En 1905, dans son ouvrage Le Préjugé des races, fondé sur le lamarckisme[9], il décrit la variabilité humaine comme continue et sans frontière et met en avant l'ampleur des métissages, disqualifiant la notion de race[5]. Il s'oppose ainsi à « une sorte de pseudo-science » fondée sur « les différences de mesures du crâne, l'épaisseur ou la finesse des membres, la couleur des cheveux, etc. », aux « lois problématiques, aux faits non examinés, et aux généralisations injustifiables »[10] et dénonce :
« Ces produits de l'imagination scientifique, accueillis d'une façon aveugle, sans la moindre critique, [qui] ont passé, en outre, dans les manuels d'histoire et de pédagogie. Aujourd'hui, sur 1 000 Européens instruits, 999 sont persuadés de l'authenticité de leurs origines aryennes […] Cela est devenu presque un axiome. À la suite de cette doctrine si profondément enracinée dans la conscience européenne, la sociologie, l'histoire, la politique et la littérature modernes n'ont cessé d'opposer les Aryens aux autres peuples sémitiques ou mongols. L'origine aryenne est devenue une sorte de source bienfaisante d'où découlent la haute mentalité de l'Europe et les vertus de ses principaux habitants[11]... »
Il s'attaque aux théories du « racisme scientifique » qu'il accuse de se présenter comme des dogmes pour le salut et des « guides infaillibles pour l'humanité ». Il devient ainsi une figure de proue de ce qu'on a appelé « la révolte scientifique contre le racisme », « pseudo-science suggérée comme fondement objectif de l'inégalité entre les hommes » dont il s'efforce de démonter les fondements scientifiques[10].
Avec sa traduction en anglais en 1906[12], Le Préjugé des races fait connaître aux spécialises anglophones les débats français du début du siècle sur la théorie des races. Il est encore à la fin du XXe siècle, selon Pierre-André Taguieff, « une référence usuelle dans la littérature savante sur le racisme[13]. »
Il préside la société de lutte contre l'alcoolisme « L'Alarme » et publie plusieurs brochures particulièrement offensives à ce sujet[15].
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Œuvres
Français et Anglais devant l'anarchie européenne, Paris, V. Giard et E. Brière, 1904, 66 p.
La Philosophie de la longévité, Paris, Felix Alcan, 1906, 368 p.
Le Préjugé des races, Paris, L'alarme, 1906
La Science du bonheur, Paris, F. Juven, 1909
L'Union sacrée contre l'alcoolisme, Paris, L'Alarme, 1910, 227 p.
La Charte de la femme… suivie d'une enquête sur le vote politique des femmes en France, Paris, Publications de l'union française pour le suffrage des femmes, Paris, 1910
L'Agonie et la Mort des races, Paris, La Revue, 1911, 141 p.
Préjugé et Problème des sexes, Paris, F. Alcan, 1912, 524 p.
Progrès et Bonheur, Paris, F. Alcan, 1914, 662 p.
Civilisés contre Allemands (la grande croisade), Paris, Ernest Flammarion, 1915, 343 p.
Le Roi-alcol, Paris, 1915, L'alarme, 70 p.
Saints, initiés et possédés modernes, Paris, E. Fasquelle, 1918, 345 p.
L'Agonie et la Naissance d'un monde, Paris, Ernest Flammarion, 1918, 291 p.
Prolongeons la vie !, Figuière, 1920, 120 p.
L'Atelier des gens heureux, Paris, La Revue Mondiale, 1922, 211 p.
Sa Majesté l'Alcool, Paris, Plon-Nourrit, 1922, 86 p.
↑ a et bClaude Liauzu, Histoire de l'anticolonialisme en France : du XVIe siècle à nos jours, Armand Colin, 2007, 304 p. (ISBN9782200350932) p. 85.
↑Claude Liauzu, La Société française face au racisme : de la Révolution à nos jours, Editions Complexe, 1999, 190 p. (ISBN9782870277423) p. 94
↑Pierre-André Taguieff, « La 'religion du progrès' : origines et avatars d'une représentation critique », dans Nicole Pelletier (dir.), L'Allemagne et la crise de la raison: hommage à Gilbert Merlio, Presses Universitaires de Bordeaux, 2001, 455 p. (ISBN9782867812590) p. 60-61, ainsi que François Pavé, Le péril jaune à la fin du XIXe siècle: Fantasme ou réalité ?, L'Harmattan, 2013, 308 p. (ISBN9782296517226).
↑Claude Blanckaert, Les politiques de l'anthropologie : Discours et pratiques en France (1860-1940), L'Harmattan, 2001, 494 p. (ISBN9782296175495)
p. 275.
↑Le préjugé des races, Paris, 1905, p. 508, cité par Léon Poliakov, Le Mythe aryen: Essai sur les sources du racisme et des nationalismes, Complexe, 1987, 377 p. (ISBN9782702150030) p. 314.
↑Race Prejudice, Londres, Constable, 1906. Voir Pierre-André Taguieff, La couleur et le sang : doctrines racistes à la française, Fayard/Mille et une nuits, 2002, 352 p. (ISBN9782755503968) note 158.
↑Pierre-André, « Du racisme au mot « race » : comment les éliminer ? », dans Mots, décembre 1992, n° 33, p. 215-239. Lire en ligne.
↑Jean-Claude Wartelle, « La Société d'Anthropologie de Paris de 1859 à 1920 », dans Revue d'Histoire des Sciences Humaines, vol 1, n° 10, 2004, p. 125-171. Lire en ligne.
↑Didier Nourrisson, Alcoolisme et antialcoolisme en France sous la Troisième République: l'exemple de la Seine Inférieure, Documentation française, 1988, vol 2 (ISBN9782110020666).
(en) Jennifer Michael Hecht, « The Solvency of Metaphysics: The Debate over Racial Science and Moral Philosophy in France, 1890-1919 », Isis, vol. 90, no 1, , p. 1-24.
(en) Jennifer Michael Hecht, The End of the Soul : Scientific Modernity, Atheism, and Anthropology in France, Columbia University Press, , 402 p. (ISBN978-0-231-12846-9), p. 267 et suiv.