Jacques Lecomte (biologiste)Jacques Lecomte Conférence mondiale des Réserves de biosphère de Séville (Espagne) en 1995. Jacques Lecomte au centre de la délégation française.
Jacques Marie Adolphe Antoine Lecomte, né le à Paris et mort le à Saint-Benoît-la-Forêt en Indre-et-Loire[1], est un biologiste, entomologiste et naturaliste français, pionnier de la protection de l'environnement[2]. Spécialiste du comportement des animaux (éthologie), il s’intéresse au lien entre la nature et la production agricole (en particulier à la pollinisation des plantes cultivées). Dès le début de sa carrière de chercheur, il attache, en précurseur, de l’importance à la biodiversité, à sa nécessaire connaissance, sauvegarde et gestion. Fondateur de la cellule Environnement à l'INRA qu'il préside de 1985 à 1992, il fut en particulier Administrateur des parcs nationaux des Cévennes et de la Guadeloupe, Président du Comité Français du programme Man and Biosphère de l’Unesco (MAB) et du Comité permanent du Conseil National de la protection de la Nature. BiographieJacques Lecomte est le fils de Madeleine Richer de Forges et de Jean Lecomte. Il passe son enfance entre Périgueux, Sarlat, Les Andelys, Brest et Paris avec sa sœur Huguette et ses frères François et Henri, dont il est l’aîné. Il obtient son baccalauréat à Paris, puis une licence es sciences naturelles et le diplôme de l’Institut de Psychologie de Paris. Il se marie en 1949 avec Paulette Bonnet, dont il aura 13 enfants. Il entre la même année à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) pour préparer sa thèse d’État, au sein de la station apicole de Bures-sur-Yvette (Essonne). Il habite pendant plusieurs années sur le campus de cette station avant de s’installer à Gif-sur-Yvette (Essonne) en 1962. Il exerce dans cette commune deux mandats de conseiller municipal auprès du maire Robert Trimbach. Responsabilités scientifiquesIl dirige le laboratoire d’écologie et d’éthologie des insectes de Bures-sur-Yvette de 1971 à 1975. En 1975, il devient chef du Département d’hydrobiologie, département qu’il oriente vers une diversification des recherches plus impliquée dans les études sur la faune sauvage. En 1978, toujours sous sa direction, ce département devient celui de l’hydrobiologie, de la cynégétique et de la faune sauvage. Jacques Lecomte est également nommé administrateur du Centre National de recherches Agronomiques de Versailles en 1974, fonction qu’il assure jusqu’en 1976. En 1985 il devient président de la Cellule Environnement à l’INRA, jusqu’à sa retraite en 1992. Parce que « dans la relation entre l’agriculture et l’environnement, l’agriculture peut aussi bien être victime que source de nuisance, et parce que l’INRA est concerné par ce double aspect », il conçoit la Cellule Environnement comme un lieu de repérage des besoins et des compétences pour traiter de cette interaction. EnseignementIl a enseigné à l’Université de Paris VI (DEA de neurosciences 1969-1987) et à l’Université de Paris Sud Orsay (C3 de psychophysiologie 1975-1990). Responsabilités administrativesJacques Lecomte a présidé plusieurs conseils et comités liés à la protection de l'environnement : le Comité français du programme MAB de l’UNESCO, le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité, le Comité Permanent du Conseil National de la Protection de la Nature[3], la Société Française pour l’Étude du Comportement Animal, le conseil scientifique et technique du Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, le comité scientifique du barrage de Petit-Saut (EDF, Guyane), l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE). Il a été administrateur du Parc national de la Guadeloupe, du Parc national des Cévennes et de l’Institut européen du développement durable. Il a également été membre du Conseil de la Recherche Océanologique, du Conseil d’administration du Conseil Supérieur de la Pêche, du Conseil Supérieur de la chasse et de la faune sauvage, du conseil scientifique de L’INRA, du comité scientifique de l’estuaire de la Seine, du Comité scientifique du Conservatoire du littoral, du Comité éthologique international, de la commission supérieure des sites et Secrétaire général de l’Union Internationale pour l’Étude des Insectes Sociaux. Prix et distinctionsSes compétences, ses succès et ses engagements au service de l’environnement, pour lequel il n’a jamais cessé d’œuvrer, lui ont valu d’être décoré Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, Commandeur de l’Ordre du Mérite agricole, Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques et d'être Lauréat du prix Nicolas-Missarel de l’Académie Française (1965). Contribution scientifiqueLes recherches de Jacques Lecomte illustrent sa préoccupation d'une appréciation globale de l'environnement pour lutter contre la dégradation des diversités biologiques. Au début de sa carrière, il s’intéresse au comportement des insectes, puis aux problèmes posés par la pollinisation des plantes cultivées. Cela le conduit à mettre en évidence le rôle de la biodiversité dans l’équilibre et l’harmonie des milieux naturels et agricoles. Il en déduit