Georges Cartier (1877-1960)Georges Cartier
Georges Cartier, né le à Genève (Suisse) et mort le à Jacob-Bellecombette (Savoie), est un général français qui a combattu lors des deux guerres mondiales et qui s'est illustré à la tête du "Groupement Savoie-Dauphiné" en , ainsi qu'un homme politique local, qui fut maire d'Annecy. Il ne faut pas confondre le général Georges Cartier avec le général de brigade François Cartier (1862-1953)[2]. BiographieJeunesse et début de carrière militaireGeorges Eugène Alphonse naît le à Genève (Suisse)[3]. Issu du mariage entre un père savoyard, originaire de Doussard (Haute-Savoie), et une mère d'une vieille famille calviniste de Genève (Suisse)[4], Georges Cartier passe son enfance en Suisse jusqu'à la maturité fédérale, puis il passe son baccalauréat à Chambéry. Il embrasse alors une carrière militaire en s'engageant comme volontaire en 1896 au 22e BCA à Albertville[3]. À la sortie de l’École militaire de l'infanterie de Saint-Maixent, il est nommé sous-lieutenant au 12e bataillon de chasseurs alpins à Embrun, puis à Grenoble. En 1907, il est reçu à l’École supérieure de guerre. Il est ensuite affecté, en tant que capitaine, au 28e bataillon de chasseurs alpins à Embrun. En , il est nommé à l’état-major particulier du ministre Adolphe Messimy. Première Guerre mondialeÀ la déclaration de guerre (le 3 août 1914), le capitaine Georges Cartier se trouve à l’état-major du général Gallieni puis au 2e Bureau de la VIe Armée. En , le général Joffre l'affecte auprès de la légation de France en Roumanie, laquelle est encore déclarée neutre. La mission du capitaine Cartier placé auprès du comte de Saint-Aulaire[5] alors ministre de France à Bucarest est de jauger les moyens militaires roumains ainsi que ceux de l'ennemi. Il prend en charge le Deuxième Bureau de l'armée roumaine. Après l'entrée en guerre de la Roumanie, alors seul officier français présent dans le pays, il prend part aux combats. En , il se rend à Petrograd à la rencontre de la Mission militaire française du général Berthelot sous le commandement duquel il sera désormais placé [6]. Au sein de grand quartier général roumain il est attaché au Deuxième Bureau dont il assure, de facto, la direction. En 1917, il est également chargé du service de renseignement de l'armée russe présente en Roumanie. Promu chef de bataillon, il rentre en France en , traversant la Russie en pleine tourmente révolutionnaire. Sur le front, en FranceLe commandant Cartier est affecté au 159e régiment d'infanterie alpine (le fameux 15-9)[7], dont il va commander le 1er bataillon. En , les Alpins de la 77e Division sont investis, pour contrer la redoutable offensive Michael, de la mission vitale de bloquer l'accès à Paris. Le commandant Cartier prend alors les fonctions d'adjoint au chef de corps. Le 15-9 se bat et, au prix de lourdes pertes, parvient à contenir les trois régiments d'infanterie allemands. Le régiment sera, pour sa conduite, cité à l'ordre de l'Armée. À l'Armée d'OrientAprès une permission au cours de laquelle il se remet d'une blessure au combat, le chef de bataillon Cartier est nommé à la tête du Deuxième Bureau de l'Armée d'Orient. Il arrive à Salonique en , une semaine avant la prise de commandement de cette armée internationale, forte de plus de 600 000 hommes, par le général Franchet d'Esperey. Il fait en sorte que le haut commandement germano-bulgare ait en mains des photographies aériennes d'un nombre important de chars de combat et de l'artillerie d'accompagnement dont disposent les Français. Il s'agit en fait de maquettes habilement fabriquées. Le stratagème fonctionne parfaitement, permettant une percée décisive des troupes franco-serbes[8]. Dès lors, tout va très vite sur le front d'Orient. Le la Bulgarie signe l'armistice. Le général Franchet d'Esperey arrête, à Belgrade, avec le gouvernement révolutionnaire hongrois, une convention dont le commandant Cartier a rédigé les termes. À ConstantinopleLe général Franchet d'Esperey transfert son quartier général à Constantinople et installe l’État Major de l'Armée d'occupation dans la propre demeure d'Enver Pacha. La Grande Guerre est officiellement terminée mais la situation internationale reste tendue. Depuis Constantinople, le Deuxième Bureau a un poste d'observation privilégié sur une vaste zone géographique. Chaque mois un copieux rapport de situation, extrêmement précis, pays par pays, est adressé à l’état-major de l'Armée à Paris. L'ensemble de ces rapports est maintenant publié[9]. Le commandant Cartier rentre en France en . L'entre-deux-guerresAprès avoir soigné un grave typhus contracté dans les Balkans, il est nommé, au printemps 1921, à