Groupe Bernard Hayot
Le Groupe Bernard Hayot, dont le sigle est GBH, est un groupe français d'entreprises, fondé par Bernard Hayot en 1960. Son siège social se trouve à Le Lamentin, en Martinique. Présent aux Antilles, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane française, à La Réunion, à Mayotte et en Martinique, il est le groupe le plus important d’Outre-mer. Il mène aussi des activités dans les Caraïbes, l'Océan Indien, en Afrique et en Chine. GBH est actif dans la grande distribution, l'alcool, l'agriculture, l'industrie et l'automobile. Il possède notamment les franchises Carrefour, Yves Rocher, La Brioche Dorée, Mr.Bricolage, Décathlon et les concessions Renault, Dacia, Hyundai, et Nissan. Via sa filiale Spiribam, il détient les rhums Clément et les rhums J.M. Refusant de publier ses comptes — comme la loi l'impose — , le groupe GBH est régulièrement pointé du doigt lors de manifestations contre la vie chère depuis les années 2000, notamment celles de Martinique en 2024. HistoriqueLa famille Hayot est une famille békée installée en Martinique depuis le XVIIe siècle et qui a prospéré, dans un premier temps, avec « l'exploitation de « l'or blanc » (le sucre) par l'esclavage »[2]. En 1849, un an après l'abolition de l'esclavage, l'État indemnise les anciens propriétaires d'esclaves[3]. Un siècle plus tard, un de leurs descendants, Bernard Hayot, né le en Martinique[4]. Son frère aîné, Yves Hayot, deviendra un homme clé du scandale du chlordécone aux Antilles françaises, un pesticide utilisé dans les bananeraies hautement cancérigène qui contamine la population antillaise. En effet, il sera à la fois président de la Sicabam, l'interprofession martiniquaise des propriétaires de bananeraies qui milite auprès des gouvernements successifs pour l'homologation du chlordécone et la continuation de son usage, et PDG de la société Laguarigue qui commercialise du Curlone aux planteurs martiniquais et guadeloupéens de 1972 à 1993[5]. En 1960, Bernard Hayot fonde le Groupe Bernard Hayot, lequel développe des enseignes notamment dans les Antilles[2]. En 1986, Bernard Hayot rachète la fondation Clément qui se dédie à l'art et au patrimoine ainsi que le lieu qui l'abrite, le domaine de l'Acajou, connu aussi sous le nom d'Habitation Clément. L'endroit, qui accueille un musée, est un lieu de tourisme culturel. Il accueille en 1991 la rencontre entre George H. W. Bush et François Mitterrand[6],[7]. En , le groupe Casino annonce la vente de sa filiale Vindémia, présente à la Réunion, sur l'île Maurice, à Mayotte et à Madagascar, pour 219 millions d'euros au groupe Bernard Hayot, franchisé à la Réunion du groupe Carrefour. Ce dernier s'engage à vendre 4 hypermarchés, ayant 700 employés sur les 4 700 que compte le groupe Vindémia[8]. En juillet 2021, le groupe acquiert le liquoriste bourguignon Joseph Cartron[9],[10]. En février 2023, GBH rachète Mangrove, un distributeur de spiritueux britannique[11]. ActivitésGBH exerce ses activités autour de plusieurs pôles : grande distribution (48 % du chiffre d’affaires, estimé à 3 milliards d'euros en 2018), distribution automobile (42 % du chiffre d’affaires) et activités industrielles diverses (10 % du chiffre d’affaires), notamment la production de yaourts sous la marque Danone à La Réunion et la production et l’exportation de rhums (rhum Clément et rhum J.M. en Martinique). Les principales enseignes de GBH dans la distribution sont Carrefour, Mr.Bricolage, Decathlon. En 2019, le groupe compte 11 000 salariés et est présent dans les Caraïbes (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Cuba, Sainte-Lucie, République dominicaine, Trinité-et-Tobago), l’océan Indien (La Réunion, Maurice, Mayotte, Madagascar), en France métropolitaine, en Afrique (Maroc, Algérie, Ghana, Côte d’Ivoire), en Chine, et en Nouvelle-Calédonie[12],[13]. En Martinique, le groupe détient (liste non exhaustive) : les hypermarchés Carrefour et Euromarché[14], les magasins Yves Rocher, Mr.Bricolage, Renault, Decathlon. C’est aussi un grossiste et un importateur majeur pour ses magasins et leurs concurrents[15]. En 2010, GBH y emploie 1 600 salariés et son chiffre d’affaires atteint 400 millions d'euros[16]. Le groupe est le premier employeur privé de l'île[17]. Avec sa structure verticale, depuis le grossiste jusqu’au distributeur, GBH maîtrise, de fait, l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement des produits dont il a le monopole et favorise ses propres magasins au détriment de la concurrence[13]. FortuneAu classement de la revue Challenges de 2021, avec un patrimoine de 250 millions d’euros, la famille de Bernard Hayot est classée 13e fortune automobile de France et 397e fortune de France[18]. Le groupe « perd 122 places dans le classement après une année perturbée par la Covid »[19]. Autrefois considéré comme le Martiniquais le plus riche, il est détrôné dans les années 2020 par Thierry Déau, fondateur et président directeur général du fonds d'investissement en infrastructures Meridiam. Mise en causePrincipal intermédiaire du commerce entre l’Hexagone et les outre-mer, le Groupe Bernard Hayot est directement mis en cause dans le coût de la vie chère en outre-mer, la « profitation » depuis les années 2000[2],[20],[21], ainsi que pour la connivence politique tant de gauche que de droite envers la direction du groupe[22],[23]. Une étude pour l’Observatoire des prix, des marges et des revenus de la Réunion pointe fin 2022 la forte concentration du marché qui résulte des rachats successifs par GBH et rend la situation préjudiciable aux intérêts des consommateurs, notamment à travers des prix excessifs résultant de marges consubstantielles[24]. Le constat est le même pour les Antilles dont la Martinique[23]. Lui est aussi reprochée une culture du secret et de l'opacité présente à tous les niveaux du groupe, notamment son refus de publier ses comptes comme la loi lui impose[21],[25],[26],[27]. Le député de Martinique Johnny Hajjar, rapporteur de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la vie chère de 2023 dénonce un « modèle d’économie de comptoir, en place depuis la période de la colonisation ». Il appelle à « légiférer pour obliger les grands groupes à plus de transparence sur leurs marges, mais agir aussi sur le niveau des revenus salariés, par la fiscalité »[24]. Distinction pour Bernard Hayot
Notes et références
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