Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ, à l'état civil Jean-Antoine Jules Lecomte-Dunouy[1], est le fils de Jules Louis Michel Lecomte, musicien, et de Félicité Alexandrine Dunouy. Il est le frère aîné de l'architecte français André Lecomte du Nouÿ (1844-1914). Admis à l'École des beaux-arts de Paris, il y est successivement l'élève de Charles Gleyre, d'Émile Signol et enfin de Jean-Léon Gérôme.
Issu d'un milieu conservateur et catholique, il épouse en 1876 en premières noces Valentine Peigné-Crémieux (1855-1876), la fille d'Alfred Peigné et de Mathilde Crémieux (1834-1912), petite-fille du sénateur Adolphe Crémieux, d'une famille de confession juive. Elle meurt le de l'année de son mariage. Lecomte du Nouÿ garda des liens étroits avec sa belle-famille, notamment avec Jean Cruppi. Il se remarie avec Caroline Évrard (1851-1892), qui lui donne un fils unique, le futur architecte et archéologue Jacques Théodore Jules Lecomte du Nouÿ (1885-1961). Sa troisième épouse s'appelle Térésa Marie Fisanne (ou Fizanne), dont il peint le portrait en 1906.
Son tableau Francesca de Rimini et Paolo dans la caverne marque ses débuts au Salon des artistes français de 1863, salon où il expose ensuite régulièrement tous les ans.
En 1865, il entreprend son premier voyage en Orient en compagnie du peintre Félix-Auguste Clément.
En 1866, il remporte une médaille pour L'Invocation à Neptune, puis le 2e grand prix de Rome en 1872 pour la Mort de Jocaste. Cette même année, l'État français se rend acquéreur de son tableau Les Porteurs de mauvaises nouvelles pour le musée du Luxembourg[2], en 1873 du Charmeur pour le musée des Beaux-Arts de Reims, en 1874 d'Eros-Cupido pour le musée des Beaux-Arts de Tours. En 1873, associé à la Ville de Paris, l'État passe commande à l'artiste de deux vastes compositions pour la décoration de l'église de la Sainte-Trinité, qu'il livrera quelques années plus tard ; il s'agit de Saint Vincent de Paul ramène des galériens à la foi (1876) et Saint Vincent de Paul secourant les Alsaciens et les Lorrains après la guerre de 1637 (1879).
En 1875, il entreprend un nouveau voyage en Orient qui le mène de Grèce en Turquie. Plus tard il visite également l'Égypte et la Roumanie, où il rejoint son frère appelé à restaurer certains monuments en 1892.
Du Maroc, notamment de Tanger, il rapporte des scènes de genre prises au sein de la communauté juive.
Il expose un marbre, Le Fer qui donne du pain, figurant un paysan rétamant sa faux, au Salon de 1905[3].
Jean Jules Antoine Lecomte du Nouÿ meurt le à Paris.
Inspirée du Roman de la momie de Théophile Gautier, la toile Les Porteurs de mauvaises nouvelles (1871) fut appréciée entre autres par Jules Claretie ; elle est citée dans le Journal de Julien Green comme source d'un érotisme troublant[12]. Cette toile a elle-même inspiré Frank Frazetta pour la couverture de l'album Conan The Destroyer.
Notes et références
↑Base Léonore, document 1, notice L1536028, en ligne.
↑Aujourd'hui mis en dépôt par le musée d'Orsay au ministère des Affaires culturelles de Tunis.
↑Dernier tableau d’une suite d’œuvres de l’artiste reproduisant des hommes fumant le narguilé, aux effets hallucinatoires, ce tableau est le point culminant du sujet par le peintre.Il est inspiré des écrits de Théophile Gautier La Mille et Deuxième nuit, 1842, racontant le rêve du poète Hassan endormi sur sa terrasse ; l’arrivée d’une peri [[incise|être surnaturel du folklore persan}}, quittant les cieux et créatures célestes pour se joindre à lui (cf. G. de Montgailhard, Lecomte du Nouy, Paris, 1906, p. 84 ; R. de Diederen, From Homer to the Harem, The Art of Jean Lecomte du Nouy, New–York, 2004, no 304, reproduit figure 94.
[PDF] Guy de Montgailhard, Lecomte du Noüy, préfacé par Henri Bouchot, Paris, Lahure, 1906 (en ligne).
Gabriel Badea-Päun, « Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ (1842-1923) à la cour royale de Roumanie », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français, 2005, Paris, p. 257-281.
Christophe Marcheteau de Quinçay, « Les fantômes du musée, le Polyptyque sur l'œuvre de Victor Hugo de Jean Lecomte du Noüy (1842-1923) », Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Caen, no 1, Caen, 2010, p. 40-45.
(en) Roger Diederen, From Homer to the Harem: The Art of Jean Lecomte du Nouÿ, New York, Dahesh Museum of Art, 2004. — Avec catalogue raisonné.