François Félix Roubaud

François Félix Roubaud
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François Félix Roubaud, dit Roubaud l’aîné, né le à Cerdon (Ain) et mort le à Lyon, est un sculpteur français[1].

Il est le frère aîné du sculpteur Louis Auguste Roubaud (1828-1906), dit Roubaud le jeune. Il a eu la même formation ainsi qu'une carrière similaire, bien que sensiblement plus longue.

Biographie

Formation

François Félix Roubaud est fils de Philippe Roubaud, menuisier, et de Françoise Girais. Sa famille s'établit à Lyon vers 1835. Très jeune, il travaille avec son père à de très nombreux décors sur bois ; nombre de portes d'allées lyonnaises des débuts du Second Empire doivent lui être attribuées[2].

Il est élève de l'École professionnelle de La Martinière puis de l’école des beaux-arts de Lyon entre 1846 et 1849. Il y est l’élève de Joseph Fabisch. Il fréquente également l’atelier du graveur Victor Vibert[3]. Roubaud obtient la médaille d'or au concours du palais des Arts de Lyon[1],[4]. Plusieurs fois lauréat, il entre à l'École des beaux-arts de Paris en 1849[3].

Boursier du département de l'Ain, Roubaud entre en 1848 à l’École des beaux-arts de Paris et devient un des derniers élèves de James Pradier (mort en 1852)[2]. Pour le tombeau de ce dernier, il exécute le bas-relief de La Poésie légère d’après l’œuvre du maître[3]. À Paris, il réalise des décorations pour le palais du Louvre et le palais du Luxembourg[1].

Il participe dès 1851 à l’exposition de la Société des amis des arts de Lyon avec deux statuettes en plâtre, l’une comme l’autre sont aussitôt recréées en bronze, La Rivière d’Ain (1849, plâtre, Bourg-en-Bresse, monastère royal de Brou) et Eurydice (1851, bronze, Bourg-en-Bresse, monastère royal de Brou), ainsi que quatre portraits (bustes ou médaillons). Dans un souci de cultiver sa publicité et étant doté d'une grande facilité d'exécution, il multiplie les envois à l'exposition lyonnaise. Ainsi en 1857, l’envoi de Félix Roubaud à cette exposition s’élevait à 22 œuvres. Dans cet ensemble varié, qui va de la maquette pour un monument équestre à un groupe religieux, les portraits tenaient la part la plus importante. On compte une série de quinze médaillons en plâtre rangés autour de deux catégories : « Contemporains à Paris » et « Contemporains à Lyon ». Il envoie environ 120 œuvres en vingt ans[3]. Son envoi au Salon de Lyon le fait remarquer par Paul Normand qui loue son extrême fécondité et sa puissance poussée jusqu'à l'exagération[2]. Aujourd'hui, sept des médaillons de l’exposition de Lyon sont conservés au musée des Beaux-Arts de Lyon, bien qu'on n'en connaisse pas la provenance. L'hypothèse la plus probable se tournerait vers le numismate Henry Morin-Pons (1831-1905) qui a fait don de son médaillier et de sa bibliothèque à la Ville de Lyon[3].

Il participe à son premier Salon parisien en 1853, alors qu'il n'a pas encore fini ses études. Il y expose jusqu'à sa mort en 1876[1].

Un parcours lyonnais et parisien

S'il a échoué au prix de Rome, François Félix Roubaud est tout de même chargé de commandes à publiques, aussi bien à Lyon qu'à Paris.

La Force (1862), palais de justice de Lyon, façade ouest.

Entre 1857 et 1863, François Félix Roubaud exécute les décorations de plusieurs édifices publics de Lyon, notamment le palais de justice pour lequel il sculpte La Force et La Justice, ainsi que des médaillons de la rue Saint-Jean. En 1870, il sculpte les statues des piédestaux de la façade principale du même palais de justice[1],[5].

