Jean Chièze passe son adolescence à Lyon et découvre, grâce à son maître Henri Focillon, les xylographies primitives qui auront une grande influence sur son œuvre. Devenu professeur de dessin, il enseigne dans plusieurs lycées avant de terminer sa carrière à Saint-Cloud. Cette pérégrination à travers la France lui permet une confrontation renouvelée avec des régions à forte tradition populaire comme la Corse, la Provence, la Bretagne, le Vivarais, etc., dont on retrouve trace dans le choix des œuvres qu'il illustre.
Peintre, écrivain et lithographe, c'est surtout avec la gravure sur bois que son art s'exprime le mieux. Art difficile qui demande une grande maîtrise technique dans l'incision au canif, à la gouge ou au burin, ce type de gravure n'admettant ni l'erreur ni le retour en arrière. À cause de ces difficultés techniques, la gravure sur bois a perdu de son importance et Jean Chièze est considéré aujourd'hui comme un de ses derniers grands représentants. Il collabore à la revue Septimanie (Narbonne, lancée en 1923)[2].
À partir de 1970, il retourne vivre aux Granges au bord du Rhône, le pays de sa jeunesse ; c'est là qu'il finira sa vie.
Commentaire
Georges Dominique Oberti, sous-directeur des musées de France et ami de l'artiste, exprime ainsi la façon de procéder de Jean Chièze[3] :
« Jean Chièze avait une imagination à la fois riche et sensible : elle reposait sur de vastes connaissances et sur des recherches approfondies ; tous ses rêves, toutes les inventions de ses dessins s'appuyaient d'abord sur des études historiques, scientifiques ou anatomiques. Ce n'était que lorsqu'il maîtrisait la vérité, lorsqu'il avait pénétré complètement l'âme du sujet qu'il laissait ses sentiments le diriger ; alors les fantaisies les plus extraordinaires se déployaient sous son burin, d'autant plus audacieuses qu'elles se nourrissaient à de grandes certitudes. C'est tout cela qui donne à l'œuvre de Jean Chièze, sur le plan de la qualité, une valeur exceptionnelle ; mais elle l'est également par sa variété car, il a abordé de nombreux sujets : la médecine, les arts et traditions populaires, la mer, le Moyen Âge, le fantastique, le cirque, la faune, la flore, les médailles, la littérature, les provinces, etc. »
Œuvres
1929 : Les Santons de Provence - M. Varille - Audin - Lyon
1930 : Les Fontaines de Provence - M. Varille - H. Jonquière - Paris
1954 : Gens de métier dans la Bible - J. Hertig - Semeur Vaudois -Lausanne
1955 : Hippocrate - 5 vol. - Union latine d'éditions - Paris
1955 : Aubenas - Val d'Ardèche - J. Charay - Lescuyer - Lyon
1956 : Tristan et Iseut - Union latine d'éditions - Paris
1957 : Un homme d'Ouessant - Henri Queffélec - Biblio. et graveurs d'aujourd'hui - Paris
1958 : De rerum natura - Lucrèce - Préface et traduction de Mario Meunier - Bois originaux de Jean Chièze. Édité pour l'Union latine d'éditions par le Club bibliophile de France, Paris
1959 : L'Aigle de Mer - Ed. Peisson - La Belle Édition - Paris
1960 : Finis-Terrae - Ouessant - texte de Jean Chièze - Union latine d'éditions - Paris
1961 : La Table Ronde - 4 vol. - Union latine d'éditions - Paris
1962 : Galien - 4 vol. - Union latine d'éditions - Paris
1964 : Odeurs de forêt et fumets de table - Charles Forot - Le Pieonnier - Saint-Felicien
1964 : Finis Terrae - préface d'Henri Queffélec - Union latine d'éditions - Paris
1965 : De l'universalité de la langue française - Rivarol - P. Bricage - Paris
1966 : Œuvres complètes - Edgar Poe - Union latine d'éditions - Paris
1975 : Ambroise Paré - Union latine d'éditions - Paris
1982 : Colomba - Prosper Mérimée - Les Compagnons du livre - Annonay
Environ 50 plaquettes aux éditions du Pigeonnier de prose et poèmes (1927-1970)
À ces ouvrages s'ajoutent une quantité de gravures sur feuilles volantes et toute la série des Saints Patrons par laquelle Jean Chièze a rénové l'imagerie populaire en France. L'une de ses gravures est accompagné d'un poème de son ami Charles Forot, réalisé en hommage aux spahis tués face à l'armée allemande dans des combats en haute Ardèche.
Postérité
Au lendemain de sa mort, une association portant son nom est créée qui a pour but l'encouragement de nouveaux artistes gravant sur bois. Elle est toujours active et propose un concours annuel[6].
Des œuvres sont visibles au musée de l'imprimerie de Lyon[7].
Bibliographie
Cat. exp., Jean Chièze à Ouessant, Ouessant, Salle du camp, 1995.
Cat. exp., Jean Chièze et les grands textes, Brest, bibliothèque municipale, 1995.
Jean Oberti, Jean Chièze (1898-1975), graveur sur bois, Paris, association Jean Chièze, 1998.
Philippe Le Stum, La Gravure sur Bois en Bretagne, 1850-2000, Spézet, Coop Breizh, , 319 p. (ISBN9782843468216)
Jean Roquebrun (sous la direction de Dominique Buis, Marie-Jo Volle, Nathalie Garel), Jean Chièze : in Peindre l'Ardèche, Peindre en Ardèche - de la préhistoire au XXe siècle, Privas, Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, , chap. 2 (« Peintres du Vivarais, Peintres d'Ardèche »)
Notes et références
↑Archives de la Drôme, commune de Valence, acte de naissance no 310, année 1898 (page 98/559) (avec mention marginale de décès).