Inari(稲荷神?) est initialement le kamishinto des céréales, puis des fonderies et du commerce, ainsi que la gardienne des maisons (yashikigami).
Progressivement, son culte rejoint les deux grandes traditions religieuses du Japon : shinto et bouddhisme. Inari rassemble la religion institutionnelle et le courant chamanique; elle est souvent symbolisée par un renard, que celui-ci soit considéré comme son messager ou comme la divinité elle-même.
Une des étymologies les plus admises rapproche le nom de la divinité de ine-nari ou ina-nari, « croissance du riz ». Cette Inari était probablement à l'origine un kami des champs (ta no kami) devenue la divinité tutélaire (ujigami) du clan Hata, laquelle fut installée à Fushimi près de Kyōto. De très nombreux sanctuaires furent élevés au Japon en son honneur.
Bientôt la popularité d'Inari devint telle que le bouddhisme s'en empara et que le religieux Kūkai en fit une divinité protectrice du temple Tōji. Elle est considérée comme identique à Dakini Ten, dont le culte fut popularisé au XVIIe siècle. On la représente alors comme une personne âgée (homme ou femme) parfois debout sur un renard ; cependant la divinité shinto prit le nom d'Inari Myōjin pour se différencier de celle appelée Inari Ten, syncrétique (gongen).
Au sanctuaire shinto de Fushimi, Inari est considérée comme la divinité de la montagne qui réside sur le mont où est construit le sanctuaire. Divinité protectrice des prostituées et des pompiers, elle est vénérée également pour sa fertilité, pour la naissance et pour l’annonce de certains dangers. Cependant, Inari est aussi redoutée par les hommes, car elle peut les ensorceler et même les posséder en prenant l’apparence d'un moine bouddhiste ou d'une jeune femme séduisante.
Aujourd'hui, la notion originelle de fertilité agraire est associée à d’autres secteurs de l’économie tels que le commerce et plus récemment la pêche.
Ambivalente, bénéfique ou maléfique, souvent femelle, parfois mâle, Inari est essentiellement complexe. En effet, il y aurait autant de cultes dédiés à Inari que de pratiquants, chacun construisant sa propre image d’Inari et élaborant son propre culte. Selon Karen Smyers(en), on assiste à une version personnalisée et individualisée du culte dédié à Inari. Divinité liminaire entre l’homme et les animaux, et entre l’homme et le divin, le culte à Inari serait l’une des métaphores de la société japonaise : une unité de façade et une hétérogénéité de fait.
↑(en) L. Frédéric, Louis-Frédéric et K. Roth, Japan Encyclopedia, Belknap Press of Harvard University Press, coll. « Harvard University Press reference library », (ISBN978-0-674-01753-5, lire en ligne)
↑(en) Allan G. Grapard, The Protocol of the Gods: A Study of the Kasuga Cult in Japanese History, University of California Press, (ISBN978-0-520-91036-2, lire en ligne)
↑(en) Tenri Journal of Religion, Tenri University Press, (lire en ligne)
↑(en) Tomoaki Takano et Hiroaki Uchimura, History and Festivals of the Aso Shrine, Aso Shrine, Ichinomiya, Aso City., Aso Shrine,