Jean-Louis JeanmaireJean-Louis Jeanmaire
Jean-Louis Jeanmaire, né le à Bienne et mort le à Berne, est un brigadier de l’Armée suisse. Il est originaire des Brenets (Neuchâtel) et de Mont-Tramelan (Jura bernois). Son arrestation en 1977, dans le cadre de la guerre froide, provoque une affaire judiciaire et médiatique, l'Affaire Jeanmaire. BiographieJean-Louis Jeanmaire fait ses études au gymnase français de Bienne et à l'École polytechnique fédérale de Zurich, dans l'intention de devenir architecte. Il choisit la carrière d’officier instructeur de l’armée suisse. Parvenu au grade de colonel en 1957, il fut encore promu colonel brigadier et occupa le poste de chef des troupes de protection aérienne de 1969 à 1975. Il prend sa retraite avec les honneurs, à fin 1975. Après l'affaire qui porte son nom, il sera condamné à une peine de 18 ans de prison dont il ne purgera que 12 pour bonne conduite. Après sa libération en 1988, il s'emploiera à prouver son innocence. Il est choisi pour faire un discours lors de la fête nationale suisse à la Vue des Alpes en 1990. Affaire JeanmaireContact avec un attaché militaire soviétiqueAlertées par un service de renseignements étranger[réf. souhaitée], les autorités suisses arrêtèrent Jean-Louis Jeanmaire le 9 août 1976. Elles le soupçonnent d’avoir livré des documents militaires à des membres de l’ambassade d’URSS à Berne. L’annonce de son arrestation n’est faite que le 16 en même temps que l’expulsion de plusieurs diplomates russes qui quittent Berne. Il est interrogé par l'inspecteur Lugon, de la police cantonale vaudoise, et le commissaire Louis Pilliard, de la police fédérale. Le dossier ne comprend que des indices. Jeanmaire a une excellente mémoire et décrit précisément ce qui s'est passé. Il a pris des initiatives mais aucun des documents livrés ne sont des secrets militaires mais sont plutôt mondains. Parmi les éléments ressortants de l'affaire, il apparaît qu'en 1959, lors d'un exercice militaire au Tessin, Jean-Louis Jeanmaire fait la connaissance de Vassili Denissenko, alors attaché militaire soviétique à Berne. Lui, sa femme et l'officier de renseignement deviendront amis. Sa femme, très attachée à la Russie pour y avoir vécu, devient la maîtresse de Denissenko. Commission d'enquête parlementaireAlfons Müller-Marzohl a présidé la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire[1]. Il explicite un contexte où les États-Unis exercent une pression sur la Suisse à la suite du fait que de nombreux renseignements technologiques passent systématiquement à l'est, par exemple l'électronique du char 68 commandé par la Suisse aux États-Unis[2]. En été 1977, le Major Fritz Lüthi, chef du bureau Tiers-Monde du Groupement renseignement et sécurité du Département militaire fédéral en 1967 et chef du bureau "acquisition et contrôle du service de renseignement extérieur" puis rétrogradé au poste précédent en 1977 à la suite d'un conflit avec ses supérieurs, prend contact avec Müller-Marzhol et lui remet 5 volumineux dossiers classifiés secrets en provenance des services de renseignement lui permettant d'affirmer que Jeanmaire ne peut pas être responsable des fuites vers l'URSS car il n'était pas en mesure de connaître des éléments stratégiques de valeur. La commission remet ces pièces au procureur Rudolf Gerber qui les fait classer secret. La commission réentend Lüthi le après avoir lu l'ensemble du dossier[N 1]. Par la suite, le Département militaire fédéral et le Ministère public de la Confédération contraignent Lüthi à quitter son poste[3]. Müller-Marzohl a relevé que dans le cadre de son enquête le chef de l'état-major général Hans Senn a interdit à des fonctionnaires[N 2] de s'exprimer[4]. ProcèsSon procès est mené par un tribunal militaire à huis clos à Lausanne. Avant la tenue de celui-ci, le conseiller fédéral Kurt Furgler l'accuse d'être un traître, un conseiller national balois estime même qu'il mérite la peine de mort[5]. Le conseiller fédéral Gnaegi parle de la « grave trahison » de Jeanmaire devant les officiers de la protection aérienne le 1er avril 1977. Durant le procès, la défense (le lieutenant-colonel Jean-Félix Paschoud) va plaider la divulgation d'informations au but de servir la dissuasion militaire et l'accusation l'extorsion de renseignements par le chantage à la divulgation aux supérieurs de Jeanmaire des informations qu'il avait déjà données[6]. Mme Jeanmaire, également accusée, est défendue par l'avocat Roger Courvoisier. L'auditeur Pierre Dinnicher va dresser l'acte d'accusation[6]. Au terme de son procès, il est condamné le à 18 ans de réclusion pour espionnage au profit de l'URSS, à la dégradation et à l’exclusion de l'armée, une peine supérieure à celle réclamée par le ministère public. Jeanmaire demandera de son procès. Libéré après douze ans passés au pénitencier de Bellechasse, il s'est toujours battu pour obtenir la révision de son procès. PostéritéDivers manquements furent constatés au sein du Groupe renseignements et sécurité des services de renseignements suisses, en particulier lors de l'affaire Kurt Schilling et Albert Bachmann en 1979, qui furent rapprochés de l'affaire Jeanmaire. Dans la cultureUne pièce de théâtre a été faite par Urs Widmer sur le sujet : Jeanmaire: ein Stück Schweiz[7]. Un récit documentaire signé John le Carré, Une paix insoutenable[8], est paru sur le sujet. Le Carré a rencontré Jeanmaire à sa sortie de prison. Bibliographie
Liens externes
Notes et référencesNotesRéférences
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