ans.
« Le succès qu’a obtenu au Salon des Indépendants le Nu dans l’atelier, par Jean Léon, m’a incité à rendre visite à ce jeune peintre. […] C’est une belle entente des lumières, d’un exact rapport des couleurs, d’une juste observation des valeurs […] rien ne semble avoir été laissé au hasard, et la mise en page apparaît là comme un don particulier possédé par M. Jean Léon. […] Dans les portraits, Jean Léon sait trouver l’attitude et l’expression pas encore banalisées ; il donne du caractère, il a du style, de l’expression, de la vie, et cela m’apparaît avec sa Mona Doll [sic…] Jean Léon est curieux de toutes les choses de l’art ; il est curieux, méthodique, consciencieux, sincère […] » Charles Fegdal, Bonsoir,
« Comme Courbet dans son Jura natal, Jean Léon vit l’expérience des forêts. Ce peintre d’avant-garde est revenu depuis des années aux sources du grand mythe sylvestre et en a cherché le secret. […] Mais la forêt n’est qu’un prétexte au fond ! […] Ce qu’il nous crie dans ses paysages et dans ses natures mortes, c’est qu’il est temps de se ressaisir, de revenir à la vie profonde, d’écouter le battement des grands secrets naturels […] » Jean Bouret, préface pour l’exposition de 1961 chez Jeanne Castel
De 1930 à 1939, Jean Léon se consacre à des études chromatiques. En 1937, l’Exposition internationale organisée à Paris a pour thème « Art et Technique dans la Vie moderne ». Le Palais de la découverte créé pour cette occasion présente l’exposition « L’Art et la Science ». Proposée par René Huygue, conservateur des Peintures au Musée du Louvre, elle est organisée par Michel Florisoone qui fait appel à Jacques Lassaigne ainsi qu’aux peintres Jean Léon et Nicolas Wacker. Dans la salle consacrée aux inventions modernes et leur importance dans l’art impressionniste et cubiste, une construction mobile de Jean Léon permet la représentation et le classement de toutes les couleurs franches perceptibles[14].
Recherches acoustiques
Parallèlement dans les années 1930, avec son frère Joseph Léon, ingénieur formé aux Arts et Métiers qui travaille alors à la sonorisation des salles de cinéma, ils mettent en place un système d’enregistrement sonore portatif, le « Monobloc VV3 »[41]. Ils se rendent en Espagne au début de la guerre civile et réalisent au moyen du VV3 un grand nombre d’enregistrements.
En 1948, Joseph Léon est nommé directeur général de Multimoteur devenu Elipson en 1951. Jean continuera de travailler aux côtés de son frère Joseph notamment pour le dessin et la conception des modèles en plâtre ainsi que les essais acoustiques.
Illustration, graphisme, décoration
Affiches, illustrations, mises en page, décoration… Jean Léon travaille pour une clientèle variée.
Vers 1919-1922 pour la Poterie de Ciboure, il décore plusieurs pièces d’Egard Lucat (1883-1953)[42].
En 1928 pour la maison Isabey, il dessine annonce[43] et stand d’exposition, ce dernier en collaboration avec René Herbst[44].
Il conçoit également des mannequins « admirés de tout Paris et que l’étranger a prestement copiés »[45], sans doute pour Siégel.
En collaboration avec ses amis peintres, il réalise diverses commandes : couverture de l’Almanach Écho de Paris avec Desmeures, affiche toujours avec Desmeures[12], paravent pour le restaurant Prunier avec Bissière[47]...
↑Vaudoyer rapporte les envois de Jean Léon dans une dizaine de comptes rendus de salons parus dans L’Écho de Paris et Le Crapouillot entre 1922 et 1927.
↑Fegdal consacre un premier article à Jean Léon le dans Bonsoir et le suit jusqu'en 1925.
↑sur Sibille et l’après-guerre voir Julien Dieudonné et Marianne Jakobi. Dubuffet, Paris, Perrin, 2007, p. 191-192, 242.
↑ ab et cFerny Besson, Alexandre Vialatte ou la Complainte d’un enfant frivole, Paris, J.-C. Lattès, , 220 p. (ISBN978-2-7096-2043-7), p. 89-90
↑ a et bLouis Cheronnet, « Le 24me Salon des Artistes Décorateurs », Art et décoration, , p. 174 (lire en ligne)
↑Présentée au 1erSalon des Tuileries et reproduite dans La Meuse le 4 juin 1923, illustrant le compte rendu de Stanislas Fumet : « […] un remarquable nu ingriste de Jean Léon témoigne des aspirations de la plus rare énergie. C’est un des plus intéressants envois de ce Salon, encore que cette figure se tourne trop visiblement vers le musée […] »
↑lot 5 de la vente Millon Jutheau (Paris) du 13/02/1990.
↑Envoyé au 36eSalon des Indépendants et reproduite dans le compte rendu de Stanislas Fumet : « Parmi les portraits les plus intéressants du Salon, il convient de citer celui de Mme Hussenet, par Jean-Léon, d’écriture classique et d’accent singulièrement vif », La Meuse le 4 avril 1925.
↑lot 3 de la vente Millon Jutheau (Paris) du 13/02/1990.
↑Pierre Sanchez, Dictionnaire du Salon d’Automne […] : 1903-1945, Dijon, L’Échelle de Jacob, , 1426 p. (ISBN2-913224-67-9), p. 849 (t. 2)
↑Gaïté Dugnat, Les catalogues des salons de la société nationale des beaux-arts. VI, 1921-1925, Dijon, L’Échelle de Jacob, , 460 p. (ISBN2-913224-56-3), p. 1000 (1923)
↑Pierre Sanchez, Dictionnaire du Salon des Tuileries […] : 1923-1962, Dijon, L’Échelle de Jacob, , 770 p. (ISBN978-2-913224-72-8), p. 471 (t. 2)
↑Pierre Sanchez, La Société des artistes décorateurs […] : 1901-1950, Dijon, L'Échelle de Jacob, , 975 p. (ISBN978-2-35968-034-8), p. 585 (t. 2)
↑Salon de Montrouge, « 1960 > 1969 », sur www.salondemontrouge.com (consulté le )
↑Jean-Marie Hubert, Hommage ! : les maîtres français du son haute définition […], Paris, Groupe SPAT, , 142 p. (ISBN978-2-7466-8500-0, lire en ligne), p. 46