Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
Gérard Zinsstag est issu d'une famille de musiciens, puisque déjà son grand-père Adolphe, bijoutier de métier, jouait de la contrebasse, du piano et du violon et était engagé dans des tournées en Allemagne, Russie, Palestine, etc. Son père, de son nom d'artiste Claude Yvoire, était pour sa part un musicien hors normes, sachant jouer d'une multitude d'instruments : basson, violoncelle, contrebasse à l'Orchestre de la Suisse romande, organiste et chef de chœur, compositeur très fécond de musique légère à Radio-Genève, auteur également d'une opérette (créée à Avignon en 1965 et intitulée Le Faune et l'Amour) et d'une musique de film en 1949 avec Pierre Fresnay (Barry).
Dès l'âge de seize ans, Gérard Zinsstag donne des concerts en tant que flûtiste et s'essaie à composer de petites pièces de circonstance. Bien qu'ayant échoué à obtenir son diplôme de flûte au Conservatoire de musique de Genève, il poursuit néanmoins sa formation musicale en réussissant le concours d'entrée en 1961 au Conservatoire de Paris où il restera jusqu'en 1964 avec un deuxième prix qui le satisfait amplement. Son compagnon d'étude est Edward Beckett (le neveu de Samuel Beckett, qu'il rencontrera plusieurs fois).
En 1963 il suit les cours de l'Accademia musicale chigiana à Sienne avec les membres du Quintetto chigiano : découverte et révélation de l'Italie, mariage à Rome avec Maria Vittoria Semino (de cette union naît en 1969 une fille, Nadia, qui mourra en 1998). Mais la vie est difficile à Rome pour un jeune musicien étranger en quête d'emploi : il s'engage comme flûte solo dans un orchestre itinérant (Deutsche Gastspieloper Berlin), puis, de manière irrégulière, il est invité comme « supplémentaire » à l'Orchestre de la Suisse romande. Pendant cette période de soucis matériels, il ne compose plus. En 1969, il est finalement engagé par l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich, qu'il quitte après seulement sept ans, peu intéressé par le métier de musicien d'orchestre, pour se consacrer exclusivement à la composition. Béatrice Rolli, sa seconde épouse, l'encourage à reprendre la composition (de cette union naît en 1984 un fils, Silvio).
Carrière
La vie de Gérard Zinsstag s'oriente alors définitivement vers la composition. Il étudie, à 33 ans, auprès de Hans Ulrich Lehmann qui l'assiste avec bienveillance et compétence dans ses efforts. Assez rapidement, Gérard Zinsstag reçoit des commandes qui le soutiennent et l'encouragent dans sa démarche (Télévision suisse, Ville de Zurich, Camerata Zurich, Orchestre de la Tonhalle de Zurich). Il se perfectionne ensuite, en tant qu'élève privé, auprès de Helmut Lachenmann à Stuttgart et Hanovre. Cette période est décisive, et l'influence de son professeur très bénéfique, car Zinsstag apprend avec lui à « penser la musique », à l'organiser dans des rapports nouveaux, aussi bien au niveau du matériau que de la forme et de l'idée musicale. Composer, disait son professeur, signifie « construire un instrument ».
En 1978 il reçoit une commande du Südwestfunk Baden-Baden pour le Festival de Donaueschingen : création de Foris en 1979, pour deux orchestres, sous la direction d'Ernest Bour. Cette pièce, écrite encore un peu sous l'influence de Lachenmann, le lance avec succès dans le monde musical de l'Allemagne. À cette époque il séjourne aussi brièvement plusieurs fois aux États-Unis, notamment à San Francisco (d'où Richard Felciano l'invite à prononcer une conférence à l'Université de Berkeley) et à New York, où sa mère habite. La bourse du DAAD lui est attribuée en 1981 à Berlin où il rencontre Gérard Grisey qui bénéficie de cette même bourse. Rencontre capitale : une grande amitié s'établit bientôt entre les deux compositeurs, qui se développera pendant plus de 15 ans jusqu'à la mort subite de Grisey en 1998. Les deux amis partageaient une maison dans les alpes grisonnes, où ils se retrouvaient le plus souvent pour composer et pour jouir de la nature (c'est dans cette maison de Schlans que Grisey, accompagné de sa fidèle compagne, la chanteuse Mireille Deguy, composa ses dernières œuvres, dont Quatre Chants pour franchir le seuil). Françoise et Allain Gaussin, amis de longue date, les y rejoignaient souvent en été, ainsi que Reinhard Febel[2].
