La desserte ferroviaire de Colmar, qui débute en 1840, s'articule autour de trois gares qui se succédèrent au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la dernière étant la gare actuelle (mise en service en 1907).
Premières gares
La « station de Colmar » est mise en service le 19 octobre 1840 par la Compagnie du chemin de fer de Strasbourg à Bâle, lorsqu'elle ouvre au service la section de Benfeld à Colmar, à une vitesse moyenne de 50 km/h[2]. Le 1er mai 1841, elle est reliée à la gare de Strasbourg-Koenigshoffen avec la mise en service de la section de (Strasbourg) Koenigshoffen à Benfeld et le 15 août 1841 elle est reliée à Saint-Louis avec l'ouverture de la section de Colmar à Mulhouse, la section de Mulhouse à Saint-Louis ayant été ouverte le 26 octobre 1840[3]. Le premier bâtiment provisoire en bois est construit, il a la forme d'une grande halle[4].
Les travaux pour un bâtiment définitif sont en cours, il est achevé en avril 1842, « au débouché de la rue Bruat sur la rue de la Gare[5] ». Construit par l'entrepreneur Ignace Wetterle, il comporte un corps central à trois ouvertures à la base, avec un étage et un clocheton, il est encadré par deux ailes comportant cinq ouvertures. Une place fermée est aménagée en façade. Son inauguration a lieu le 15 avril 1842. L'ancien bâtiment de 1840 est reconverti en halle à marchandises[6].
En 1842, J. Duplessy la décrit comme « une vaste et belle station placée en dehors de la porte Kléber ». À la station, des « omnibus » attendent les voyageurs pour les emmener en ville. Colmar est une importante ville qui compte, en 1841, 19 908 habitants. Duplessy signale notamment les deux principaux hôtels : l'Hôtel « de l'Ange » et celui « des Deux-Clefs », qui ont notamment l'avantage de disposer d'un omnibus en attente pour le chemin de fer[7].
Du 15 août 1841 au 31 mai 1842 la station de Colmar délivre des billets à 100 094 voyageurs pour une recette de 198 465,15 francs, auxquels s'ajoutent 13 942,70 francs pour le service des bagages et marchandises. Cela la place à la deuxième place des stations de la compagnie pour le nombre de voyageurs, à la troisième pour la recettes voyageurs et à la quatrième pour la recette des bagages et marchandises[8].
La Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine propose de créer une nouvelle gare plus importante légèrement plus au Sud (quelques centaines de mètres), la ville adopte ce projet le 24 mars 1900. En 1902, débutent les travaux de construction sur des plans inspirés de ceux de la gare de Dantzig[10],[11]. De nombreuses entreprises locales participent à cet important chantier qui va coûter 5 525 000 marks (or) à l'Empire allemand et 150 000 marks à la ville. Les nouvelles installations comportent notamment un imposant bâtiment voyageurs de style Art nouveau[11] d'une longueur de 105 m avec un beffroi d'une hauteur de 36 m. L'édifice est construit en grès gris de Phalsbourg et en briques rouges[11]. Dominant le hall, un pignon à volutes vient rééquilibrer la façade, malgré la hauteur du beffroi. Des sculptures et reliefs ornent en plusieurs endroits la façade principale, permettant de pallier la lourdeur de l'édifice due à la disproportion des différentes parties. Parmi ces sculptures figuraient des cariatides qui ont été retirées après la Première Guerre mondiale[12]. Au centre de l'édifice se situe un vaste hall dominé par le beffroi, éclairé par des baies qui occupent une large partie des façades. Les bureaux, les salles d'attente, les restaurants sont situés dans les ailes qui jouxtent le hall central. Les voyageurs auront à leur disposition une salle d'attente pour chacune des quatre classes, une salle de relaxation pour les non-fumeurs et un important buffet[13].
La nouvelle gare aux marchandises est mise en service en février 1904 et la nouvelle gare voyageurs le 1er mai 1907[13].
Lorsque l'Alsace-Lorraine redevient française, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'aigle impérial qui se trouvait sur le fronton du bâtiment voyageurs est remplacé par les armes de la ville de Colmar. L'inscription « Erbaut 1905-06 » devient « Anno Domini 1905-06[14] ».
