Human~Kelt
Human~Kelt
Albums de Alan Stivell Human~Kelt (« Humain-Celte ») est le vingt-cinquième album original d'Alan Stivell, sorti le sous le label World Village distribué par PIAS. Il comporte 20 titres : une moitié de nouveaux titres et une moitié d'anciens titres revisités. PrésentationIl s'agit du vingt-cinquième album de l'artiste et de son vingt-deuxième album studio (bien que les albums lives À l'Olympia et E Dulenn ne comprenaient que des titres inédits). Procédant par cycles, cette production correspond à l'aspect fédérateur de sa musique, plus extravertie que des projets plus intimistes, expérimentaux ou instrumentaux tel que le précédent album AMzer. Il rajoute à ses chansons des aspects, thèmes, langues ou instruments nouveaux qu'il n'avait pas encore mis dans son œuvre[1]. Adepte du crossover depuis ses débuts, Alan Stivell passe par tous les courants musicaux, du groove à la méditation, à travers l'espace et le temps, par exemple intégrant instrument et langue archéo-celtiques aux beats electro et autres musiques actuelles. Douze langues différentes sont présentes (breton, occitan, corse, anglais, gallois, bambara, italien, gaélique...)[2]. Un fil rouge émotionnel rend l'ensemble encore plus universaliste. Placée au centre de la création, la culture celtique reflète son influence et ses atomes crochus avec des cultures aux antipodes[3]. Pour cela, différents partenaires et compagnons de route ont répondu présents à son invitation : Dan Ar Braz, Carlos Núñez, les frères Morvan, Angelo Branduardi, Robert Le Gall, mais aussi ses rencontres récentes avec Yann Tiersen, Bob Geldof et Murray Head, l'occitan Francis Cabrel et son voisin l’activiste « fabuleux » Claude Sicre... Trois nouvelles voix féminines viennent élargir encore un peu plus le périmètre culturel voire générationnel du projet : la Malienne Fatoumata Diawara, la Corse Lea Antona et la cousine Irlandaise Andrea Corr. Caractéristiques artistiquesAnalyse musicaleDescription des chansons
Voilà 52 ans que la carrière de chanteur professionnel d'Alan Stivell a commencé. Ce mot breton setu est un clin d’œil à l’affiche qui annonçait « Voici Alan Stivell » et que placardaient Alan Stivell et ses amis à Montparnasse et dans quelques endroits en Bretagne au début des années 1970. Dans cette préface sonore, sont conviés l'ensemble des invités qui font partie de ses nombreuses rencontres musicales et humaines.
La monosyllabe den, transcendant les genres, dit pour les bretons, comme tous les celtes, quelque chose d’aussi essentiel que l’Humain, dans son double sens (être humain et humanité). La première version est tournée un peu plus vers l’Afrique, notamment par la présence de Fatoumata Diawara. La seconde partie est plus tournée vers le monde anglo-saxon, une influence qui a beaucoup compté pour Alan Stivell, avec des échanges facilités en tant que Breton.
Medley de deux titres. Ideas (album Terre des vivants) adapté en occitan : Francis Cabrel y chante en occitan et français, Claude Sicre en occitan et Alan Stivell en occitan et catalan. « Ideas », c'est l’idée qu’on devrait laisser libre cours à la pensée et à la création, ce qui n’est pas beaucoup plus le cas dans nos démocraties que dans les démocratures et dictatures. Également, en couplet, le thème Noite peicha, qu'Alan Stivell avait écrit en espagnol, mué en galicien chez Carlos Nuñez (album Un Galicien en Bretagne). La jeune chanteuse corse, Lea Antona, interprète dans sa langue ce que chante Alan Stivell en breton et catalan.
Sean nós, chant gaélique de la grande tradition irlandaise[n 1], joué à la harpe dans l'album Telenn geltiek. Andrea Corr, parlant naturellement irlandais, amène une approche non pas éthérée qui est pour certains de mise quand on dit « voix celtique ».
Berceuse galloise, adaptée en breton par linguiste François Vallée dit AbHerve. L’adaptation saxonne All Through The Night est présente dans l’album Emerald. Ici, Andrea Corr fait la passerelle trans-Manche, mais aussi avec la mer d’Irlande. L'arrangement inclut à la fois l’aspect « classique » de la culture galloise (sous l’influence du protestantisme) et celtique avec l'introduction par exemple d'éléments pentatoniques.
En ouverture de ce dixième morceau (sur les 20), le parolier Claude Lemesle dit comme une sorte de haïku (référence à l'album AMzer)[4]. MJ a garan est une chanson d'amour, dont le titre représente les initiales de la femme de Stivell, Marie-José, qu'il rencontra il y a 50 ans, en 1968 au Centre Elysée Bretagne. Le chanteur lui avait dédié cette chanson en 1981 sur l'album Terre des vivants.
En guise de longue intro à Brezhoneg 'raok, un autoremix « maison » intitulé "BZHg" est réalisé par Alan Stivell avec ses machines électro. Dans les paroles de la chanson qui date de 1973 (Chemins de terre), il s'agit de porter l'attention sur la gravité de la disparition d’une des dernières langues celtiques, le breton, dont l'avenir de cette famille de langues minoritaires, et donc de la pensée celtique, est en péril pour l'humanité. Reprenant pour la première fois ce chant, le musicien a voulu en faire une sorte de grande fête conviant le chantre des solidarités Bob Geldof, des musiciens de bagad, de la scène rock, etc.
