L’Historia de omnibus Gothorum Sueonumque regibus (c'est-à-dire : Histoire de tous les rois Geats et suédois) est une œuvre posthume partiellement pseudo-historique de Johannes Magnus, le dernier archevêque catholique de Suède. Elle a été publiée en latin à Rome en 1554, dix ans après la mort de son auteur[1].
L’Historia est une critique implicite du roi Gustave Vasa, qui a introduit la Réforme protestante en 1527 ce qui cause l'exil de Johannes Magnus. Elle est néanmoins largement utilisée par les fils et successeurs de Gustave Vasa, à qui elle était dédicacée, puisqu'elle exaltait le glorieux passé du royaume suédois. Les deux fils utilisèrent la liste de rois partiellement fictifs qui commence avec Magog, petit-fils de Noé. En conséquence, les rois Eric XIV et Charles IX adoptèrent un numéro d'ordre pour leur nom beaucoup plus élevé que celui justifié par les sources historiques. Cette tradition se poursuit encore de nos jours avec l'actuel souverain Charles XVI de Suède. Une traduction de l'œuvre en suédois est publiée par Ericus Benedicti Schroderus en 1620.
Contenu de l'œuvre
Les quinze premières parties de l’Historia traitent de l'histoire suédoise présumée avant l'an 1000, et contiennent également de longues digressions sur les Goths continentaux qu'il identifie avec les Geats. Johannes Magnus fonde son récit sur la Getica de Jordanes, la Gesta Danorum de Saxo Grammaticus, les listes royales médiévales et sa propre inspiration. Magog, petit-fils de Noé, devint le premier Roi de Suède, 88 ans après le Déluge. Il invente une liste de rois avec six Éric avant Éric le Victorieux et six Charles avant Karl Sverkerson. De cette façon, les monarques du XVIe siècle, Éric XIV et Charles IX, pouvaient se vanter d'avoir des nombres ordinaux équivalents à ceux des papes !
Ces souverains fictifs sont habituellement décrits en terme élogieux, sauf le roi inventé Gostagus (Ostanus, Östen III, numéro 90 dans la liste), présenté comme un tyran débauché : À peine une nuit dans toute l'année il s'abstenait de fornication, de viol, de l'inceste et des rapports sexuels les plus sales. Le récit sur Gostagus contient des références haineuses à Gustave Vasa, nommé lui-même Gostavus dans la même liste[2] ! Fortement patriotique, l'ouvrage distille également une grande animosité envers le Danemark[3].
Anthony Stokvis, Manuel d'histoire, de généalogie et de chronologie de tous les États du globe, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, préf. H. F. Wijnman, éditions Brill , Leyde 1889, réédition 1966, Volume II, chapitre IV: « États Scandinaves ». Tableau généalogique n° 1 p. 321.
(en) & (de) Peter Truhart, Regents of Nations, K. G Saur Munich, 1984-1988 (ISBN359810491X), Art. « Sweden / Schweden », p. 2846-2847.