La Gustave est le nom d'une montgolfière qui décolla des Brotteaux à Lyon, le . Elle transportait deux passagers, le sieur Fleurant, constructeur du ballon, accompagné d' Élisabeth Tible. Elle est la première femme de l'histoire de l'aéronautique à effectuer un vol libre.
Quelques mois plus tard, le de la même année, le comte de Laurencin organise le deuxième vol libre en ballon à Lyon, il est le principal mécène. Sous sa direction, l'artiste-peintre Fleurant construit une montgolfière de 70 pieds de diamètre. Elle est baptisée la Gustave, pour honorer le passage à Lyon du roi de Suède, Gustave III, qui voyage en France sous le nom de comte de Haga[2].
Fleurant doit effectuer l'ascension accompagné du comte de Laurencin qui avait précédemment été passager à bord du Flesselles, mais Laurencin cède sa place à Élisabeth Tible[3]. De ce fait, ce vol qui aurait pu être banal car déjà précédé d'une dizaine d'autres en France et en Italie[4], deviendra celui de la première femme aéronaute de l'Histoire.
Vol historique
L'aérostat décolle des Brotteaux à Lyon, entre les actuelles rues Duguesclin, Créqui, Sèze et Bossuet[5]. En quelques minutes, il atteint l'altitude de mille cinq cents mètres, parcourant environ huit kilomètres en une heure.
L'expérience est relatée par Fleurant lui-même[6] : « Un froid subit nous saisit en même temps, ma compagne et moi ; il fut suivi d'un bourdonnement aux oreilles qui nous fit craindre de ne plus pouvoir nous entendre [...] Ces deux sensations durèrent peu et firent place à un état de bien-être et de suave contentement qu'on ne goûterait, je pense, dans aucune potion ; Mme Tible l'exprima en chantant l'ariette de La Belle Arsène : « Je triomphe ! Je suis reine… » : je lui répondis par celle de Zémire et Azor : « Quoi ! voyager dans les nuages !… » »
L'atterrissage non loin du château de la Duchère, est rude. Ils réussissent à s'extraire du ballon avant qu'il s'embrase. Élisabeth Tible a la cheville foulée. Les aéronautes sont portés en triomphe au centre-ville[7].
Quelques semaines plus tard, le , le roi Gustave III de Suède se trouve à Paris. Depuis la cour d'honneur du château de Versailles, il assiste avec Louis XVI à l'envol d'une nouvelle montgolfière nommée la Marie-Antoinette[8], dans laquelle Élisabeth Tible demandera en vain de monter[9].
Postérité
Un panneau du « carnet de voyage » de la fresque du centenaire, inaugurée en 2012, avenue Bertelot, sur le mur de la gare de Lyon-Jean-Macé, rappelle l'événement.
En 1983, le jeu de cartes Grimaud « Les montgolfières » représente la Gustave sur la carte du valet de carreau.
Des timbres-poste représentant la Gustave sont émis en 1983 à Cuba et 1984 en France et au Zaïre, pour célébrer le bicentenaire des premiers vols en montgolfière.
Imagette du vol du Gustave à Lyon, affranchie et tamponnée pour le bicentenaire.
Jeu de cartes « Les montgolfières », valet de carreau légendé la Gustave.
↑Alfred Sircos et Th Pallier, Histoire des ballons et des ascensions célèbres : A. Sircos et Th. Pallier ; avec une préface de Nadar ; dessins de A. Tissandier..., F. Roy, (lire en ligne).
↑Marie Thébaud-Sorger, L’aérostation au temps des Lumières : Annexe II. Liste chronologique des principales machines construites pour tenter un vol habité, entre novembre 1783 et août 1785, , 352 p. (EAN9782753508842, lire en ligne), p. 307-311.
↑Louis Petit “de” Bachaumont, Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des lettres en France : depuis MDCCLXII jusqu'à nos jours, Adamson, (lire en ligne), p. 82.
Jean-Baptiste de Laurencin, Lettre de M. le comte de Laurencin à M. J[ose]ph de Montgolfier, Sur l' Expérience Aérostatique faite à Lyon le 4 juin 1784, en présence du Roi de Suède, 32 p. (lire en ligne)
Le Journal des sçavans, Paris, Jean Cusson, (lire en ligne), p. 760 sqq.
« De Paris le 18 Juin », La Gazette d'Amsterdam, , p. 5-6 (lire en ligne)
Louis Petit de Bachaumont, Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des lettres en France, depuis MDCCLXII jusqu'à nos jours, t. 26, Londres, John Adamson, , 292 p. (lire en ligne), p. 58 et 82
Pierre-Jean-Baptiste Nougaret, Spectacle et tableau mouvant de Paris ou Variétés amusantes, t. I, Paris, chez la veuve Duchesne, (lire en ligne), p. 99-100
Jean-Henri Hassenfratz, Encyclopédie méthodique. Physique, Paris, chez Mme veuve Agasse, imprimeur-libraire, , 404-240 p. (lire en ligne), p. 42.
Raoul de Cazenove, « Ascension du Ballon Le Gustave à Lyon - 4 juin 1784 », Revue lyonnaise, , p. 549 (lire en ligne)
Ariane, « Les femmes et la conquête de l'air », Nouveauté : modes, ouvrages, variétés, roman, , p. 7 ; 9 (lire en ligne)
Élisabeth Boselli, « Élisabeth Thible : La première femme volante », Icare, no 124, , p. 112-115
Nicolas Witkowski, Trop belles pour le Nobel : les femmes et la science, Paris, Seuil, , 259 p.