À partir de cette époque, la musique de Zinsstag est de plus en plus jouée en France, grâce à l'ensemble L'Itinéraire, grâce aussi à Radio-France[3], qui lui commande plusieurs œuvres. En 1982, Zinsstag est stagiaire à l'Ircam, séjour assez décevant (sur le plan de l'organisation des cours) mais toutefois bénéfique et utile pour deux de ses œuvres (Artifices et Artifices II). Dès son retour de Berlin, Zinsstag décide de fonder, en 1985, avec l'appui de Thomas Kessler, un festival de musique contemporaine, le premier du genre en Suisse, les Tage für Neue Musik Zürich[4]), qu'il dirigera jusqu'en 1994. Ce festival a été rendu possible par l'appui inconditionnel et enthousiaste de Peter Schweiger, à l'époque directeur du Theater am Neumarkt, qui proposa sa maison et son infrastructure pour faire démarrer le festival en 1986 et le soutenir jusqu'en 1988, date à laquelle Peter Schweiger accepta la direction du Théâtre de Saint-Gall.
Création : à Lausanne par Daniel Cholette (piano), Siegfried Kutterer et Gerhard Huber (percussion) et l'Atelier Philharmonique de Suisse, direction : Mario Venzago
Numéro d'édition : SAS 4453
eden jeden (1987) d'après un poème de Claus Bremer, pour mezzo-soprano, ensemble et bande magnétique
Durée : 20 min
Commande du SWF Baden-Baden
Dédicataire : Claus Bremer
Création : à Donaueschingen par Yukiko Kanegae et l'Ensemble Köln,
direction Robert HP Platz
Numéro d'édition : SAS 4699
Espressivo (1990) pour cymbalum et 13 instrumentistes
Création : à Paris par Michel Cerutti et l'Ensemble InterContemporain, direction : Péter Eötvös
Numéro d'édition : SAS 4433
Diffractions (1993) pour trois percussions
Durée : 12 min
Commande de la Ville de Bâle
Dédicataire : Trio à percussions de Bâle
Création : à Bâle par le Trio à percussions de Bâle
Numéro d'édition : SAS 4...
Bibliographie
Textes de Gérard Zinsstag (sélection)
Aspects of Composing, ms., conférence à l’Université de Berkeley,
Tagebuch (Foris), programme général du festival de Donaueschingen, oct. 1979
Innanzi, Revue Musicale Suisse, 1982, 1er cahier
Replik an Rudolf Kelterborn, Revue Musicale Suisse, 1982, 3e cahier
Musik hören, Musik erfahren, ms., WDR Cologne,
L’avenir de la musique électronique, programme général de Metz,
Die helvetische Vorsicht oder die Ohnmacht der zeitgenössischen Musik in der Schweiz (50 Jahre Pro Musica, Atlantis Musikbuch, 1988)
Entretien avec G. Zinsstag, Salabert-Actuel No 5, Paris, 1988
Das Phänomen Scelsi, programme général des “Tage für Neue Musik Zürich” 1989
Editorial, programme général des “Tage für Neue Musik Zürich” 1990
Leningrad: Printemps musical 1990, Dissonance No 24,
Regards sur l’Itinéraire, Revue Musicale, Paris 1991
Gedanken über die Gattung “Streichquartett”, programme général du symposium de Brême, 1991
20 compositeurs suisses sur la sellette, Dissonance No 42, 1994
Conférences de Moscou, Paris, Salzbourg et Zurich sur l’esthétique et l’artisanat, ms., 1992-1995
Le matériau aboli, texte de présentation de Vortex temporum (G. Grisey, CD una corda), 1997
Le Seuil est franchi, hommage à Gérard Grisey, 1999, Dissonance No 64
Humus musical, 1999, Entre Denges et Denezy, pages 154 -157 (ISBN3-7957-0400-6) (Édition Schott)
Simplicité et dépouillement dans le deuxième chant des Quatre chants pour franchir le seuil de Gérard Grisey, 2004, l’Harmattan (Conférence à la Sorbonne, Paris 1999)
Présence insaisissable et passage éphémère: la musique, pour quoi faire ? (Conférence donnée à l’Université de Zurich dans le cadre du colloque "Präsenzerfahrung in Literatur und Kunst" en ), Wilhelm Fink Verlag 2008, pages 101 à 106.