François-Félix Roubaud collabore à la décoration du palais du Louvre à Paris en effectuant les tympans des pavillons Denon et Daru. Il exécute un groupe en marbre, La Vierge et l'Enfant Jésus au Temple pour le Salon de 1864. Sa réplique (1869) est conservée à l'église Saint-Laurent à Paris. Il exécute un grand nombre de portraits sous forme de statuette, buste ou médaillon. Il réalise plusieurs figures colossales qui, à Lyon, ornent le palais de la Bourse, le grand Théâtre et le palais de justice[6].

En plus des commandes publiques il a également eu de nombreuses commandes de portraits. Il a modelé ainsi de nombreux bustes et médaillons parmi lesquels on peut nommer les bustes de Frédéric Dufour ou de Pierre Révoil, commandé sur les arrérages de la fondation Grognard. Dans la clientèle privée de Roubaud, on compte Francisque Balaÿ, ancien député de la Loire au Corps législatif. Il modèle ainsi un buste à son effigie et un autre à celui de sa femme[7]. Il s'agit du même mécène qui a commandé La Vierge et l'Enfant Jésus au Temple. Parmi les productions de portraits, qu'il s'agisse de bustes ou de médaillons, on retrouve de nombreux membres des réseaux saint-simoniens comme Prospère Enfantin. Roubaud était lui-même membre honoraire de la société de secours mutuel dite Les Amis de la Famille, créée afin d'aider les militants ou les sympathisants de la cause. Proche des saint-simonien et notamment de François Arlès-Dufour, il est vu comme leur propagandiste à Lyon[3].

La Justice (1862), palais de justice de Lyon, façade ouest.

Un succès inégal

À Lyon, Roubaud participe au concours pour le Monument à Claude-Marius Vaïsse. Il obtient une seule voix face à deux concurrents, son ancien maître Joseph-Hugues Fabisch et Gustave Bonnet qui remporte le concours. En 1867, il reçoit la commande de l’Automne, elle est acceptée par le jury qui constate « Cette fois la figure est mieux comprise »[2].

À Paris, au contraire, François Félix Roubaud, jouit d'une certaine réputation. En 1857, il y soutient son jeune frère, Louis Auguste Roubaud, alors élève aux Beaux-Arts de Paris et pour exécuter sa commande du Louvre. En 1859, il expose son Eurydice, remarquée par Théophile Gautier et qui connaît les honneurs de L'Illustration. En 1862, il obtient la commande du portrait de Nicolas Antoine Taunay pour la galerie des Batailles de Versailles ; il terminera ce buste en 1863[2].

Roubaud meurt le des suites d'une longue maladie. Sa sépulture, ornée d'une épitaphe de John Pradier, le fils de James Pradier, est située à Lyon au cimetière de la Guillotière. En 1879, l’État met en dépôt au musée de Bourg-en-Bresse quelques originaux en plâtre L’Amour et Psyché, La Barque de Caron, La Chèvre Amalthée. Le , l’hôtel des ventes de Tarbes a dispersé un « bel ensemble de sculptures en cours de finition ou épreuves d’artistes », dont un petit groupe en marbre de la Barque de Caron (Paris, 1870) qui pourrait être la statuette exposée en 1872 à Lyon, et cinq ans plus tard à Paris[3].

Œuvres dans l'espace public

Eurydice mordue par un serpent (1859), Aix-en-Provence, musée Granet.
Pierre Bonirote (1857), musée des Beaux-Arts de Lyon.
La Sculpture et la Peinture, sculpture de François Félix Roubaud, décor du palais du Louvre, Paris (entre 1855 et 1857), plâtre, Paris, musée d'Orsay.