Titre éponyme et première piste de l’album Reflet, le premier sous le nom d’artiste Stivell sorti en 1970. À l'origine écrit en français, ce chant bénéfice ici d'une déclinaison saxonne par Murray Head ainsi qu'une introduction en breton. Reflets est une question ou une constatation : ou nous faisons l’effort du respect (des autres, de la planète) ou nos progrès techniques et la nature se vengeront de nous.
Tel Reflets, ce premier véritable single de est aussi la description de tout ce qu'évoque pour Alan Stivell cette celtitude sans certitude d’avenir, cette Bretagne qui fond comme les glaciers de la connerie humaine au feu des instincts primaires. L'entremêlement du breton et du français des paroles exprime la perte - mais aussi la quête - d'une civilisation, celle de la légende arthurienne à travers la recherche de la forêt enchantée, Breselien ou Brokilien en breton, dont s’éloigne de plus en plus ce XXIe siècle. C'est aussi une ambiguïté des crépuscules où le réel épouse le rêve.
Cette chanson à boire est l'autre facette du single Brocéliande, aux antipodes de l'aspect légendaire du premier titre. Devenue une mélodie internationalement connue après 1970, cette chanson-fête devient l’occasion d’une joie collective. Angelo Branduardi et son Gulliver italien introduit l'appel à la convivialité, cette fois en breton (Yec’hed mat) et en anglais (My cheers to you).
Ce chant rassembleur est réarrangé tel le bouquet final d'un feu d’artifice, un voyage musical à travers de multiples orientations sonores, avec la présence, réelle ou samplé, de musiciens pour différentes versions (guitares, orgue Hammond, pib-ilin, violon, machines, flûte, accordéon) et Alan Stivell qui alterne le chant quasi a cappella, la harpe, le bagad et autres instruments.
La Celtie (Keltia en breton) est le nom du regroupement familial des celtes, dont le peuple breton fait partie, par une double appartenance française et celtique (« La Celtie est notre mère, la France est notre beau-père » dit Alan Stivell). Ce morceau rend symboliquement hommage aux grandes voix de la Bretagne à l'identité réveillée des années 1960 (le barde Glenmor et les frères Morvan). À noter la présence d’un authentique instrument de l’antiquité celtique, la lyre celtique de Paule, jouée par Julian Cuvillez (Ar Bard). La celtitude musicale la plus grande y est représentée par deux autres éléments, chargés en émotions : un extrait de chant de travail des Hébrides (Heman dubh, initialement joué dans Renaissance de la harpe celtique) dans la bouche de Joanne McIver et sa fille, et le psaume gaélique de la confrérie de Stornoway. Une reprise de La Celtie et l’Infini (de Au-delà des mots) s'y intègre tout naturellement.
Boudicca, du nom de la reine celte révolutionnaire, est la suite toute naturelle de Kelti(k)a. D'une Celtie intemporelle on remonte à la Celtie originelle, avec ces cris en langue dite « gauloise », plutôt archéo-celtique (« par la Reine des Icènes / Merde à César ! »). Deux époques et deux territoires sont ainsi couverts : la (Grande) Bretagne de cette reine et la Gaule de Vercingetorix. À noter la présence de deux anciens instruments Celtes, joués par Konan Mevel ; le carnyx utilisé lors des guerres chez les Celtes et le pibgorn dans la cour galloise.
Reprise de cet extrait de l’album Legend – Mojenn. Avec, cette fois, les flûtes de l’ami Carlos Nuñez, la guitare électrique du compagnon Dan Ar Braz et l’aura du piber-ilin Kevin Camus.
Mini montage de deux extraits de la Symphonie celtique. D’abord Emskiant (« la conscience ») et l’orgue post-dodécaphonique (influence indirecte d’Alban Berg), une forme méditative, paraissant très éloignée de la musique celtique, mais en réalité n’échappant pas à son âme par une inspiration cachée et très détournée du piobaireachd (pibere’h). Inspiration beaucoup plus directe dans l’autre partie du montage couplé, celle de An distro (« le retour »), son postscriptum.
Thème irlandais Eamon an chroic (présent sur l’album Telenn Geltiek), joué ici sur une des harpes de Vincenzo Zitello et enregistré dans son studio italien. Le choix du titre provient d'une phrase qu'utilisait Jord Cochevelou pour présenter cette chanson. Le musicien breton Yann Tiersen apporte des touches de piano à cet instrumental gaélique. PochetteLa pochette est issue d'une photo de concert prise lors de la première date de la tournée des 50 ans de carrière d'Alan Stivell le 9 juin 2017 à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine). Elle est signée Antoine Tilly, photographe rennais. Le graphisme est réalisé par Michael Inns et Yannick Le Vaillant, spécialisés dans le design d'albums. Le paysage abstrait dans lequel est placé l'artiste accompagné de sa harpe est à la fois symbolique (désert terrestre et milieu aquatique, effet d'aurore polaire) et moderne, tel un voyage dans l'espace et le temps. L’intérieur de l'album et son livret présentent un panorama comportant plusieurs paysages celtes, notamment the Old man of Storr, dans l'île de Skye. _________________ Parution et réceptionIl atteint la 44e place de Top albums physiques SNEP la 2e semaine après sa sortie[5]. Fiche techniqueListe des morceaux
CréditsÉquipe artistique
Lionel Rocheman, Radio France, INA (1), Alan Stivell's self samples (8, 13, 14, 18), percussions du bagad Cap Caval (8,16), Angelo Branduardi, James Wood (13), musiciens « virtuels » Gabriel Yacoub, Pascal Stive (14), Ronan Le Bars, David Hopkins (15), Colin Bell (16), Stornoway congregation, lyre de Julian Cuvilliez, Glenmor (15) Équipe technique
Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
Liens externes
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