que la protection de l’environnement est essentielle pour préserver la biodiversité: cet objectif devient la motivation essentielle de ses activités. Il dépassera même la notion de protection, en étant à l’initiative du programme du ministère de l’environnement « recréer la nature, réhabilitation, restauration et création d’écosystèmes »[4]. L’observation des animaux, depuis les insectes jusqu’aux espèces les plus évoluées, l’amène également à s’interroger sur ce qui différencie fondamentalement la pensée humaine de celle de l’animal. Contribution à l'éthologie des insectes sociauxQuand Jacques Lecomte entre à l’INRA, dans le laboratoire de Remy Chauvin, il travaille sur le comportement animal, particulièrement celui des insectes sociaux. Il étudie ainsi le déterminisme de l’agressivité de l’abeille domestique, sujet de sa thèse d’État et s’intéresse aussi aux échanges de nourriture entre abeilles, fourmis ou bourdons, en utilisant des traceurs radioactifs. La même technique lui permet d’étudier le comportement des abeilles butineuses. Il est l’un des fondateurs en 1968[5] de l'Office pour l’information entomologique, renommé par la suite Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), dont il devient président puis président d’honneur. Contribution à la prise en compte de la pollinisationDonnant ensuite une orientation plus agronomique à son travail, il est un des premiers Français à s’intéresser aux problèmes posés par la pollinisation des plantes cultivées. On lui doit la mise en évidence de la fonction aujourd’hui qualifiée de service agro-éco-systémique de la pollinisation par les abeilles, fonction qui constitue une des trois dimensions de la biodiversité[6]. Le monde a depuis quelques années pris conscience de la question des abeilles, ou plutôt des questions que pose leur évolution inquiétante : de 30 à 50 % des colonies disparaissent aux États-Unis, 30 % en Europe, avec de fortes disparités entre Est et Ouest de l’Europe. Il est aujourd’hui reconnu que les abeilles rendent à la nature et à l’humanité des services immenses, et d’abord celui de la pollinisation. Consulté au sujet des difficultés rencontrées par des producteurs de semence de luzerne dans le Lauragais dont les rendements étaient devenus catastrophiques. Il constate alors que la faune des insectes pollinisateurs de la luzerne avait à peu près disparu[7]. Au cours des années soixante, il lance avec quelques collaborateurs un programme visant à préserver les pollinisateurs. Le rendement, qui était de 1 quintal par hectare en production de graines de luzerne en 1959, a atteint environ 5 quintaux par hectare en 2008. Contribution à la protection de la biodiversité et de l'environnementEn 1981, Jacques Lecomte préconise la mise en place à l’INRA d’une « cellule environnement » qu’il préside à partir de 1985 jusqu’à sa retraite. L’INRA peut ainsi s’investir dans ce domaine, et Jacques Lecomte s’implique totalement dans des fonctions liées à la protection de la biodiversité et de l’environnement. Il préside le Comité Français du programme Man and Biosphère de l’Unesco (MAB), le Comité Permanent du Conseil National de la Protection de la Nature, et de nombreux comités et conseils ayant pour objectif la protection de la nature. Dans l’un de ses derniers ouvrages, Promenades naturelles (1990) il exprime au lecteur le plaisir pur d’observer la nature dans sa simplicité et sa diversité, et transmet cette envie irrésistible de la préserver, mais sans jamais oublier que l’homme fait partie de cette nature. Recréer la nature« Recréer la Nature », Espaces naturels no 1, . Jacques Lecomte est à l’initiative du programme du Ministère de l’environnement « recréer la nature, réhabilitation, restauration et création d’écosystèmes », initié en 1996 et visant le développement des connaissances sur la biologie de la restauration: « ce que j’ai voulu, c’est montrer à quel point la liaison entre l’écologie fondamentale et la pratique de la restauration pouvait être délicate. Pourtant je suis certain que les théories et les applications doivent se rendre des services mutuels »[8]. Il a en outre contribué à la réflexion sur la notion de naturalité, qu'il définit comme un gradient de l'activité humaine dans une nature qui elle-même, d'après lui, « correspond à des fantasmes plus qu’à des définitions scientifiques. » Réintroduction du LynxLe courrier de la cellule Environnement no 5, [9]. Au fait, combien ça coûte de réintroduire une espèce ?, Pierre Briançon, Géraldine Meignan et Audrey Siourd, , L'Express[10]. La pensée non humaineL’observation des animaux, de leur organisation sociale parfois très élaborée, de leurs manifestations incontestables d’intelligence, voire de sentiments ou de sens artistique interpelle rapidement Jacques Lecomte. Il compare le comportement des animaux et leur organisation à ceux de l’homme, s'interrogeant sur les différences fondamentales entre la pensée humaine et la pensée animale dans plusieurs de ses articles et ouvrages. ŒuvresOuvrages
Articles / Communication
Préfaces
Notes et références
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