Le pont sur la Rhin de la ligne Colmar – Fribourg est détruit le 5 février 1945 mettant un terme aux liaisons ferroviaires entre les deux villes. Il n'a jamais été reconstruit.
En 1971, la gare de Colmar comportait cinq postes d'aiguillage[15]. La longueur des quais est portée à 400 mètres entre mars et décembre 1971 tandis que sont construits les postes d'aiguillage H et J. Un nouveau poste d'aiguillage tout relais à transit souple gérant 69 itinéraires est mis en service en 1972[16].
Des travaux de modernisation sont réalisés entre 1990 et 1991[18].
La place de la Gare est réaménagée entre 2002 et 2004[19].
En prévision de la mise en service du premier tronçon de la LGV Est européenne, un nouveau pavillon d'accueil comportant un espace de vente est réalisé côté ouest. Les travaux débutent en août 2005 et s'achèvent au printemps 2007[20].
Le poste d'aiguillage de Colmar est automatisé en 2015, dans le cadre de la mise en service de la « télécommande de la plaine d'Alsace[21] ».
Les EuroCity Iris et Vauban, qui reliaient Bâle à Bruxelles via Colmar, Strasbourg, Metz et Luxembourg, sont supprimés le 3 avril 2016 (dernier jour de circulation le ) en prévision de la mise en service du second tronçon de la LGV Est. Les TER 200 reliant Nancy ou Luxembourg à Bâle sont supprimés à cette même date.
Les derniers Intercités de nuit desservant cette gare, faisant partie du « Quadritranche », disparaissent en 2016. Il s'agit des relations Strasbourg – Montpellier – Cerbère (Portbou jusqu'en ), supprimée le , et Strasbourg – Marseille – Nice, dont la suppression intervient le .
Fréquentation
De 2015 à 2022, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous[22].
Année
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Voyageurs
3 586 247
3 589 253
3 887 862
3 950 944
4 200 762
2 566 878
3 186 895
4 103 990
Voyageurs et
non voyageurs
4 029 491
4 032 868
4 368 384
4 439 263
4 719 957
2 884 133
3 580 781
4 611 225
Service des voyageurs
Accueil
Gare de la SNCF, elle dispose d'un bâtiment voyageurs (côté est), avec guichets, salle d'attente, service accueil jeune voyageur, un point de rencontre et un point d'accueil groupe, ouvert tous les jours. Le « pavillon ouest » comporte un espace de vente ouvert du lundi au samedi et fermé les dimanches et jours fériés. Elle est également équipée d'automates pour l'achat de titres de transport. Des aménagements, équipements et services sont à la disposition des personnes à la mobilité réduite[23]. Elle dispose aussi de salles d'attente sur les quais. Un passage souterrain permet la traversée des voies.
Situé place de la Gare, le buffet de la gare comporte également un bar et un espace de vente à emporter[24].
La gare est fustigée par l'artiste Hansi qui l'assimile au « style Babel » ou « style donjon[26] ».
À l'origine le hall de la gare était orné de vitraux, réalisés par l'atelier Kühn et Gerrer de Mulhouse, qui symbolisaient la Force et la Vapeur. La salle d'attente de 2e classe comportait un vitrail représentant une ancienne porte de la ville tandis qu'un vitrail évoquant le village d'Eguisheim et ses trois châteaux était installé dans la salle d'attente de 3e classe[27].
Les vitraux originaux ont été détruits par l'explosion d'un train de munitions en 1944. Dans un premier temps, ils ont été remplacés par des paysages vosgiens et du verre blanc. Les actuelles baies vitrées du hall ont été réalisées par Jean Le Gac en 1991. D'une surface de 48 m2 chacune, elles représentent un peintre libérant deux jumelles ligotées, à côté d'une voie ferrée[28],[29]. Dans son premier projet, l'artiste avait imaginé que les jeunes femmes se trouvent ligotées sur les rails. À la suite de la demande de la SNCF, il les déplaça au bord de la voie. Les verrières ont été réalisées par une filiale de Saint-Gobain, implantée à proximité de Bordeaux[30]. Quelques rares vitraux d'origine sont encore visibles au buffet de la gare.