Entretien avec Gérard Zinsstag, auteur de la pièce imposée au Concours de Genève (propos recueillis par Walter Grimmer) in : Le Violoncelle, No 30,
Petit hommage à Marco Baschera, in: Das Zeichen und sein Double / le signe et son double (livre dédié au professeur Marco Baschera), Königshausen & Neumann, Wurtzbourg, 2017, pages 203-205
Entretien avec Gérard Zinsstag questionné par Alain Fabre-Catalan sur sa relation avec le poète Charles Racine in : Les Carnets d'Eucharis, (ISBN978-2-954-3788-7-9)
Textes et articles sur Gérard Zinsstag (sélection)
Beyer Theresa : von Streicherbienen umschwirt, Bieler Tagblatt,
Bossert Dorothea : Trauma in “Musik in Deutschland 1950-2000” (CD Deutscher Musikrat, RCA Red Seal)
Breidenbach Beate (Hrg) : Von der Lust nach Befreiung und Enthemmung, ein Gespräch mit Gérard Zinsstag und Peter Schweiger, Programmheft Theater St.Gallen (2000-2001) dans le cadre de la création mondiale d’Ubu Cocu
Brotbeck Roman : Neue Werke von Bettina Skrzypczak und Gérard Zinsstag in : Dissonanz 41, AUgust 1994
Büttiker Herbert : Ein Krokodil ist definitiv kein Polyeder, der Landbote (St.Gallen),
Cappelletto Sandro : Tempor, texte de présentation du compact disc Edipan
Chalendar Philippe de : Artifices I et II, cahiers de l’Itinéraire, Paris, 1991
Drouet Florian: Voyages en Orient, Le Dauphiné libéré,
Halbreich Harry: Gérard Zinsstag, texte de présentation du compact disc Grammont
Victoria Ivanova : Нет ничего сложнее, чем умение слушать (il n'est rien de plus difficile que d'écouter), Izvestia,
Jungheinrich Hans-Klaus : Zitiermaschine auf vollen Touren, Frankfurter Rundschau, 30. April 2001
Koeppen Ulrich : Hat die Oktave ein Geheimnis ? (Stuttgarter Nachrichten, 6. April 2004)
Korschunova Victoria : Musique russe et suisse, La vie musicale, Moscou, 1993, Gérard Zinsstag: popularité et impopularité, Académie musicale 1, Moscou, 1993
Langlois Frank : Tempi inquieti, texte de présentation du catalogue Salabert
Meyer Thomas : Ein Gespräch mit dem Komponisten Gérard Zinsstag, Tages-Anzeiger Zürich, 13. 10. 1979 ; Unbändige Phantasie, Tages-Anzeiger Zürich, 7.4.1995 ; Schreissquätsche und Archäoptéryx, St.Galler Tagblatt, 27. 4. 2001
Möller, Torsten : Perpetual Revolt against Immobilism, in : Ricordi Portrait online
Müller Patrick : Les Ubuistes et les Bourgeois, Revue Dissonance No 69,
Renggli Hanspeter : Der Witz des Absurden - die Faszination des Bösen (Ubu Cocu), Schweizer Musikzeitung-Revue Musicale Suisse Nr. 6,
Schibli Siegfried : Und zum Abendessen gibt es Bürgerhirn, Basler Zeitung,
Senn Olivier : Grossartig furchtbar, Tages-Anzeiger Zürich, 21. Juni 2000
Szendy Peter : - Rencontres insolites, programme EIC, Paris 1991 ; Matière et Mémoire, Dissonance No 31, 1992
von der Weid Jean-Noël : Si par exemple, Dissonance No 28, 1991 ; Gérard Zinsstag, interview publiée dans “swiss contemporary composers”, distribué par Pro Helvetia ; Le débauché sublime (au sujet d’Ubu Cocu), Programme 2001 (Éditions Musicales Européennes)
Wohnlich David : Diffractions, texte de présentation du CD JS 304-2 “Percussion”
Zenck Martin : Trauma, ms., S. F. Berlin, 1981 ; Sept fragments, ms., WDR Cologne, ; Zeit-Schönheit-Tradition, Kategorien im Musikdenken von Gérard Zinsstag, MusikTexte, , cahier 52.
Zimmerlin Alfred : Ein singulärer Weg, Neue Zürcher Zeitung, 9. ; Auf der Suche nach dem ewigen Leben (Gilgamesh), NZZ, 5. Februar 2008 ; Wild und schüchtern zugleich - der Komponist Gérard Zinsstag, NZZ, 30. März 2005
La riche palette de l'ensemble Sillages, Brest, , Resmusica