Notes et références

  1. a b c d et e Marie-Anne Sarda, Portraits et monuments de l'Ain : la sculpture de 1750 à 1950 dans les collections du musée de Brou : [exposition-dossier tenue au monastère royal de Brou, du 15 septembre 2007 au 2 mars 2008], Monastère royal de Brou, (ISBN 978-2-909562-22-3 et 2-909562-22-0, OCLC 496663040, présentation en ligne).
  2. a b c d et e Musée des Beaux-Arts de Lyon, Portraitistes lyonnais, 1800-1914 : Musée des beaux arts, juin-septembre 1986, Lyon, Musée des beaux-arts, , 281 p. (ISBN 2-901306-13-6, OCLC 15696882, présentation en ligne), p. 234-235.
  3. a b c d e f g h i j k et l Barbillon, Claire, et Musée des beaux-arts (Lyon, France),, Sculptures du XVIIe au XXe siècle : Musée des beaux-arts de Lyon, Paris/Lyon, Somogy éditions d'art / Musée des beaux-arts de Lyon, 592 p. (ISBN 978-2-7572-1269-1 et 2757212699, OCLC 1007810976, lire en ligne).
  4. Marius Audin Eugène Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art du Lyonnais, Paris, Bibliothèque d'art et d'archéologie, , p. 183.
  5. Bertin, Dominique., Rhône (France). Comité du pré-inventaire des monuments et richesses artistiques. et Muséum d'histoire naturelle de Lyon., La justice à Lyon, d'un palais à l'autre : XVIIe – XXe siècle, Pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, (ISBN 978-2-910865-02-3, OCLC 34753572, lire en ligne), p. 261.
  6. Stanilas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au XVIIIe siècle, t. 2, Hachette Livre - BNF, , 864 p. (ISBN 978-2-01-189441-0, OCLC 972251288, présentation en ligne).
  7. Vendus en salle des ventes à Saint-Étienne le [réf. nécessaire].
  8. Notice no 000SC021689, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  9. L'Industrie du Nord et du Pas-de-Calais, 28 avril 1861 sur Gallica.
  10. Notice no 000SC021618, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  11. Notice no 000SC021630, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
  12. « La Gazette de l'Hôtel Drouot », La Gazette de l'Hôtel Drouot,‎ .
  13. « François Frédéric Dufour », notice no 09630001765, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  14. « Charles Robin », notice no 09630001724, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  15. INV. : A 3073
  16. INV. : A 2979
  17. INV. : H 2004
  18. INV. : H 2005
  19. INV. : H 2006
  20. INV. : H 2014
  21. INV. : H 2015
  22. INV. : H 2016
  23. INV. : H 2017
  24. INV. : X 1040 (inventorié en doublon sous le no H 2479).
  25. Pidoux (Claude Hermann François) 1808-1882. Banque d'images - BIU Santé (Paris).
  26. Musée d'Orsay, Modèle en plâtre pour la sculpture destinée au décor du pavillon Daru du palais du Louvre à Paris.

Annexes

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Bibliographie

  • (en) Bénézit, , 20608 p. (ISBN 978-0-19-977378-7 et 9780199899913, lire en ligne).
  • Claire Barbillon, Sculptures du XVIIIe au XXe siècle : Musée des beaux-arts de Lyon, Paris/Lyon, Somogy éditions d'art / Musée des beaux-arts de Lyon, 592 p. (ISBN 978-2-7572-1269-1).
  • « Devenir mécène », dans Programme janvier-juin 2012 du monastère royal de Brou, p. 27.
  • Claudine Lacoste-Veysseyre, La Critique d'art de Théophile Gautier, 1985.
  • Maryannick Lavigne-Louis, Châtelains et vie de château autour de Lyon 1840-1940, 2010 (ISBN 978-2-909929-35-4).
  • Maria-Anne Privat-Savigny, Dorothée Gillmann, Brigitte Sanvoisin [et al.], Lyon qui compte : banques et finances lyonnaises, 2011.
  • (it) Horst W. Janson, La scultura nel XIX secolo, .
  • « La sculpture de 1750 à 1950 dans les collections du musée de Brou », in Portraits et monuments de l'Ain, Bourg-en-bresse, monastère royal de Brou, 2007.
  • Musée Granet, Musée Granet : guide des collections, .
  • Henri Hours, Maryannick Lavigne-Louis et Marie-Madelein Valette d'Osia, Lyon le cimetière de Loyasse, Lyon, Conseil général du Rhône, Préinventaire des monuments et richesses artistiques, , 526 p. (ISBN 2-910865-03-7).
  • Dominique Bertin, Catherine Bodet, Christian Cadiot, Gilles Chomer, Maryse Dalzotto, Sylvie Martin, Jean-Olivier Viout, Pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, 1995.
  • Mairus Audin Eugène Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art du Lyonnais, 1918.

Articles connexes

Liens externes