Grand Prix automobile d'Italie 1950Grand Prix d'Italie 1950
Le Grand Prix automobile d'Italie 1950 (21° Gran Premio d'Italia), disputé le sur le circuit de Monza, est la septième épreuve du championnat du monde de Formule 1. Contexte avant le Grand PrixLe championnat du mondeSeptième et dernière épreuve du championnat, ce Grand Prix se dispute deux mois après la précédente, le Grand Prix de France. Entre-temps se sont déroulées des épreuves hors championnat, comme le Grand Prix de Bari, le Grand Prix des Nations (à Genève) et le Grand Prix de Pescara dominés, à l'image de cette saison, par les Alfa Romeo 158, ainsi que le Grand Prix d'Albi et celui des Pays-Bas, tous deux remportés par la Talbot de Louis Rosier en l'absence des Alfetta[1]. Le circuitUtilisé pour la première fois à l'occasion du Grand Prix d'Italie 1922, l'autodrome de Monza fut très endommagé au cours de la seconde guerre mondiale. Totalement rénové en 1948[2], il développe 6,3 km et se caractérise par une piste très large (jusque vingt-quatre mètres devant les tribunes), de longues lignes droites et des courbes rapides, autorisant des moyennes élevées : 188,2 km/h réalisés en course par Consalvo Sanesi, sur Alfa Romeo, en 1948, actuel record du circuit. Monoplaces en lice
Pour son Grand Prix national, l'équipe milanaise a engagé cinq monoplaces : trois pour les pilotes titulaires Giuseppe Farina, Juan Manuel Fangio et Luigi Fagioli, auxquels sont adjoints Consalvo Sanesi, pilote essayeur de la marque, et Piero Taruffi. Beaucoup d'essais et de développements ont été effectués en préparation de cette course, Alfa Romeo craignant les performances de la nouvelle Ferrari, qui s'est montrée très menaçante lors du Grand Prix des Nations. Farina et Fangio bénéficient de la dernière évolution moteur, l'augmentation de la pression de suralimentation permettant d'atteindre une puissance de l'ordre de 375 chevaux[3].
La Scuderia Ferrari aligne ici sa nouvelle monoplace à moteur V12 atmosphérique, déjà vue à Genève au Grand Prix des Nations (hors championnat) en version 4,1 litres (modèle 340), désormais dans sa version 4,5 litres développant 330 chevaux. Deux voitures sont engagées pour Alberto Ascari et l'ancien motard Dorino Serafini, qui remplace Luigi Villoresi victime d'une sortie de route à Genève et souffrant de multiples fractures. La Scuderia souhaitait confier cette seconde voiture à Raymond Sommer, mais le pilote français étant déjà inscrit sur Talbot, les organisateurs ne l'ont pas permis[4]. L'écurie avait également inscrit une 125 F1 pour Giovanni Bracco, mais cette voiture n'est pas présente. Aux côtés des pilotes "Usine", on retrouve Peter Whitehead sur sa 125 F1 privée, ainsi qu'une étonnante Ferrari à moteur six cylindres Jaguar sur châssis 166, engagée par Clemente Biondetti.
En plus des deux 4CLT/48 officielles de Louis Chiron et Franco Rol, la firme italienne est représentée par la Scuderia Milano, la Scuderia Ambrosiana, ainsi que par Enrico Platé qui aligne deux voitures pour Bira et Toulo de Graffenried. On trouve également le pilote allemand Paul Pietsch, qui effectue son retour en course au volant d'une Maserati-Milano.
Deux T15 (4 cylindres, 1 500 cm3, compresseur basse pression) ont été amenées par l'équipe Gordini, pour Maurice Trintignant et Robert Manzon. Pour l'anecdote, le "patron" (Amédée Gordini) ne peut assister à ce Grand Prix : alors qu'il se rend à Monza au volant de son coupé Simca Huit Sport (affûté par ses soins), il est victime d'un accident en tentant de doubler un camion par la droite; il faisait alors la course avec André Simon, qui se rendait également au circuit. Légèrement blessé, le Sorcier passe ce week-end à l'hôpital. C'est son fils Aldo qui dirige l'équipe[4].
La marque de Suresnes ne participe pas officiellement à cette course, mais la marque est tout de même représentée par six pilotes privés, dont Louis Rosier et Raymond Sommer, auteurs de belles prestations cette saison. Enrico Platé avait initialement inscrit ses "Platé Spécial", d'antiques Talbot monoplaces 1500 modifiées, finalement absentes.
