Gérard de Lacaze-Duthiers descend d'une ancienne famille de la noblesse gasconne possédant le titre de baron. Il est par ailleurs le petit-neveu d'Henri de Lacaze-Duthiers (1821-1901), anatomiste, biologiste et zoologiste français[2],[3].
Après avoir fait ses études au collège Rollin à Paris, Gérard de Lacaze-Duthiers se voit proposer une bourse pour préparer l’École normale supérieure mais la refuse, préférant dès cette époque garder sa liberté[4].
Il passe sa licence de droit, puis de lettres, fut surveillant puis professeur adjoint de lettres.
Il est acquis aux idées libertaires avant la guerre de 1914-1918, ainsi qu’en témoigne la lettre du qu’il écrit à Jean Grave, mais également André Lorulot qui signale dans L’Idée libre d’ qu'il avait collaboré à sa revue depuis sa fondation le [1].
Lacaze-Duthiers adhère à l’Union anarchiste et, en 1914, il donne à l’École de propagande anarchiste des cours de philosophie qu’il reprend après guerre. Puis il apporte son concours à de très nombreuses publications : Pendant la mêlée, Par-delà la mêlée (1915-1917), L’En-dehors (1922), Le Semeur (1927-1936), La Voix libertaire (1929), C.Q.F.D. (1944-1949), L’Unique (1945), Le Monde libertaire (1954)[1].
En 1897, il est, secrétaire de rédaction de Lutèce, périodique qui paraît du au , avec seulement 8 numéros.
Pendant la période de l’affaire Dreyfus, entre 1896 et 1898, proche du groupe d'Action d'Art « Les Visionnaires », il écrit son premier ouvrage, L’Idéal humain de l’art : essai d’esthétique libertaire, où il développe le concept individualiste baptisée « Artistocratie » néologisme qu’il définit comme « consistant pour chaque individu, à faire de sa vie une œuvre d'art libre et désintéressée, au-dessus de toutes les limitations et de tous les partis »[1].
Il habite dès les années 1920, et pendant plus de 30 ans, au 113 de la rue Monge à Paris 5e, au 5e étage.
Il fonde la Bibliothèque de l'Artistocratie, qui publie, de 1930 à 1952, 140 volumes, et en est le directeur. Il est l'auteur de plus de 50 ouvrages, organise des expositions artistiques et des représentations dramatiques. Son intention est de rapprocher l'art et la vie dans tous les domaines. Il est surnommé à l'étranger le « Ruskin français ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il vit avec sa femme en Bourgogne d’une « modeste retraite universitaire de 50 F par jour » et de l’aide financière que lui apportèrent le secrétaire de l’Académie française et le président de la Société des gens de lettres[4].
En 1947, il est élu au comité directeur du Parti pacifiste internationaliste et collabore à son bulletin, Le Mondial[6].
En 1951, il fait partie, aux côtés de Félicien Challaye et d'Émile Bauchet (lui aussi membre de la LICP) des fondateurs[7] de La Voie de la paix, organe du Comité national de résistance à la guerre et à l'oppression (CNRGO, devenu Union pacifiste de France en 1961).
Il est enterré au cimetière de Gentilly le mardi , sous une pluie battante. « Cérémonie civile, avec la bénédiction du ciel », dit Henri Chassin[8].
Divers
Il a aussi été directeur de la revue « Nos Amis les Livres »[9], membre de la Société des gens de lettres, Syndic du Syndicat des journalistes de la presse périodique.
Il est professeur honoraire de l'Université et docteur honoris causa de plusieurs universités étrangères[4].
Œuvres
L'Idéal humain de l'art, 1896 (réédition : 1906)
La Découverte de la vie, Alcan Editeur, 1907
Une nouvelle école poétique, imprimé chez Berger et Chausse, Paris
L'Unité de l'art
Le Culte de l'Idéal ou l'Artistocratie, 1909
La Liberté de la pensée
Au tournant de la route
La Tour d'Ivoire vivante, préf. de Marcel Clavié, éd. Félix Alcan, 1914
Introduction à une bibliographie du dolorisme, suivie de Lettres inédites de Louis Mandin, 1946
Anthologie des écrivains du Ve, Paris et le Quartier Latin, Bibliothèque de l'Artistocratie, Pierre Clairac Editeur, 1953
Des vers...avec rimes et raison. Paris, Les Amis de l'Aristocratie, 1954.
C'était en 1900...Souvenirs et impressions (1895-1905). Tome premier : Les laideurs de la Belle Epoque, La Ruche ouvrière, Bibliothèque de l'Aristocratie,1958, Paris.
Voir aussi
Bibliographie
Erik Buelinckx, 'Mauer - film préhistorique. Gérard de Lacaze-Duthiers et l’esthétique libertaire', in Cinémas libertaires. Au service des forces de transgression et de révolte Nicole Brenez & Isabelle Marinone (red.), Arts du spectacle - Images et sons, Paris: Presses Universitaires du Septentrion, 2015.
Vittorio Frigerio, « Gérard de Lacaze-Duthiers et l'« artistocratie »: l'idéalisme au service de la révolution », Histoires littéraires, Paris, Juillet-Août-Septembre 2019, Vol. XX, n. 79, pp. 13-31.
Vittorio Frigerio, « Léon Bloy et Gérard de Lacaze-Duthiers: deux consciences contre la bêtise ». In : On n'arrête pas le progrès et autres vérités discutables, Presses Universitaires de Liège, Liège,2019, pp. 7-59. (ISBN9782875622037)
Hem Day, Gérard de Lacaze-Duthiers : l'artistocratie en action, Éditions Pensée et action, 1960[10].
Hem Day, Gérard de Lacaze-Duthiers : le pacifiste, Éditions Pensée et action, 1960[11].
Gérard de Lacaze-Duthiers « Une nouvelle école poétique. Les "Visionnaires" et "Artistocrates" » Revue L'Œil bleu, n°12, , p. 81-97, présentation et notes de Nicolas Leroux (p. 81-82) [paru initialement dans La Revue, volume LXXV, 1908]
Anthologie des écrivains du Ve, Pierre Clairac Editeur, 1953.
↑René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, thèse de doctorat, université d’Aix-Marseille, 1987, 3503 pages, L’Encyclopédie anarchiste.