La mort du marquis de Pontcallec, à la suite d'une conspiration visant le royaume, est un fait parfaitement authentique, narrée dans le Barzaz Breiz de Hersart De La Villemarqué, cette version fait l'apologie de la noblesse militante et vaillante de son pays, qui s'oppose à la bourgeoisie[3].
Cette chanson fait partie des « classiques » de la musique bretonne avec nombre d'interprétations connues : Gilles Servat, Tri Yann, Alan Stivell…
Cette gwerz raconte l'histoire du marquis de Pontcallec (1679-1720), décapité sur la place du Bouffay à Nantes en 1720 en tant que chef d'une conjuration bretonne contre la France. Son exécution fait suite à l'échec d'une conspiration dont les revendications portaient à la fois sur l'indépendance de la Bretagne et sur des thèmes pré-révolutionnaires.
Dans la version du Barzaz Breiz, le motif revenant de manière récurrente « Traitour, ah ! Mallozh dit 'ta » fait référence à la trahison qui conduit le marquis sur l'échafaud de Nantes (Toi qui l'as trahi, sois donc maudit !), lui qui est mort pour son pays et qui était l'ami des Bretons mais non pas des bourgeois[4].
Le chant populaire présente le marquis comme le défenseur des pauvres opprimés : « il est mort, chers pauvres, celui qui vous nourrissait, qui vous vêtissait, qui vous soutenait... » En fait, les historiens le présentent comme un gentilhomme âpre au gain et franchement détesté par ses paysans qu’il exploite sans scrupule pour subvenir à ses besoins d’oisif. Alors que la légende lui donne 21 ans, l'Histoire lui donne quarante ans et situe le château de Pontcallec entre Guémené-sur-Scorff et Le Faouët (Morbihan)[5].
la première partie introduit le récit et raconte l'attachement du peuple à son jeune marquis.
la seconde raconte la dénonciation dont fut l'objet Pontcallec.
la partie suivante narre l'arrestation du marquis, son voyage jusqu'à Nantes, son jugement.
la dernière partie décrit la tristesse de la population à l’annonce de la mort du héros via la réaction du recteur de la paroisse de Berné dont dépend le château de Pontcallec.
Cette gwerz a été reprise notamment par le groupe Tri Yann[7].
Le groupe Tri Yann chante la complainte sur leur album Dix ans, dix filles en 1973.
Gweltaz Ar Fur l'a également reprise dans les années 1970 pour la faire connaitre à la jeunesse.
La chanteuse Andrea Ar Gouilh (qu'Alan Stivell accompagna à la harpe) l'enregistre sur l'album Gwerzioù ha sonioù ar bobl.
En 1992, le groupe Barzaz enregistre sur l'album An den kozh dall la version recueillie par Claudine Mazéas auprès de Mme Juget (originaire de Kermascléden, près du château de Pontcallec).
Gilles Servat l'a refait connaitre en 1994 sur son album A-raok mont kuit.
Le groupe Glaz intègre les paroles sur une musique pop celtique en 1996 sur l'album Holen ar Bed[10].
Le groupe nantais Daonet l'a reprise avec son énergie rock. Le groupe a conservé 4 strophes et en a ajouté 2 à la fin pour ancrer cette histoire dans le présent (ici fut assassiné un marquis à l'endroit où danse la jeunesse) et se projeter dans l'avenir (afin que son combat perdure)[11].
Bibliographie
Brice Evain, Deux héros de Bretagne. Le marquis de Pontcallec et Marion du Faouët – histoire et mémoires. 2009, p. 145-168 - lire en ligne
Joël Cornette, Le Marquis et le Régent. Une conspiration bretonne à l'aube des Lumières, avec la collaboration d'Éva Guillorel et de l'association Dastum, Tallandier, 2008. Ce livre est accompagné d'un CD comportant seize versions de la gwerz du marquis de Pontcallec (Gwerz Marv Pontkalleg) dont une partie est issue du collectage réalisé dans les années 1950 par Donatien Laurent[12]
Arthur de la Borderie, « Histoire de la conspiration de Pontcallec », 1859, Revue de Bretagne et de Vendée, 6, p. 457-473.
Henri Fréville, L’intendance de Bretagne (1689-1790), Rennes 1953
Joël Cornette, Histoire de la Bretagne et des Bretons, Paris 2005
Pierre de La Condamine, « Pontcallec : une étrange conspiration au cœur de la Bretagne », Le bateau qui vire, Guérande, 1974
Joseph Loth, « La chanson du marquis de Pontcallec », dans Annales de Bretagne, no 8, , p. 480-187
Éva Guillorel, « La complainte du marquis de Pontcallec, les gwerzioù bretonnes et l’histoire», in Joël Cornette, 2008, dir.: Le Marquis et le Régent. Une conspiration à l’aube des Lumières. Paris: Tallandier, p. 297-313
Théodore Hersart, vicomte de La Villemarqué, Barzaz Breiz
Partitions musicales
Yvon Le Quellec, Gwerz marv Pontkallek, Éditions Harposphère, autour du thème traditionnel et des variations de Roger Abjean. Arrangée pour harpe celtique. (1) Écoutez en ligne, (2) Écoutez en ligne
Denise Megevand, 12 Pièces pour harpe celtique ou grand harpe, Variations sur des thèmes bretons et Œuvres originales. Version à la harpe en ligne
↑Jonathyne Briggs, Sounds French : Globalization, cultural communities, and pop music in France, 1958-1980, Oxford University Press, , 230 p. (ISBN9780199377091), p. 128-129