Jean-Marc Ela, né Jean Etoa le à Ebolowa, chef-lieu de la région du Sud Cameroun et mort le à Vancouver (Canada), est un prêtre catholique du diocèse d'Ebolowa, universitaire, sociologue, anthropologue et théologiencamerounais. Issu d'une famille de la classe moyenne, l'abbé Ela, pensait que la théologie devait être adaptée aux besoins et croyances locales. Il est une figure marquante de la théologie de la libération en Afrique et il a laissé une contribution importante pour la sociologie et les sciences sociales africaines.
Les années de formation
Origine et éducation
Issu d'une famille de neuf enfants, Jean-Marc Ela a passé son enfance au village. Il a débuté l'école primaire en 1946 et a obtenu son certificat d'études en 1951 à Ebolowa. Il est parti ensuite à Edea pour entrer au petit séminaire. Son séjour fut de courte durée. Il a effectué ses études secondaires dans un autre séminaire à Akono, un village non loin de Yaoundé. Après son baccalauréat Série A (lettres), il a été admis au grand séminaire d'Otélé. Au début des années 1960, il est ordonné prêtre[1]. Il a ensuite poursuivi ses études supérieures en France où son évêque l'avait envoyé. Il a obtenu une licence en sciences sociales et en théologie à Strasbourg. En 1969, il a également soutenu à la faculté de théologie catholique de Strasbourg sa thèse de doctorat d'État en théologie sur Martin Luther. Il fut alors le premier étudiant africain à soutenir une thèse en théologie à cette université.
Après sa soutenance, il est rentré au Cameroun. Il a vécu et travailler pendant près de 15 ans avec des communautés paysannes à Tokombéré dans le Nord-Cameroun. En 1978, il a soutenu une thèse de doctorat de troisième cycle en anthropologie sociale et culturelle à l'université Paris V sous la direction de Louis-Vincent Thomas[2]. En 1990, il a soutenu une thèse en vue de l'Habilitation à diriger les recherches en sociologie à Strasbourg[3].
Un missionnaire engagé au Nord-Cameroun
De 1971 à 1984, Jean-Marc Ela a vécu aux côtés des communautés paysannes du Nord-Cameroun, les Kirdi. Inspiré de Baba Simon, le premier prêtre camerounais appelé le missionnaire africain aux pieds nus[3],[4], il voulait lutter contre les injustices vécues par les Kirdi. Il allie à cette époque travail pastoral et recherche anthropologique de terrain. Il a fondé un centre nommé le Foyer Aimé Césaire à Tokombéré dans le cadre de ses activités de pastorale, d'alphabétisation, de conscientisation et de travail avec les jeunes[1].
Les années à Yaoundé
À partir de 1985, Jean-Marc Ela a enseigné à la Faculté de théologie protestante de l'Université de Yaoundé I. Il y restera de 1985 à 1995. Il vit alors dans un quartier pauvre de Yaoundé où il est confronté aux difficultés et aux problèmes quotidiens des gens : pauvreté, chômage, exclusion urbaine, etc., mais aussi à la débrouillardise et à l'ingéniosité des populations qui tentent de survivre.
Exil au Canada
Menacé de mort à cause de sa persévérance à vouloir faire la lumière sur l'assassinat en 1995 du père jésuite Engelbert Mveng, un historien et théologien camerounais, il s'exile au Canada[3],[5]. Il demande l'asile à la fin d'un séjour à Hull où il participait à un colloque organisé par l'Association internationale de pédagogie universitaire (AIPU). Installé à Montréal, il a enseigné et pris part à différentes activités de recherche dans trois universités : l'Université Laval, l'Université du Québec à Montréal et l'Université de Montréal. Il a également enseigné comme professeur invité dans plusieurs universités en Europe, notamment à l'université catholique de Louvain en Belgique.
Il est décédé à Vancouver le à l'âge de 72 ans[6].
↑ ab et cYao Assogba, Jean-Marc Ela. Le sociologue et théologien africain en boubou. Entretiens., Montréal-Paris, L'Harmattan, , 107 p. (lire en ligne)
↑Yao Assogba, « Hommage à jean-Marc Ela : le sociologue et le théologien en boubou », Terroirs, revue africaine de sciences sociales et de philosophie, vol. 8, no 1, , p. 11-16 (ISSN1561-2007)
↑Grands Prix des Associations Littéraires 2018: Jean-Marc Ela honoré (Lire sur icilome.com)
↑René Devisch, « Laudatio pour le Professeur Jean-Marc Ela », Terroirs, revue africaine de sciences sociales et de philosophie, vol. 8, nos 1-2, , p. 17-22 (ISSN1561-2007, lire en ligne)