Le pilote britannique Cuth Harrison a engagé son ERA Type B personnelle. Coureurs inscritsQualificationsPour la première fois depuis 1946, la suprématie des Alfetta est remise en cause, avec les débuts de la nouvelle Ferrari 375 F1. Malgré les 375 chevaux dont il dispose, Juan Manuel Fangio a fort à faire pour rester devant Alberto Ascari qui réalise des temps similaires sur la dernière née de la Scuderia Ferrari. C'est d'ailleurs Ascari qui, le premier, descend sous la barre des deux minutes lors de la séance du vendredi. Après avoir beaucoup tourné, Fangio parvient à réaliser le meilleur temps en 1 min 58 s 6, devançant son adversaire de 2/10. Le lendemain, le pilote argentin améliore, tournant en 1 min 58 s 3, Ascari s'étant rapproché à 1/10 seulement. Ces deux pilotes ont largement dominé les essais, aucun autre n'est parvenu à tourner en moins de deux minutes. Les cinq Alfa Romeo et les deux Ferrari d'usine s'emparent des sept premières places sur la grille. Derrière les deux équipes favorites, c'est Raymond Sommer, sur sa Talbot personnelle, qui obtient la huitième position, à dix secondes tout de même du temps de Fangio. À noter la prestation plus qu'honorable des deux Simca-Gordini, qualifiées en troisième ligne malgré leur faible puissance.
Grille de départ du Grand Prix
Déroulement de la courseLes Alfa Romeo vont devoir ravitailler deux fois, alors que les nouvelles Ferrari à moteur atmosphérique n'auront qu'un seul arrêt à effectuer, tout comme les Maserati. Les Talbot, quant à elles, ont une autonomie suffisante pour la distance de l'épreuve. Temps chaud et ensoleillé au départ, couvert par la suite. 70 000 spectateurs assistent à la course[8]. Le moteur de la Maserati de Paul Pietsch casse sur la grille de départ, le pilote allemand n'a pu parcourir le moindre mètre à l'occasion de son retour en Grand Prix. De la première ligne s'envolent les trois Alfa Romeo, Farina prenant immédiatement la tête devant Fangio et Sanesi, distançant légèrement la Ferrari d'Ascari, quatrième à l'abord de la Curva Grande. Mais le pilote milanais refait rapidement son retard, déborde Sanesi puis Fangio, et termine ce premier tour dans les roues de Farina. Pendant treize tours, Ascari tient le rythme du leader, avant de le déborder au quatorzième. Pour la première fois depuis 1946, l'Alfetta a trouvé une concurrente à sa hauteur. La Ferrari se maintient deux tours en tête avant de laisser repasser Farina, Ascari attendant sagement le ravitaillement de l'Alfa Romeo pour reprendre l'avantage. Derrière les deux hommes de tête, Fangio (qui à 189 km/h de moyenne lors du septième tour a battu le record officiel du circuit) se maintient prudemment troisième, position devant lui assurer le titre mondial. Coup de théâtre au vingt-deuxième tour, lorsque Ascari doit abandonner sa voiture au bord de la piste, victime d'un bris de soupape. Fangio est désormais second, mais deux tours plus tard il doit également renoncer sur problème de boîte de vitesses. À cet instant le titre de champion du monde bascule sur les épaules de Farina, toujours en tête devant les deux autres Alfetta de Taruffi et Fagioli. Dépité, le pilote argentin rejoint son stand. Lorsque Taruffi s'arrête pour son premier ravitaillement, l'écurie milanaise propose alors à Fangio de repartir à sa place : il peut encore être titré s'il termine second derrière Farina et recordman du tour. C'est un geste chevaleresque de la part d'Alfa Romeo, qui fait passer l'intérêt sportif avant l'intérêt national de consacrer un pilote italien (d'ailleurs, à ce moment, une partie du public manifeste nettement son hostilité[7]). Touché par la proposition de son équipe, Fangio repart et assure sa seconde place, jusqu'au trente-cinquième tour où il doit à nouveau abandonner, moteur cassé. Dès lors, Farina, qui possède plus de deux minutes d'avance sur son coéquipier Fagioli et la Ferrari de Serafini, ralentit considérablement l'allure. Sommer et Étancelin, auteurs d'une course très régulière, sont désormais quatrième et cinquième sur leurs Talbot. Au quarante-huitième tour, Ascari reprend la voiture de Serafini, alors troisième, se lançant à la poursuite des deux Alfa Romeo[9]. Retrouvant la seconde position lors du second ravitaillement de Fagioli, il effectue une belle fin de course, et conserve sa place jusque l'arrivée. Farina, vainqueur, est sacré champion du monde, le premier dans l'histoire de la formule 1. Victime de problèmes de boîte de vitesses au quarante-neuvième tour, Sommer n'est pas récompensé de sa belle performance, et c'est Rosier qui termine finalement quatrième, après avoir dépassé Étancelin, cinquième. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des monoplaces aux premier, dixième, quinzième, vingtième, vingt-cinquième, trentième, quarantième, cinquantième et soixantième tours[10].
Classement de la course
Légende :
Pole position et record du tour
(De nombreuses sources écrites, principalement anglaises, mentionnent un temps de 1 min 58 s 6 pour la pole position, occultant les améliorations réalisées par Fangio et Ascari lors de la dernière séance d'essais.)
Tours en tête
Classement final du championnat
À noter
Notes et références
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