Il a ainsi découvert les différentes phases de la vie d'un insecte - œuf, larve, nymphe et adulte. Dans le cadre de ses recherches anatomiques, il a réalisé des expériences sur la contraction musculaire. En 1658, il fut le premier à observer et à décrire les globules rouges.
Biographie
Son père, apothicaire à Amsterdam, collectionne tout ce que les vaisseaux ramènent des Indes. Le fils est renfermé : il a l'idée de faire un catalogue de la collection de son père et il se passionne pour les insectes.
Grâce au microscope – ses instruments étaient probablement fabriqués par son ami Johan Hudde, mathématicien et spécialiste de l'optique[4] –, il découvre la métamorphose des insectes.
Médecin, Swammerdam semble ne jamais avoir exercé son art, vivant des rentes de son père puis de son héritage[5].
Swammerdam avait toujours été d'une religiosité qui faisait parfois craindre pour sa santé mentale[6]. Vers la fin de sa vie, il devient un disciple de la mystique Antoinette Bourignon. Convaincu que ses études servent non la gloire de Dieu, mais sa curiosité personnelle, il tente de brûler tous ses manuscrits[7],[8]. L’anatomiste Sténon a tâché de l’éloigner d’Antoinette Bourignon pour le convertir au catholicisme[9]. Pauvre, malade depuis longtemps, il s'enferme chez lui et meurt en 1680. Sa tombe se trouve dans l'église wallonne d'Amsterdam[10]. Il avait légué ses manuscrits à son ami le Français Melchisédech Thévenot.
Swammerdam a joué un rôle essentiel dans la connaissance des insectes. Il s'est catégoriquement opposé à la notion de génération spontanée. Très influencé par René Descartes et son Discours de la méthode, dont la philosophie naturelle a été largement adoptée par les intellectuels néerlandais, il était persuadé que la nature obéissait à des lois fixes, donc pouvait être expliquée rationnellement.
Convaincu que la génération de toutes les créatures obéissait aux mêmes lois, il entreprit d'étudier celle des insectes, après avoir découvert que le « roi » des abeilles était en réalité une reine, ayant trouvé des œufs à l'intérieur de l'insecte.
Courant 1669, visité par Cosme II de Médicis, il lui montra qu'à l'intérieur d'une chenille, on pouvait voir les membres et les ailes du futur papillon (ce qu'on appellera plus tard le disque imaginal).
Fin 1669 il publie en néerlandais Algemeene verhandeling van de bloedeloose dierkens[11], qui résume son étude des insectes qu'il a collectés en France et dans les environs d'Amsterdam. Il y réfute la conception aristotélicienne universellement admise selon laquelle les insectes n'ont pas d'anatomie interne, mais également la notion de génération spontanée, soutenant que tous les insectes proviennent d'œufs, que leurs membres croissent et se développent lentement, abolissant la distinction entre les insectes et les soi-disant « animaux supérieurs ».
Swammerdam réfute la notion de « métamorphose » telle que la concevait Aristote dans son traité De la génération des animaux, encore admise par William Harvey et ses contemporains, selon laquelle les différents stades de vie d'un insecte sont des individus différents, alors que les biologistes modernes parlent de la métamorphose comme la succession des étapes du cycle de vie de l'insecte.
Opinions sur Swammerdam
Opinion de Jules Michelet, opinion de Max Weber
« Que savait-on de l'infini, avant 1600 ? Rien du tout. Rien de l'infiniment grand ; rien de l'infiniment petit.» La page célèbre de Pascal, tant citée sur ce sujet, est l'étonnement naïf de l'humanité si vieille et si jeune, qui commence à s'apercevoir de sa prodigieuse ignorance, ouvre enfin les yeux au réel et s'éveille entre deux abîmes.
Personne n'ignore que Galilée, ayant reçu de Hollande le verre grossissant, construisit le télescope, le braqua et vit le ciel. Mais on sait moins communément que Swammerdam, s'empara avec génie du microscope ébauché, le tourna en bas, et le premier entrevit l'infini vivant, le monde des atomes animés ! Ils se succèdent. À l'époque où meurt le grand Italien (1632), naît ce Hollandais, le Galilée de l'infiniment petit (1637).
Rien de plus curieux que d'observer les impressions toutes contraires que les deux révolutions firent sur leurs auteurs. Galilée, devant l'infini du ciel, où tout paraît harmonique et merveilleusement calculé, a plus de joie que de surprise encore ; il annonce la chose à l'Europe dans le style le plus enjoué. Swammerdam, devant l'infini du monde microscopique, paraît saisi de terreur. Il recule devant le gouffre de la nature en combat. Il se trouble ; il semble craindre que toutes ses idées, ses croyances, n'en soient ébranlées. État bizarre, mélancolique, qui, avec ses grands travaux, abrège ses jours. [...]
Le grand médecin Boerhaave, qui cent ans après Swammerdam, publia avec un soin pieux sa Bible de la nature, dit un mot surprenant et qui fait rêver : « Il eut une ardente imagination de tristesse passionnée qui le portait au sublime. » Ainsi ce maître des maîtres dans les choses de patience, insatiable observateur du plus minutieux détail, qui poursuivit la nature si loin dans l'imperceptible, c'était une âme poétique, un homme d'imagination, un de ces mélancoliques qui veulent l'infini, rien de moins, et meurent de l'avoir manqué. »
« Rappelez-vous l'aphorisme de Swammerdam : « Je vous apporte ici, dans l'anatomie d'un pou, la preuve de la providence divine », et vous comprendrez quelle a été à cette époque la tâche propre du travail scientifique, sous l'influence (indirecte) du protestantisme et du puritanisme : trouver le chemin qui conduit à Dieu[13]. »
(en) Ephemeri vita, or, The natural history and anatomy of the ephemeron, a fly that lives but five hours, trad. Edward Tyson, Londres, 1681 — Reproduction, 2002[14]
Il y a 172 lettres à l'université d'Oxford[16]. Voir Eric Jorink, Annemarie Nelissen et Floor Haalboom (éd.), The correspondence of Jan Swammerdam (1664-1680), qui constitue le volume 5 de la série Tools and Sources for the History of Science in the Netherlands[17].
(en) Eric Jorink, « Outside God there is nothing : Swammerdam, Spinoza, and the Janus-Face of the early Dutch Enlightenment », dans W. van Bunge (éd.), The early Enlightenment in the Dutch Republic, 1650–1750 : Selected Papers of a Conference, Held at the Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel, 22–, Leyde, 2003, p. 81–108
(en) Gerrit Arie Lindeboom(nl), The letters of Jan Swammerdam to Melchisedec Thévenot : with English translation and a biographical sketch, Amsterdam, Swets & Zeitlinger, 1975
↑(en) Erik Jorink, « Outside God there is nothing… », dans Wiep Van Bunge, The Early Enlightenment in the Dutch Republic, 1650–1750, Brill, 2003, p. 89.
↑Leibniz rapporte un témoignage suivant lequel Sténon aurait cherché à amener Swammerdam au catholicisme ; Sténon choisit toutefois dans ce but un très improbable propagandiste, Baruch Spinoza, certes intéressé lui aussi par les nouveaux instruments d'optique, fréquentant les mêmes cercles cartésiens d'Amsterdam, mais très près de l’athéisme : G. W. Leibniz, Sämtliche Schriften und Briefe, III, 1989, p. 380–381, cité dans Jorink, p. 82.