l'état-major du 32e Corps d'Armée dont il va occuper le 3e Bureau en Rhénanie. En 1923, nommé lieutenant-colonel, il est affecté à Pau au 18e régiment d'infanterie. Il y reviendra en tant que commandant en 1926 après avoir passé un an comme sous-chef du cabinet militaire du ministre de la Guerre, Paul Painlevé. Il suit ensuite le cours du Centre des hautes études militaires. En il prend le commandement par intérim de la 53e Brigade d'Infanterie dans les Alpes, puis, nommé général de brigade, il prend à Grenoble en 1936 le commandement de la 27e division d'infanterie et du secteur fortifié du Dauphiné. En 1937, il est promu général de division. Sa carrière militaire prend officiellement fin le . La Seconde Guerre mondialeLa drôle guerreRappelé à l'activité le , le général Cartier prend le commandement de la 64e division d'infanterie, dont le QG est à Valence, puis à Seyssel, chargée de la défense du secteur nord des Alpes. Pendant deux mois il va s'employer à établir une ambiance martiale au sein de cette division de série B, composée de réservistes dont la moyenne d'âge est de 34 ans et la préparer à sa mission. Le Groupement CartierLe , le général Cartier est nommé adjoint au général commandant la XIVe région à Lyon. L'armée allemande prend à revers l'Armée des Alpes du général Olry. Investi le de la mission d'assurer la défense du secteur Nord des Alpes contre les Allemands, il constitue le Groupement de Défense de Savoie-Dauphiné, force improvisée d'environ 15 000 hommes, formée d'éléments hétéroclites rassemblés en hâte dans un effort de mobilisation régionale. Son artillerie, placée sous le commandement du général de brigade Georges Marchand, bloque l'avancée des blindés allemands à Voreppe à une douzaine de kilomètres de Grenoble les 23 et , tenant le site jusqu'à l'entrée en vigueur de l'armistice du 24 juin 1940 (le à 0 h 35), permettant ainsi à la ville d'échapper à une invasion allemande[10]. Ni Grenoble, ni Chambéry – où les Allemands et les Italiens avaient prévu de faire leur jonction – ne sont atteints. La Savoie et le Dauphiné, malgré tout l'intérêt stratégique d'une frontière avec la Suisse, figureront dans leur quasi-totalité en zone libre. Ce ne sera pas indifférent pour l'évasion des juifs de France vers la Suisse grâce à l'établissement de filières passant par la Savoie. Les années de guerreLe général Cartier est placé dans le cadre de réserve sans emploi le puis à la mort du titulaire de la fonction, il est nommé pour remplacer Joseph Blanc à la tête du conseil municipal d’Annecy, le [11]. Il entre en fonction le et administre autoritairement cette ville durant un an. Le , François de Menthon, universitaire aux supposées opinions gaullistes et pro-britanniques est convoqué à la mairie, sur papier à en tête. Il s'agit là d'un faux portant la signature du maire, imitée. À son arrivée, les jeunes gens du Service d'ordre légionnaire, à l'origine de cette convocation, le molestent et le trempent dans le bassin situé devant le bâtiment de la mairie. Le maire proteste publiquement contre cette action. Il est révoqué par le gouvernement Laval. Au début de l'été 1943, ayant été averti qu'il est menacé d'une arrestation imminente[12], il passe clandestinement en Suisse, gagne Genève d'où il coopère étroitement avec les Services de Renseignements alliés. Sa femme sera arrêtée aux Houches (Haute Savoie) par la police allemande ainsi que leur 3e fils, Rémy, le . Ce dernier meurt le dans le camp de Dora, après un passage dans celui de Buchenwald[13]. L'après-guerreDès la libération de la province, le général Cartier rentre en Savoie. Il est nommé président de la Cour martiale de Savoie puis de la Cour de justice de Savoie, établies successivement pour juger des faits de collaboration. En 1946, il prend l'initiative de faire signer en Haute Maurienne une pétition, afin de rectifier la frontière et de placer sous la souveraineté française l'intégralité du plateau du Mont Cenis qui faisait partie intégrante de la Savoie avant 1860. Le traité de paix du avec l'Italie ira dans ce sens. Il préside un temps l'Académie delphinale à Grenoble et est membre du comité directeur de l'Académie florimontane à Annecy. Dans les dernières années de sa vie, il présidera, du côté français, le comité franco-italien pour la réalisation du tunnel routier du Fréjus. Georges Cartier meurt le , à Jacob-Bellecombette (Savoie)[3], où il est inhumé[14]. Les honneurs militaires lui sont rendus en présence du drapeau unique des chasseurs, emblème commun à tous les bataillons. Distinctions et honneursDécorations françaises
Distinctions étrangères
Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
|