Les gravures d'Andrea Mantegna présentent, dans l'état actuel des connaissances, un panorama en images de gravures sur cuivre effectuées en taille-douce, identifiées et conservées comme étant de l'artiste renaissantAndrea Mantegna (1431-1506). Cette production s'étale originellement entre les années 1470 et la mort de l'artiste. Un certain nombre d'estampes sont le résultat d'un travail en société au sein de l'atelier Mantegna, actif à Mantoue, puis liquidé en 1510 après la mort de Lodovico Mantegna, fils du maître.
Limites du corpus
Toutes les gravures sont issues de dessins de Mantegna, la technique de traduction fait appel au burin, voire à la pointe sèche. Aucune plaque n'est datée et signée, ce qui conduit à des estimations approximatives. Les titres sont attribués. Quand cela est possible, est indiqué le nom d'un collaborateur.
Gravures identifiées
Les gravures suivantes, au nombre de sept, ont été clairement identifiées par Paul Kristeller en 1901[1]. Par convention, et après différentes études et analyses, cette liste reste inchangée depuis 2008[2].
Le statut des gravures ci-dessous fait l'objet de nombreux débats et recherches depuis plus d'un siècle. À compter de 1990, au moins, on sait en attribuer une dizaine à des collaborateurs ou fournisseurs qu'Andrea Mantegna a officiellement embauchés dans le cadre de son grand atelier situé à Mantoue, espace de travail qui était fonctionnel en tant qu'entité à partir des années 1474-1476 et qui fut liquidé en 1510. Cette liquidation a permis de distinguer d'un côté des cuivres ayant été conservés par Mantegna, de l'autre des états, des jeux d'épreuves relatifs à des commandes sous la direction du maître, sachant que les commissionnaires principaux restaient les Gonzague[8].
Gravures attribuées
Pour cette série de gravures dont la datation est estimée aux alentours de l'année 1475, soit après le début des travaux de décoration de la chapelle du château Saint-Georges dont elles s'inspirent pour certains motifs, Suzanne Boorsch suggère Gian Marco Cavalli, comme exécutant, d'après le contrat établi le avec Mantegna[9],[10],[11] :
La Descente aux limbes (1475) ;
La Flagellation du Christ au pavement, gravée au dos de la plaque de cuivre de la précédente ;
La Descente de Croix (vers 1475) ;
La Mise au tombeau « en hauteur » (avec quatre oiseaux), gravée au dos de la plaque de cuivre de la précédente ;
La Vierge et l'Enfant dans la grotte (inachevée).
Une autre série est celle des Triomphes de César, d'après les neuf toiles de Mantegna conservées à Hampton Court (Londres). Certaines épreuves avec variantes ont été attribuées à Giovanni Antonio da Brescia (fl. 1490-1519). Une plaque portant deux « triomphes », non identifiés avec précision, était présente dans l'inventaire de 1510 :
Les Porteurs de corselets (vers 1498), attribuée à Giulio Campagnola ;
Les Porteurs de corselets avec un pilastre (avant 1506), attribuée à Gian Marco Cavalli ;
Les Sénateurs (avant 1506), attribuée à Gian Marco Cavalli.
Gravures non encore attribuées
Hercule et Antée (vers 1495), présente dans l'inventaire de 1510[13].
Les Quatre Muses dansant, d'après un motif du Parnasse, présente dans l'inventaire de 1510[14]. La plaque a été gravée sur la précédente[13].
Faune attaquant un serpent (vers 1500).
Allégorie du Vice et de la Vertu ou Allégorie de la Chute de l’humanité ignorante (vers 1500-1505), en deux parties, attribuées parfois à Giovanni Antonio da Brescia[15] :
Virta combusta (supérieure) ;
Virtus deserta (inférieure).
Saint Sébastien (vers 1490-1500).
Silène avec un groupe d’enfants (vers 1490-1500).
Annexes
Notes et références
↑(en) Paul Kristeller, Andrea Mantegna, traduit par Arthur Strong, Londres/New York, Longmans, Green & Co., 1901, p. 386 — lire en ligne (archive.org).
↑G. Agosti et D. Thiébaut (2008), « Mantegna invenit », op. cit., pp. 250-251.
↑Les dimensions indiquées sont toujours celle de la cuvette et non de la feuille.
↑G. Agosti et D. Thiébaut (2008), op. cit., p. 237.
↑(it) A. Canova, « Gian Marco Cavalli incisore per Andrea Mantegna e altre notizie sull'oreficeria e la tipografia a Mantova nel XV secolo », in Italia medioevale e umanistica, 2001, XLII, 2001, p. 149-179.
↑Mantegna, 1431-1506 : [exposition, Paris, Musée du Louvre, 26 septembre 2008-5 janvier 2009] / sous la direction de Giovanni Agosti et Dominique Thiébaut ; assistés d'Arturo Galansino et de Jacopo Stoppa, Paris, Hazan / Musée du Louvre éditions, 2008, notice no 87 (par Suzanne Boorsch).
↑G. Agosti et D. Thiébaut (2008), op. cit., p. 238 — note d'Andrea Canova.
↑Caroline Elam, notice 162, pp. 386, in Mantegna (1431-1506), op. cit.
↑ a et bSuzanne Boorsch, notice 140, pp. 337-338, in Giovanni Agosti, Dominique Thiébaut, Arturo Galansino et Jacopo Stoppa, Mantegna (1431-1506), Musée du Louvre éditions/Hazan, coll. « Catalogue de l'exposition », .
↑Laura Aldovini, notice 139, pp. 335-336, in Giovanni Agosti, Dominique Thiébaut, Arturo Galansino et Jacopo Stoppa, Mantegna (1431-1506), Musée du Louvre éditions/Hazan, coll. « Catalogue de l'exposition », .
↑Laura Aldovini, notice 146-147, pp. 348-349, in Mantegna (1431-1506) (2008), op. cit.
Suzanne Boorsch (dir.), Keith Christiansen, David Ekserdjian, David Landau, Jane Martineau, Andrea Mantegna, peintre, dessinateur et graveur de la Renaissance italienne, catalogue de l'exposition [Londres, Royal Academy of Arts, -, New York, Metropolitan Museum of Art, -, 1992], traduit de l'anglais, Paris, Gallimard/Electa, 1992 (ISBN9782070112401).
Gisèle Lambert, « Mantoue : Andrea Mantegna et son école », in Les Premières Gravures italiennes, Paris, Éditions de la Bibliothèque nationale de France, 2000, pp. 188-217 — lire en ligne.
Giovanni Agosti, Dominique Thiébaut, Arturo Galansino et Jacopo Stoppa (trad. de l'anglais), Mantegna (1431-1506), Paris, Musée du Louvre éditions/Hazan, coll. « Catalogue de l'exposition », , 479 p. (ISBN978-2-7541-0310-7)
Claude-Jean Darmon, « Mantegna et la taille-douce italienne au quattrocento et cinquecento », dans Azart Magazine, 36, janvier-.