Le bâtiment voyageurs ainsi que le souterrain d'accès aux quais comportent de nombreuses sculptures et bas-reliefs. Le beffroi, d'une hauteur de 36 mètres, est flanqué de quatre tourelles et surmonté d'une girouette représentant une locomotive à vapeur.
Le bâtiment voyageurs fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le [31].
En 2004, le parvis de la gare est réaménagé pour mettre en valeur la façade du bâtiment. Un nouvel éclairage doit mettre en relief l'architecture, il propose différentes variantes qui se succèdent en « fondus enchaînés[32] ».
L'architecture du pavillon ouest, construit entre 2005 et 2007, rappelle celle du bâtiment historique.
Dépôt de Colmar
Le dépôt de Colmar est construit en 1878. Il comportait deux rotondes de 16 et 4 voies et un atelier de réparation. Il est agrandi en 1907 lors de la mise en service de la nouvelle gare : la rotonde nord passe de 4 à 16 voies et une annexe pour le matériel à voie métrique est réalisée.
En 1939, le dépôt de Colmar compte 58 machines dont 7 à voie métrique[33]. Il est bombardé durant la Seconde Guerre mondiale, environ 10 % des installations sont détruites.
L'ancienne rotonde sud existe toujours mais il ne reste plus qu'une seule voie, les autres ont été déposées. Elle sert aujourd'hui d'entrepôt. À l'arrière de celle-ci se dresse l'ancien château d'eau. Subsistent également la plaque tournante de l'ancienne rotonde nord et les bâtiments administratifs.
Une agence du Sernam était présente sur le site[36].
En 2016, une partie des installations sont inutilisées en raison de la chute du fret ferroviaire. Depuis plusieurs années, la ville de Colmar souhaite réhabiliter le site avec l'aménagement d'un « quartier d'activités[37] ».
La zone industrielle nord de Colmar, aménagée dans les années 1960, bénéficie d'un réseau ferré appartenant à la ville et qui comportait 17 embranchements particuliers. En 2004, seuls trois embranchements étaient encore utilisés[39]. Le 1er janvier 2011, la SNCF décide de mettre un terme à la desserte de la zone industrielle nord qui ne comptait plus que la société Rohr pour seul client. La mobilisation des élus colmariens a permis le retour de la desserte en juin 2012[40].
Infrastructures ferroviaires
Les bâtiments de la gare aux marchandises et le chantier fret sont situés le long de la route de Rouffach. Les installations s'étendent sur 6 hectares. La gare comprend un bâtiment de bureaux (1 500 m2) auquel est accolée une vaste halle (3 150 m2), un peu plus au sud se trouve l'ancien bâtiment des douanes (1 720 m2) et une cour de débord. Elle disposait aussi d'un portique de transbordement qui a été démonté en 2015. Le faisceau marchandises est commandé par deux postes d'aiguillages (postes H et J).
Halles et bureaux.
Un TER 200 passe devant l'ancien portique, démonté en 2015.
L'ancien portique, démonté en 2015, et le poste J.
↑J. Duplessy, Le guide indispensable des voyageurs sur les chemins de fer de l'Alsace : ouvrage rédigé sur des documents authentiques, et contenant la description de tous les lieux parcourus, V. Levrault, (lire en ligne), p. 96-103.
↑J. Duplessy, Le guide indispensable des voyageurs sur les chemins de fer de l'Alsace, (lire en ligne), p. 18-19.
↑ ab et cÉlisabeth Bonnefoi, Alsace, coups de cœur : Sites et monuments remarquables, spécialités, curiosités insolites, Rennes, Éditions Ouest France, , 112 p. (ISBN978-2-7373-6785-4), p. 4.
↑Emile Herzog, Guide historique et artistique de Colmar (Guide touristique), Colmar, Paul Hartmann, , 101 p., p. 17
↑Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck et Guy Bronner, Alsace : Dictionnaire des monuments historiques, Strasbourg, La Nuée Bleu, , 664 p. (ISBN978-2-7165-0250-4), p. 86-87.